Je souris alors qu'elle surjoue son air sérieux, ça lui va bien ce petit coté décalé. Paradoxe de l'histoire, je ne connais que la théorie du devoir de mère, alors quand elle me dit que c'est normal... Je lui dit en haussant les épaules:

" Je peux pas deviner, tu es la première femme que je vois évoluer avec son enfant dans des moments intimes. J'ai jamais connu ma mère, donc je sais pas vraiment si une mère s'adapte plus facilement à ce genre de situation."

Je me lève et file me servir un café. Après un court instant je retourne à ma place et reprend la discussion.

" C'est peut-être un peu de la que viens mon admiration. De mon point de vue, tout le monde est aussi démuni que moi face à ce genre de choses. Mais ça ne retire rien au mérite que tu as. A mes yeux tu es une mère parfaite. La seul chose que tu pourrais envier aux autres femmes qui ont des enfants, la cheftaine par exemple, c'est l'expérience. "

Je prend une pause pour boire un peu de café et me servir un croissant que je ne touche pas immédiatement. J'ai une subite envie. Je me tourne vers Makiko, l'embrasse et lui susurre à l'oreille.

" Puis si tu doutes de toi je serai là pour te rappeler combien tu es formidable."

Mon visage à quelques centimètres du sien, je lui caresse la joue du bout des doigts.

Je souris. Elle est très attaché à Hideko, ce qui est normal, c'est quelqu'un de bien, à sa place je me serai pas supporté toutes ces années et me serai foutu un coup de pied au cul.

" Elle est comme ça avec tout le monde, je la vois un peu comme la grande sœur que j'ai jamais eu. T'imagine même pas la quantité de chose qu'elle fait pour tout le monde. On trouvera personne de plus dévoué pour Terrae, encore une fois à sa place j'aurai craqué depuis longtemps. "

Mon petit élan d'affection la fait sourire et elle embrasse le bout de mes doigts.

Je me retourne vers le repas qui nous attend et lance:

" Bon je crois que le petit déjeuner nous a assez attendu, il est grand temps de lui faire son sort. Tu veux quoi? "

C'est vrai que quand on y pense, Makiko doit être assez proche d'Hideko parce qu'elle a été son premier contact amical ici et parce qu'elles sont toutes les deux mères. Remarque ça a dû aider Kiko à se sentir à l'aise avec elle.

Je regarde Kiko sourire alors qu'elle commente la quantité de nourriture sur la table. Oui, c'est clair, y en a trop. Je bois lentement le café encore chaud et regarde Makiko du coin de l’œil pour retenir ce qu'elle prend, ça doit être ce qu'elle préfère. confiture de cerise, c'est noté. J'entame mon croissant, qui devait être mangé chaud à l'origine, maintenant tiédasse.

" Les croissants me disent qu'ils en avaient marre de nous attendre. Il était grand temps qu'on mange, parce Aikô m'a donné faim.... Elle est adorable cette petite. "

Je regarde sa mère mais me retiens de faire la comparaison de cette aptitude qu'elles ont toutes les deux d'être adorable. Si ça se trouve c'est juste un effet secondaire de la fin du célibat. Je poursuis ainsi mon petit déjeuner sur cette réflexion, attendant probablement une réaction de la pat de ma compagne.

Je grimace un peu à son commentaire. Je pense pouvoir avoir une conversation avec un mur mais avec un bambin... Disons que je doute de la teneur des propos du gosse quoi. Peut-être que ivre mort ça marcherai? Mais je doute Que Kiko accepte que je tente l'expérience.

Je lève un sourcil quand je la vois galérer sur un misérable pot de confiture. Elle, qui m'avait presque donné du fil à retordre, n'arrive pas à ouvrir ça? C'est quand elle me le tend que je comprend mieux... ELLE ME PREND POUR UNE BUSE? Tiens une idée qui me traverse l'esprit.

J'ouvre le pot sans le moindre soucis et lève les yeux vers la demoiselle avec un sourire sur les les lèvres.

" Bon, je crois que j'ai le droit à ma récompense, non? "

Je la laisse interpréter mes mots comme elle veut et cache le pot derrière mon dos. Oui je sais parfois je suis un grand enfant.

Elle lève les yeux au ciel... ça me rappel quelqu'un... Ha oui, la Cheftaine. Lac Cheftaine ?! Mon dieu non tout mais pas ça. Comprenez, j'aime beaucoup Hideko et elle est pas mal dans son genre mais je la considère, au mieux comme la mère que je n'ai jamais eu vu le nombres de fois qu'elle m'a réprimandé et punit pour mes conneries, au pire pour une grande soeur autoritaire.

Cette réflexion dure le temps de l'hésitation de Makiko. Elle passe finalement les bras autour de mon cou en me demandant quel genre de récompense j'attends. Sa position ne laisse pas de doute quant à l'interprétation de ma phrase et c'est après avoir reçu son baiser alors, qu'elle tente vainement de récupérer le pot de confiture dans mon dos, que je lui offre un sourire machiavélique.

" Je veux que tu arrête d'essayer de me prendre pour une méga buse et que tu me promette d'arrêter de lever les yeux vers le ciel que tu l'as fait, ça me fait trop penser à Hideko.. Et moi c'est Makiko que je veux."

Je termine ma phrase en l'embrassant tendrement.

Elle plonge son regard dans le mien et me dit que ce genre de choses arrive à tout le monde, que c'est un truc banale et me demande si cela m'est déjà arrivé.

" Sans mauvaise fois non, jamais. Je prend ma tête entre mes mains, je me met machinalement la main sur le visage ou j'ignore complétement. Quand je lève les yeux, c'est juste pour regarder le ciel, rien d'autre."

C'est la tête penché sur le coté avec son sourire charmant, ou charmeur, qu'elle me dit que je ne suis pas une buse mais que c'était pour profiter et souhaite maintenant récupérer ma confiture. Elle m'embrasse sans me laisser répondre et aussitôt je rends les armes, et la confiture.

" Mais j'ai déjà une autre personne dans ma vie, et pas des moindres. Elle crée d'ailleurs une révolution dans ma vie. "

Je laisse passer une dizaine de secondes pour laisser réfléchir Makiko et pointe finalement Aikô du doigt.

" J'ai aussi Aikô, il ne faudrait pas l'oublier celle-là. C'est quand même ma fille non? "

Je pars dans un éclat de rire monumental, sa tête avec la cuillère est juste impayable. Elle fini quand même par sourire quand je désigne Aikô, ce petit ange.

D'une phrase elle fait taire mon rire, juste un phrase qui éveille en moi des craintes lointaine: l'adolescence de la petite. J'en tremble rien que d'y penser.

Il paraitrait que l'adolescence est plus difficile à vivre chez les filles que chez les garçons.. Si je me souviens bien de la mienne, on risque de morfler à fond avec une fille. Je frissonne d'avance. Si il y a une chose qui m'effraie,c'est bien une ado en pleine fureur.

" Je te propose qu'on passe un contrat là-dessus. Tu fais la maman sévère et moi le papa complice, sauf si elle ramène un petit-copain au quel cas je me réserve le droit de l'assassiner brutalement et sans aucune forme de procès. De ton coté tu gères ses amours et vérifies que ce sont des gens plus fréquentable que ... bah que moi ça serait déjà pas mal à vrai dire. "

Je souris quand elle me tire la langue, elle conserve ce coté un peu enfantin qui revient des fois quand elle quitte sa coquille d'adulte, c'est attendrissant. Je me lève et prend ma chaise à la main pour la placer derrière celle de Kiko. Je me rassoie et profite de cette position pour déposer un baiser sur sa joue et ma tête sur son épaule. De la je peux sentir son odeur et j'apprécie sa proximité, c'est plus fort que moi, comme beaucoup de chose ces derniers temps j'ai l'impression.

Je l'écoute répondre en souriant, bien évidemment, on fera tout ensemble. Je dis souvent des choses que je ne pense pas. Je la regarde préparer son repas à venir tranquillement en réfléchissant à tout ça. Très rapidement il me reprend l'envie de parler.

' On est quand même, on projette déjà de vous installer ici, du fait que je reconnaisse la paternité de Aikô, de son éducation et de la fin d'une vie de célibat pour moi. Je ne regretterai que certains aspects du dernier point..."

Je m'interrompt pour l'embrasser dans le cou.

"... En revanche, il y a de gros bonus non négligeable. Et si tu te poses la question, oui je compte continuer à te couvrir de baisers pendant que tu déjeunes."

Je Je ferme les yeux un instant pour profiter de son contact. Je lâche un soupir d'aise. Tant de changements sur même pas une durée si courte... C'est complétement dingue.

" Je crois que Gwen serait fier de moi. "