Sa question me perturbe... Non c'est pas chaud... C'EST BOUILLANT P...[série de jurons]...erde. Elle se fout de ma gueule et moi j'ai même envie de lui répondre, enfin pas méchamment comme je l'aurai fait avec 99.9999% de la population mondiale dans la même situation. Mais c'est vrai que elle c'est vraiment pas n'importe qui, c'est.... C'est quoi exactement par rapport à moi? Ce sera la question du jour, entre autre parce que je suis pas sûr de pouvoir définir ce qu'elle représente pour moi. C'est avec une dizaine de secondes de retard que je répond finalement à sa question.

" Non, ça va. Je peux affirmer sans mentir avoir connu pire comme douleur.

je dis ça en regardant les traces que ma vie a laissé sur mon torse, sous la forme d'impacts de balles et de cicatrices. De mon point de vu ça n'a rien d'attirant. Enfin bon.... Une douche? c'est pas une mauvaise idée ça. Je fais oui de la tête, m'approche d'elle et dépose un baiser sur sa joue avant de faire route vers la salle de bain, prenant au passage un caleçon et un jean propre.

L'eau chaude ruisselle sur ma peau et détend tout mes muscles. C'est fou ce que ça fait du bien. Bizarrement, mon cerveau me ramène inévitablement à penser à Kiko. Si seulement elle pouvait me rejoindre... réflexe à la con pour me changer les idées, je coupe l'eau chaude et seule une onde glaciale tombe maintenant sur ma peau. Mais quel con je vous jure.

Une fois propre j'enfile le peu de vêtements que j'ai pris et retourne voir Makiko. En passant dans la maison, je tente d'imaginer à quoi ressemblera ma vie quand elle emménagera... Je me demande si je dois avoir hâte ou peur.

Une fois dans la cuisine je lance un " Bordel! ça fait du bien." et reprend ma place près de Makiko.

Le sursaut de Makiko me surprend un peu, et le sourire, qui me semble moins franc que ceux qu'elle m'avait offert jusque là, me dit qu'elle pense à quelque chose d'important ou de grave... Ou les deux. C'est donc un peu perplexe que je reprend ma place. Dans le doute je demande:

" Kiko-Chi, ça va? "

Bien sûr elle va répondre oui, par pure politesse, mais bon je vais quand même tenter de prendre de l'avance et de lui donner envie de me parler.

" Tu sais, si il y a quelque chose qui te gène tu peux m'en parler, on est entre adultes après tout.... enfin une adulte et un idiot amoureux, mais c'est un détail. Je m'en voudrai que tu te sentes mal parce que tout est allé très vite. "

Oui, c'est ça la boule au ventre que j'ai eu, l'angoisse d'aller trop vite pour elle et de lui faire du mal involontairement. Vraiment, j'ai pas l'habitude de me faire du soucis comme ça pour les autres, qu'est ce que ça sera si elle emménage ici avec la petite. Je vais prendre des rides monstrueuses en 2 semaines moi.

Il arrive parfois, de temps en temps, voir assez souvent, que j'ai l'impression subtile, l'intuition fébrile, l'idée qui me trotte dans la tête quoi, du fait qu'on me prend pour un idiot à qui on peut mentir gratuitement. Même si je pense que ce qu'elle vient de me dire est vrai, ce n'est pas LE truc, ça se sent.

Je me relâche sur ma chaise et laisse partir un soupir un peu agacé. Je vois vraiment pas ce qui la gène et en même temps si elle dissimule ça derrière un vérité qui semble lui tenir à coeur je devrai pas remuer le couteau dans le café..... la plaie, pardon, au temps pour moi.

" C'est vrai que ça doit être intéressant et intense comme expérience à vivre, même si je dois t'avouer que je commence déjà à angoissé un peu. "

Je marque une pose et la regarde tranquillement dans les yeux, comme lorsque j’interrogeais quelques malchanceux qui savaient ce que je voulais savoir. Désolé ma belle mais j'aurai l'info.

" Parce que j'ai jamais vraiment eu de famille et encore moins de compagne dans la vie. Du coup je suis pas sûr de savoir comment ça marche. Remarque si on est franc l'un envers l'autre, je pense que ça ira tout seul non? "

Je prend un air innocent alors que je pose ma question, on verra bien si ça marche ou pas.

Je sens que pour la première fois depuis quelques années mon cerveau travaille. Elle commence par me rassurer en disant qu'on apprendra sur le tard puis change brutalement de sujet. Trop flagrant pour être involontaire et non maitrisé, donc elle cherche un truc, reste à savoir quoi.

" C'est vrai que si on connait pas, y a que l'expérience qui peut nous aider. Puis bon, même si je suis plutôt lent à apprendre, ça finira par venir, surtout si j'ai ton aide. "

Oui, je joue sur l'affectif, c'est un coup bas mais on obtient pas ce que l'on veut sans ce genre de détour.

" La douche était pas mal, mais je me sentais peut-être un peu trop seul. Je suppose que je peux pas tout avoir. "

Je marque ici une petite pause, je la regarde toujours, mais avec un sourire que je ne peux pas retenir. Le goût du défi est déjà trop inscrit dans cette conversation.

" Remarque, la franchise est-elle nécessairement une bonne chose? On dit bien que toute vérité n'est pas bonne à dire, non? Voilà que je m'embrouille tout seul. Je sais pas si tu connais ce genre de moment où tu n'es absolument pas sûr de ce que tu dois dire ou faire, c'est un peu comme se retrouver devant un juge, il y a ce qui est et ce que tu veux. Reste à choisir si il est bon de se voiler la face ou pas. Pour le moment tout ce que je peux avancer, c'est qu'en peu de temps tu as pris pas mal d'importance dans ma vie, plus que qui que ce soit avant toi."

Si je me contente de hocher la tête à sa première phrase, son sourire me réchauffe le coeur. Celui là me parait sincère et je ne vois pas de sombre pensées dans son regard. Elle dit ça sans trop penser aux choses qu'elle à manifestement vécues.

Son temps de réflexion montre qu'elle est obligé de choisir ce qu'elle va dire, elle sait donc que je cherche. On court donc tout les deux après une vérité, mais en ce qui me concerne je ne sais toujours pas laquelle. Je me contente de répondre sans détour et instinctivement.

" Mais en même temps, est-ce qu'on peut se permettre de faire dans la demi-mesure? Un mensonge, qu'il soit gros ou petit reste un mensonge. Pareil pour ce que l'on cache, ça va prendre de l'ampleur avec le temps et finalement provoquer bien plus de dégâts que ce que ça aurait dû faire à la base. C'est d'un compliqué... "

Une fois que j'ai fini de parler je reporte mon attention sur elle et ... Quand je disais que je me sentais faible face à elle. Me voilà complétement désarmé, touché, étourdi par tant d'affection , et aussi par son sourire et son regard dans lequel je me perd volontiers.

Bilan: Alors que je me rapprochais du but, me voici désarmé et le souffle coupé par ce qu'elle m'a dit. Incapable d'articuler un mot, je me contente de la regarder avec un air à la fois surpris et idiot.

Son rire me redonne un peu de voix et de souffle, et le bonus, je peux même articuler une réponse sensée.

" Oui, ça me surprend un peu en fait. J'ai pas vraiment l'habitude qu'on me dise autre chose que "arrête tes conneries", "tu bois trop" ou " Tu es trop irresponsable pour qu'on puisse te faire confiance". Du coup tu peu comprendre pourquoi ça me touche. "

La suite est moins reluisante. C'est donc ça la question qu'elle se posait. J'aurai préféré ne jamais à avoir lui en parler, mais si j'ai envie qu'elle vive avec moi, je peux pas ne pas lui dire. Je pousse un soupir, me lève et file vers le bar sans un mot, je me sers un whisky et retourne m'assoir.

" Je te préviens, c'est pas un truc facile à entendre et encore moins à raconter. "

Je commence à vider mon verre, ferme les yeux comme pour conjurer mes souvenirs et commence à lui expliquer.

" En fait, peu après la mort de mon père, j'ai découvert que son assassin était un tueur à gages, c'est la seule info que j'avais. Pour pouvoir fréquenter ce milieux, il fallait soi en être soi avoir de l'argent. Je n'avais que très peu d'argent. "

Je me tais un instant et n'ose simplement plus regarder Makiko. Je veux pas voir l'expression qui va sans doute s'afficher sur son visage.

" Du coup j'ai commencé à me faire payer pour débarrasser les personnes assez riches de nuisibles trop encombrant. j'étais payé pour tuer. Au début je voulais juste me servir des contacts que j'allais créer pour retrouver l'assassin de mon père et le tuer mais... C'est fou comme l'argent peut corrompre et avec quelle facilité il le fait. J'ai fini par vivre de ça. "

L'image de mon dernier meurtre me remonte à l'esprit immédiatement. J’enfouis un instant ma tête dans mes mains pour éviter les débordements, prend une grande inspiration et raconte le pire, toujours sans regarder Kiko.

" Un jour, ça a été le contrat de trop, celui qui m'a couté mon âme. Je devais tué la fille d'un gars trop dérangeant en guise de leçon. Faut savoir que ces contrats là son très rare et qu'il est difficile de les refuser, une fois que tu es au courant, tu es impliqué. le pire dans tout ça c'est que je l'ai fait et j'ai touché ma paye. La pauvre petite hante presque toutes mes nuits depuis et moi je vis avec ça. C'est pour ça que je suis arrivé ici, parce que je pouvais pas supporté ce que j'étais, ce que je suis. "

Maintenant Makiko va se lever, l'air effrayée et quitté ma maison le plus vite possible. Je vois pas comment ça peut se passer autrement.

C'est fou, souvent j'imagine comment un événement va se passer et c'est toujours le contraire qui se arrive. Là exceptionnellement, je sais que ça ne peut pas bien finir.

Dans l'immédiat, j'ai très envie de partir loin mais... J'ai l'impression que le mal est déjà fait. Je vais perdre le bonheur que j'aurai eu pendant quelques instants.

Je n'ose pas regarder Makiko, je n'ai pas envie de connaitre le jugement qu'elle va faire, ou qu'elle a déjà fait. Je suis pas sûr de pouvoir le supporter.

Je pars dans un éclat de rire amer. C'était ça ou pleurer, le choix est vite fait.

" Pour ton rêve de famille ça devient tout de suite plus compliqué non? Mais je te devais la vérité, on envisage de vivre ensemble et je ne m'imagine pas te cacher un truc comme ça alors tu comptais vivre avec moi tout les jours. "

Finalement, les larmes viennent sans demander mon avis. Je tente de le dissimuler en prenant un nouvelle fois ma tête entre mes mains.

" Je pensais pas que ça prendrait un tel mesure dans ma vie. Au début je voyais ça comme un contrat que j'avais déjà fait des dizaines de fois mais.... ça m'a pourri la vie et je vais te perdre... On appel ça un carton plein."