Luna prend le temps de lui expliquer ce qu'elle va faire. Ça le rassure. Il souffle un "Ok cool, nickel. Merci Luna." en la regardant dans les yeux... Même si ça ralentit énormément sa recherche de peigne.

Lottie s'émerveille tout autant que lui sur la pousse de la fleur. La petite se montre très attentive sur les explications... Elle a vraiment envie de leur faire de belles coiffures. Et puis au milieu de ses explications, Luna l'appelle Colas. A part Lottie, jamais personne n'a tenté de l'appeler comme ça... Parce que tout le monde connaissait "Colette". Mais Nicolas n'a rien dit... parce que justement elle ne savait pas, il ne pouvait pas lui en vouloir. Et puis, c'était tellement lointain maintenant... cette forme de surnom ne lui faisait pas autant mal que ce qu'il croyait... Sans doute grâce à Charlotte d'ailleurs... Charlotte qui, elle, n'a pas laissé passer ça. :

-Ah non ! Y'a que moi qui appelle Colas, Colas ! Parce qu'on lui a fait du mal quand il était petit, alors maintenant c'est que moi ! Même Papou il a pas le droit !

Nicolas a soufflé un rire avant d'ébouriffer la tête de sa petite sœur. :

-Luna n'est pas méchante voyons. C'est pas grave. Elle savait pas.

-Oui mais c'est que moi. ajoute-t-elle boudeuse, avant de se tourner vers la Terre. Je te pardonne si on met la fleur à Colas en premier !

-Oh damn ok !

Il a laissé le rire l'emporter avant de se pencher en avant pour laisser les filles placer la plante comme elles le voulaient. Charlotte souleva une épaisse mèche dévoilant un peu sa tempe rasée, en indiquant qu'elle voulait placer la fleur bien en haut sur son crâne, mais laisser une bonne moitié de ses longueurs pour faire des tresses plus tard. Il y eut un drôle de carambolage sur sa tête, Nicolas crut sentir le besoin de préciser à mi-mot qu'il n'était pas sensible du cuir chevelu pour détendre Luna et il sentit les racines de la plante s'accrocher à ses cheveux, tout doucement. Une fois terminé, ses cheveux furent relâchés, il se sentit étrangement plus léger d'un côté. ...Et il n'avait aucune idée de ce à quoi il ressemblait. :

-Ça me va bien ?

Lottie tapota dans ses mains :

-Ouiiiiii le bleu c'est trop joliiii !

Ok une sur deux approuve. Il tendit le peigne fin à Luna, puisqu'il l'avait trouvé entretemps. :

-Ça te plaît aussi ?

__–Le problème, c’est que je ne peux pas prendre au sérieux un enfant de moins de dix ans qui boude comme ça. Surtout que je ne vois absolument pas le lien qu’elle fait. Genre, pour moi ça entre dans la catégorie des surnoms débiles qui se donnent les gamins qui sont pas foutus de prononcer le leur, m’voyez ? On m’a bien appelé Lulu ou Nana quand je devait avoir son âge. Ouais, un diminutif d’un prénom à deux syllabes, c’est un peu con, mais c’est comme ça. Je dirais même, c’est donc tout à fait adapté à cette tranche d’âge.
__–« Ah ah, si tu veux. Tiens, approche ta tête. »
__–Lottie m’indique où la mettre. Je glisse la graine entre deux mèches.
__–« Regarde bien maintenant. »
__–C’est la première fois que je le fais sur quelqu’un d’autre et mine de rien, il a les cheveux bien plus raides que les miens le Nico. Pour faire tenir la mienne dans mes dreads, c’est pas spécialement compliqué. Là, il faudra limite que je fasse un nœud et serre. Je fais donc se développer deux petites tiges, qui s’enroulent autour de la mèche puis l’une sur l’autre, fais une boucle et l’une rentre dans l’autre. Puis je les serre avec les doigts. Et maintenant que tout est bien en place, peux faire éclore les pétales.
__–« Damn, ça te va bien. Tu devrais aller te prendre un miroir. Ah et merci pour le peigne. À nous deux ma grande ? »
__–Il a l’air gay on va pas se mentir, mais ce n’est pas comme si c’était un problème en soi.
__–Je me tourne vers Lottie.
__–« Alors, tu veux que je fasse quelle mèche ? Le mieux, c’est de la faire du côté où je mettrai la fleur, mais— ah ça me fait penser, avant que j’oublie. »
__–C’est que j’en ai déjà une dans les cheveux, d’orchidée. Je glisse donc ma graine à côté et fais croître ses tiges le long de sa cousine. Ça fait ça de moins à gérer niveau attache. Maintenant, j’en ai deux côte à côte. Une blanche et une bleue, il ne me manquerait plus qu’une rouge.

Nicolas n'a qu'une vague idée de ce qu'il se passe sur sa tête et franchement il s'en fout un peu. Il aime bien qu'on lui triture le cuir chevelu. Il apprécie le moindre instant sans rien dire, jusqu'au moment où il doit relever la tête. Luna trouve aussi que ça lui va bien, qu'il devrait se voir dans un miroir pour vérifier... Il a un grand sourire communicatif à la proposition. :

-Nah, j'vous fais confiance.

Traduction ; je me suis jamais assez aimé, même après avoir résolu masse de problèmes après ma Masterisation, pour me regarder dans un miroir sauf quand je dois me raser parce que j'ai pas le choix.

Also, mention à part qui doit pas être pris en compte comme une pensée de Nico mais OBVIOUSLY il a l'air gay. #Fuckboy.

Bref, Lottie se place sagement devant Luna pour qu'elle la coiffe. Elle a un moment d'hésitation quand elle lui demande où mettre la fleur... :

-Erm... Pas du même côté de Colas. L'autre.

Elle arqua ses bras pour montrer l'endroit, avec sa motricité toute enfantine avant de s'immobiliser. Observer la nouvelle fleur dans les dreads de Luna avant de s'exclamer joyeusement. :

-HAN ! Ça te va trop bien aussi ! Colas ! Regarde ! Elle est trop jolie !

-Elle est très belle oui. Même sans fleur tu sais ?

-Oui mais les fleurs c'est encore plus mieux !

Faut pas juger le français d'une petite qui a certes, cinq ans, mais vit dans une maison trilingue. Elle se réinstalle et Nicolas se sent obligé de préciser, juste pour être sûr, non ce n'est pas un frère inquiet pfft, qu'est-ce que vous imaginez ? :

-Cette mèche-là, sur le dessus, rebique toujours. On a la même. Donc hésite pas à plutôt prendre les mèches devant pour l'éviter... Je vais nous chercher les hobnobs de Mamou, ça vous dit ? Vous voulez autre chose tant que je vais à la cuisine ?

-DU JUS D'ORAAAAAAANGE !


HRP : Ne jamais oublier les hobnobs.

__–Pas du même côté, ça va m’obliger à prendre une photo d’eux deux côte à côte. Et je le vais pas répéter la même opération de pose de fleur une troisième fois, vous connaissez, Lottie a maintenant une orchidée sur la tête.
__–« Je te laisse regarder avant que je m’occupe de la suite, mais attention ! Je ne l’ai qu’à peine fixée. J’enroulerai la tige autour de ta dread. »
__–On passe à la suite. Suivant les conseils de Nico, je regarde quel côté prendre et opte pour une section de cheveux qui arrive juste au niveau de l’oreille. Elle ne lui tombera pas devant les yeux comme ça, mais restera bien visible.
__–« Ah et c’est une super idée les hobnobs ça ! Vous voyez, j’ai réussi à bien le prononcer cette fois. Et une autre bière je dis pas non, si t’as quelque chose de plus léger. Merci beaucoup gars. »
__–Sinon, je choisis le peigne le plus fin de l’attirail de Lottie, noue la mèche à sa base avec un élastique, et… ah, oui. Ça va être technique avec ma main forte qui ne répond pas tout à fait comme je le voudrais. Principalement parce qu’elle n’est plus là.
__–« Ma grande, il va juste falloir que tu fasses quelque chose pour moi, je vais avoir du mal à y arriver seule. Là, je vais crêper tes cheveux, c’est à dire que je vais lentement passer dessus avec le peigne, pour les emmêler et en même temps leur donner du volume. Regarde les miennes : tu vois à quel point ils vont tellement dans tous les sens qu’on dirait comme de la mousse ? Ça ressemble à ça, le résultat final. Du coup, j’aimerais que tu m’aides à tenir ta mèche. Attend. »
__–Je m’assieds derrière elle.
__–« Voilà, maintenant, mets le dos de ta main dans la mienne, comme ça, voilà. Et regarde bien, mais n’aie pas peur, d’accord ? Ce ne sont que des plantes. »
__–Je concentre mon énergie. Mes tiges de lierre poussent, croissent, s’entrelacent autour de la petite pogne de Lottie. J’essaie de guider leur croissance pour qu’ils fassent quelque chose de cohérent, qui tienne mais ne serre pas trop.


__–« Et hop, nos deux mains sont reliées entre elles ! Si tu bouges un doigt, le mien bougera avec. J’ai du mal à le faire toute seule, il me faudrait un cristal ou de l’aide. Je ne suis pas encore aussi forte avec mes pouvoirs que ton frère avec les siens. Voilà, maintenant, il faut que nous tenions ta mèche et à mesure que je vais la crêper, tu vas l’enrouler doucement autour de notre doigt. »
__–Petit regard à Nico, voir s’il va bien – je peux pas trop l’aider là par contre – et hé bien, c’est parti on y va, par petits mouvements de peigne.

-J'vais vous chercher ça.

Nicolas se lève et sort de la chambre en emportant les bières vides. Les hobnobs n'ont pas bougé de la table, il va d'abord préparer les boissons en cuisine où Lou semble préparer le repas de ce soir. Il embrasse sa joue en lui indiquant qu'il était en train de jouer avec Lottie et une amie, puisqu'elle a remarqué la fleur dans ses cheveux. :

-Oh ? Elle reste manger ?

-Eh. J'sais pas. J'vais demander. On va déjà finir tes hobnobs pour commencer.

-Grignotez pas trop.

-Oui 'Ma.

C'était peine perdu de lui promettre quoi que ce soit à ce niveau, mais Nicolas ne prenait pas trop de risques... Lottie avait apparemment aussi hérité de son appétit sans fin.

De retour dans la chambre, il voit que sa petite sœur a sa main dans celle de Luna, dont les plantes de son bras mécanique poussent pour les relier. Intrigué, il retourne s'asseoir à côté d'elle, posant l'assiette et les bouteilles devant. Il voit le lierre se mouvoir lentement, doucement. Il y a vraiment que les Terres pour leur rappeler à tous à quel point la nature est vivante. Charlotte glousse. :

-Hihi ! Ça chatouille !

Luna explique comment elles vont s'entraider pour le crêpage et Lottie hoche vigoureusement la tête avant d'appliquer ce qu'elle venait de demander. Nicolas eut un sursaut, il prit quelques biscuits dans sa main. :

-Et moi j'm'occupe de vous nourrir. Ouvrez la bouche !

Il enfourna un hobnob dans celle de Lottie qui ne serait jamais la dernière pour manger, faisant un "AAAH" bruyant pour attirer l'attention de son frère. :

-Dis Luna, 'Ma aimerait savoir si tu veux rester manger ? C'est meilleur ici qu'à la cantoche de l'Institut, mais j'dis pas ça pour te convaincre...

Et puis y'a jamais de malaise dans la famille Williams, c'pas comme si le paternel avait adopté tout Terrae déjà. Lel, dire qu'à la base, Luna voulait juste une partie de jambe en l'air ! La voilà en train de jouer avec la petite sœur de celui qu'elle comptait avoir dans son lit et risquait de dîner en famille.

__–Lottie a pas l’air spécialement choquée par ce qui arrive à sa pogne. Hé, tant mieux. Ça l’amuse même, on dirait. C’est assez comique de la voir super concentrée alors que concrètement, sa seule tâche est de tenir sa mèche. C’est moi qui bouge le bras et elle qui suit, mais c’est elle qui contrôle mes doigts. Elle me sert de conduite assistée, en vrai : Je me contente de suivre le mouvement, ce qui est quand-même beaucoup plus facile. C’est à dire que, un truc con déjà mais je n’ai pas de proprioception. Je dois voir où est ma main pour savoir ce qu’elle fait. Pareil, je n’ai pas de toucher, donc sentir si la mèche est bien entre mes doigts ou si elle ne s’est pas barrée, c’est impossible.
__–Et pendant ce temps, attaque surprise de Nico.
__–« 
__–Hop hop hop hop hop hop hop hop hop. On a une enfant ici. Interdit de dire « J’aurais préféré que tu me mettes autre chose dans la bouche. »
__–« Hmm, c’est bon vos micmacs ! »
__–Mieux.
__–Et c’est donc ça, des hobnobs. Ça ressemble… un peu à n’importe quel biscuit, en fait. Alors, soyons clairs, je ne suis pas déçue du tout – surtout après les avoir goûté, c’est une tuerie ce truc –, aussi parce que, oh, vous avez vu ma dégaine de clodo là ? Enfin ça va je me lave, mets du déo et des chemises propres, m’enfin j’ai encore très bien en tête l’époque où il était hors de question que je gâche de la bouffe. Ou que je fasse ma fine bouche. (Ce qui n’a pas trop changé de ce point de vue là.) C’est juste que, en fait, quand il a dit petits gâteaux au miel, je pensais plus à des zlabias quoi.
__–Toujours en parlant de bouffe, il me propose de rester dîner.
__–« Oh ouais carrément. Surtout que, hem. Je ne savais même pas qu’il y a une cantine. »
__–En même temps…
__–« Draguer entre la poire et le fromage ça a jamais été trop mon truc. »
__–… Ouais voilà quoi. Après, quelque part je me dis qu’il doit trouver ça comique lui-même de faire venir à sa table l’espèce de grosse shlag qui a voulu se le taper un peu plus tôt, donc qu’il a largement dépassé le stade où il pourrait être choqué par ce que je raconte.
__–Enfin on va pas essayer d’en arriver à ce point là quand-même.
__–« Je suis plus du genre à me faire pousser ce que je mange. Comme des courgettes ou, hum, des aubergines. »
__–Ferme ta gueule sans déconner, ferme ta gueule. Concentre-toi sur Lottie.
__–« Çaaaa— ça progresse bien là ! On devrait avoir fini juste avant de passer à table. Ou alors on reprend après, comme vous voulez. »

Nicolas avait nourri Luna aussi, et ne s'était pas gêné pour manger lui aussi. C'est Lottie, après avoir mâché correctement qui répond. :

-C'est meilleur quand c'est Mamou qui les fait ! Ceux des magasins sont tout sec et ils ont pas de goût !

Elle est un peu dure, mais c'est vrai que ceux dans le commerce, le goût du miel est tellement subtil qu'on dirait qu'il n'y en a pas tant qu'on en enfourne pas une dizaine dans la bouche. Après comme Nicolas est un gouffre sans fond, tant qu'il a un verre d'eau à côté ça le dérange pas de finir les paquets que la famille abandonne, ...ou les assiettes si quelqu'un n'a plus faim. En fait, ils ne sortent pas si souvent les poubelles chez les Williams -à part le recyclage... C'est lui la poubelle OOOOOOOH- ça va il le vit bien lel. C'est méga cool même, pas de gâchis.

Luna de son côté veut bien rester manger. ...Elle savait même pas qu'il y avait une cantine. Qu'elle aimait pas draguer "entre la poire et le fromage"... Il rit. Parce que oui c'est drôle ! :

-T'inquiètes, tu rates pas grand chose. Les plats sont moyens maiiis les boissons et les desserts sont pas mal. Mais le dit pas que je l'ai dit.

-AAAH ! répète Lottie en quémandant un autre biscuit que son frère donne.

-Nous aussi, on a un potager dans le jardin, donc je comprends. Je te le montrerai plus tard, si tu veux... Et des aubergines hiiin...

Elle a pas de bol Luna parce qu'il y a quelques années, Nicolas n'aurait pas compris l'allusion... mais depuis que la Cool Patrol à un serveur Discord et que l'échange de memes et d'emojis est constant, ça fait qu'aujourd'hui il connaît les codes sociaux en ligne. Du coup ouais, aubergine. Il commente pas plus, histoire de pas la mettre plus mal à l'aise -c'est clair pour lui maintenant qu'elle se fout dans la merde toute seule, type zéro filtre, mais assume moyen après, du coup ouais, n'insistons pas.

A la place, il tourne son visage en direction de la porte, prend une grosse inspiration, torse en avant, poumons pleins d'air, et utilise la technique internationale des familles vivant dans une grande maison pour "communiquer", avec son lourd accent de Boston piqué à Aaron. :

-'MAAAA ! SHE STAYIN' ! PUT YA TRANSLATAR'S HEADSET !

-Whaaat ?

-I SAID SHE STAYIN' ! GET YA TRANSLATAR !

-Translaaateeeeer. murmure Lottie avec un accent moins prononcé avant de souffler à Luna. Je pourrais te faire des tresses quand même ? Tu n'aimes pas peut-être ?

Charlotte veut essayer de coiffer des dreads... Bon pour Nico c'est moyen possible, mais en même temps il peut pas répondre à la place de Luna à ce niveau, il en n'a jamais eu.

__–Eh eh, elle est adorable Lottie. Je lui ébourifferais bien les cheveux, si je n’étais pas déjà occupée sur les siens à faire quelque chose de plus constructif et si je ne détestais pas quand on me faisait ça à son âge. Nico me répond, j’imite sa sœur :
__–« Aaaaaah aussi. »
__–Et me parle potager. Si je suis partante ? Carrément, puis c’est pas comme si ça allait me déranger qu’il me montre ses… légumes… je me fatigue. Continue à me mettre des trucs dans la bouche, ça m’évite de dire des conneries.
__–…
__–Bon à relire la phrase précédente ça ne m’empêche pas d’en penser mais au moins la seule personne que ça embarrasse, c’est moi. Et tous les télépathes aux environs. Oh mon – je sais pas quoi d’ailleurs, je suis athée –, j’espère que sa mère n’est pas Terre solaire.
__–Et alors que je finis la moitié de la mèche de Charlotte et le gâteau de Nico, voilà que celui-ci se met à beugler un truc incompréhensible même avec la puce et que la première le… corrige sur sa prononciation ?
__–« Trɹanchlatorɹ ? »
__–Oui parce qu’on roule beaucoup de -r en portugais. Et on a tendance à remplacer les -t par des -ch.
__–Ah et elle me demande si elle pourrait me faire des tresses… ça va être compliqué avec mes dreads, mais je n’ai pas rien à lui proposer, si elle veut s’amuser avec mes cheveux :
__–« Hmm, comme on va passer à table, tu peux me faire un chignon plutôt ! Puis je me penche à son oreille : Et si tu veux on en fera à Nico. Je t’apprendrai à en faire, comme ça. » En plus comme il a pas masse de cheveux, ce sera assez vite vu. Je ne sais plus bien à quel point on est patient quand on a six ans mais je ne parierais pas sur beaucoup, mieux vaut qu’elle ne passe pas une éternité à faire la moindre dread.
__–Sur ce, je finis de crêper la sienne et prends ensuite un petit élastique pour la fixer à sa base. Elle a des cheveux typiquement européens, mais on a pas de cire et de toutes façons sa dread ne doit pas être permanente.
__–« Il va falloir se détacher ! »
__–Je fais croître le lierre encore plus, pour qu’il desserre le membre de Lottie et qu’elle puisse le glisser facilement hors de là, puis rétracte les tiges pour qu’elles reprennent leur place initiale.
__–« Alors, maintenant regarde bien comme je fais. Tu devras faire pareil tous les jours jusqu’à ce que tu veuilles l’enlever. »
__–J’attrape sa mèche entre les deux plats de mes mains et… ouais okay. Non. Je vais avoir du mal.
__–« Hum. Nico, comme t’es là, tu veux bien m’aider ? C’est pas bien compliqué, fais-la juste rouler le long de tes paumes jusqu’à ce qu’elle ait une bonne forme et remonte comme ça petit à petit. »
__–Je lui mime le geste, ce sera à lui de le reproduire moins maladroitement. J’avais pas prévu ça tiens. C’est que, je n’ai pas de plat de la main, en fait. J’ai des bouts de métal attachés ensemble, mais des cheveux se prendraient là dedans, dans la moindre tige, la moindre feuille ou aspérité de l’acier. C’est pas du tout un plat uniforme. Je note de me confectionner un gant pour ce genre d’occasion. Au moins une espèce de gangue en cuir ou quelque chose, pour donner une structure plus organique, qui parte moins en vrille dans tous les sens.

Nicolas bugue, et sévèrement, quand il perçoit l'accent de Luna à travers l'oreillette, ce qu'il ponctue d'un "wow". L'avantage d'avoir l'habitude de bosser à la fac avec des japonais venant d'un peu partout dans le pays, c'est qu'il a l'habitude de s'attacher aux accents et au vocabulaire de chacun sans oreillette pour tenter de comprendre... Alors quand il met son oreillette, dès que quelqu'un ne parle pas sa langue maternelle, y'a un moment de flou gaussien dans le cerveau de Nico, où il réalise que oui, pas tout le monde à Terrae vient de Londres, Boston, ou France... Ça mérite une nouvelle tournée de biscuits pour tout le monde, l'assiette est du coup, terminée. Il tapote ensuite son oreillette et s'efforce d'avoir un accent moins fort, comme Lottie. :

-Translater, traducteur. Ma' doit mettre l'oreillette quand il y a des invités. Parce que t'as pas de bol, t'es dans une maison multilingue mais j'arrive même pas à reconnaître la tienne... C'est... espagnol ?

Il grimace. Ça ressemble moyen, de loin, en louchant, à l'accent d'Aria... Mais il est persuadé que c'est pas ça non plus. Il s'excusera.

Mais revenons-en à la coiffure voulez-vous ! Luna propose un chignon pour remplacer une tresse, et Lottie sautille brièvement sur place avant de se rappeler qu'elle doit tenir sa mèche et redevenir immobile,... mais avec un énorme sourire aux lèvres. :

-Colas tu veux bien ?!

-Hmm ça me dérange pas. Mais j'ai pas les cheveux aussi long, ça ira quand même ?

Oui parce que si Luna galère ce serait pas aussi marrant. Pour l'instant, elle se "détache" de Lottie et s'apprête à expliquer comment maintenir sa mini-dread... Quand elle réalise qu'elle peut pas. Main de MÉTAL. Elle demande alors un coup de "main" -ptdr- à Nico qui se décale vers elles, son coude serrant les épaules de Luna. :

-Ok je vois. Tu regardes Lottie ? Tu fais comme ça. il s'applique à faire rouler la mèche. Je m'en sors ça va ?...

-Et maintenant à Colas, à Colas ! Je vais faire ton chignon en même tant Luna !

-Ah, c'est l'instant pyramide. Va sur le lit Lottie. J'vais me mettre entre tes jambes Lun-...

Il était sur le point de finir sa phrase quand il leva son index. Yep. Reformulons. :

-Devant toi. Je vais me mettre devant toi. Besoin de ma-... main ?

Ouais... La question n'est pas mieux niveau sous-entendus... MAIS MERDE AUSSI LAAA. Elle va croire qu'il fait zéro effort alors qu'il se facepalm littéralement.

__–« Yeah I know what a translator is, it’s not like everyone in Terrae ain’t wearing one at every time. »
__–Et là c’était dans un anglais où je force moins l’accent brésilie— QUOI.
__–« Espagnol ? Sérieusement ? »
__–Est-ce que j’ai l’air d’une Espinguine moi ? Bon vous me direz peut-être, j’ai jamais vu d’Espagnols de ma vie. (Sauf Ariana, mais elle je ne sais pas qu’elle est Espagnole, là je brise juste le quatrième mur parce que celui qui m’écrit a dit que je peux.) Et en fait, comme je n’ai jamais visité que deux coins dans ma vie, à savoir ma ville natale et Terrae, je n’ai pas une idée très claire de comment les Brésiliens sont perçus de part le monde. Ou les latinos en général. Donc soit, je peux comprendre sa confusion.
__–Et accessoirement, je ne suis pas du genre à en avoir quelque chose à foutre de ces questions de langue. Du coup j’ai l’air un peu étonnée, mais sans plus quoi.
__–« Non, c’est du portugais. Du Brésil. Je suis de Manaus. C’est une ville au milieu de la forêt amazonienne. »
__–Après tout, moi-même ne connais pas plus sur la géographie du Japon que Tokyo. J’aurais du mal à citer comme ça de tête une autre ville. Je ne peux donc pas m’attendre à ce que qui que ce soit connaisse du Brésil plus que Rio.

__–Mais revenons-en effectivement à la coiffure.
__–« Oh oui, ça ira. En principe tu peux le faire avec toutes les tailles de cheveux, c’est juste que la plupart des gens que tu vois avec des dreads en ont des longs. Et puis, euh, bon. Déjà c’est pas commun pour des Blancs d’en avoir des longues, alors des courtes, encore moins. Mais ouais tu te débrouilles bien ! T’as compris le mouvement. »
__–Sur ce on passe aux chignons, et, quoi, attendez, quoi ?
__–Mon gars t’as de la chance de m’avoir mis un râteau assez grand pour être visible depuis l’espace et d’avoir ta sœur qui triture tes cheveux, là. Non parce que, il n’y a que deux choses qui m’empêcheraient d’être une grosse lourde : m’être déjà fait salement rembarrer au point d’avoir affreusement honte de moi-même, et s’il y a des oreilles innocentes à côté.
__–Quoi, les courgettes et les aubergines ? Oui non mais d’accord mais c’était un peu moins direct. Là si je lui sors un truc du genre « Je ne pensais pas que tu te raviserais si tôt, il va dire quoi ton mec ? » par exemple, ça ne va pas le faire pareil.
__–Je viens de le dire à voix haute là, non ?
__–Vu son regard oui.
__–Euah.
__–« Hum. Je. Hum. Désolée. Devant moi. Oui. Ça. Ça marche. »
__–Besoin de quoi ? Non mais si t’en rajoutes aussi. Bon ok j’admets. C’est complètement ma faute. Il y a une tension de merde ultra gênante parce que j’en ai créée une plus tôt et du coup on vit avec et c’est insupportable.
__–« Ta main, oui. Non. Attend. Euh. Vu la taille, ça devrait aller, j’ai pas à l’enrouler autour de mes doigts. Ça va être vite vu, on devrait avoir fini avant de passer à table. »
__–D’ailleurs ça m’étonne que sa mère nous ait pas demandé de l’aider, au moins à mettre le couvert. Chez nous on faisait comme ça : hors de question que les gamins restent inactifs pendant que les adultes travaillent. Ce qui explique en partie pourquoi je n’étais jamais chez moi d’ailleurs, les tâches ménagères ça m’a toujours gonflé. Jusqu’à ce que ça devienne équivalent à avoir un mode de vie sain, mais passons.

Le "Sérieusement ?" lui fait vite comprendre qu'il s'est planté. Il lâche aussitôt une grimace triste en grognant malgré lui... Voilà, il savait qu'il aurait dû fermer sa gueule. :

-Je suis désolé. Je connais très mal les langues ibérooo-... erm... Il fit un geste vague réalisant qu'il ne savait même pas si l'espagnol et le portugais étaient classés dans le même groupe. Je savais même pas qu'on parlait portugais au Brésil c'est pour te dire.

-Colas est bête !

Il pinça la joue de sa petite sœur mais ne dit rien. Parce qu'elle avait pas tort... Luna lui a dit que c'était pas commun que les Blancs portent des dreads et il lui a fallu trois bonnes secondes pour réaliser que, oui Nico, tu es Blanc. Donc oui Colas est bête. Mais au final Luna l'est tout autant pour ne pas laisser passer les sous-entendus désastreux et lâcher ce qu'en penserait son mec. ...Nico se retient de rire parce qu'il a l'idée de lui acheter des "filtres" un de ces quatre en cadeau, pour la vanne. Il s'installe, rejetant une mèche de cheveux en arrière tel une QUEEN. :

-Il serait jaloux de ma super coupe.

-Matty avec des fleurs il serait trop beau !

-Matty est toujours beau !

Fais gaffe, on voit un peu trop que t'es amoureux, Lottie a lâché son meilleur gloussement de petite fille. Nicolas fait la moue et regarde devant lui, offrant à Luna une belle vue sur sa nuque et le tatouage de sa Greffe, il tenait ses genoux dans ses bras, puisque Luna n'a pas besoin de sa main. Non, il ne l'embêtera pas plus bien qu'elle soit audiblement gênée... il est pas mieux. :

-Tu viens de Manaus alors ?... C'est une grande ville ? Je viens d'un petit village en France, on était entouré de champs et de bois... Le dépaysement est pas le même !

Parce que la jungle et la forêt, c'est moyen comparable, même s'il ne connaît pas Manaus. Lottie a vite fini le chignon -c'est qu'elle commençait à être douée avec ses petites mains- alors elle est venue quémander un câlin à son frère... Il s'est aussitôt mis en tailleur en la voyant, pour qu'elle s'assoit devant lui, lui offrant sa main pour qu'elle "joue" avec, traçant les lettres de ses tatouages ou les lignes de sa paume du bout des doigts. Et puis une voix s'éleva du couloir. :

-C'est bientôt prêt ! Venez mettre la table !

-Ah ?! On arrive Ma' ! Tu as fini Luna ?

Même si ce n'est qu'à peu de choses, ce n'est pas grave. Nicolas préférait se précipiter pour aider aux tâches plutôt que traîner... quand il était pas plongé dans ses devoirs et qu'il entendait les appels de ses parents à travers le casque. Lottie s'était déjà levée et avait emporté l'assiette vide. Nicolas et Luna n'avaient plus qu'à prendre les cadavres de bières.

Il lui fit signe de venir jusque dans la cuisine où il jeta les bouteilles vides dans la poubelle correspondante avant de s'approcher des placards. En même temps, il fit les présentations. :

-Ma' ! J'te présente Luna. On s'est croisé à la bibliothéque, on avait besoin d'emprunter les mêmes livres. Luna, voici Louisa, notre maman.

-Tu peux m'appeler Lou. J'ai fait une tourte à la viande avec un peu de salade... Ça te va j'espère ? On a des restes qu'on peut réchauffer au cas où, alors n'hésite pas à le dire.

Oui, Lou avait adopté autant qu'elle avait été adoptée par les Williams... C'était leur maman, quoi qu'on en dise... Même si elle n'avait rien du blond platine de Lottie ou Jérémy, portant une couleur plus dorée, même si elle n'avait pas les yeux de Nicolas. Et accueillir des amis à l'improviste, elle commençait à avoir l'habitude. :

-Tu peux sortir quatre assiettes seulement. Papou et Mymy vont travailler tard.

-Haaan... je voulais montrer nos cheveuuux.

-C'est vrai que vous êtes beaux. J'enverrai des photos. Mais après manger !

Ça s'organise dans la cuisine... Pendant que Lou sort la tourte du four, Nicolas passe les assiettes à Luna avant de prendre couverts et verres dans ses grandes mains. Oui, quatre verres dans la main gauche et quatre fourchettes et quatre couteaux dans l'autre... Lottie, elle, a pris les serviettes propres qui étaient spécialement rangées dans un placard à sa hauteur pour qu'elle puisse aider comme une grande. Dans la salle à manger, la table fut mise et Nicolas bloqua un bref instant. :

-Ah ! C'est à mon tour de m'occuper des boissons en plus ?

-Voui !

-Mince. Euuh... De l'eau qui bulle pour Lottie... Luna une autre bière ou je croiiis... qu'il reste du rhum arrangé ?

Gros doute. Jérémy avait fait des desserts compliqués y'a pas si longtemps, Nicolas n'a pas retenu lesquels, il sait juste que c'était méga bon, et au rhum. :

-Et Ma' tu veux quoi ? Un p'tit blanc ?

Y'a de grandes chances qu'elle se laisse tenter vu qu'ils ont une invitée.

__–Alors oui d’accord, on est tous les deux un peu cons, mais y’en a un qui est plus gravement atteint que l’autre. Enfin, une, pour le coup. Heureusement que Nico est capable de rebondir sur mes stupidités avec grâce. Notamment en me posant des questions sur ma ville natale. Qui n’est, dans le fond, pas si différente de la sienne :
__–« Oh, c’est à peu près pareil. On est entourés de champs et de forêt. Enfin, surtout de forêt. Et le village ferait deux millions d’habitants. Et il y ferait chaud toute l’année. » C’est pas si proche que ça du coup. « Je suis allée une fois en France, je crois que c’était dans le Creux ou un truc comme ça, pour une mission. C’était, euh. Vide et terne. Et froid. »
__–J’espère qu’il est pas trop-trop attaché à son pays. Après je suis pas du genre à faire du chauvinisme bas du front, mais quitter une terre de couleurs vives et de chaleur pour une de pastel et de temps oscillant entre le passable et le merdique où on se les gèle comme c’est pas permis, ça m’a fait relativiser toutes les critiques que j’aurais pu faire sur l’Amazonas.
__–« Mais ouais du coup j’ai fini. Pareil que Lottie, si tu ne veux pas la garder, n’y touche pas spécialement et je vous expliquerai comment la défaire. Ça te va pas trop mal ! »
__–Je ne pense pas que ça lui irait d’avoir tous ses cheveux comme ça, ceci dit. Enfin déjà je suis biaisée, j’aime pas trop ce que ça donne sur des Blancs de base, ni sur des cheveux courts. Là encore, comme une espèce de petite natte en prolongement de la fleur, c’est très passable. Après, peu importe ce qu’il ferait, je suis à peu près sûr que je trouverais Nicolas très, très beau. Hem.
__–Et donc voici la fameuse translateeeer lady.
__–« Hé ben enchantée. Ça me va très bien, merci beaucoup de me recevoir. »
__–Il me reste à rencontrer Papou et Mymy pour avoir la famille au complet, si j’ai bien compris. Enfin si ça se trouve, je les ai déjà croisés au bar ou quelque chose du genre.
__–Bon par contre ils me gênent là, à mettre la table sans moi. Oui d’accord je suis une invitée, mais j’ai plutôt l’impression de m’être invitée qu’autre chose. Puis je peux porter des trucs, je suis manchote, pas handicapée. Et titanide, donc je pourrais porter Nicolas, Lou et Lottie, eux-mêmes portant les couverts, probablement. Ah ben j’ai rien dit Nico me passe les assiettes.
__–Attendez j’ai bien entendu rhum ?
__–« Oh ben rhum du coup ouais, merci. »
__–C’est vrai qu’il faudrait que je pense à en faire de ça, un jour. C’est pas bien cul, il suffit de plantes diverses et variées. Et c’est pas comme si je manquais des secondes ni d’idées pour les arranger entre elles. Ou d’une clientèle régulière sur laquelle essayer mes mélanges. Y’a quelque chose à trouver. Enfin quand-même, je ne peux pas mettre les pieds sous la table juste comme ça :
__–« Et euh, je peux vous aider à faire un truc à part ça ? »

C'est à peu près pareil mais ça n'a rien à voir. Ok, donc, ça n'a pas de sens. En vrai, jusque là il a tout compris. Comment ? On sait pas, mais tant que ça fonctionne. :

-Le creux ?... Ah ! La Creuse ouais ! Ahah. Ben c'était pas loin de chez moi donc, t'as le visuel.

Mais pas l'odorama, parce qu'on peut en dire des choses sur la Creuse mais c'est pas du tout le même panel odorant que le Bourbonnais. Pour ceux qui en douterait encore, non, Nicolas n'est pas du tout attaché à l'endroit où il a grandi.

Après de brefs derniers conseils coiffure -et un gros doute de la part de Nico sur le fait qu'une dread lui aille, même s'il n'a rien dit-ils sont donc tous directement partis en cuisine aider Louisa. Le premier voyage servant à placer les couverts, le second pour Nico allait chercher les bouteilles adéquates... et Luna qui le suit c'est aussitôt faite alpagué par la mère de la maison. Elle lui tendit un bol de salade verte, un autre de salade de pâtes et par-dessus, une planche à découper le pain... et le pain -parce qu'il y aura toujours du pain frais dans une maison où Jérémy vit. :

-Tiens, vas-y ! Fais attention hein.

Comme si elle pouvait faire autrement. Louisa prend le plat où trône la tourte à la viande. Nicolas, de son côté, avait une bouteille d'eau gazeuse sous le bras, une bouteille de blanc et une de rhum brun dans une main, une bière pour lui et les verres adaptés aux boissons de Luna et Lou. Eheh. Luna, Lou, Nico est sa Greffe de Loup, on dirait le début d'un épisode d'une série qui va pas être renouvelée pour une deuxième saison. La deuxième voyage étant fait, tout le monde peut s'installer à table... sauf Lottie qui y était déjà.


HRP : Néo a officiellement et lâchement abandonné le rp là parce qu'il n'a aucune idée de comment décrire un repas de famille. Désolé.

__–Okay, donc j’ai vraiment insulté son pays d’origine comme ça au calme. Ou en tout cas, ce qui y ressemble le plus. Ouais bon à force, tout le monde – à part moi – s’est habitué à ce que je foute les deux pieds dans le plat, hein. Là non plus, ça ne le choque pas tellement que je sois une colossale imbécile. Bref, passons… les plats, en fait.
__–Et sur ce on se met à table, avec le rhum, la tourte à la viande et encore pleins de plats partout. Ouah, on dirait les repas de famille chez moi quand les grands-parents s’invitent – et ramènent à manger pour quinze.
__–Et alors. Autant Charlotte, j’ai pas une idée très claire de comment ça mange les enfants d’ordinaire mais elle correspond à ce que je m’attendais du comportement d’une enfant à table, quand y’a aucun autre gamin. Elle enfourne, en fout un peu à côté, se fait oublier vue que les discussions très vite ne l’intéressent pas. Sauf quand Nicolas, euh… joue avec sa nourriture pour la faire marrer, et ce alors qu’elle en a plein dans la bouche et en répand sur la nappe dans un grand jet… Sous le regard épuisé de Louise.
__–Et Nicolas, il parle un peu, mais on a surtout l’impression qu’il a un train à prendre, qu’il a crevé la dalle toute sa vie ou qu’il est dans l’armée, où on mange vite et mal. Qui sait, vu le personnage, peut-être que c’est les trois. C’est chaud, j’en suis à peine à finir ma première bouchée et complimenter Louise sur la qualité de sa cuisine qu’il a déjà engouffré la moitié du plat.
__–Louise parlons-en, c’est deux salles deux ambiances. Elle aurait tout à fais sa place dans une série britannique. Juste assez coincée pour être – et de loin – la personne qui se tient le mieux à table ici – suivie de moi, je suis presque choquée de le constater – mais pas assez pour s’offusquer plus que ça des manières de ses gamins.
__–Et de mon côté, j’essaie d’être une invitée qui se présente sous son meilleur jour. Je fais la conversation avec Louise et un peu Nicolas sur des sujets triviaux, genre mes études, mon taf au bar, ce genre de choses. J’ose pas trop poser de questions. Dans l’ensemble, il ne se passe pas grand-chose. Puis c’est tellement bon aussi, on est plus concentrés sur ce qu’on mange.
__–Par contre ouaaaah ce que je ne suis pas dans mon élément. Déjà avoir deux couverts en métal, des verres adaptés aux boissons qu’on prend, des dessous de plat et des sets de table avec des motifs colorés et variés, je suis sur une autre planète. Ah nan mais chez moi c’est baguettes ou la cuiller en inox et c’est marre. C’est à dire que je mange toujours devant quelque chose, du coup la nourriture est toujours dans un bol ou une assiette creuse et déjà découpée, pour avoir une main qui tient et l’autre qui s’occupe du couvert… Et ouais aussi parce que j’ai été obligée de prendre l’habitude de ne pas pouvoir utiliser mes deux mains en même temps sur une tâche précise.
__–Heureusement que je suis passée Étoile avant de venir, sinon j’aurais dû faire la demande humiliante de découper tout ce qu’il y a dans mon assiette, vu que je n’aurais pas pu le faire moi-même. Là ça va un peu mieux, mais ça se voit que je galère. J’ai quand-même dû claquer mon cristal pour tout découper en bouchées d’un coup et ensuite seulement j’ai attaqué mon repas. Déjà que tenir la fourchette de la main gauche ça me fait encore bizarre, même après deux ans, mais alors si en plus tu me demandes de couper proprement quoi que ce soit avec ma main droite qui a la dextérité d’une pince à sucre, laisse tomber.
__–Et on arrive au moment fatidique où la moitié de mon assiette est encore pleine que tout le monde a fini, même Louise, qui a rangé ses couverts sur le côté de l’assiette. Et du coup tout le monde m’attend. Si on était chez moi je leur aurait dit qu’ils sont libres de vaquer à leurs occupations, mais là c’est à la translateeeer lady de décider. Et c’est moi ou tout le monde me regarde ? Euh ?
__–« Hum, c’est, vraiment délicieux, mais ouais je suis du genre à manger lentement, désolée… »

Nicolas aurait dû prévoir ce scénario... parce que c'est toujours comme ça... Parmi la multitude de mauvaises habitudes qu'il a et dont il n'arrive pas à se débarrasser, il y a la vitesse à laquelle il mange. Une chose qu'il faut vite apprendre à faire au self pour ne pas voir sa choucroute se transformer en projectile -#truestory- ou se faire voler son sandwich en deux-deux quand on a pas la force de courir après les voleurs... Bon y'a aussi le fait que c'est tellement bon qu'il a du mal à ralentir l'allure... On le dira jamais assez, mais les petits plats maison de la famille Williams, c'est quand même une autre tambouille que les fonds de poubelles du kebab dégueu du village. Mais il a l'habitude de ça. Aaron et Louisa mangent, de manière générale, plus posément... Jérémy est un gros taré qui savoure chaque bouchée comme sa dernière, à analyser la moindre épice qui peut se trouver sur un steak, en vrai, ça l'étonnerait pas qu'il traîne encore plus que Luna. Lottie est... Lottie est aussi vorace que lui mais elle a de plus petites portions aussi, ça ne compte pas.

Du coup, il n'avait pas remarqué qu'il n'était pas le seul à avoir fini. Les filles regardaient Luna qui tenta une politesse avant de s'excuser. :

-Ne t'inquiètes pas, prends le temps qu'il faut. assure Lou avant de se lever. Je dois vous laisser par contre, Lottie doit prendre sa douche.

-OHNAAAN !

-Tu finis les plats Nicolas ? Il n'y a plus de tupperwares vides.

-Ok Ma' !

-Mamouuu j'peux me laver demain dis ?... J'ai pas tâché ma robe t'as vu ?! Et je suis pas sortie longtemps aujourd'hui, je suis pas sale...

Pendant que les voix s'évanouissaient dans le couloir, étouffant l'argumentaire de la gamine, Nicolas se leva pour attraper la dernière par de tourte et croquer dedans à pleine bouche sans prendre la peine de prendre des couverts. Il ne se gêna pas non plus pour parler la bouche pleine. :

-Fa va pas trop fouffert ? lâche-t-il entre deux bouchées, avant de déglutir.