Allongée dans mon lit, j’en ai marre de regarder des télénovelas. Après les scanners, les sédatifs, les siestes de je-ne-sais combien de temps, les soins et bla bla… Doucement, j’arrive vers la fin de mon séjour. On est revenus très amochés de notre mission en Afrique. Le Centre…

Mes retrouvailles avec Aylan furent spéciales aussi, lorsqu’il est venu me voir… Mon coeur était lourd. Et jusqu’à présent, il l’est, je ne sais que penser à tout ce qui s’est passé, c’est une cinématique qui tourne en boucle. On a pas encore eut de nouvelles des autres équipes, de notre côté nous sommes revenus avec l’équipe s’occupant de la destruction du système de brouillage.

J’ai récupéré une partie de mon énergie, et grâce à Ryu je possède un sceau temporaire en attendant que je puisse rencontrer Hideko pour mettre un sceau définitif maintenant que j’ai pu réatteindre mon niveau d’Étoile après tant d’années à l’avoir perdu.

Aujourd’hui, je suis saoulée de rester comme une loque. J’ai tapé la discut’ avec mes compagnons de chambre mais ça ne me suffit pas pour me distraire. Le manque de nicotine me gratte le fond de la gorge. Depuis tout ce temps que je me retrouve à l’hôpital, ils devraient me faire une carte de fidélité, je sais qu’il y a un petit coin où tu peux fumer. C’est pas un fumoir officiel mais c’est le seul coin où il n’y a pas de panneau NE PAS FUMER SVP.

En gros faut sortir devant et se décaler un petit peu sur le côté. Les infirmières ont tendance à mal regarder les fumeurs qui squattent là mais bon, on peut pas leur en vouloir non plus.

Habillée de la super robe de chambre des hôpitaux (0 glamour avec mon chignon dégueu),  la perfusion dans la main droite, je me lève difficilement du lit et part dans le couloir, tenant l’espèce de support en métal qui porte mon sac pour perfusion d’une main et mes clopes dans l’autre. Je mets également sur mes épaules une veste chaude qui m’a été confié. Je suis aussi pâle qu’un cachet d’aspirine mais il y a quand même du soleil donc malgré le froid ça va faire du bien. Le printemps n’est pas beaucoup encore là.

Je lâche quelques sourires au personnel tout en quittant le bâtiment et me rapproche du banc de pierres. À part un mec de dos, personne n’est là.

La clope au bec, je me permets d’aller lui parler :

«Excuse-moi, t’as pas du feu ? »

Parce que ouais, je l’ai oublié.

Ca fait quelques jours qu'on m'a retiré intégralement mes bandages. Il me reste bien quelques uns de ces gros pansements qui grattent, mais j'ai retrouvé une certaine liberté de mouvement. Grâce au travail incroyable des Guérisseurs, ma peau a même retrouvé un aspect à peu près présentable. Evidemment, il reste de nombreuses cicatrices un peu partout, mais vu l'état des brulures quand je suis arrivé, sans leurs pouvoirs, aucun doute que ma peau aurait gardé un aspect absolument répugnant. Ce qui m'aurait quand même bien fait chier.

Plusieurs semaines se sont écoulées depuis ce retour de mission et maintenant je n'ai qu'une envie, qu'on me laisse sortir. Reprendre le boulot. Après tout, ici, c'est aussi l'endroit où je bosse, j'en ai marre d'être de ce côté de la barrière. Je voudrais pouvoir filer un coup de main à mes collègues (mais ils peuvent toujours attendre pour que je dise un truc pareil à voix haute), arrêter d'être seulement une charge supplémentaire. Mais il parait que mon corps n'est pas encore en état. Sans compter que ce troisième pouvoir ne m'aide absolument pas à me reposer et à récupérer.

L'avantage quand même, c'est que je ne suis plus obligé de seulement fumer dans ma chambre (parce que c'est mort, je suis déjà bien trop à cran pour qu'on me prive en plus de nicotine). Non pas que ça me dérange particulièrement d'enfreindre ce genre de règle, mais je crois que même le personnel médical commençait à en avoir marre de me reprendre à chaque fois qu'ils entraient dans ma chambre. Non, maintenant je peux les laisser tranquilles et aller dans l'un de ces endroits où c'est officieusement admis.

C'est donc avec la dégaine affreuse (mais peut-être pas autant que ma gueule en ce moment) du patient là depuis trop longtemps que je profite de ce petit moment en dehors de ma chambre. Clope au bec, je regarde le va et vient des différentes personnes présentent en ce lieu. Des blouses blanches qui courent plus qu'elles ne marchent, des fauteuils roulants, brancards, ou autres aides pour faire avancer des chaussons bien plus lents. Et quelques personnes un peu paumées à la recherche d'une chambre bien particulière. Bizarrement, ça ne m'a jamais affecté toutes ces années à travailler ici. Mais là, c'est différent.

Je ne suis pas mécontent qu'une voix me sorte de ce genre de divagations stupide. Je tourne la tête vers la nana qui a manifestement oublié son briquet. Et il ne me faut pas très longtemps pour la reconnaitre. Le contexte est complètement différent. Et avec cette allure, ça n'aurait même pas été si étonnant que je ne la remette pas. Mais compte tenu des circonstances dans lesquelles je l'ai croisée, son visage doit être un peu trop imprimé dans ma mémoire.

- "Si, bien sûr."

Evidemment que j'ai tout le temps du feu. Ce n'est pas comme si ça me demandait beaucoup d'efforts de créer une misérable flammèche capable d'embraser le bout d'une cigarette. Mais... C'est vrai que je n'ai pas envie de me contenter du minimum. Même si je suis coincé dans ma chambre, ça ne m'a pas empêché de reprendre un semblant d'entrainement avec mes pouvoirs. Et si je ne peux évidemment pas faire dans le grandiose dans cet espace clos, je tente de faire dans la subtilité.

Je matérialise une petite boule de feu au bout de mon indexe, à peine la taille de mon ongle, que je fais tournoyer quelques secondes au dessus de main, avant de prendre mon sourire charmeur pour "envoyer" à l'aide de mon doigt, comme s'il s'agissait d'une bille ou d'un objet bien réel, cette boule de feu directement sur l'extrémité de la cigarette que la miss a à la bouche. Après les quelques secondes nécessaires à ce que je m'assure qu'elle pourra bien tirer sur sa clope correctement, je laisse "exploser" cette boule de feu en de nombreuses autres petites gerbes de feu, à la façon d'un feu d'artifice miniature. Et franchement, ça demande bien plus de technique et de maîtrise qu'il n'y parait !

- "Normalement je réserve ce genre de chose pour des meufs un peu mieux fringuées, mais bon, en ce moment c'est un peu la dèche !"

Je prends un ton qui montre assez facilement que cette remarque n'est pas à prendre très au sérieux. Après tout, compte tenu de mon propre état, je n'ai pas de quoi être très regardant. Même si dans le fond, ce n'est peut-être pas si faux pour autant.

Je lui offre un petit sourire lorsqu’il acquiesce, tu peux te balader dans le coin fumeur sans briquet enfin… je sais pas. Son visage me revient, c’est le mec que Senri portait avant qu’on rentre de mission. Par contre son nom… Faut pas me le demander. J’ai pas trop bonne mémoire quand je connais pas assez. Bon, on a clairement la tête de personnes qui traînent dans l’hôpital depuis un bout. Ah bah c’est agréable de croiser un visage on va dire plus ou moins connu.

Ah, mais en fait il est Feu. Encore plus pratique qu’un briquet, c’est un briquet vivant. J’observe tout son petit spectacle, c’est stylé je l’avoue et ça change du classique de juste sortir une flamme du bout de ton doigt.

Dès lors que sa petite boule de feu se colle à l’extrémité de la clope, je me penche un peu en avant pour tirer un petit coup pour que ça prenne puis me recule pour relâcher une première bouffée. Il finit par faire disparaître la boule, c’est hyper mignon à regarder ça fait un petit spectacle de quelques secondes, sympa.

Ah. Bah merci hein. Je lève un sourcil fasse à sa remarque, il ne paraît pas sérieux m’enfin, merci je sais que je suis déjà dégueu mon petit pote.

« T’inquiète je suis beaucoup plus bonne que ça quand je suis pas à l’hospice.»

Et hop, du tac au tac, je me permets de vanner en retour. Puis je ne mens pas non plus, enfin, je crois. J’ai quand même de l’estime de moi-même, juste un peu.

« Normalement moi je demande pas de l’aide à n’importe qui d’habitude, mais pareil hein, la dèche, dis-je en mimant le ton de mon locuteur.»

On se brise la glace mutuellement. On en a bavé dernièrement donc ça permet de se détendre un peu. Je lâche un petit rire qui me fait souffler du nez. Je prends une nouvelle bouffée et ferme les yeux une petite seconde le temps de laisser le soleil caresser ma peau. Puis j’observe à nouveau mon compagnon de sortie.

« Contente de voir que tu t’en es sorti en tout cas, ton nom déjà c’est..?»

Ok, j'avoue que sa réponse me plait bien, ce qui se caractérise facilement par un petit sourire amusé que j'affiche. Et, forcément, j'en profite pour la détailler un peu plus. Juste pour me faire une idée de si ce qu'elle dit peut réellement être vrai ou non, bah ouais, j'vais pas me laisser berner si facilement hein ! Et évidemment, elle ne manque pas l'occasion de contre-attaquer. Intéressant.

- "D'habitude les filles font exprès de prétendre ne pas avoir de feu juste pour pouvoir m'aborder, mais, ouais, on fait plus sexy niveau fringues. Je leur proposerai de revoir la tenue comme axe d'amélioration !"

Je rentre facilement dans son petit jeu, préférant largement ce ton plutôt que de rentrer dans quelque chose de trop déprimant et prise de tête. Il y a bien assez de tout ce contexte pour me rappeler ma condition, alors ouais, ça fait du bien de pouvoir lâcher du leste un peu.

- "Tiago. Et ouais, bien sûr que j'm'en suis sorti !"

Bien sûr. N'empêche, j'ai été étonné de voir à quel point ces agents du Centre étaient préparés. Rien à voir avec ceux que j'avais pu affronter lors d'une précédente mission. Et peut-être bien que je n'étais pas aussi sûr du dénouement quand j'étais encore coincé sous terre au milieu de tous ces tirs et toutes ces détonations.

- "Et toi ? C'est vrai qu'on n'a pas trop eu le temps pour les présentations..."

C'est déjà pas mal que je me souvienne de sa tête. Il faut dire que j'étais déjà salement amoché et j'ai peut-être eu tendance à être seulement agacé par la présence de Senri à ce moment là. Ce qui est encore plus frustrant maintenant que j'y repense.

Il a l’air d’être un mec sympa. Ça fait du bien de pouvoir rigoler un peu avec… Tiago. Latino j’imagine ? Ça me revient un peu plus. Je lâche un rire, il a du répondant j’aime bien. Ça se sent qu’on peut avoir une conversation légère.
Ouais clairement côté tenue c’est… voilà quoi. Je suis déjà contente de ne pas être à poil là-dessous, sinon je ne me serais jamais permise de sortir du lit. Déjà qu’au début pour aller aux toilettes je devais être accompagnée, au secours. Je reprends une giga bouffée de ma clope avant de me présenter, laissant la fumée sortir d’entre mes dents.

« Pardon monsieur le tombeur, mais je ne fais pas partie de cette élite, j’ai juste paumé mon briquet… quelque part ! Moi c’est Nana ! »

On reste toujours dans l’humour hein, sauf sur mon nom bien sûr, et le fait que je perde souvent mes affaires.

«  C’est vrai qu’avec tous les débriefings, hors de sa propre équipe de sa propre équipe on avait pas le temps de pouvoir se causer deux mots ! Mais on est des durs à cuire à Terrae !  »

Je lâche à nouveau un petit rire. Il est vrai que si on ne se connaissait pas déjà, on ne prenait pas le temps d’aller voir les autres. Je connaissais quelques personnes mais pas tout le monde. On avait beaucoup de pression sur les épaules.
Une chance déjà que nous avons pu nous déplacer jusqu’à leur équipe pour qu’Aaron puisse nous sortir de là ensemble. Je revois Senri qui soulève Tiago, les deux qui beuglent ensemble et-

«  En tout cas enchantée hein mais- ATTENDS, c’est toi et Senri qui beuglent depuis des jours d’ailleurs ? On ne fait que vous entendre via le couloir !! »

C’est vrai que ça donnait un mal de crâne. Je ne connaissais pas la relation entre les deux zygotes mais des quelques mots que j’ai pu comprendre, ça pue le concours d’égo entre eux. Je connais Senri et je sais que là-dessus… ils est champion. Le nombre de fois qu’on se rentre dedans… Laisse tomber.

- "Ahah t'as déjà réussi à foutre assez de bordel dans ta chambre pour paumer ton briquet ?!"

Ouais je me marre mais en vrai, ça fait un moment que je ne sais plus ce que ça fait que d'oublier son briquet. Il y a quelques années ça n'aurait pas été impossible que ce soit moi qui me soit retrouvé dans cette situation. Mais eh, bien sûr que j'en profite !

Bon, elle a un prénom un peu chelou c'est clair, une meuf qui s'appelle Nana... Lol. Ok ok, bon déjà c'est pas un mec, ça aurait été la loose. Cela dit, depuis le temps que je suis à Terrae, j'en ai entendu des noms bizarres. Faut croire que les coutumes ailleurs dans le monde m'échappent toujours autant. Même si ce n'est pas faute d'avoir croisé et côtoyé un certain nombre d'asiatiques. Ce qu'elle est manifestement à en croire la langue qu'elle parle.

J'allais répondre à son enchanté lorsqu'elle change subitement de sujet pour revenir à... Senri. Avec qui je dois partager ma chambre. A croire que le sort s'acharne contre moi. Ou seulement la personne en charge de la répartition des chambres... Ce n'est pas un grand secret qu'on ne peut pas se voir tous les deux. Forcément que dans cette situation j'ai besoin de fumer deux fois plus qu'en temps normal !

- "Pas du tout. Senri n'a besoin de personne pour passer son temps à beugler."

Ooook c'est peut-être pas impossible que je lui gueule dessus en retour. Mais qu'est-ce que j'y peux s'il me gonfle non stop ? Même quand il est censé ne pas pouvoir bouger il arrive à me mettre les nerfs en pelote ! Oui bon du coup c'était sûrement la solution de facilité que de nier...

Je lève un sourcil puis éclate de rire.

«Alors premièrement, je pense que c’est plutôt une infirmière qui me la voler mon briquet hein.»

Ou peut-être suis-je dans le déni que je perds souvent mes affaires mais en même temps… C’est étrange. Y a pas grand chose dans une chambre d’hôpital, des lits et des commodes à côté. Une pote m’avait ramené un paquet de clopes et un briquet suite à ma demande. Parce que, bah, mes affaires de mission et littéralement MES FRINGUES m’ont été enlevés, je ne vous fais pas un dessin quoi-

«Deuxièmement... euh... y a pas de deuxièment.»

Et donc, mon petit attirail qui était dans le tiroir juste à côté de moi. Et aujourd’hui y avait que mon paquet… Donc soit quelqu’un s’est fait plaisir pendant que je dormais, ou je l’ai paumé dans l’hôpital ou… je sais pas… FAUDRAIT DES POCHES POUR CETTE ROBE LÀ.

«C’est vrai que Senri est capable de s’auto-beugler dessus ! Mais avoue que, tu beugles aussi hein. »

Il est assez rare d’avoir une chambre d’hôpital pour juste une personne, à moins que ce soit des cas en particulier. Le timbre de Tiago devenait de plus en plus familier à chaque fois qu’il me parlait et clairement, il est juste dans le déni. Un sourire joueur arbore mes lèvres, je trouve ça amusant de le taquiner, juste un peu.

«Vous avez l’air super meilleurs potos tous les deux.»

Je me permets un peu de sarcasme, faisant comprendre à Tiago que je rigole hein. Le Feu n’avait pas du tout l’air de s’entendre avec le Tonnerre. Côté compatibilité de caractère, c’est flagrant en vrai. Déjà, les Feu ont leur comportement propre et chelou. De l’autre, nous les Tonnerres, bah on est pas mieux en fait. Qui se ressemble s’assemble mais pas dans le cadre de nos affinités.

J'ai quelques doutes sur son excuse de l'infirmière kleptomane. Bon en vrai, ce n'est pas tant impossible. J'imagine qu'il y en a qui peuvent en avoir suffisamment marre pour en venir à ce genre de solution. Mais je n'écarte pas la piste de la miss bordélique pour autant.

- "Une infirmière qui ferait collection de briquets ? Ca mériterait une enquête ça !"

Non. Il n'y a évidemment rien d'intéressant à enquêter. Surtout si c'est pour se rendre compte qu'il était seulement oublié dans son soutif. Quoi que... Bref. De toute façon le sujet tourne sur un aspect beaucoup moins intéressant. Senri.

- "C'est pas d'ma faute s'il ne comprend que ce mode de communication. J'imagine que tu dois en savoir quelque chose."

Je termine ma clope et écrase le mégot dans un cendrier d'appoint.

- "Tout comme t'as bien dû remarquer que non, clairement, c'est pas l'amour fou. D'ailleurs, je le vois bien assez toute la journée en ce moment pour ne pas m'emmerder à parler de lui quand je suis en compagnie d'une meuf potentiellement bien plus bonne que je ne la vois actuellement."

Ouaaaais je n'ai pas très envie de m'étaler sur le sujet Senri. Ca risquerait de me remettre les nerfs en pelote à peine ma dose de nicotine inhalée.

- "Alors si tu commençais par me dire quel est ton élément ? Parce que tu as maintenant une longueur d'avance sur moi."

Non pas que ce soit essentiel de connaitre cet aspect mais... Ouais, j'aime bien connaitre un minimum les pouvoirs des gens en face de moi. Non mais on connait les bails, télépathes, sensitifs, ils sont relous.

J’hoche à tête en réponse à la première remarque sur Senri. Ce n’est pas complètement faux effectivement, le jeune Tonnerre avait la tête dure, dans tous les sens du terme. Mon mégot finit dans le cendrier non loin après Tiago. Je ressors déjà une cigarette de mon paquet que je cale à l’arrière de mon oreille, parce que je risque de la fumer dans pas long.

Mon sourire joueur reste présent tandis que je l’écoute rabâcher et que je me fais complimenter par la même occasion. Je ne pensais pas que ça se faisait en une seule phrase tiens. J'ai pas trop l'habitude de me faire draguer, mais je trouve ça drôle. Toute façon, tous mes potes le savent autour de moi que je suis aussi bonne en drague qu'un caillou sait marcher sur le sable. Ça vous donne une idée...

«Je compatis, c’est un emmerdeur mais il est super gentil dans le fond, juste qu’il a un égo et un crâne surdimensionné.»

Un petit rire m’échappe juste en énonçant ces derniers mots. Il a encore le temps de prendre en maturité le petit gars. Je me reconcentre sur mon interlocuteur quand il énonce mon élément.

«J'te propose un truc.»

Il avait l'air vraiment sympa, donc au lieu de rentrer dans la conversation stérile quand tu essayes de faire connaissance avec les questions/réponses basiques, autant essayer de s'amuser un peu pour changer. Juste cette fois-ci. Je m'emmerde trop dans ma chambre d'hôpital, j'ai besoin d'intéractions sociales amusantes. Et peut-être que la médication, ça  fait moins réfléchir aussi.

«Essaye de deviner mon élément et-»

Faut réfléchir vite, j'ai pas grand chose à parier là tout de suite.

«Et j't'offre une clope tiens !»

Ouais j'ai pas trouvé mieux sur le coup.

Super gentil... Ca, je n'en sais absolument rien. Ce n'est pas comme si nos échanges nous permettaient de juger de cet aspect. De toute façon, je m'en fiche. Alors je ne suis pas mécontent que Nana accepte de changer de sujet. Et d'une façon des plus intéressantes. Enfin, pour le début du moins.

- "Une clope ?"

Ok, c'est tout de suite beaucoup plus décevant. La légère grimace qui s'empare de mon visage à cette réponse est d'ailleurs assez révélatrice de mon manque d'entraine face à cette récompense.

- "C'est nul comme gain, c'est pas avec ça que tu vas me donner envie de jouer."

Parce que des clopes, j'en ai plein. Non mais je veux bien que dans certaines situations bien précise ce soit une super monnaie d'échange, juste, pas là. J'ai largement de quoi me payer mes paquets et j'en suis totalement libre. Donc non. Mais évidemment, sur le principe, je reste assez emballé. Il n'y a qu'a essayer de trouver un autre arrangement. Et je sais très bien ce qui pourrait m'intéresser davantage.

- "En plus, on ne se connait pas, j'ai peu de pistes pour trouver. Si je tombe juste, ça mérite une récompense à la hauteur ! Qu'est-ce que tu dirais plutôt... D'un bisou ?"

Une proposition qui s'accompagne naturellement d'un petit sourire joueur. Je ne lui demande évidemment pas de me rouler une pelle (quoi que je ne l'en empêcherait pas non plus cela dit) mais c'est bien plus motivant que sa proposition initiale ! Bon, même si elle acceptait, il faudrait encore que je trouve et ça, c'est pas gagné. Parce que je n'ai réellement aucune idée de son pouvoir. Pourquoi est-ce que je n'ai pas fait plus gaffe à elle durant son intervention en mission ?

Dés:

‘’C’est nul’’ gnagnagna, c’est déjà bien une clope comme récompense je trouve ! Surtout dans un environnement où déjà c’est pas vraiment bien vu de fumer, un hôpital. Je roule des yeux tout en croisant mes bras. Je le connais pas donc je pouvais pas penser qu’il allait me demander plus… Enfin quoi que-
Justement je le connais pas, je suis un peu con sur les bords.

Maiiiis, ne gâchons pas le moment, j’attends de voir ce qu’il va me sortir si c’est un truc rigolo en échange ok mais- QUOI. Un bisou ? On se croirait de retour dans une cour d’école.

«HEIN non mais attends là-»

Oui, non, ‘fin… J’embrasse pas les inconnus moi. Sauf quand j’ai un coup dans le nez, comme beaucoup de gens. Mais il a pas à savoir ça. Heureusement qu’il est pas Télépathe. Enfin, je dis ça, mais il est Feu. ET DONC, c’est un marionnettiste ou un invisible ? Parce que là si c’est un marionnettiste… bah, je peux être dans le jus non ? Je me gratte l’arrière de la tête et me plonge dans une grande réflexion. Je voulais m’amuser avec un jeu de devinette et pas me retrouver un bisouter un mec. Il est mignon mais c’est pas le mood actuel chez moi quoi. Surtout pas en robe d’hospice.

«T’sais quoi, j’accepte ! Dis-je en lui retournant son sourire.»

J’ai pas assez réfléchi et c’est sorti tout seul. J’aime pas perdre alors par fierté évidemment je me retrouve à sortir cette dinguerie. Il a 1 chance sur 4 de trouver donc ça va. S’il trouve bah… j’improviserai je pense.

«Et si tu trouves pas, tu me payes un café à la distributrice dans le couloir ! Ou dans le Village.»

Ouais, pas fou comme proposition mais j’ai pas trouvé mieux tout de suite. La blague de ‘’haha paye moi un restaurant’’ bah ça s’applique pas trop ici, on se connait pas assez. J’ai un grand amour de la nourriture mais quand même !

Pff ça y est, elle va me faire genre la meuf outrée alors que franchement, j'aurais pu être bien plus vicieux. Je n'ai plus trop la patience pour les petits numéros de gentilles filles bien sous tout rapport qui ne peut surtout pas envisager de perdre la pureté de ses lèvres à les poser n'importe où.

J'allais me raviser et me dire que finalement, elle est loin d'être aussi fun que je le croyais, m'apprêtant de lui dire de laisser tomber (et que de toute façon j'm'en fiche de son pouvoir histoire de pas trop perdre la face) mais sans que je ne comprenne bien le cheminement de son raisonnement, elle me dit finalement que, non, c'est ok. La tête légèrement penchée sous le coup de l'incompréhension, je ne vais pas m'en plaindre non plus.

- "Cool !"

Ouais, je ne trouve que ça à dire. Bon, n'empêche que maintenant, le plus dur arrive. Trouver la bonne réponse. Et il semblerait que la miss ne perde pas cette occasion, ne me laissant pas m'en sortir si facilement. Ce qui a de quoi étirer mes lèvres en un sourire joueur. Ouais, c'est vrai, j'aime bien cet état d'esprit. Alors il n'est pas question que je me défile. Surtout que un café, ça va, je ne vais pas me ruiner.

- "Ca m'va ! J'veux bien t'emmener au village mais... Ca veut dire qu'il va falloir qu'on arrive à sortir d'ici le temps d'un café !"

Non pas que ce soit impossible, loin de là. C'est juste peut-être un peu dangereux dans notre état (sans compter que ça risque de finir par se voir et qu'on va sûrement se faire engueuler au retour, mais je suis plutôt habitué à ne pas faire ce qu'on attend de moi). Et puis, statistiquement parlant, j'ai quand même plus de chances de me planter que d'avoir juste....

- "Donc, déjà t'es pas Feu. Pour le reste..."

Pour le reste j'en sais que dalle ! Franchement, j'aurais bien eu envie de parier plus sur Air ou Tonnerre, mais bon, quand on sait que Luna est Terre ou Elwynn Eau, des fois je me dis que le truc déraille à certains moments. Donc bon, eh bien, je vais éviter de trop me casser la tête...

- "Vu la vitesse à laquelle tu changes d'avis, je vais partir sur Air !"

Ils ont la réputation d'être changeant non ? Quoi que, les Tonnerres ne savent pas se fixer non plus. Mais les Tonnerres une fois sur deux je ne les supporte pas. Comme beaucoup d'autres en fait... Non mais je ne sais pas !!

Je lui décoche un sourire quand il accepte mon offre de café. Encore heureux en vrai parce que bon… faut pas être radin dans la vie hein. Après, vu nos états, est-ce qu’on nous laisserait vraiment sortir quelque temps pour aller se boire ça ? C’est soit on se barre sans prévenir, soit on négocie… Y a toujours un membre du staff que tu peux rallier à ta cause. Faut juste trouver la bonne personne. La bonne cible.

«Vendu !»

Pendant qu’il réfléchit, je me demande s’il va trouver. OMG s’il trouve, qu’est-ce que je fais. Je suis beaucoup trop à jeun pour embrasser un inconnu comme ça. Après il a pas dit un bisou OÙ. Genre je sais pas je peux improviser de faire un bisou euh… sur sa main ? Noooon c’était la drague à l’ancienne ça. EUH- Il a dit Air.

«Ah bah tu sais quoi !»

On fait planer un mini suspens pendant que j’attrape la cigarette posée derrière mon oreille et lui fait un large sourire.

«C’est.. Pas de bol pour toi parce que non.»

J’éclate de rire, mais ce n’est pas méchant, c’est joueur. Mais comme je suis un peu con sur les bords, je ne m’arrête pas là.

«Allez, si tu veux, je suis gentille, je te laisse une autre chance si tu veux ! Mais avant tu peux allumer ma clope, encore, s'il te plait ? »

Ici, y aura pas de jamais deux sans trois hein, faut pas déconner y a que 4 affinités à Terrae et Feu est déjà hors du truc. Il a droit de refuser s’il est mauvais perdant, je sais pas. Je sais que je me fous un peu dans le jus à relancer le truc et… JE SAIS PAS POURQUOI JE FAIS ÇA. Mon cerveau a pas fait son travail là, je me suis trop emmerdée dans ma chambre alors j’essaye me stimuler... EN RIGOLANT.

Evidemment, la miss me laisse poireauter un moment avant de me révéler que, eh bien, nop, je me suis planté. Ouais, c'est un peu la déception là. Bon, ça va, je vais m'en remettre malgré tout hein, ce n'est pas comme si ça m'embêtait de lui payer un café, ni même comme si ce genre de gage était ma seule option pour réussir à obtenir un simple bisou. Quoi que, ok, peut-être que depuis mon hospitalisation, je ne peux pas compter sur grand chose d'autre...

J'allais prendre mon ton faussement déçu (c'est ok j'ai dit !) quand Nana (j'arriverais jamais à me faire à ce prénom, déso) me fait une nouvelle proposition à laquelle je ne m'attendais vraiment pas. Et cette fois, c'est à mon tour de rire, parce que franchement, celle-là, je ne l'avais pas vue venir.

- "Tu sais, si t'as vraiment envie d'un prétexte pour m'embrasser, tu peux aussi essayer des méthodes plus conventionnelles !"

Je garde un ton léger, qui montre clairement que je ne suis pas totalement sérieux. Même si dans le fond, ce n'est pas faux pour autant. Mais je n'ai pas trop envie de passer pour le mec creepy non plus.

- "Ou alors, t'as vraiment besoin de ta dose de nicotine."

Oui, parce que cette nouvelle demande pour lui permettre de fumer cette clope arrive aussi à point nommé.

- "Tu m'en veux pas mais j'vais faire un peu moins grandiose sur ce coup là. J'ai déjà grillé ma meilleure carte pour t'impressionner."

Nan mais ouais, une fois c'est cool, mais je vais éviter de vider les quelques réserves d'énergie que je réussi à reconstituer (et qui s'en vont beaucoup trop vite du fait de ce troisième pouvoir qui pompe à bloc sans que je ne maîtrise quoi que ce soit) juste pour allumer quelques clopes. Il faudra donc qu'elle se contente d'une petite boule de feu pas plus grande que l'ongle d'un petit doigt qui se matérialise juste devant elle. Et évidemment, j'en profite pour sortir à mon tour une cigarette, histoire de l'accompagner (et puis parce que autant rentabiliser le trajet).

Ce n'est qu'une fois cette étape validée que je reprends mes réflexions sur ses pouvoirs. En vrai, maintenant, avec cette proposition d'une deuxième tentative, je suis quasi sûr que je peux éliminer la Terre. Parce que ces personnes sont beaucoup trop réfléchies pour ce genre de plan. Une Eau pourrait peut-être avoir un peu pitié et par sympathie me laisser une nouvelle chance ? Les Tonnerres... Je n'ai pas franchement besoin d'expliquer pourquoi ce serait aussi assez typique de cet élément... Je crois que j'ai pas très envie de croire qu'elle puisse être Tonnerre (non mais déjà qu'elle a fait équipe avec Senri, je ne veux pas lui associer le même élément), alors même si ce n'est peut-être pas le plus logique, je tente.

- "Bon, cette fois je vais miser sur Eau !"


Hrp : mdr je crois que les dés ne veulent vraiment pas qu'il puisse avoir son bisou si facilement xD

«Tu m’impressionnerais si tu trouvais mon affinité surtout, dis-je sur le ton de la rigolade. »

Je me penche pour que la petite boule de feu matérialisée par Tiago brûle le bout de ma cigarette que j’inspire pour la laisser se consumer un peu. Je lui lâche un petit merci pendant que Tiago s’amuse à deviner. Il lui reste pas beaucoup de choix entre Eau et Tonnerre. À sa place, je trouverai quand même tout de suite vu mon caractère. Non vraiment me dit pas Eau. Ils sont trop calmes, et j’ai pas la tronche de cette affinité je pense. Je crois ?

Quand il annonce son verdict, mon visage se décompose un peu. FAIS UN EFFORT TIAGO. J’ai envie d’écraser ma main sur mon visage. Bon bah, pas de bisou Tiago. Je me pince les lèvres en mode ‘’désolé mais…’’

« J’ai vraiment une tête à être Eau ? »

Un rire m’échappe. Oh mon dieu, s’il me dit oui, je hurle.

Non mais j’ai rien contre les Eau, je les aime bien mais, je ne fais pas partie de cette catégorie. Clairement pas. Petit rappel, ils sont TIMIDES. Ouais pardon, non. J’avais beaucoup d’anxiété sociale l’année dernière mais c’est finit ça hein.

« T’as vraiment pas de bol, je suis Tonnerre !»

Et fière de l’être oui. Je sais qu’on est chiante comme affinité mais, un peu comme à Poudlard où personne n’aimerait les Serpentards, moi j’adore. Je suis fière de représenter ma maison, si je peux dire.

« Bon bah, pas de bisou hein. Pas trop déçu ? »

Je demande ça toujours sur l’idée du second degré. Quand il s’agit de faire des blagues et de l’autodérision ça va, mais ne me demander pas de draguer. Je suis aussi naze qu’un caillou qui doit faire des mathématiques. Genre jamais ça marche. Dans ce cadre ci avec Tiago, juste on rigole. Il veut se la jouer charmeur alors juste je m’amuse à rentrer dans le jeu et clairement, on est tous les deux team non-premier-degré.

Enfin, j’espère parce que les Feu… C’est tous des playboy-girl à ce qu’il paraît. Les Tonnerres foutent le bordel matériel, et les Feu le bordel sentimental. Au secours. Tiago fait-il parti de cette catégorie ?