J'allume ma clope à la suite de Nana tout en énonçant mon deuxième choix. Et à sa réponse (et à la tête qu'elle tire) je devine assez facilement que non, ce n'est toujours pas ça. Quelle poisse.

- "Qu'est-ce que j'en sais de la tête qu'ils ont les Eaux ? C'est pas comme s'ils avaient la peau bleue ou j'sais pas. En plus, la plupart des meufs Eau que je connais sont grave canons, alors ça serait carrément un compliment !"

Est-ce que c'est une tentative de rattrapage ? Je ne sais pas. C'est tout ce que j'ai trouvé à répondre à cette question.

En revanche, quand elle me dit être Tonnerre, c'est à mon tour de prendre un air (exagérément) déçu. Ouais nan mais ok, tous les Tonnerres ne sont pas insupportables (en tout cas il y en a que j'arrive à apprécier très largement) mais quand même. Ce ne sont pas les personnes avec lesquelles les choses sont les plus simples généralement.

- "J'sais pas si je suis pas plus déçu d'apprendre que t'es Tonnerre que de rater ce bisou."

Encore une fois, rien n'est vraiment sérieux dans tout ça. Je ne suis pas sectaire. Mais comme elle a l'air plutôt fière de m'annoncer qu'elle est Tonnerre, ça me fait plaisir de souligner que ce n'est pas forcément un avantage. Peut-être que ce petit échange faussement piquant qui s'est naturellement installé entre nous me convient bien en fait.

- "Et puis, qui sait, tu finiras peut-être par m'en faire un sans que j'ai besoin de gagner à un jeu de devinette pour ça !"

Je reprends mon ton un poil provocant, ou peut-être bien arrogant même. Ouais, ok, j'avoue que la perspective de cette petite marque de tendresse ne me déplaisait pas tant que ça, et... Peut-être que ça m'en a un peu donné envie. Ou alors c'est juste mon égo qui revient sur le devant et qui n'accepte pas cet échec. Bof, de toute façon pour le moment, on s'en fout, ça ne va pas changer grand chose.

- "Bon, j'imagine que tu le veux ce café ?"

Evidemment que je ne compte pas me défiler.

Oh bah tiens, quelqu’un qui ne semble pas apprécier les Tonnerres. C’est pas le seul mais j’avoue que cela fait apparaître un sourire narquois sur mon visage. Sourire qui s’agrandit quand il pense que je vais lui faire un bisou sans un jeu de devinette. Il en a de la confiance dis donc. Je trouve ça cool, ce n’est pas un lourdaud donc je ne regrette pas d’être sortie fumer ma clope, pour le moment. Je roule des yeux légèrement.

«Bah voyons, si c’est juste ça qui te déplait chez moi hein…»

Si tu veux te la jouer provoc’, on peut être deux là dessus. Je lève un sourcil, toujours souriante.

«Ouais, un café ça me tente. Et si tu veux aussi que ça me tente de te faire un bisou, va falloir être créatif. »

Ouais ouais, bon lui clairement il fait parti de la catégorie des play-boys. Mais je ne compte pas me laisser faire non plus. Peut-être que ses punchlines fonctionnent bien avec certaines filles, mais là il vient de tomber sur un cas sentimental spécial. Célibat depuis des années, une relation complexe avec son ex, un tourbillon d’hormones, c’est quelque chose. On ne m'attrape pas comme ça, 'fin ça dépend.

Mais pour le moment je l’aime bien ce Tiago, il est sympa, puis il respecte le deal. Il aurait juste pu m’envoyer balader.

Après, est-ce qu’on est supposés aller boire ce café en se barrant discrètement ? Genre je lâche ma perf sur le trottoir ? Oui mais non, on va pas aller au café avec nos petites robes d’hospice. La honte.

«Puis j’vois pas ce que t’as contre les Tonnerres… ‘fin… à part ton coloc de chambre actuel. Dis-je en passant une main sur le dessus de ma tête pour plaquer mes cheveux.»

- "J'ai pas dit que ça me déplaisait. Seulement que Air ou Eau, c'était cool aussi."

Je reprends mon petit sourire moqueur en énonçant mes choix précédents. Ca va, étant moi-même Feu, je sais très bien ce que ça fait que de ne pas avoir l'élément qui fait l'unanimité. Je le vois bien ces petits regards méfiants à chaque fois que j'énonce mon pouvoir. Alors non, je ne vais pas lui appliquer de malus pour ça. D'autant plus qu'elle me parait toujours aussi cool comme nana (lol pardon).

- "Que je fois créatif... ? Est-ce que ce serait pas un défi ça ?"

Parce que c'est exactement de cette façon que je le prends. Bon, on ne peut pas dire que la créativité soit mon point fort, mais après tout, avec ce genre de motivation à la clé, je peux bien faire un petit effort. Quoi ? Bien sûr que ça m'intéresse, et je ne vois pas pourquoi est-ce que je devrais m'en cacher. Et puis, même si ça ne marche pas, je crois que ça me permettra au moins de penser à autre chose qu'à ces jours qu'il me reste encore à passer dans cet endroit. En tant que patient.

- "Si tu veux vraiment la liste de ce que je peux reprocher aux Tonnerres, mieux vaut être tranquillement assis autour de ce café, parce que ça risque d'être long !"

On est bien partis hein, alors je ne risque pas de m'arrêter en si bon chemin. Et puis, c'est vrai que quitte à prendre une boisson chaude, je n'ai pas du tout envie de me contenter de celles de la machine et de la salle d'attente comme lieu de "convivialité". Le petit bar/café qu'il y a à quelques mètres de l'hôpital est bien plus sympa pour ça. Mais encore faut-il y accéder. Heureusement, ici c'est aussi mon lieu de travail. Autant dire que je connais bien. C'est donc avec un petit air de défi que je lance mon idée.

- "Est-ce que... Tu me fais confiance si je te dis que je sais parfaitement comment on peut s'octroyer une petite balade tranquille à l'extérieur sans qu'on n'ait l'air de s'être échappés de l'asile ?"

Oui, parce que évidemment qu'on ne va pas sortir avec cette dégaine. On n'irait pas bien loin avant qu'on ne nous suggère de rentrer bien gentiment.

«T’inquiète pas que j’en ai des trucs à dire sur les Feu aussi. »

Je lève un sourcil, j’ai bien envie de comprendre ce qu’il a contre mon affinité. Je lui dirais un peu ma façon de penser sur les Feu tiens. J’en rencontre pas beaucoup mais ils sont… ‘fin voilà. Je ne prends pas en compte le petit de la mission qui a claqué sous nos yeux, celui là me fait encore mal au cœur atrocement… Je tente de me dissocier de ça le temps que je suis à l’hôpital sinon ils vont me foutre en psychiatrie… Parce que je l’ai-
BREF.

Bon bah, j’imagine qu’on va se rendre jusqu’à la machine dans l’hôpital ? Eh bah non. Quand Tiago me parle de son idée, un air de surprise passe sur mon visage. COMMENT.
Je regarde sur ma gauche et sur ma droite avant me pencher un peu pour chuchoter (fortement).

«QUOI, comment tu veux faire ça ? En plus t’as vu ce que je me trimballe ? Dis-je en secouant un peu ma perf. Je vais le laisser où ? »

Ouais y en a marre de l’hôpital… Ça ferait pas de mal de pouvoir s’en échapper pas longtemps ! Avant que les infirmières nous attrapent par les oreilles. Mon énergie est encore bien trop basse pour que je puisse téléporter, surtout Tiago avec moi…

Mais, j’avoue qu’un café externe sera mieux que le jus de chaussettes des distributeurs… Hm… Puis un peu d’aventures ne fera pas de mal, c’est excitant. L’aventure, pas Tiago. Enfin. BREF.
J’étais super intriguée, je voulais savoir comment il allait faire ça. J’ai oublié… Je me rappelle pas s’il me l’a déjà énoncé… Il est Invisible ou Marionnettiste ?

«Et puis… genre quoi tu veux qu’on ailler voler des fringues ? J’sors pas comme ça moi.»

J’ai mes limites quand même. Déjà, je suis dehors en train de fumer comme ça.

Bon eh bien on dirait qu'on a déjà le futur sujet de discussion ! Ouais, je me doute bien qu'il y a des choses à dire sur les Feux (j'ai tout à fait conscience de ne pas avoir que des qualités mais je vis bien avec). Ne reste donc plus qu'à aller chercher ce café. Et mon petit effet semble parfaitement fonctionner si j'en juge à l'expression que prend Nana.

Face à toutes ses interrogations je prends mon petit air cool et parfaitement sûr de moi, genre, j'ai tout prévu of course !! Et le sourire parfaitement confiant que j'affiche laisse tout à fait deviner qu'il ne faut surtout pas s'inquiéter pour tout ça.

- "J'vais pas te révéler tous mes plans à l'avance ! Si tu veux vraiment savoir, il va falloir me suivre."

Déjà parce que c'est quand même relou de tout expliquer hein, et puis, je trouve ça beaucoup plus amusant. Nan mais c'est bon, je ne vais pas la coincer dans un coin sombre (de toute façon avec ma force du moment ce n'est pas comme si je pouvais faire grand chose...).

Et je ne perds pas plus de temps pour mettre mon plan à exécution. On quitte l'endroit dans lequel on se trouve et je la guide à travers divers couloirs de l'hôpital jusqu'à une partie réservée au personnel. Je m'arrête devant l'une des porte, tape le code pour en déverrouiller l'accès et ouvre en prenant cette pseudo attitude de gentleman pour la laisser passer.

- "Et voilà notre laissé passé pour l'extérieur !"

Le local (puisque c'est exactement ce que c'est) n'est pas si grand mais suffisamment compartimenté pour contenir énormément de matos. Et notamment un certain nombre de tenues de rechange pour le personnel. Celles que portent les assistants cliniques. Veste et pantalon donc. Mais aussi pas mal de petit matériel, et notamment cotons et pansements nécessaires pour la libérer de cette perf.

- "Alors, qu'est-ce que t'en pense ? Toujours partante ?"

Et tout en posant la question j'attrape ce qu'il faut pour lui retirer cette aiguille en toute sécurité. Evidemment que je ne ferai rien sans son accord.

Je penche la tête sur le côté. En plus de ça, il veut se la jouer mystérieux. Ma clope se termine et je l’écrase dans le petit cendrier sur pied tout en ne répondant qu’un ‘’ok vas-y’’ bref. On a pas trop le temps de réfléchir là. Je le suis dans l’hôpital, le personnel ne nous capte pas trop, ça va. J’ai presque la goutte de transpiration quand on me fixe trop longtemps dans les couloirs. Après le personnel nous fait confiance, ou pas, je sais pas en fait.

On finit par se retrouver dans un coin plutôt réservé au personnel de l’hospice, jusqu’à une porte que, je ne sais comment, Tiago a le code. Mais d’où tu connais ça ? Je me pose milles et une question. Il a sûrement charmé une infirmière pour connaître le code et faire des cochonneries dedans. Non ? C’est un Feu s’il vous plait.

Je rentre tout en observant autour, c’est rempli de pleins de trucs, beaucoup de différents matériels et, surtout, des tenues. Le lien se faisait dans ma tête. J’allais abandonner ma perf, on allait se changer et se faufiler dehors le temps d’un café. Je me retourne vers Tiago, les yeux pétillants.

«Alors là tu m’épates, vas-y je suis chaud, tu me l’enlèves ? Demandais-je en tendant ma paume. »

De toute façon, il ne peut m’enlever que l’aiguille, je suis obligée de garder le gros morceau de plastique sur ma main. Mais au moins on peut enlever l’aiguille, je ne pense pas non plus m’évanouir si je ne l’ai pas ne serait-ce qu’un instant. Une fois l’opération réussite. Je lui souris et le remercie pour sa délicatesse. Non mais parce que parfois les infirmières quand tu fais une prise de sang, elle te le retire si violemment… Je gère la douleur mais quand même. Surtout là… je suis pas au mieux de ma forme et ma peau est encore sensible. Je tourne mon poignet pour bouger un peu plus librement mes articulations.

«Bon, j’imagine on va se saper comme le personnel ? C’est quoi ta taille ? Je vais te prendre un uniforme.»

Et surtout, on va devoir se changer dans ce petit local, en même temps. Bah. Si quelqu’un nous voit sortir avec notre tenue de patient, on va se faire attraper. Faut y penser. J’ai pas honte de mon corps m’enfin, je le connais pas trop ce mec. Eh… Bon. J’ai besoin d’air frais, je vais faire le sacrifice. Au pire, on va juste se mettre dos à dos et si je le vois me mater quand j’ai rien sur moi, je lui fais manger une étagère. Gentiment.

Je ne retiens pas un sourire très fier de moi lorsque Nana affirme être épatée. Bien sûr que je suis content de mon petit effet ! Faut bien que ça serve de bosser dans un hôpital ! Parce qu'on ne peut pas dire que ce soit l'endroit le plus fun du monde.

- "Vos désirs sont des ordres mademoiselle."

Je prends mon ton faussement pompeux pour lui répondre avant de retirer doucement l'aiguille qui la reliait directement à sa perf, puis y applique un petit coton que je remplace ensuite par un pansement bien plus discret que les gros scotchs habituellement utilisés.

Et si pour ce qui est de la suite du plan elle a vu juste, je suis un peu étonné par sa proposition j'avoue.

- "Si j'avais su qu'on se choisirait mutuellement nos tenues, j'aurais mieux fait de t'amener là où il y a seulement les blouses d'infirmières."

Je reprends mon ton gentiment provocant pour cette réponse qui n'est évidemment pas à prendre au premier degré. Non pas que l'idée de la voir porter simplement une blouse de travail sans aucun autre vêtement en dessous ne me déplaise, mais il faut reconnaitre que ce ne serait pas ce qu'il y a de plus crédible pour notre plan d'évasion du moment.

- "Mais si tu peux me choper un L, ce sera parfait !"

Parce qu'on ne peut pas dire que les tailles japonaises soient adaptées à la majorité de la population mondiale. J'attends que la miss nous trouve ce qu'il faut pour être à la pointe de la mode afin de quitter ces lieux dignement (au moins) et lui laisse ensuite un peu plus d'espace pour pouvoir se changer.

- "T'inquiète, je regarde pas. Et puis, je ne voudrais pas me spoiler une éventuelle bonne surprise !"

Oui, c'est sûrement encore un peu de la provocation. Je ne m'attends pas vraiment à un strip-tease, mais il faut croire que ce genre de remarque arrive un peu trop spontanément pour que je ne les contrôle réellement.

- "Mais bon, si jamais tu as besoin d'aide, je suis là !"

Tout en proposant gentiment mes services (de façon totalement désintéressée évidemment) je commence à me changer, enlevant ma super tenue de patient. Et heureusement que tout ça est bien large, parce que les brulures, ça n'aide vraiment pas dans la liberté de mouvement.

«Je ne savais pas que tu étais dans le role-play Tiago, répondis-je à sa provocation.»

En plus, le cliché des infirmières, ce n’est pas trop mon truc. Pour me faire porter un costume dans une situation sexy, je préfère que ce soit un truc plus original, moins commun quoi. Sinon je trouve c’est ennuyant. On connait tous le truc du ‘’et c’est qui qui va se prendre la grosse piqure du doc ?’’ et tout le tintouin. Pas rigolo.

Quand il me confirme sa taille, j’acquiesse et me met sur ma pointe des pieds pour lui attraper la tenue que je lui tends. Puis, je me retourne à nouveau pour m’attraper aussi une tenue, je pense que le L fera l’affaire sur moi aussi. Comme Tiago doit penser aussi j’imagine car clairement L ne semble pas être sa taille de base, je crois, avec des vêtements larges notre peau ne sera pas collée. Parce que, quand ça frotte contre du tissu, c’est très douloureux et on en a assez mangé dernièrement de la douleur hein. Oh et qu’est-ce que je suis contente de ne plus avoir la perf de la main. Enfin, j’ai encore le plastique mais au moins l’aiguille n’y est plus…

«Ce serait dommage de commencer le repas par un dessert hein !  »

J’accentue mon ton de provocation envers lui. Je suis d’humeur à titiller. Je le dis.

«Mais merci je devrais arriver à me saper toute seule ! »

On se met de dos chacun, j’entends Tiago qui commence à se déshabiller. Je suis tentée de me retourner un peu. Juste un micro. Je sais pas. On sait jamais dans le futur non ?

Regarde pas. Regarde pas. Regarde pas. Regarde pas. Regarde pas. Regarde pas.

Je viens de lui dire de pas regarder… Pourquoi je le ferais ?

OK, je tourne la tête un touuuut petit peu et- Oui. Ok. Tiago a le dos musclé. Je l’ai vu très rapidement MAIS j’ai vu. J’apprécie ce que j’ai vu, ça me donne un petit sourire en coin et je souffle fort du nez sur le coup. Allez. il va bientôt finir, faut que je me grouille.

Je commence à me changer à mon tour, allez, on y va avec le pantalon. Les mouvements sont difficiles, ça me coupe un peu le souffle de forcer autant mais je le fais à ma manière. Je respire pas très bien sur le coup car je dois me pencher en avant, mais je m’en sors. Je laisse par terre la tenue de patient puis j’enchaîne avec le haut. Enfin, j’essaye de le mettre. Je serre les dents en essayant de passer les bras… J’ai les deux en l’air et laisse le tee-shirt descendre jusqu’à ma tête, le tissu arrive à couvrir jusqu’à la moitié de mon dos mais là...

«Putain ce tee-shirt… Grognais-je. T’as bientôt fini de ton côté Tiago ? Si jamais, tu peux tirer sur le bas de mon tee-shirt s’te plait ?  »

Ce sera pas la fin du monde s’il voit le bas de mon dos et encore moins mon derrière… je porte déjà le pantalon ça va. Je veux juste qu’il tire le tee-shirt pour qu’il descende au complet sur moi.

Je crois que je la kiffe bien cette fille. Ouais, j'ai toujours apprécié celles qui avaient du répondant, sans forcément se montrer agressives pour autant, juste de quoi garder une certaine dynamique qui requiert mon attention. Et pour le coup, on ne peut pas dire qu'elle se laisse facilement impressionner. Ce qui a de quoi me plaire.

- "Bah, le dessert c'est cool aussi hein, mais, je sais faire les choses dans l'ordre !"

Je lui adresse mon petit sourire joueur avant d'entreprendre de me changer une fois ma tenue récupérée. Et, bien sûr que la tentation est là. Le seul fait de l'imaginer quasi à poil juste derrière moi m'oblige à faire un peu gaffe au contrôle de mes pensées. Pas par peur d'un potentiel télépathe qui passerait dans le coin, mais parce que je ne sais pas à quand remonte la dernière fois où je suis resté aussi longtemps sans passer une nuit avec une meuf alors, faudrait pas que je m'emballe trop vite non plus.

Je profite seulement de cette agréable sensation de flirter avec l'interdit, ces petits picotements si addictifs qui s'éveillent en moi et qui me donnent seulement envie de continuer sur cette voie. Une voie que je n'ai pas repris depuis mon départ en mission. Et, ça fait vraiment du bien de sentir à nouveau ces sensations me parcourir. Alors, peut-être que je prends un peu mon temps. Ajouté à cela mes mouvements largement contraints par les diverses douleurs qui se réveillent facilement, je termine à peine d'enfiler le pantalon lorsque Nana me sort de mes pensées.

- "C'est bien la première fois qu'une fille me demande de l'aide pour enfiler son haut et non l'enlever."

Je reprends ce même ton légèrement provocant alors que je me retourne, encore torse nu. Ce qui ne me dérange aucunement. Au contraire. Et, ouais ok, je prends quelques secondes pour juste admirer la vue qui s'offre sous mes yeux. Il n'y a peut-être pas énormément à voir, mais c'est bien suffisant pour entretenir mon imagination un peu trop fertile dès que ce genre de sujet me parvient. Je décroche mon regard de la courbe de ses hanches qui disparaissent sous le large pantalon qu'elle a déjà mis et place mes mains de part et d'autre du t-shirt récalcitrant, sans chercher à éviter le contact physique. Non, mais doigts reposent contre ses côtes, juste le temps que je me décide à accompagner le tissu vers le bas, le faisant glisser sans difficulté majeure.

- "Et ce que ce serait devant que ça bloquait ?"

Une phrase qui a pour seul objectif de la titiller assez pour qu'elle ait envie de se retourner. Je suis parfaitement à l'aise avec mon corps (et en même temps, c'est bien l'un des objectifs quand on fait du sport !) et même ces nouvelles cicatrices fraichement récupérées, pour la plupart issues des brulures subies, ne risquent pas d'affecter la confiance que j'ai à ce niveau. C'est d'ailleurs avec un air joueur collé au visage que, après avoir repris mon propre t-shirt, je le place devant moi.

- "J'crois bien que je besoin d'aide aussi..."

J'ai dit que ça faisait longtemps que je n'avais plus eu l'occasion de me lancer de ce petit jeu de flirt (même les infirmières ont toutes refusé, et ce n'est pas faute d'avoir essayé avec plusieurs d'entre elles), alors je ne risque pas de m'en lasser si vite.

Je roule des yeux fasse à sa provocation sur le fait que je lui demande de l’aide pour enfiler et non retirer. Mes bras sont toujours en l’air, en attendant que Tiago puisse venir me donner un coup de main.

«Y a des premières fois à tout tu sais et-»

Oui j’arrête brusquement ma phrase quand je sens sa présence juste derrière moi. J’avale difficilement ma salive. Ce jeu de flirt semble s’intensifier, mais ça ne nous empêche pas de continuer. D’ailleurs, moi qui suis nulle de base à draguer… Aujourd’hui doit être un jour spécial sous les étoiles pour que j’arrive à lui répondre aussi bien non ? Ou alors est-ce parce que, pour une fois dans ma vie, je ne me prends pas la tête à réfléchir car les sentiments ne sont pas là ? Avec Luna je bégayais suffisamment pendant trop longtemps puis finalement, elle a réveillé la flamme qui s’éteint éteinte depuis longtemps.

Mes sentiments sont vouées à une personne mais en attendant… Passez du bon temps avec d’autres n’est pas un mal, si je ne peux pas l’avoir, je m’occupe la tête avec d’autres. Après tout. Cette personne en particulier, je ne pense pas qu’elle me veuille à nouveau. Enfin, c’est flou. En attendant, je m’amuse comme je peux. Je suis sélective sur les personnes avec qui je veux juste passer du bon temps, je ne prends pas n’importe qui. Sans jeu de mots, quoi que.

Le contact indirect des doigts de Tiago me fait sursauter sur le moment. Je suis à l’aise avec mon corps, je suis à l’aise, je ne suis plus une gamine de 16 balais, c’est rien il va juste descendre le teee-shirt, c’est rien, c’est rien, c’est rien, c’est rien, c’est rien. La douceur de son geste quand il descend fait réagir subtilement ma peau, il ne devrait pas le remarquer, j’ai une mini chair-de-poule. Le contact humain me surprend encore parce que je n’ai pas encore repris l’habitude de ce type de… choses. Imaginez, 6 ans sans n’avoir rien fait. Depuis mon retour à Terrae, je n’ai eut que très peu d’aventures pour le moment… Ma sensibilité est multipliée d’un chiffre tellement long qu’il ne rentre pas dans une calculatrice. Là clairement, il est juste derrière, je peux pas tourner la tête il va voir que je le regarde, je sais pas, enfin, hein, quoi ?

Je lâche un rire soudain.

«Merci de ton aide et ça c’est un secret Tiago, je ne peux pas te le révéler… Pour le moment.»

Je suis heureuse de pouvoir enfin baisser les bras. Mes épaules me font un mal de chien. Je les bouge un peu et profite pour m’étirer doucement le dos. Interpellé à nouveau par Tiago, pensant qu’il avait fini de s’habiller et que c’est une blague je me retourne pour le regarder et- Non il a pas fini. IL N’A PAS ENCORE MIS SON HAUT. J’écarquille brièvement les yeux, mon regard tombe en premier sur le haut qu’il tient entre ses mains, puis mon regard plonge dans le sien. Il le fait exprès. Mouvement classique du mec qui se sent beau gosse.

Allez Nana. Montre lui ce que t’as dans le ventre. Ça te fait rien. RIEN. Même si ton visage montre l’inverse alors que tu ne vois même pas s’il a des abdos, ÇA NE TE FAIT RIEN OK. Je lui offre un large sourire de provocation.

«Je me disais bien que tu étais le type de mec à aimer avoir une assistante.»

Inspire. Expire. On est en train de passer sur un autre niveau là. Si je refuse, ce serait ennuyant. Il ne s’attend peut-être pas à ce que j’accepte, ce serait drôle de le tenter. Juste un peu.

Est-ce que les sédatifs m’ont changé de personnalité ou quoi pour que je me lance dans un truc comme ça alors que DE BASE on devait juste boire un café. Je me permets de prendre le tee-shirt de ses mains, ouais, c’est moi la boss, c’est moi qui- MAIS REGARDE MOI ÇA. Il doit faire beaucoup de sport. Mes yeux font rapidement des aller-retour entre son torse et son regard.

«Lève les bras… quand t’es prêt, dis-je, toujours avec le sourire.»

Dans quoi je me suis embarquée…

Je capte bien ce léger trouble qui doit la saisir pendant que je l'aide à passer son haut. Pas parce que je suis désormais sensitif (la blague, je ne m'y fais toujours pas) mais parce que j'ai bien assez l'habitude de ce genre de jeu pour savoir que si elle était seulement mal à l'aise, qu'elle n'avait pas envie de poursuivre de cette façon, ce serait une tension toute autre que je sentirai sous mes doigts. Alors ouais, c'est vrai, je suis un peu content. Faut dire que des raisons de l'être, depuis mon retour de mission, je n'en ai pas eu des masses, alors je sais en profiter !

- "Dommage, j'aime beaucoup les secrets. Mais, je saurai attendre le bon moment."

Cela dit, je ne suis peut-être le gars le plus patient du monde. Mais de toute façon, au delà de ce qui se passe actuellement, Nana est bien assez intéressante pour que je sache apprécier de passer du temps avec elle quelle que soit la situation. Enfin, pour l'instant je n'ai pas trouvé de point négatif en tout cas.

Quoi qu'il en soit, je ne me prive pas pour observer sa réaction lorsqu'on se retrouve finalement face à face. Evidemment qu'elle ne devait pas s'attendre à ça. Mais une fois encore, elle n'a pas de mouvement de recule marqué, ni ne montre aucun signe qui puisse me laisser penser qu'elle soit mal à l'aise. Au contraire. Ses yeux n'ont pas l'air de réussir à rester accrochés aux miens très longtemps. Ce qui me fait doucement sourire. Oui, j'avoue que j'espérais un peu cette réaction. Ca va, il y a un moment que plus aucune fille ne me regardait de cette façon, forcément que ça fait plaisir !

- "C'est vrai... Si tu te proposes pour être mon assistante, je t'accepte sans cv !"

Parce que je dois bien reconnaitre qu'elle réussi à m'étonner. Je ne m'attendais pas spécialement à grand chose avec ma dernière demande. Ou plutôt, j'aurais davantage parié sur une remarque bien sentie pour me que je me débrouille seulement comme un grand garçon. Mais non. Elle accepte. Ce qui me fait un peu trop plaisir. Et recommence à activer un peu trop rapidement ma circulation sanguine. Pour mon plus grand bonheur.

- "Je suis prêt mais, tu devrais quand même me laisser passer les bras dans les manches avant que je ne les lève..."

Une tentative pas très subtile de lui faire remarquer qu'il y a une certaine différence de taille entre nous et que l'exercice risquerait de s'annoncer périlleux pour elle si elle doit réussir à atteindre le haut de mes bras une fois levés...

Et comme je suis sympa, je place mes mains devant elle, les coudes fléchis pour m'assurer de pouvoir rester proche malgré tout. Bien sûr que cette technique a pour but premier d'instaurer une certaine proximité entre nous. Et si elle veut poursuivre ce jeu avec moi, je ne serai clairement pas le premier à abandonner.

«Désolée, j’aime travailler en freelance, personne n’est mon boss, à part moi, répondis-je. »

Puis. Effectivement. Il marquait un point. On ne parle pas d’un enfant ici mais d’un adulte donc évidemment, lever les bras va faire que je ne pourrais même pas lui enfiler le haut. J’ai pas réfléchi sur le coup. Mais, il accepte tout de même mon aide. Bon, c’est pas de ma faute, son torse me perturbe OK ?

«Ouais ‘fin… t-… t’as compris ce que je voulais dire hein. Je sais comment mettre un vêtement sur quelqu’un ou… »

Je marque une légère pause en faisant un nouvel aller-retour des yeux.

«Les enlever, murmurais-je entre mes dents.»

Bon. Ça suffit, concentre toi un peu et aide le à enfiler son haut là. Je divague non ? Ahah…Ah…h…

Je me racle la gorge pendant que Tiago se met en position pour réceptionner le haut. On est, proches. Je dirais, de tous mes souvenirs de drague depuis la dernière année, Tiago est fort. C’est donc ça le pouvoir secret d’un Feu. Il transpire une confiance incroyable. J’inspire fortement et commence à faire passer ses mains dans les manches, une par une.  Je me concentre à regarder ses bras, je sais qu’il me scrute avec un grand sourire aux lèvres, je ne lui ferais pas ce plaisir de le fixer… tout de suite. J’avance le tissu en douceur vers ses avant bras.

Je m’avance d’un micro pas vers Tiago.

C’est juste un vêtement à enfiler, OK. Juste un vêtement. Là, je peux pas me reculer du jeu. Bien qu’on soit à l’hôpital, il y a une douce odeur qui émane de lui, son odeur naturel rentre légèrement dans mes narines, mélangé à l’odeur de la cigarette.

«Là, tu peux lever.»

Le pire moment arrive. LE PIRE. Mais, j’aime la compétition, je ne veux pas craquer en pleine offensive. J’espère juste que personne ne passe devant le local et nous entend. Il y aurait de quoi se poser des questions. Bien que je suis sûre qu’à Terrae, il y a des petits coquins qui se sont déjà amusés dans les locaux.

Lorsque Tiago se décide à lever les bras, je me mets sur la pointe des pieds et, pas le choix, je me rapproche un peu plus encore pour tirer le bas du vêtement doucement vers le bas. On est en hiver, mais je trouve que le radiateur du local est vachement chaud. Je suis dans le jus, faut que je continue, je me permets d’aller très en lenteur, laissant mes doigts longer ses bras tout en descendant le haut, tout en le fixant de temps en temps du regard.

Si je suis en train de faire un rêve dans mon lit d’hôpital, j’ai vraiment l’imagination qui bouillonne…

Cette fois, je les sens bien, ces pulsations de mon coeur qui résonnent un peu fort dans ma cage thoracique. Les mots de Nana, cette attitude qu'elle prend, ce nouveau pas vers moi, ses mains si proches de mon torse dont je sens le passage à mesure qu'elle descend mon t-shirt. Tout est là pour augmenter au maximum ce plaisir que je retire de cette phase de flirt que j'aime tant. Je ne m'étais pas senti aussi vivant depuis mon départ en mission. Et ça fait vraiment du bien. Sentir à nouveau mon corps réussir à me renvoyer d'autres sensations que de la douleur pure.

Très docile (sisi), je suis les instructions de la miss, la laissant mener cette partie de l'opération, non sans en profiter pour regarder avec plaisir chacun de ses mouvements. Et, étrangement, je commence à sentir mon nouveau pouvoir se manifester quelque part tout au fond de moi. Mais cette fois, je m'en fiche. Je ne maîtrise absolument pas et je ne vais pas chercher à le faire taire maintenant. Tant pis.

Quand mon haut est finalement passé, je laisse encore mon regard planer quelques secondes sur Nana. Bien sûr que là tout de suite, j'ai juste envie de voir si je pousser encore un peu plus loin en allant l'embrasser. Mais outre le fait qu'à ce rythme là ça ne servirait plus à grand chose qu'on ait passé autant de temps pour s'habiller, eh bien, je crois que mon égo me retiens.

Non, je lui ai dit que ce serait elle qui aurait envie de m'embrasser un peu plus tôt (ou juste de me faire un bisou tout bête, oui, non mais maintenant évidemment que mes attentes ont légèrement évolué) alors, je me retiens d'initier quelque mouvement que ce soit allant dans ce sens. C'est donc seulement ce même sourire joueur que j'affiche en reprenant la parole.

- "Tu veux toujours ce café ?"

Parce que c'est bien la raison pour laquelle on se retrouve ici en ce moment. Mais, d'un autre côté, si elle veut changer de plan, je ne risque pas d'être contre.

Suis-je naïve envers moi-même ? Je ne m’avoue pas que je suis pleinement consciente de ce que je fais. On est pas dans un shojo premièrement, c’est la vie réel, deuxième. Si je me suis lancée, c’est parce que j’en avais envie. Pour une fois que je joue de mes charmes et que ça fonctionne et surtout… que ce n’est pas nul… Il est très réceptif.

Mes doigts continuent de descendre avec le tissu pour mettre le tout en place. Ils sont très proches d’efleurer Tiago. Je tente de garder la tête froide. Ce jeu me fait réagir fortement de l’intérieur, mon sang bouille un peu. Les battements de mon cœur s’alourdissent.  

Quand j’ai terminé, je tire un dernier coup pour m’assurer que le haut est bien en place, je ne me recule pas. Il y a cette attirance qui surgit, qu’est-ce que je fais ? C’est un silence pesant par la tension. Et si- Si je m’avançais plus ? Comment il réagirait ? Quoi que. C’est trop facile, ça lui donnerait la victoire si on repense à notre conversation du début. Mon égo ne me le permettrait pas, il me crie que s’il le veut ce bisou, ce sera à lui de venir le chercher. À moins que je finisse par craquer sous une pulsion quelconque. À distance, je peux endurer. Mais… ses doigts qui glissent sur mes côtes… s’il refait quelque chose similaire… et qu’il l’intensifie… ça va me faire craquer.  Surtout que, il va falloir repasser par ce local pour remettre nos tenues non ? Oh-

Encore heureux qu’il est pas télépathe.

«Je crois que j’aimerais…»

Petite pause tout en me penchant vers le visage de Tiago. Je me rapproche pour ne laisser que quelques centimètres.

«Commencer par un café, murmurais-je subtilement, de toute façon… faudra repasser ici.»

Tu ne m’auras pas comme ça Tiago.

Je me recule d’un bon pas. Mon coeur va quitter ma cage thoracique à tout moment. MAIS COMMENT J’ASSURE. Donnez-moi un prix sérieux. Aujourd’hui je suis sous une bonne étoile. J’ai hâte de pouvoir prendre l’air, faut que je respire de l’air frais, j’ai chaud. À moins que Tiago a de bonnes raisons de me garder dans ce local… On va commencer par aller se boire ce café.

Le temps parait se figer le temps que ce silence dur. Chacun de nous deux semblant balancer d'un côté et de l'autre. Conclure maintenant et répondre à cette pulsion interne ou jouer les prolongations ? Je suis le premier à poser la question, brisant le silence. La balle est dans son camp. Le verdict tarde quelque peu à tomber. Mais je l'attends, restant parfaitement immobile, même quand la tentation se fait si forte, ses lèvres à quelques centimètres des miennes. Il me suffirait de pencher à peine la tête pour pouvoir m'en emparer.

Mais ce n'est pas le sens que prend sa réponse. Non, après m'avoir fait miroiter cette possibilité si attrayante, c'est finalement le café qui prend le dessus. Et... Ouais, je ressens bien cette petite pointe de déception quand l'espace nous séparant redevient plus raisonnable. Pourtant, c'est à nouveau ce sourire malicieux qui prend place sur mon visage.

- "Qui sait, si on nous tombe dessus, on n'aura peut-être pas l'occasion de repasser ici suite à notre petite promenade."

Est-ce que j'essaie de la faire douter ? Ou regretter ? Un peu, c'est vrai. Mais je change rapidement de ton, retrouvant une attitude plus classique.

- "Mais je saurai respecter vos envies tout en honorant mon gage alors, cessez de me tenter de la sorte mademoiselle !"

Une façon pas forcément hyper subtile de lui faire bien comprendre que j'espérais un peu ce dénouement alternatif. Au cas où ça n'ait pas été clair. Lol. Non mais je sais que parfois, il y a certaines filles qui ont limite besoin qu'on leur écrive noir sur blanc. Et je n'ai jamais cherché à camoufler une attirance.

- "Allez en route ! On devrait pouvoir sortir sans aucun problème avec cette tenue !"

Oui, maintenant on ne devrait plus trop attirer l'attention du personnel. Mais je n'ai pas l'intention de m'éterniser dans ces couloirs pour autant. Plus vite on atteindra notre destination, mieux ça vaudra !