C’est évident qu’il est déçu. Il tente de me faire changer d’avis par une simple phrase mais elle n’est pas suffisante pour me dire que je veux rester dans le local en sa compagnie pour passer aux choses sérieuses.

« Y a pas que le local où on peut se retrouver tu sais hein…»

OK. LÀ. Je pousse vraiment le bouchon mais si ça peut le faire saliver et lui donner envie d’avoir du dessert. Pourquoi pas. Après, qu’est ce que j’ai à perdre ? Rien. On est dans le même hôpital. Y a toujours un espace vide quelque part. Une chambre, un local, un bureau, enfin, voilà. Surtout que la nuit, il me semble qu’il y a moins de personnel.
Son ton revient un peu sur une note plus banale. Sa remarque me fait avoir un large sourire sur les lèvres, je me doutais bien que cela lui ferait de l’effet. C’est un Feu. Ils sont sensibles là dessus. Mais en même temps, je suis sûre que ça ne déplaît pas tant à Tiago, même s’il est une pointe déçu, s’il le veut vraiment, ça vaudra le coup lorsque ça se produira. De faire languir, ça pousse les envies un peu plus loin.

«  J’apprécie mon cher, parfois pour mieux déguster, on est mieux d’attendre d’avoir une meilleure faim hm? »

Voilà, mon point est dit. Ce n’est pas la fin, après tout, on va allez boire au café, on est pas obligée non plus d’y rester 300 ans. Mais je trouve cela amusant. Notre jeu me plaît. Je trouve Tiago sympa, j’ai l’impression que je pourrais passer des moments amicaux avec lui. Par contre, j’ai tout autant de faire plus, ici, dans ce local, qu’il me fasse me sentir bonne. De ressentir son contact sur ma peau. Je le pense haut et fort. Ses pensées sont de plus en plus fortes depuis tout à l’heure, je m’en mords la lèvre inférieure sur le coup. Puis Tiago me sort de là pour qu’on sorte.

«  Après toi, je te suis ! »

Je le laisse passer devant, profitant une dernière fois pour le titiller quand je fais effleurer ma main dans son dos le long de sa colonne vertébrale pour qu’il passe, un sourire aux lèvres.

On sort sans trop de problèmes de l’hôpital, on s’allume des clopes et on discute tranquillement jusqu’au café. L’air me permet de redescendre un peu la pression, mais je le dévore un peu du regard par mégarde. Je repense à son dos… ses bras… pfff BREF.
Notre conversation est agréable. Légère. Amusante.
On passe la commande au comptoir, je me prends un café noir classique, un bon grain de Colombie. Le mec pense qu’on est des internes, c’est parfait. On finit par s’installer à une table, je m’accoude et pose ma tête sur ma main fermé en poing.

«  Merci pour ce café, peut-être que tu mérites une récompense ! On est pas mal ici quand même hm? »

Ça fait du bien de sortir de là. On va pas se le mentir.

- "Tu as l'air de t'y connaitre..."

J'accompagne cette phrase d'un petit sourire entendu alors que Nana m'explique qu'il y a d'autre bons spots où l'on pourrait se retrouver rien que tous les deux, à l'abri des regards indiscrets. Et, c'est vrai que cette explication me satisfait bien.

- "C'est vrai, mais il faut quand même savoir trouver le juste milieu. Quand on est trop affamé, on a tendance à tout dévorer sans vraiment apprécier la qualité de ce qu'on a."

C'est exactement pour limiter ce risque que je m'assure de trouver régulièrement quelqu'un capable d'apaiser ce genre de faim. Oui, évidemment.

Quoi qu'il en soit, j'ai bien compris qu'on ne resterait pas plus longtemps dans ce local. Ou qu'en tout cas, ça n'aurait aucun intérêt. On traverse donc les couloirs (en faisant un minimum gaffe quand même, certains savent qu'on est seulement censés se trouver dans nos chambres et pourraient reconnaitre nos têtes), jusqu'à atteindre la liberté ! Plus qu'à se rendre au café, dans une ambiance bien plus légère ! Parce que oui, ça fait quand même du bien de pouvoir sortir, de profiter de ce moment sans avoir uniquement à penser à des soins qui vont arriver.

On commande nos cafés que je paye et on s'installe à l'extérieur, histoire de pouvoir fumer librement tout en buvant ce café. Et je ne peux pas m'empêcher de me dire que cette meuf semble avoir des habitudes un peu trop proches des miennes. A fumer beaucoup trop, pouvoir s'envoyer en l'air dans un simple local avec un gars à peine rencontré (ok ça ne s'est pas produit, mais je suis quasi sûr que si j'avais un peu pris les devants, ça aurait pu arriver), même pour ce qui est du café on se retrouve à prendre le même.

- "C'est vrai qu'on est bien. Mais, peut-être que ça pourrait être encore mieux si j'avais droit à cette récompense ?"

Je l'imite tout en prononçant ces quelques mots, m'avançant légèrement au-delà de la table pour y poser mon coude, mon menton reposant sur ma main. Je sais exactement ce qui me ferait plaisir, mais j'ai comme l'impression qu'elle ne manque pas de ressources pour me faire languir. Un peu comme l'un de ces petits jeux à savoir lequel va craquer en premier.

Je commence par prendre une première gorgée de mon café tout en écoutant Tiago. La chaleur du breuvage me fait du bien, même si je ne pense pas que de boire de la caféine quand on est encore aux soins soit une bonne chose mais, on va pas se le cacher, c’est apaisant.
Mon partenaire d’escapade m’imite, me montrant son impatience, cette envie qui le dévore.

<<  Ça nous faire reprendre un peu d’énergie et puis, on est pas obligés de rester longtemps ici. Ça dépend de la vitesse à laquelle on va boire notre café tu sais. >>

Surtout que, les tasses ne sont pas énormes dans ce café. Donc ce ne sera pas long avant de terminer. Sauf si on sirote très très doucement. Toujours d’un ton provocateur avec une pointe de légèreté, je tente de faire comprendre à Tiago qu’on est pas obligés de passer des heures ici. Bien que j’adorerai faire plus connaissances sur lui, il y a une partie en particulier surtout qui m’intéresse pour le moment. Faudrait que je pense à prendre son numéro tout à l’heure quand on retournera à l’hôpital. Au pire, sa chambre n’est pas loin de la mienne, et bien que Senri soit dans la même pièce, je peux toujours rendre visite aux deux et quitte à les assommer s’ils s’engueulent trop.
J’enchaîne une nouvelle gorgée puis sors une énième cigarette et me penche un vers Tiago.

<< S’il te plaît ?  >>

Est-ce qu'on va rester longtemps ici ? Je n'en ai aucune idée. J'imagine que ça dépendra en partie de la façon dont la miss veut orienter la suite ? Est-ce qu'elle a même réellement l'intention de m'offrir ce que je recherche ? Je n'ai aucun moyen d'en être sûr. Et évidemment, si ça ne devait pas être le cas eh bien, ça fait parti des risques du jeu. Mais ça ne va pas m'empêcher ces petites manoeuvres de tentation.

- "Ca fait longtemps que je n'avais pas pu prendre autre chose que ces cafés archi fades de la machine alors, j'ai bien envie de profiter de celui-là. Mais... Qui sait, peut-être que tu pourrais me convaincre de ne pas trop trainer..."

Une remarque que je glisse sur un ton volontairement explicite avant de caler à mon tour une cigarette entre mes lèvres. Une façon de réprimer cette envie de retirer celle qu'elle a actuellement en bouche pour venir chercher ce baiser que je vois miroiter depuis bien longtemps maintenant.

Au lieu de ça, j'allume ma propre clope avant de me pencher à mon tour vers Nana, m'arrêtant de sorte à ce que quelques petits centimètres seulement séparent nos deux cigarettes. Si elle veut vraiment pouvoir allumer la sienne, elle n'aura pas d'autre choix que de franchir ce dernier espace. Un léger sourire esquissé du coin des lèvres, mon regard ne cille pas, attendant aussi calmement que possible de voir l'option qu'elle va choisir.

« Je suis sûre que ce n’est pas difficile de te convaincre, assurais-je avec un sourire. »

Chose qui était sûrement vraie. Je me dis que dans ce local, j’aurais succombé à la tentation, il aurait accueilli cela à bras ouverts. Bien que ses bras étaient déjà ouverts lorsque je passais le haut. Dans un univers parallèle, il se serait permis de les refermer autour de moi en les redescendant, je n’aurais pas chouiné. Entourée de bras musclés par un bg pareil, je me serais laissée faire, j’aurais embrasé la situation. Ce baiser aurait été sûrement intense. Ça me fait vibrer juste de l’imaginer.

Mais, dans l’univers actuel, jouer était un peu plus intéressant. Quand c’est trop facile, je trouve que ça peut devenir ennuyant. Il n’y a plus de challenge, comme un plat qu’on arrive à faire et qu’on va manger plusieurs jours d’affiliée, après on veut autre chose. Ouais. Je crois que mon illustration n’est pas incroyable.

J’attends après Tiago qu’il allume ma cigarette. Pratique de faire le coup du briquet avec son doigt. Je ne regrette pas d’être Tonnerre, mais j’avoue que c’est un bon avantage â être Feu ET fumeur.

Le petit jeu du Feu prend une autre tourne lorsque je le vois se rapprocher avec sa clope allumée. On me la fait pas, je sais très bien ce dont il s’agit. J’ai envie de me rapprocher de son visage comme tout à l’heure, il utilise ma technique comme moi, je l’accepte. La clope au bec, je lui souris et me cambre sur la table pour coller l’embout à la sienne, pendant que la combustion prend, je le fixe du regard, lui faisant un petit signe de haussement de sourcils. Je laisse même un peu plus de temps qu’il ne faut. Nos visages sont proches, je crois que nos yeux transpirent mutuellement de désir. Ou un observateur extérieur s’en rendrait compte facilement.

Je me rassois sur ma chaise et lâche une première bouffée. Mon rythme cardiaque est passé à un niveau au-dessus. C’est intense un Feu.

« Pour quelqu’un qui n’apprécie pas les Tonnerres, j’ai l’impression d’être une exception. J’vois pas ce que t’aimes pas chez nous. »

Qui sait, peut-être que je boirais plus rapidement mon café si la réponse me plait.

- "Si tu t'y prends de la bonne façon..."

Bien sûr qu'elle a toutes les cartes en main. Je ne suis pas bien compliqué, il ne lui faudrait pas grand chose en effet pour que je sois juste satisfait de ma "récompense" et que je ne m'arrête plus jusqu'à ce qu'elle me stoppe. Ou, qu'on s'arrête ensemble...

Alors bien sûr que je sais comment profiter de ce petit avantage que j'ai. Celui qui a le briquet a la pouvoir ! Ou, qui a le feu en tout cas. Mais avec la façon un peu trop sexy qu'elle a de se pencher vers moi pour venir embraser le bout de sa clope et ce regard qu'elle me renvoie, j'ai comme un doute que ça la dérange vraiment.

Moi en tout cas, je suis plutôt très satisfait de cette tournure. On est sortis de l'hosto, c'est cool, mais retrouver un peu de cette proximité qui s'était installée entre nous lors du changement de fringue, ça a de quoi relancer la machine et me stimuler à nouveau. Alors, pour prolonger un peu cette sensation, j'étends légèrement mes jambes sous la table, jusqu'à sentir son pied contre le mien. Un contact léger, presque plus à devoir le deviner qu'à le sentir réellement.

- "Ahah en vrai, c'est pas que j'aime pas les Tonnerres. Je suis capable d'en apprécier. Heureusement, ce n'est pas parce que vous ne réfléchissez pas avant de prendre la moindre décision ou que vous êtes capables d'épuiser les trois quarts de la population avant de commencer à fatiguer que vous êtes tous insupportables."

Je réponds sur un ton légèrement désinvolte, montrant bien que je ne prends pas ce sujet 100% au sérieux. C'est vrai, j'ai conscience d'avoir un tas de défauts aussi, je n'attends pas des autres qu'ils soient parfaits. Je râle, on s'engueule parfois, et puis les choses rentrent finalement dans l'ordre.

- "Et puis, si je dois être honnête... Les gens que j'ai le plus kiffé ici étaient pour la plupart Tonnerres."

Mis à part Akkiko qui était Terre, que ce soit Elisha, Mituski ou Baxter, ils étaient tous liés à cet élément. Je tire à nouveau sur ma clope avant de conclure, un sourire en coin.

- "Faut croire que dans le fond, j'aime bien les emmerdeurs."

Un léger contact se fait contre mon pied, pas besoin de regarder sous la table pour savoir que c’est Tiago. C’est juste un pied, mais cela remet en jeu notre flirt qui s’était un peu calmé le temps de venir au café. On a pas forcément besoin de se le dire, mais on sait à quoi pense l’autre. Comme il est dit dans Scarface : The eyes, chico. They never lie. J’attends un peu avant de passer à l’attaque à mon tour. Je l’écoute sagement.
C’est vrai qu’on est pas une affinité facile, mais l’herbe n’est pas non plus verte ailleurs je pense. MAIS. On est chiants faut se l’avouer.

« Mais ça fait notre charme tu sais ! Sans notre impulsivité on serait bien trop sage ! »

Dans tous les sens du terme. Je mime le ton de Tiago pour garder la légèreté de la conversation, mais la lourdeur de notre attirance bien entendu. Mon sourire s’agrandit un peu plus quand il affirme qu’il a une petite préférence pour les Tonnerres. Sur le moment, je ne suis pas étonnée, comment tu veux nous résister ? Non sérieusement, y a des gens sympas partout, mais s’il aime bieeeen mon affinité, ça me fait gagner des points. Je tire sur ma cigarette tout en continuant d’écouter sa dernière provocation.

« Emmerdeur hein… Qui se rassemble s’assemble hein ! »

Je marque une légère pause et décide de lever mon pied, quittant le contact du sien, pour la remonter le long de sa jambe. Je veux augmenter son pic d’envie, si c’est possible, puisque le mien, fait son chemin doucement. Je dirais que des derniers mois, Tiago est bien plus beau gosse que ceux que j’ai pu rencontrer. Chez les filles c’est une autre histoire mais côté mec… C’est vraiment pas mal du tout. J’essayais de le faire impatienter, mais c’est mon corps qui se met à s’impatienter du coup. Si cette table ne serait pas entre nous, je ne serais pas responsable de la suite. J'ai envie de goûter à la sensation de sa peau contre la mienne. Voilà.

« Le Tonnerre et le Feu c’est un bon mélange tu sais. »

Déjà, dans un combat, c’est épique, alors… Vous imaginez au lit ?
Contente de pouvoir enfin faire mon mouv’, ça me démangeait depuis tout à l’heure mais je ne voulais pas que ça se fasse trop vite, sinon on ne peut pas déguster le moment comme je déguste ce café actuellement… Café que je finis par terminer rapidement. C’est vrai que je sirote UN PEU trop vite. Et puis les tasses ne sont pas très profondes non plus.
Je penche ma tasse vers Tiago, lâchant tout simplement d’un ton enjôleur :

« Oupsie. »

J'ai un petit sourire entendu à sa remarque sur cette sagesse qu'il lui manque.

- "C'est vrai. Si tu n'avais pas été Tonnerre, tu ne m'aurais probablement jamais suivi sans connaitre mon plan."

Ouais, il n'y a bien que les Tonnerres qui foncent tête baissée quand on leur propose un nouveau plan foireux. Et je dois bien admettre que sur ce coup, ça m'arrange bien. On n'en serait pas là autrement. Je ne pourrais probablement pas sentir ce pied montant le long de ma jambe, provoquant de petites décharges de plaisir sur leur passage. Et ce n'est cette fois pas lié à son élément.

- "Un mélange un peu explosif, mais, c'est vrai que je n'aime pas quand c'est trop calme."

Si cela peut être vrai de façon générale, je ne pense actuellement qu'à ce qui pourrait se passer au lit. Ou, n'importe où ailleurs où l'on pourrait se retrouver en fait. Parce que cette idée a fait beaucoup trop de chemin en moi pour que je veuille abandonner maintenant. Alors quand Nana me montre son café vide, un faux air désolé sur le visage, c'est sans la quitter du regard que je termine à mon tour ma tasse.

- "Je crois que, j'ai eu assez de café pour le moment."

Suite à quoi je me lève, n'ayant effectivement aucune intention de m'attarder davantage. Et pendant qu'on reprend notre route, un détail technique me traverse l'esprit. Non pas que je ne l'avais pas en tête déjà, mais je crois qu'il ne va pas falloir que je tarde à la régler ou je pourrais le regretter.

Avec tout ça, je n'ai évidemment plus du tout envie de m'attarder ici. J'ai seulement envie de sentir nos lèvres se rencontrer, son corps contre le mien, me laisser enfin aller à toutes ces idées qui n'ont cessé de me passer par la tête depuis un moment déjà. Alors quand on passe à proximité d'une des rues perpendiculaires à celle qui mène à l'hopital, j'attrape la main de Nana pour l'entrainer avec moi. Ce n'est qu'après quelques pas que je m'arrête, me tournant face à elle. Je ne relâche pas pour autant sa main. Au contraire, j'en profite pour l'attirer un peu plus vers moi, me penchant légèrement.

- "C'est le moment de me dire si je vais avoir besoin de faire un arrêt aux stands parce que... Il n'y a absolument rien qui pourrait nous être utile dans ces poches-là."

Une façon pas franchement subtile (mais c'est le dernier de mes soucis) de savoir s'il faut que je m'arrête acheter des capotes avant qu'on ne reparte. Capotes disponibles dans l'un des distributeurs non loin de là où on se trouve actuellement (est-ce que je connais vraiment tous les points de vente présents à Terrae ?).

Tiago suit le pas et vide sa tasse rapidement à son tour. On s’est compris.

<< On dirait bien, ajoutais-je à sa remarque. >>

On finit par quitter le café, nous n’avons pas besoin de rester plus longtemps, on brûle de l’intérieur. D’habitude, c’est mon flux énergétique de Tonnerre qui me donne autant d’énergie à bouger, mais là, déjà mon énergie de Tonnerre n’est pas encore revenu à 100 et… à cet instant, c’est autre chose qui m’attire comme un aimant. D’un pas sûr, on s’avance en direction de l’hôpital. Pas qu’on soit pressé de retourner dans nos chambres respectifs, on est motivés plutôt à retrouver un espace commun, loin des regards indiscrets.

Ça bouillonne à l’intérieur. Des images en tout genre de ce qui peut se produire défile dans mon esprit, ça me fait quitter la réalité de mon corps qui marche à côté du sien dans la rue. Une dimension de pensées m’attire et fleurit mon imagination. Le mélange de nos corps dans cette future pièce, ses murmures dans mes oreilles, ses mains qui me parcourent… Je le sens que je suis de moins en moins patiente. On marche pas assez vite à mon goût.

Tiago me sort de mon coton nuageux quand il m’attrape la main. Ce contact me fait frissonner et je me retrouve à le suivre. J’ai envie que ce soit mon corps au complet qu’il attrape avec la force qu’il a pris ma main. Je me retrouve plus proche de lui, mon rythme cardiaque augmente du plaisir que je tire de cette situation.

<< Mieux vaut que cet arrêt soit rapide parce que le moteur est déjà bien chaud, dis-je en serrant sa main.>>

Un peu involontairement, mon désir brûlant me fait me pencher un peu plus vers Tiago. Sur l’instant, j’ai envie de l’attraper par le col de son haut et de l’attirer contre moi afin de créer enfin ce premier contact entre nos lèvres. Mais, je me retiens. Je ne sais pas par quelle force mentale j’y arrive, mais je tiens. Je veux cette satisfaction qu’il soit le premier à le faire, je ne veux pas être la première à craquer… Donc je tiens aussi fort que je peux, je ne veux pas lui donner raison même si… ça me démange plus que tout. Ce sera autre chose lorsque nous fermerons la porte derrière nous dans le prochain endroit fermé qui nous permettra finalement de se lâcher, et d’illustrer nos pensées autrement que par des mots.

<< On peut dire que y a le feu au lac hm ? >>

Oui c’est une expression que j’ai inversé. Mais c’est plus fort que moi. Mais ça presse.

- "Ce ne sera pas long et, au pire, je saurai te réchauffer..."

Je garde ce même sourire pour répondre, ne faisant aucun geste pour me rapprocher ou me reculer. L'espace de quelques secondes, j'ai bien cru que Nana allait franchir ce cap et que j'aurais enfin droit à un petit avant goût. Mais non. Elle laisse seulement nos souffles se mêler, me donnant encore plus envie de ce contact. Alors pour ne pas craquer, ce sont mes dents qui viennent mordre légèrement ma lèvre inférieure, avant que je ne me décide à me reculer.

- "Ca tombe bien, j'ai toujours adoré le feu. Et celui-là, je n'ai aucune envie qu'il s'éteigne."

Je rends sa liberté à la main de la miss (bien que j'ai désormais du mal à me passer de son contact) pour franchir les quelques mètres qui me séparent du distributeur de préservatifs accroché à l'un des murs près duquel nous nous trouvions.

- "Si t'as des préférences ou des suggestions, c'est le moment !"

Parce que je n'ai pas non plus envie de m'y attarder. Je récupère quelques pièces que j'introduis dans la machine et récupère plusieurs capotes. Oui, plusieurs, on ne sait jamais, ce serait dommage d'être obligé de s'arrêter sur une bonne lancée. Et apparemment, je ne vais finalement pas tant m'ennuyer à l'hôpital.

Une fois tout ce qu'il nous faut en poche, on ne perd pas plus de temps pour retourner vers le bâtiment qui se dresse devant nous. Il me faut un minimum de concentration pour ne pas avoir l'air bien trop pressé en passant dans le hall. Ce qui ne nous empêche pas d'arriver rapidement à notre destination. La pièce est exactement dans le même état que nous l'avons laissée un peu plus tôt. Il faut dire qu'on n'est pas partis si longtemps, et ce n'est pas encore l'heure du changement de services. On devrait être tranquilles pour un petit moment.

Je laisse Nana passer devant moi, et j'ai à peine le temps de refermer la porte derrière nous que je passe mes bras autour de sa taille pour la ramener vers moi, le regard brulant de désir. D'ailleurs, il n'y a pas que ça qui brule. Je la sens bien cette chaleur en moi que j'arrive difficilement à contrôler. L'un des inconvénients d'être Feu. Quoi que, au moins il n'y a pas besoin de chauffage pour être tout à fait l'aise même à poil.

- "Est-ce que je vais vraiment être obligé de venir la chercher cette récompense ?"

Mon coeur bat beaucoup trop fort dans ma poitrine et cette fois, je ne cherche plus à contrôler quoi que ce soit. Je me laisse totalement submerger par toutes ces sensations qui voulaient déjà se répandre librement bien plus tôt.

Dés:

Je ne lui réponds que par un large sourire. C’est dur… Vraiment, si c’était possible sans risque de se faire expulser, je l’emmènerai dans une ruelle. Il me pousse au-delà de mes limites. Bon, je suis tout autant coupable que lui mais là… C’est intense. Si je repense à mon moment avec Luna, j’étais loin de là comme ça, je pouvais même pas prononcer deux mots d’affilée.

L’expérience de cette mission… les médocs et tout le tintouin ont l’air de m’avoir débloqué un truc. Mes émotions sont toutes emmêlés dans mon crâne, je ne me suis pas encore laissée le temps de démêler tout ce qui a pu se passer mais aujourd’hui, c’est encore moins le dernier de mes soucis. Je me sens vivante, et je le sentirais encore plus dans ce local. Ce contact, cet amour physique qui va m’envoyer dans une autre dimension pour un instant.

Une moue tristesse se dessine sur mon visage quand il lâche ma main pour aller au distributeur. Je voulais la garder encore…

« Surprends moi, dis-je avec un haussement de sourcils.»

Clair et concise, j’ai failli m’emballer à lui dire de me surprendre pour mieux me prendre, mais je m’en mords la lèvre pour pas que ça sorte. Je veux juste qu’il se dépêche. On a encore du chemin. Nos pieds accélèrent à une vitesse suffisamment satisfaisante jusqu’à la bâtisse, puis dans les couloirs. Avec tout le personnel, on passe plutôt incognito pour se frayer un chemin jusqu’au local qu’on a quitté. D’un coup d’oeil discret, on profite pour s’y faufiler quand personne ne passe par là. J’ai le coeur qui bat la chamade, on y arrive… ça me donne un peu le tournis. Ma peau crie pour rentrer en contact avec celle de Tiago.

Je passe en première, je vois que le truc de ma perf’ est encore là. Pfiouh. C’est un soulagement quand même. En soi, le café fut très rapide. On va pas se le cacher.

Le contact soudain de Tiago sur ma taille me fait vibrer de l’intérieur. Mon corps collé contre le sien malgré les vêtements et les bandages réveille si brutalement le plaisir qui me pend au nez depuis tout à l’heure. Je pose mes mains contre son torse, et les remonte jusqu’à l’arrière de sa nuque où mes doigts se nouent. Sa question me fait me pincer les lèvres. On y est. C’est le moment. Je suis à deux doigts de faire entrer mes lèvres en collision avec les siennes.

Pour rappel, c’est un Feu et je peux clairement confirmer que c’est un radiateur sur pattes. Je respire fortement. Je tente mon dernier joker, bien que ça me déchire de ne pas juste me laisser aller, je veux faire ma provocation. Si je me laisse faire, il aura donc raison et mon égo prendra un coup, je ne veux pas être la seule à courir après quelqu’un, il doit me courir aussi après. Oui j’ai un peu avoir le dessus, du moins… quand je pense l’avoir. Enfin, Tiago est un marionnettiste après, faut pas l’oublier. Allez… JOKER.

Je m’avance vers son visage, ne laissant qu’un centimètre nous séparer. Je laisse le bout de ma langue effleurer légèrement sa lèvre inférieur. Ce coup d’électricité qui vient de passer de ma tête jusqu’à mes pieds me fait serrer un peu ma prise autour de son cou.

« Oui Tiago, chuchotais-je.»

Après ça, je n’en peux plus, c’était ma dernière chance de tenir. Je ne répondrais plus de rien après.

Les secondes s'étirent lentement mais pour une fois, je les apprécie largement. Face à Nana, nos visages seulement séparés par quelques petits centimètres, j'ai l'impression que plus rien autour n'existe. Ni les diverses étagères pleines à craquer, ni l'hôpital, ni même le temps qui a arrêté de s'écouler. En temps normal, il y a bien longtemps que je l'aurais embrassée. On aurait probablement fini de retirer nos fringues. Mais cette petite blague du début a dû prendre des proportions un peu trop importantes. Parce qu'elle a l'air sacrément bornée aussi.

- "Très bien mais, dans ce cas, je vais faire les choses à ma manière..."

Quelques mots soufflés du bout des lèvres. Je peux presque sentir les siennes à chaque nouveau mouvement. Je prends deux secondes de plus, mais je n'en peux vraiment plus. Ma patience est totalement épuisée. Je ne veux plus attendre la moindre seconde. Tout en la tenant toujours contre moi, je me décale très légèrement pour pouvoir pivoter, et échanger nos place, Nana se retrouvant désormais dos à la porte.

Sans attendre davantage, je franchis la dernière barrière qui tenait encore entre nous, mon visage plongeant vers le sien pour l'embrasser. Un baiser intense, qui brule de toute cette tension accumulée jusque là. A cet instant, ma tête se vide totalement. J'ai l'impression d'être sur un nuage flottant au milieu de nul part, n'ayant à me soucier de rien d'autre que du plaisir commun que l'on peut prendre à travers ce premier échange.

Ce n'est que lorsque je commence à manquer sérieusement de souffle que je me redresse en repoussant le mur sur lequel mon bras avait pris appui le temps de ce premier baiser. La respiration saccadée, je n'ai pas pour autant l'intention d'y aller doucement. Non, tout ça m'a déjà beaucoup trop chauffé, j'ai besoin de sentir sa peau contre moi. Maintenant. Ce que je manifeste assez vite avec mes mains qui passent déjà sous son haut. Et si la sensation est grisante, je ne m'en satisfaits pas pour autant.

- "Je t'aide ?"

Je retrouve mon petit sourire qui ne m'a pas beaucoup lâché tout du long de cette partie. La dose d'hormones que je me prends actuellement a beau remplacer les plus puissants des anti douleurs, ça reste toujours plus simple (et sûrement rapide).

Je me mords la lèvre inférieure en ne le quittant pas des yeux lorsqu’il décide de laisser ses pulsions prendre le dessus. Ça ne me dérange pas qu’il veuille faire à sa manière, ce petit côté dominant, j’apprécie. Je ne réponds que d’un simple “hm-hm”. Montre moi. Il aurait refuser de lâcher le morceau… je me serais permise de me jeter la première. Mon énergie était rendue à presque 0% pour supporter toute cette chaleur en moi, et celle de Tiago.

Lorsqu’il finit par sauter le pas, une nouvelle vague électrique fait le tour de mon corps. Ses lèvres contre les miennes me donnent la tête qui tourne. Ça fait bien trop longtemps que j’attends ce moment de passion. Mes mains noués autour de sa nuque se déplace jusque dans sa tignasse, serrant quelques mèches entre mes doigts. Le temps semble s’être arrêté dans ce moment si divin qu’on attendait. Il y a cette bulle qui se forme autour de nous, qui nous coupe du monde pendant que nos désirs prennent le dessus.

Quand le contact se brise, il y a cette petite frustration, maintenant que la machine est lancée, il est difficile de vouloir s’arrêter. Il m’en faut plus. Mes mains quittent sa chevelure pour glisser le long de son dos. Ses mains contre ma peau sous mon haut me fait encore plus vibrer, me faisant respirer bruyamment. Une chaire de poule se forme progressivement tandis que mes propres mains viennent sous son haut pour se frotter à son torse. Juste de parler, ça prend trop de temps. Il en faut plus. Son sourire me fait fondre. Comment tu veux résister à ça hein ?

«Je t’en prie, soufflais-je.»

Je lève mes bras, me décollant légèrement de la porte pour que le tissu ne soit pas coincé en arrière. Mon adrénaline me fait oublier que je ne devrais pas trop faire d’effort physique, désolé docteur, pas aujourd’hui.

«Comme tu le désires, ajoutais-je avec un large sourire. Ce sera ton tour après.»

Elle n'avait peut-être pas tort. Se forcer à attendre, toujours plus, ne rend que le moment de délivrance encore meilleur. Toute la retenue dont j'étais capable a été totalement épuisée, et c'est avec une passion sans entrave que j'exprime désormais tout le désir brulant en moi. Et la réponse de Nana à ma démonstration est du même niveau. Ce qui ne risque pas de me faire ralentir.

Ses mains contre moi attisent totalement toutes mes envies. J'en veux beaucoup plus. Encore. Et encore. Pour commencer, je ne veux plus de ces barrières de tissu. Je veux seulement pouvoir la voir, elle, son corps, devant moi. Je ne prends donc pas plus de temps pour la débarrasser de ce haut quand j'ai son accord. Et comme convenu, je la laisse en faire de même ensuite. On est à égalité.

- "Tu avais complètement raison. Tu as vraiment l'air beaucoup trop bonne sans toutes fringues d'hosto !"

Ouais, ce n'était pas peut-être pas exactement ce que sa première réplique de notre rencontre signifiait réellement, mais là tout de suite, c'est seulement comme ça que je la perçois. Et, je ne suis pas mécontent d'avoir réussi à ne pas trop regarder tout à l'heure. La découverte actuelle n'en est que meilleure. Je vois bien les stigmates de la mission bien présents sur son corps, mais ce n'est sûrement pas ce qui va faire chuter le niveau de ma libido qui a désormais atteint son plus haut niveau.

Après un nouveau regard qui parcourt la partie supérieure de son corps, manifestant sans pudeur toute l'excitation que cela provoque en moi, je reviens chercher ses lèvres, ayant bien du mal à les relâcher trop longtemps. Non, maintenant que j'y ai droit, je ne vais pas les abandonner si vite. Pourtant, il y a bien d'autres endroits que j'ai désormais très envie de goûter.

Quand je juge avoir suffisamment profité de la douceur de ses lèvres, je décale légèrement mon visage, allant cette fois à la recherche de son cou que je continue à embrasser avec avidité. Tout en descendant de plus en plus, cela me permet également d'aider son pantalon à glisser vers le bas. C'est seulement dans ce genre de moment que j'arrive à trouver une utilité à ces tenues beaucoup trop larges, puisqu'il fini sa descente au sol sans que je n'ai besoin de l'accompagner jusqu'en bas.

Malgré mes bandages, j’assume mon corps tel qu’il est. En ce moment, il est dans les mains de Tiago. Je savoure ce moment où il retire mon haut. D’un geste rapide, je retire le sien. La vue de ses tatouages me fait sourire, ça c’est hot. Je les trace du regard, puis des doigts.  J’oublie complètement que nous étions tous partis en mission. Seule la vue de la peau de Tiago me fait frissonner. Sa réaction me fait lâcher un petit rire.

« Un cadeau c’est toujours mieux sans son emballage hein. Et puis…  dis-je en laissant mes mains caresser son torse… tu peux parler, je me régale les yeux . »

Je pense qu’on est arrivés à un stade de la journée où on n’a plus envie de tourner autour du pot. On se veut mutuellement. Bien qu’étant Tonnerre, j’ai le corps en feu. Tiago me fait ressentir des choses qui étaient éteintes depuis longtemps. Ma sensibilité envers chaque contact qu’il fait avec mon corps entier est si grande. Ressenti-t-il la même chose ? Je l’espère. Ce nouveau contact entre nos lèvres me fait fondre de l’intérieur. J’entoure ses épaules de mes bras, le ramenant encore plus contre moi, m’écrasant plus fort contre cette porte froide dont ma peau trop chaude ne porte pas attention. Cette douceur mélangée à une luxure si débordante est la combinaison parfaite de ce moment. Bien que l’intensité de notre baiser augmente toute cette excitation, il en faut encore plus. Mes mains finissent par se balader de nouveau, faisant des aller-retour entre le dos, le torse, les côtes, je me permets même de titiller la limite où l’élastique du pantalon s’établie au bas du ventre de Tiago pendant qu’il s’occupe de ma nuque. On en est pas encore au plat de résistance, que j’ai la respiration déjà saccadée. Mon pantalon finit au sol. Je me retrouve ne portant que la simple culotte d’hôpital en filet, clairement loin de là la chose la plus glamour.

J’entends parler non loin de la porte, évidemment qu’il y a du passage. Je me pince les lèvres presque à sang. Toute cette envie me donne le tournis. Je finis par enlever ce foutu élastique de ma tignasse et libère finalement ma chevelure. Je le vois, ce sourire de victoire d’avoir pu retiré ce pantalon trop large, cette trop grande barrière. Mes jambes sont aussi bandées en partie, mais, ce n’est pas la fin du monde. Nos regards de braise s’entrecroisent. Je n’ai pas eut le temps de lui retirer son pantalon, mais ça ne saurait tarder. J’en trépigne d’impatience. De toute façon, je ne tiens pas longtemps, je finis par me baisser à son niveau, poussant Tiago au sol pour me placer en califourchon sur le dessus.

« T’es encore un peu trop habillé à mon goût, murmurais-je. »