__–« Non. » Comment ça, « non » ? Qu’est-ce que cela voulait seulement dire, « non » ?
__–Tu veux que j’te fasse un dessin ? Bon bref écoute Karen là. ’faut pas tout griller, m’okay ? Pas lui faire peur, pas faire ta connasse super contrôlante qui le force et tout si tu veux le garder, tu m’as compris ?
__–En tout cas, elle répondit d’abord à ses paroles par un long soupir et un massage agacé de ses tempes, suivi d’un « t’fais chier là » qu’il n’avait pas volé.
__–« Bon, écoute. »
__–Le problème quand on dit ça, c’est qu’il faut avoir une idée de ce qu’on veut dire après ! Est-ce que c’est le cas de notre Karen nationale ? Que couac.
__–« Juste le temps d’une musique, OK ? Pour me faire plaisir. Et t’inquiètes, je vais guider. Tu fais juste c’que j’dis… et tu te détends. On va rien faire de super compliqué ou rapide. En plus y’a que d’la musique molle du cul dans ce bar là. »
__–Finalement, ce qui encolérait le plus Karen dans l’histoire, était que par sa prise contrainte et forcée du rôle de meneuse, elle jouait là celui de l’homme. Cette inversion des cadres la déplaisait en tant que telle.
__–Oui à un p’tit détail près.
__–Et lequel ?
__–Bah c’est pas qu’elle est vénère là.
__–Et sa mine renfrognée, son ton agacé, ne sont-ce là point des signes de colère ?
__–Nop, c’est de l’excitation.
__–De la quoi ?
__–Bah, inviter le mec qu’elle aime à danser, ça fait quoi au kokoro tu crois ?
__–Euah.

Comme toujours, leur discussion allait au rythme des incompréhensions mutuelles. Parce que l’un était incapable de comprendre qu’il avait la moindre valeur pour la personne en face de lui. Et parce que l’autre était tout aussi incapable de lui montrer autre chose que le visage d’une personne qui ne lui en trouvait effectivement aucune. Karen offrait à Minoru tout ce qu’il fallait pour ce qu’il se sente de trop. Et en retour, par sa panique et son évitement, il en récoltait davantage.

C’était à se demander comment deux êtres avec une communication si désastreuse pouvaient se parler régulièrement et, plus encore, passer une bonne soirée. La solitude n’était, à ce stade, qu’une partie de la réponse.

Il ne faudrait pourtant pas grand chose pour que les choses commencent à changer.

Un pas grand chose que Karen venait de laisser échapper malgré elle, entre deux tournures de phrase.

"Pour me faire plaisir."

Parce que ça lui ferait plaisir ?

C’était la première fois que Karen suggérait plus ou moins explicitement à Minoru quelque chose qui la rendrait joyeuse. Et ce sans donner l’air de le harceler ou de l’inciter à commettre un crime.

Même s’il pouvait encore se convaincre que la formulation était anodine, et qu’elle aurait pu demander à n’importe qui dans la salle (d’ailleurs, à regarder de loin ce qui se passait près du comptoir, tout le monde avait l’air plus amusant que lui), il pouvait plus difficilement passer à côté du fait que c’était bien à lui qu’elle venait de le demander.

Il avait peur de la décevoir. Peur d’être ridicule devant tout ce monde, aussi.

Mais il avait vraiment envie de faire quelque chose qui lui ferait plaisir.

Alors il eut un tout petit peu de courage. Et l’espérance - vite refoulée - de réussir et de la voir sourire en disant qu’elle avait passé du bon temps.

« D-D’accord. »

Il essaya de se redresser un peu, d’avaler une gorgée du jus maison qu’avait concocté Luna (très bon malgré son estomac noué à force d’émotions), puis d’inspirer un coup, pour se concentrer.

« J- je ferai de mon mieux. Explique-moi tout ce que je dois faire. »

Minoru ne connaissait qu’une seule façon de faire ce qu’on attendait de lui : froncer les sourcils et être extrêmement sérieux.

Pour la détente, c’était à demi-raté, certes. Pour les problèmes de communication… c’était pas gagné non plus. Tout au plus, il affichait désormais un semblant de proactivité et de motivation.

Une autre jeune femme pop de derrière le comptoir, un peu en mode jumpscare (enfin si elle n'était pas déguisée en cochon). Avant que j'aie eu le temps de dire quoi que ce soit, me voilà affublé de moustaches et d'un nez de chat. Au moins ça a le mérite d'amuser Miss Joker. J'attrape le stylo pour lire ce qu'il y a écrit dessus.

- Non ?! Mais nan ! C'est un stylo indélébile !! Comment je vais enlever ça moi ? Je demande.

J'avoue, j'ai du mal à rester sérieux, vu le costume de la demoiselle en face de moi. Mais quand même ! Un marqueur indélébile quoi ! Quant à la demoiselle en Joker...

- En plus j'étais maquillé ! J'ai juste tout enlevé avant de venir ici... Mais j'avais un maquillage de zombie assez vénère à la base. Tiens, regarde. Je proteste en sortant mon téléphone.

Je lui montre une photo que j'ai prise avant d'enlever le maquillage, une sorte de selfie fait dans la semi-obscurité qui laissait ressortir le blanc et les veines bleutées dessinées par la fille sympa des dortoirs plus tôt dans la soirée. J'attrape ensuite mon verre et manque de recracher l'alcool en entendant la Joker s'étonner du costume de la serveuse.

- Je crois que c'est plutôt un déguisement de cochon... Je croasse, la gorge en feu à cause de l'alcool.

Franchement, pour un mois d'Octobre, bientôt Novembre, il fait pas chaud. Ou ptete que juste porter un short et une casquette c'était pas une bonne idée, Erik. Enfin, j'ai décidé de sortir, pour cet Halloween. Voir les gens un peu. Et puis rien qu'imaginer Ipiu devoir se démerder pour ouvrir la porte aux gosses qui voudraient des bonbons, quel pied. Je pousse la porte du bar en m'exclamant :

"BAH ALORS, ON ATTEND PAS PATRICK ? "

Erik qui pousse la porte du bar:

Oui, je me suis trompé de personnage de dessin animé. Mais pour ma défense, c'est le même cartoon. Je reconnais quelques-unes des têtes qui se tournent vers moi, mais aussi quelques nouvelles, ou alors des gens tellement bien déguisés que je ne les reconnais pas. Enfin. Quitte à faire une entrée renversante, autant me diriger directement vers ce comptoir que j'ai tant chéri, passant au milieu de personnages célèbres comme le Joker, un Oni anorexique, Dracula en meuf et détourne le regard de ce décolleté Erik par pitié, Jack Spargros et Peggy 18. Et un type avec des moustaches. Ah et quelqu'un à poil avec un tablier.

"Quoi de mieux qu'un Bloody Mary pour aujourd'hui, hein ? Oh et puis allez, un ptit verre du truc que j'connais pas là, j'imagine qu'il y a de la citrouille dedans ? En tout cas bravo pour la déco, on reconnait à peine ce bon vieux bar ahah-"

J'me tourne vers la gérante des lieux et lève mon pouce en hochant la tête de haut en bas, une moue satisfaite sur les lèvres, avant de m'adosser au zinc et de jeter un œil à l'assemblée. Une légère bouffée de nostalgie s'empare de moi, rapidement emportée par les rires et les cris de l'assemblée-

__–Enfin il semblait comprendre la chance qu’il avait.
__–M
__–D
__–R.
__–La chance qu’elle a plutôt.
__–« Okay, viens. »
__–Une fois debout, Karen essaya de visualiser dans sa tête les mouvements usuels qu’elle connaissait, mais inversés, vu que ce serait elle qui mènerait.
__–« Alors, tends les bras. J’pose ma main droite ici, juste sous ton bras et tu mets la tienne juste sous mon épaule, là, voilà. J’prends ton autre main et on la lève un peu. Maintenant l’idée c’est qu’on bouge les pieds en même temps, tu captes ? C’est moi qui mène, donc regarde. Un – le pied gauche vers la gauche –, deux – le pied droit le rejoint –, trois – le pied gauche vers la gauche –, quatre – le pied droit le rejoint. Et à l’envers pour revenir à là où on était. Cinq, six, sept huit. Voilà c’est bien tu captes. Maintenant regarde plus tes pieds, écoute juste ma voix. Un, deux, trois quatre, cinq six sept huit. Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit. Okay, là j’vais dégager ma main sous ton bras et lever l’autre et toi tu fais un tour, puis on revient à la position de base, capté ? À la fin de ce mouvement. Un, deux, trois, quatre, cinq, six sept, huit, on tourne. Pas trop mal mais essaie d’être plus fluide. D’faire ça en un seul mouvement, tu saisis ? Tourne sur ton pieds droit, lui il bouge pas mais tout l’reste tourne autour, tu vois ? Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, on tourne. Mieux. Maintenant sans que j’parle. Repère-toi au rythme de la musique et à quand j’te lâche, capté ? R’garde-moi dans les yeux. Dans les yeux, allez. »
__–Fort heureusement, Luna avait mis une musique certes d’Halloween, mais qui restait calme et posée ; aussi Karen et Minoru ne dansaient-ils pas très vite, ce qui était parfait pour apprendre.
__–« Voilà, allez on fait un dernier mouvement et après on parle moins et on s’amuse plus, ok ? J’vais faire glisser mon bras droit jusqu’à ta pogne et la prendre. Ça veut dire que toi tu dois reculer de deux pas et pas m’lâcher. J’vais lever ma main, toi tu vas avancer d’un pas et te retourner, comme quand on tourne, tu vois ? Tu vas lâcher mon autre main, puis j’vais placer la mienne de libre dans ton dos. Et te rapprocher de moi, puis mettre l’autre dans mon dos, tu fais pareil, tes mains autour de mon cou. En fait, ils furent tellement proches que Karen aurait pu lui voler un baiser sans avoir à faire plus que baisser légèrement la tête. Heureusement qu’il y avait un masque, on pourrait dire… Puis là, tu tournes à quatre-vingt-dix degrés et tu te penches en arrière. Je te retiens. Lâche ton bras gauche ! Voilà. Et garde toujours tes pieds collés aux miens. »
__–Bah c’est une vraie danse d’amoureux qu’on a là.
__–Silence, enfin !
__–Ben écoute pour une fois t’as pas tout à fait tort. On va les laisser s’amuser tranquille.

__–Voilà, ça s’amuse, ça papote, ça consomme, ça danse… Une bonne soirée en fait et bordel c’est quoi ce truc.
__–« Euh, t’es déguisé en Bob. L’éponge. Tu t’es pas… planté ? »
__–Après j’en suis pas mécontente, est-ce que j’ai tant que ça envie de voir Erik l’asperge juste en short, franchement, alors, vous savez quoi, ça ce négocie.
__–Ça ce négocie.
__–« Enfin bon, c’est toi qui le porte, l’important c’est d’être déguisé. Un Bloody Mary, c’est parti. Et ouais merci, ça pousse bien entre deux de tes visites. »
__–Le dernière fois que je l’ai vu, c’était y’a genre deux, trois mois ? Ah ben y’a plus de plantes, c’est sûr. Et de décos thématiques.

À son sérieux soudain, Karen avait répondu avec tout autant de sincérité.
Il avait pourtant attendu son jugement ; une remarque, au moins, pour lui rappeler qu’il essayait de danser sur un sol où il titubait.
Il n’avait reçu que ses instructions, puis une main posée sur son épaule.

Ils étaient si loin, et d’un coup si proches.

En même temps qu’à son corps, il tenta de s’accrocher à ses mots. Pour que ses pieds ne trébuchent pas et que son cœur ne s’emballe pas.

S’il paniquait, elle s’en rendrait compte et lâcherait sa main.
Si son pied cessait de suivre son pas, il tomberait dans le vide au bord duquel ils dansaient.

Est-ce que Karen avait vraiment un tel précipice au fond d’elle ? Qu’est-ce qui avait fait venir à Terrae quelqu’un d’aussi sûr de lui et d’aussi fort ?

Alors qu’elle lui faisait tourner du bout de sa main, il y pensa un instant.

Je ne sais rien d’elle, au final.

Il savait pourquoi : il ne s’était jamais senti digne de savoir. Et à vrai dire, il ne se sentait pas encore capable de le devenir.

Mais si déjà, elle le laissait suivre ses pas, ça lui suffirait.
Il n’avait cessé d’errer depuis des mois, elle lui donnait un mouvement précis à faire.
Il ruminait, elle le forçait à se concentrer sur un moment.
Il était hagard, elle lui donnait une forme à laquelle il devait se conformer.

Après quelques tours, il commençait à y prendre goût. Penser moins, s’amuser plus.

Ils étaient encore plus proches. Mais c’était un peu moins désagréable que d’habitude. Et pas seulement parce qu’il était concentré sur autre chose.

Elle est vraiment belle.

Sitôt que la pensée lui vint, il détourna d’un coup la tête, manquant de trébucher au passage - alors qu’il commençait pourtant à bien se débrouiller. Il bredouilla un “D..Désolé” qui se perdit dans la musique, puis redoubla d’effort, pour s’aligner à nouveau.

Sur ses mots, il tomba en arrière.
Le vide était juste en-dessous. Pourtant, il avait suivi son instruction. Ou plutôt : il lui avait fait confiance.

Une sensation rare, peut-être même nouvelle. Un nouvel instant à chérir, une autre étoile à regarder dans le noir.

“Merci…”

Ce mot aussi fut emportés par la musique. Puis par ses pas qui redoublèrent de joie et de courage alors que se taisait, derrière lui, tout ce qui aurait pu le faire trébucher.

L'avantage quand on est serveuse, c'est que si on apporte pas de commande, personne ne fait attention à nous. L'avantage quand on est qu'à moitié visible dans une foule, c'est que personne ne nous voit. Les deux accumulé, c'est vraiment comme si je n'existais pas.

Et je sais, ce n'est pas bien, mais j'en profite. Il y a ce petit couple pas du tout assortis, je veux dire, ils ont l'air tellement convaincu de pas l'être que ça se ressens. Je sais pas si c'est clair ? Oh, et puis de toute façon, je peux bien passé pour une conasse dans mes pensées, personne ne les lit.

Mais bref, ils sont vraiment trop chou ET ILS VONT DANSER. C'est incroyable. La fille semble mener la danse - et ça a pas l'air de la réjouir - tandis que le garçon semble plus réservé. Et il est doué pour danser avec ce genre de chaussures.

Vraiment, ce moment est adorable, alors qu'il laisse tomber sa tête en arrière, qu'ils échangent un regard.

OH MERDE.

J'ai fais la playlist. Je la connais par cœur. Je l'ai écouté en boucle toute la semaine pour gérer les transitions et tout ça. Et cette chanson fini dans 26 secondes.

ET CE QUI SUIT C'EST UN TANGO D'HALLOWEEN.

C'est la cata, ils ne sont pas prêt pour ça. OMG OMG.

J'essaie de traverser la foule en m'excusant, mais je suis invisible ALORS LES GENS NE ME VOIENT PAS. J'ai l'impression d'être une balle de ping pong, vraiment. Je l'écrase finalement contre... Le Joker ???

Pas le temps. Kaiko et Luna sont au bar, mais j'aurai pas le temps d'y arriver. Mon talon s'est cassé. Je prends le Joker par les épaules, tandis que mes yeux écarquillés redevienne visible.

- TU DOIS PASSER LA PROCHAINE MUSIQUE. DERRIÈRE LE BAR.

Je lui murmure ces quelques mots, mais un souffle paniqué, tirailler par la douleur. Bref, une vraie voix des enfers. JE TE FAIS CONFIANCE JOKER VAS-Y.

TU AS DIX SECONDES.

J'avoue que j'ai fait la moue en regardant la photo que le blondinet me montrait.

« Fallait pas retireeeeeer! C'EST PÉCHÉ.»

Un cochon... Bon faut féminiser un peu, une cochonne alors! Un rire m'échappe juste à y penser. J'allais répondre à ce sujet lorsque mon attention se retrouve attirer par un géant...Bob l'Éponge? Clairement les Eaux Morphes me surprendront toujours avec leurs capacités... Je ne pensais pas que ce serait Terraeennement POSSIBLE.

« Hey vous avez vu Bob l- »

Je commence ma phrase en pointant du doigt mais je me fais pousser. Mes deux verres se renversent à moitié, je suis à deux doigts d'aller me battre là. Je tourne la tête mais je vois personne jusqu'à ce qu'une PAIRE DE YEUX se dévoile... QUOI?! Elles murmurent.

« 'Scusez-moi je reviens. Tu me dois deux verres Sauron, dis-je en grinçant des dents. »

Sauron... Les deux tours...  la blague nulle de l'année?
Je dépose mes verres sur une table et tente de me téléporter vers le DJ. J'arrive, littéralement, collée à lui. Merde.

« Hey! »

Je pousse le bouton NEXT et pars comme si de rien n'était pour rejoindre en courant la paire de yeux flottantes, je tiens à ravoir mes verres... pleins.

Je regarde Luna approcher et j'attends qu'elle soit à porté de voix pour lui répondre.

"Nan mais c'est dans un film que j'ai vu y a pas longtemps. Une comédie, un truc allemand je crois. Et y a un gars qui s'appelle Patrick, comme l'étoile de mer et - Ouais bon ok j'ai confondu hein. J'ai loupé mon entrée ok."

J'suis dépité voilà. Donc j'vais commander deux boissons et puis basta.

"Ça rend super bien, par contre j'ai bien l'impression que le seul truc qui repousse pas..."

Je laisse ma phrase en suspend pour désigner son bras d'un petit geste de la tête. Ça va aussi, j'viens un peu plus souvent ces derniers temps, quand même.

"Ça fait plaisir de t'voir ! Et franchement, stylé, le costume, manque juste  le perroquet sur l'épaule-"

J'suis interrompu par un changement soudain d'ambiance. La musique, jusque là calme, s'était comme coupée en plein milieu, et je cherche l'origine du problème du regard, et j'vois le Joker qui vient de commettre un délit, c'est évident vu comment il court. Je soupire, pendant que la musique s'accélère, sur ce qui ressemblerait à un tango ?

"J'vous jure les jeunes de nos jours. On dirait que vous vous êtes fait- badum tsss- piraté votre playlist, cap'tain"

__–Hé bien voilà, là ils sont mignons. Hein qu’ils sont mignons ? Hein ? Allez dis quoi.
__–Je suis bien forcé de reconnaître que la scène avait quelque chose de touchant. Quand Minoru voulut esquisser une excuse après son faux pas, Karen fronça les sourcils, mais il se reprit bien vite et son visage s’apaisa aussitôt.
__–Pis il lui dit merci. Karen le regarde. Lui sourit. Genre un vrai sourire, ceux qu’elle garde pour les grandes occasions là.
__–Et là, c’est le drame. Nan j’déconne, juste le son change et ouais, ouah, pas la même ambiance. En mieux hein ! Après par pour la respiration de Minoru.
__–Sa respiration ?
__–Bah ouais mon mec, si Karen lui dit allez viens lesgo tango il va s’tétaniser tellement fort que chaipas s’il va juste arriver à respirer con. Enfin ça va, Karen a appris que y’a genre la technique ultime pour le rassurer, attention, attention c’est balaise, accrochez-vous :
__–« Ah ouais d’accord. Tu veux qu’on continue là dessus ? Sinon j’m’en fous j’change la musique. »
__–Hé oui les potos, lui demander son avis ! Truc de dingue. Qui aurait cru que ce serait avec ça qu’on aurait des relations saines et tout là, sans dec.

__–Pourquoi y’a…
__–Et…
__–Non mais qu’est-ce que…
__–Bon alors. Erik me parle. Ce qui est pas forcément la meilleure des choses qu’il puisse faire mais pause, je m’occupe d’abord d’un truc, à savoir attraper Nana en mode bras par-dessus la nuque, là je suis limite prête à la faire s’baisser de force pour lui frictionner le crâne de mes phalanges comme on faisait avec les gamins qu’on voulait bolosser dans la cour de primaire.
__–« Alors t’es gentille mais les téléportations dans mon bar et surtout derrière le comptoir c’est non, d’accord ? Si tu veux un truc tu m’demandes. »
__–Surtout pour changer la musique quoi, j’avais juste à tendre le bras.
__–Et en parlant de bras.
__–Je dégage Nana, sympa hein, juste je l’escorte (ou la pousse) vers l’autre côté du zinc et me retourne vers Erik.
__–Et là, juste, je le regarde.
__–Avec ma tête du « Est-ce que j’ai l’air de rigoler. » des grands jours, que je sors jamais. La dernière fois que je l’ai sortie, c’était il y a quelques mois à Nana, tiens, justement. Je le regarde juste assez pour qu’il se dise que ça va être ses couilles qui vont pas repousser.
__–Puis nan je souris quand-même.
__–« Ça va je déconne détends-toi. Et j’ai un perroquet, attends, il est, ah merde il s’est barré ce con. »
__–Je cherche par terre, le trouve et le remets sur mon épaule. Enfin, perroquet, c’est plutôt une sorte de grosse boule de laine rose avec deux yeux en plastique attachés dessus. Ben oui, c’est Morph, la petite boule rose volante de Long John.

Petit chat se plaint que le stylo est indélébile et demande à Kaiko comment il va faire pour l'enlever. Elle fronce les sourcils et reprend son crayon pour lire ce qu'il y a marqué dessus... awé, indélébile. Woups. :

-...en frottant fort ? qu'elle répond en haussant les épaules.

Eh, il avait qu'à garder son maquillage de zombi. Il était très bien en plus pourquoi l'avoir enlevé ?! Enfin elle a pas le temps de le commenter que Joker demande si elle est déguisé en jambon. Kaiko éclate de rire franchement. :

-Je suis l'étape avant le jambon, le cochon ! C'est mon signe astro chinois, j'trouvais ça marrant.

Ouais parce que Kaiko, tant que c'est rigolo... Brefouille, elle fait son boulot quand même. Quand Bob l'éponge débarque pour saluer le monde, c'est Luna qui le sert parce que de son côté, elle finit de brancher tout ce qu'il y avait à brancher derrière... Quand elle se relève, le Joker est du mauvais côté du comptoir et se fait raccompagné de l'autre côté par Luna, y'a des verres renversés et Katsu qu'a l'air complétement paniquée. Elle a aucune idée de ce qu'il s'est passé mais c'est v'là marrant d'avoir l'impression d'avoir traversé une faille temporelle. Une ambiance de bar quoi. :

-Les potos ! La Pumpkin Ale est prête, elle est fraîche, elle a un p'tit goût d'automne qui fait plaiz' si ça vous tente !

Oh là là trop de choses se passent autour de moi... J'ai du mal à tout enregistrer. Bob l'éponge est à la limite de se faire étriper par Luna, ah non en fait ça va, et puis la petite Joker renverse ses verres et... Disparait ?! Pour réapparaître vers la platine. Nous voilà partis sur un tango, dans une version Halloween.

Puis la cochonne qui vient de me gribouiller sur la fasse m’envoie à moitié chier.

- Frotter, frotter, je t'en donnerais moi... Eh bah ça me démange de te frotter ma main dans la gu-

Je suis interrompu quand elle disparaît -elle aussi- derrière la comptoir et se redresse en appelant à la Pumpkin Ale. Bordel. Je finis cul sec mon verre et le pose sur le comptoir.

- Vas-y Piggy ! Envoie une demi par ici !

Et dire que j'avais quitté le groupe des couloirs pour être tranquille au bar...

La musique se lance, victoire! Enfin, victoire pour qui hein? Évidemment Luna me remet à ma place littéralement.

« 'Scuse Luna c'est l'autre là avec ses yeux flottants qui m'a- »

Ouais bon c'est peine perdue elle va pas me croire, elle est déjà repartie vaquer à ses affaires. J'ai perdu mes verres et ma crédibilité, encore. Je cherche du regard l'inconnu qui m'a commandité cette connerie, sur le moment je n'ai aucun visuel dessus. Je lâche un long soupir et me rapproche vers, le bon côté, du comptoir, tout en observant une énième fois le grand Bob L'Éponge qui tape la discute avec Luna. Franchement, je lui octroie une belle médaille parce qu'il faut oser et c'est la beauté d'Halloween!

Je pince l'arête de mon nez, ma pote elle doit être partie depuis le temps que je suis pas retournée vers elle... Je veux aller danser mais qui va faire un tango toute seule sérieux? Je laisse tomber, j'attendrais la prochaine musique.

Je retrouve le blondinet et la cochonne, bizarre comme allusion.

«Une Pumpkin Ale pour moi s'te plait, et un shot de vodka à côté, celle que tu veux! »