__–Mais bro.
__–Je suis bien obligé d’admettre que Minoru avait un point : la communication de Karen pouvait porter à confusion.
__–Oui non mais. Ça ok, j’veux dire si t’es pas clair dans ta propre tête tu vas pas l’être quand tu parles. Mais. Bro. À quel moment. Tu te dis. J’vais prendre des conseils de Karen. Stp. Bref.
__–Celle-ci fut assez embêtée, il est vrai. Et comme notre protagoniste n’avait pas tout à fait compris à quoi elle affaire, ou plutôt, grâce à ses pouvoirs, parce qu’elle avait un peu trop bien saisi le complexe enchevêtrement d’embarras qui envahissait Minoru et, de fait, n’en saisissait goutte, Karen… passa à côté.
__–Magistralement, je dois dire.
__–« Bon euh, on va pas rester là déjà hein, viens on décale, on en parlera sur le chemin. »
__–MAIS PAUVRE DEMEURÉE IL SE CHIALE DESSUS TU VAS PAS LE FAIRE TRAVERSER UN ESPACE REMPLI DE GENS.
__–« Yo les jeunes. »
__–Ah putain merci.
__–« Hm. »
__–Je dois dire, heureusement que les Terres et leur capacité d’analyse rapide sont là. Après avoir ouvert la porte pour s’enquérir de leur état et leur demander de débarrasser son plancher, Luna embrassa la scène du regard, alluma tout de suite un voyant dans son esprit qui disait, « encore une connerie de Tonnerre » ou quelque chose de cet acabit et décida d’intervenir.
__–« On bouge des trucs là dans la salle, pas commode de passer avec ta poussette, venez. »
__–Luna leur ouvrit donc la double porte arrière, où elle faisait passer les caisses de boissons.
__–« Allez, tirez-vous, vous me payerez la prochaine fois que vous passerez.
__–– Ok bah merci, au revoir. »
__–Luna les salua de sa main robotique et ferma la porte. Enfin seuls, surtout avec eux-mêmes.

Nouveau aïe.

Il savait que c’était normal. Il se doutait que c’était logique, naturel, et même bien. Il ne s’attendait à rien de plus en tout cas, car il aurait déjà fallu qu’il s’attende et pour cela qu’il le puisse.

Et pourtant aïe.

Il se sentait d’un coup à peine accroché au bord d’un gouffre gigantesque, souffle coupé, pieds lourds et mains rougies d’efforts. Rester là était déjà une épreuve qu’il ne surmonterait pas plus longtemps, voire qu’il ne surmonterait pas, et on lui disait maintenant qu’il fallait lâcher sa seule source de chaleur, utiliser ses deux bras déchirés et remonter tout là-haut, à quelques centimètres. Il fallait tout d’un coup reprendre conscience du sol, des murs, des étagères, de l’arrière-boutique, de Luna — depuis quand était-elle là ? —, de la porte et de ses jambes qui devaient y aller. Il n’y avait eu qu’une seule chose au monde pour un instant, et voilà qu’il fallait la suivre très loin, dans un Terrae immense, à quelques pas d’ici.

Il n’eut ni la force d’acquiescer. Ni celle de remercier. Ni celle de dire au revoir. Ni celle de regarder qui que ce soit. Juste celle de marcher tout droit, vers le son de la poussette qui roulait sur le plancher.

Puis en passant la porte, il comprit ce qu’avait dit Luna.

Il fallait payer.

Il ralentit un instant, ouvrit machinalement son sac, vérifia qu’il avait assez, fit le compte au yen près. Puis remarqua que Luna n’était plus là et le bar non plus.
Il n’y avait que lui et, un peu plus loin devant, la poussette qui roulait sur le chemin.

Ne sachant plus quoi en faire, il garda en main ces pièces et ces billets qu’il voyait à peine, tout en continuant à la suivre, un pied après l’autre. Il était encore très loin d’elle et ne savait pas jusqu’où elle s’éloignerait encore, mais après tout, il avait l’habitude d’utiliser la moindre de ses forces pour poursuivre ce qu’il ne pourrait pas atteindre. Il avait aussi l’habitude qu’on le lâche quand il osait s’approcher. Puis qu’on le laisse sans réponse, ou qu’on la lui fasse espérer avec quelques efforts de plus.

Karen faisait comme tous les autres et c’était normal.



Résumé : Beaucoup de mots pour dire que Minoru suit Karen en silence.

__–Wesh meuf tu l’as pété là, il fonctionne plus.
__–Veux-tu détailler ?
__–Baaaah y’a pas masse à dire, il est en pilotage automatique là le boug. Il dégage plus rien. Enfin si, il dégage des trucs, mais je suis pas assez balaise pour capter c’que c’est. Minoru et moi on est paumés comme deux fils de pute le jour de la fête des pères, là.
__–Je devrais montrer plus de scrupules à t’inviter à prendre la parole. Devant cet embarras, ainsi qu’un début de pleurs de John, qui appréciait certes les promenades, mais aimait encore mieux quand elles ne s’éternisaient pas, qui avait faim, froid, sommeil, trop de soleil dans les yeux, s’ennuyait, voulait le doux contact des bras de sa mère, un peu de tout cela à la fois, aucune d’entre elles et d’autres choses encore, Karen se sentit prise entre deux impératifs.
__–Premièrement, il était difficile de rester. Elle avait quelque peu flotté sur les derniers éléments. Pour elle, Minoru était un peu plus qu’un ami, que le parrain de ses enfants, depuis un certain temps déjà ; elle se n’était avouée avant de lui dire. Aussi la déclaration n’était-elle pas arrivé avec un choc comparable à celui qu’avait vécu Minoru, d’autant plus qu’elle en avait déjà vécu plus d’un. C’était une procédure bien plus habituelle qu’il n’y paraissait.
__–Secondement, il y avait encore bien des questions en suspens et si Karen ne comprenait goutte à ce qu’émettait l’infortuné Minoru, elle ne pouvait pas ne pas ressentir une certaine empathie à son égard.
__–C’est la manière la plus froide du monde de dire qu’elle est dans un bad de l’espace, parce qu’il est trop mal et ça la tue dans l’dedans, quoi.
__–« Bon mais euh, viens on rentre, mais on peut parler et tout hein, t’inquiètes. Nan mais euh, j’sais pas pourquoi je m’intéresse à toi du coup, c’est genre, c’est comme ça, t’sais ? Pourquoi toi tu t’intéresses en moi, tu saurais pas forcément le dire. Et il faut pas écouter tout ce que je dis, mais… désolée, hein. »
__–Comme j’ai dit dans leur premier RP, profite ma gueule, parce qu’elle te le dira pas souvent.
__–« J’sais pas, c’est nouveau aussi pour moi de, genre. D’être avec quelqu’un mais c’est sérieux, quoi. Avant c’était juste des mecs, c’était pas pareil. Genre ok j’veux bien qu’on sorte ensemble parce que tu cours le plus vite et que t’es viteuf charmant et populaire et tout mais voilà quoi, que des gros connards. Toi t’es… bah… T’es gentil. »
__–Écouteeeeez elle essaye.
__–« Viens tu me tiens la main. Ça fait plus… ’fin viens quoi. »
__–Cela allait être médiocrement pratique pour la poussette, mais il faudrait s’en accommoder.
__–Ouais puis bon bah à un moment, c’est pas parce que tu sais que les clichés des trucs romantiques et tout c’est de la merde, que t’as pas envie de les appliquer, même si t’y crois pas et il y croit pas et vous avez aucune foutre idée de ce que vous branlez. Comme elle dirait elle-même :
__–« T’inquiètes, on va trouver comment ensemble. »
__–Agir d’abord et réfléchir après, ça a du bon parfois.

Il n’y eut d’abord que des sons qui venaient de loin.

Entre eux et le bruit de la poussette qui tressautait de temps à autre, il était difficile de savoir ce que Minoru entendait le plus nettement.

Pourtant ça continuait.

Et puis parfois même, ça faisait autre chose que mal, même si ça ne tiquait que quelques secondes plus tard.


Il leva la tête de sa poignée de sous toujours inutilement tendue et cligna des yeux. Il aurait été compliqué de virer totalement au rouge et de laisser s’envoler les papillons, mais ça l'atteignait. Comme un coussinet qui lui tapoterait le dos de la main, c’était un pas grand chose un peu doux et un rappel discret à la réalité.

Il le savoura silencieusement, au rythme des roues et des pas de Karen.

Puis aïe. Encore.


« Je suis pas gentil. » murmura-t-il avec une voix faible, effrayée et bizarrement ferme, deux répliques trop tard, alors qu’elle était passée à des mots qu’il n’avait pas fini de décoder.

Il ouvrit la bouche pour développer.
C’était trop compliqué.
Il hésita encore un instant, baissa les yeux, les fit retomber sur les pièces et les billets, songea qu’il devait encore payer Luna, puis — enfin à ce moment — comprit ce que Karen venait de dire et son invitation à se tenir la main.

Il ne releva pas la tête.

Elle l’avait lâché et maintenant elle voulait qu’il revienne. Elle avait dit qu’ils en parleraient, mais elle ne lui avait rien dit. Et en plus de ça, il le voyait comme il ne pouvait pas être, alors qu’il n’était — il le savait — qu’un mec comme tous ces autres, et qu’il rampait égoïstement dans ses insécurités plutôt que d’avoir quoi que ce soit de bien à lui offrir. Comment n’allait-il pas la décevoir ? Comment n’allait-elle pas se lasser ?

« Tu vas partir. »

Même au bout du rouleau, Minoru pouvait difficilement manquer une occasion de réenfoncer lui-même le couteau dans la plaie.

Mais heureusement pour l’intrigue ou ce qu'on tentait d'en sauver, il ne pensait pas assez pour agir en accord avec ce qu’il disait ou pour élaborer la moindre stratégie de repli.

C’est pourquoi avant même de finir d'articuler ses trois mots, il s’approcha mollement de celle qui venait de lui ordonner d’attraper sa main — du moins l’avait-il compris ainsi car il aurait fallu penser pour songer qu’il était possible de refuser —, tendit la sienne et l’approcha fébrilement, sans trop savoir où la mettre. De l’autre, il tenait toujours les pièces et les billets.

__–« Gars. Décide pas à ma place, ok ? »
__–Huh ?
__–Hm ?
__–« T’es même pas solaire, en plus. Stop le mytho. »
__–Non mais c’quoi c’bordel, on laisse même plus le temps à ses narrateurs de dire de la merde pendant deux plombes ?
__–Il faut dire que, c’était sorti, pour ainsi dire, tout seul. Sans qu’elle y réfléchît. Karen sourit. Un de ses plus beaux sourires. Les plus naturels, les plus doux, les plus apaisés, qu’elle avait eu depuis longtemps. Si quelque doute elle avait pu avoir, ils se volatilisaient, à présent. Compère, une explication ?
__–Choqué déçu que tu m’appelles plus « hé l’autre connard », mais ouais. Hmm. Bah. En fait, attends juste un peu qu’elle finisse de parler.
__–« T’es le mec le plus gentil que je connaisse. De loin. Laisse personne te dire le dire le contraire. Ok ? »
__–Ok. Du coup voilà, le délire, c’est que, chez les Karens, quand on est un vrai mec, on arrive, comme ça quoi, en roulant un peu les mécaniques et tout, on fait sa petite parade amoureuse de lémurien genre, on est sûr de soi. Voilà, je suis un mec, je passe ma main au-dessus de ton épaule, je vais te protéger et tout, quelqu’un te traite de pute je lui explose la gueule, je te ramène à bouffer pendant que tu t’occupes des gosses. C’est ça, un vrai mec. Sauf que pour Karen, un vrai mec, ça la drogue, la viole, la fout en cloque et l’abandonne sans même vérifier si y’avait pas des conséquences à tremper son biscuit entre ses cuisses. Puis, ou ça pète un plomb, ça sort un calibre et ça descend des gamins dans une école avant de se répandre l’intérieur du crâne sur un bureau de prof, ou ça marave sa femme, rabaisse son fils jusqu’à ce qu’il se bute et chie sur sa fille, jusqu’à ce qu’elle soit tellement terrifiée de lui qu’elle préfère traverser le putain de Pacifique que le revoir.
__–Donc forcément, ça lasse, quoi, à un moment, les vrais mecs.

__–John s’était calmé. Il souriait, même, dans son somnolement. Boyce, tout excité, se mit à pousser des glapissements de joie et à s’agiter partout.
__–Bah forcément mdr t’as vu comme leur mère irradie du bonheur ?

Le premier réflexe de Minoru fut évidemment de protester. De lui dire qu’il savait. Qu’il se connaissait. Qu’il ne pouvait en être autrement. De lui dire, de lui avouer même, qu’il avait déjà bien souvent décidé à sa place, quand il lui avait menti et qu’elle l’avait trouvé gentil.

Son second fut de s’en trouver indigne et accablé, car ce n’était pas qu’il n’avait pas envie de ressembler au portrait qu’on faisait de lui — si c’était ainsi qu’elle aimait… — mais plutôt qu’il craignait de ne jamais le pouvoir. Et de la trahir.

On ne s’attardera pas plus dessus, déjà parce que c’est la rengaine habituelle, ensuite parce qu’il fallait passer au troisième réflexe.

Pour le décrire… Disons qu’on a beau fuir les autres et se fuir soi-même, il y a toujours des émotions qui courent plus vite que vous.

Dans le cas de Minoru, la niaiserie en faisait partie.
Ou plutôt, car il faut en préciser la nature, la niaiserie absolument banale et naturelle, d’un adolescent qui vient de se découvrir des sentiments et qui reçoit en pleine face l’un des plus beaux compliments de sa vie, asséné par l’un des visages les plus rayonnants qui aient jamais été tournés vers lui.

Une telle émotion n’a pas besoin d’être vraie ni d’être méritée pour naître. La culpabilité peut, au mieux, tenter de la poignarder, mais seulement une fois qu’elle est entrée dans le salon, a mis le radiateur à fond et a commencé à danser partout.

C’est cette chasse qui commença, entre un Minoru qui aurait sautillé de joie et celui qui avait envie de l’enterrer — et s’enterrer — six pieds sous terre. Entre celui qui se souvenait de ces petits instants savourés et celui qui trouvait dans ces mièvreries une preuve de plus qu’il ne méritait pas de les vivre.

Ce n’était certes qu’une autre rengaine qui ne verrait émerger aucun vainqueur net, mais même les vieux disques qu’on connaît par cœur valent le coup d’être réécoutés. Surtout quand ils font adhérer vos jambes au sol et vous rappellent définitivement que trois personnes se trouvent à quelques centimètres de vous, qu’ils vous font ranger cet argent que vous donnerez plus tard et qu’ils vous redonnent un tout petit peu d’énergie pour penser.

Certes, tout ça ne fut pas assez pour formuler une réponse cohérente.

« J… N… »
Il bégaya quelques syllabes, tantôt pour se rejeter en la rejetant, tantôt pour la remercier du fond du cœur, tantôt pour tout esquiver. Tantôt même pour dire complètement autre chose, réagir à un détail lâché bien plus tôt, ou juste s’excuser dans le vent.

Finalement il fit un peu de tout ça :
« Je pense pas que… enfin… mais… m—… merci… et… enfin… pardon… »
Et tourna la tête.

Heureusement pour lui, ce qu’il pourrait dire dans cette situation importait finalement peu puisqu’ils n'avaient plus rien à se dire. Ou plutôt, beaucoup à se dire (vraiment, beaucoup), mais plus pour aujourd'hui. Karen avait été plus que claire sur le fait que Minoru lui plaisait et plus qu’assez intelligente pour savoir que c'était réciproque. De là, ils étaient certes démunis, complètement infoutus de se comprendre, mais ils se l’étaient dit, ou à défaut montré.
Ainsi, tout mouvementé, chaotique et aussi parsemé d’insécurités que soit le chemin, il semblait donc se tracer, au moins pour quelque temps. Aussi floue soit, aussi, sa destination exacte.

Ce constat ne frappa pas Minoru tout de suite. À la place, il tenta de changer de sujet et de renvoyer la balle :
« Toi aussi, tu es… »

Il ne pouvait pas vraiment lui dire qu’elle était gentille. Elle était raciste, homophobe, extrêmement vulgaire et du genre à se mettre en colère à la moindre contrariété.
Mais, bonne question, en effet. Qu’est-ce que Karen avait, qui attirait Minoru à lui et qui n’était ni son physique ni le fait qu’elle restait avec lui alors qu’il était seul ?

« Tu es… brillante… et euh… Enfin, pas brillante au sens de… même si tu… mais… voilà. »
Il n’y avait pas beaucoup de “voilà” qui puisse tenir, puisqu’il n’avait absolument rien expliqué, s’il ne s’était pas enfoncé. Il tenta de rectifier.
« Mais t’as jamais l’air de… Enfin… si… parfois… Mais tu sais ce que tu veux faire… Et t’arrives à pas… »
Il mit fin à son calvaire.
« Et moi je… enfin… je connaissais personne comme ça. »

Dans le petit monde d’où Minoru venait, il n’y avait que des enfants qui essayaient de faire plaisir aux adultes et que des adultes qui essayaient de faire plaisir à leur patron. Tout le monde marchait au pas sur la même ligne droite qui menait de la naissance au travail puis du travail à la mort. Ceux qui faiblissaient ou s’arrêtaient étaient simplement poussés sur le côté, dévorés par la honte, les regards déçus de leurs proches et leur propre désespoir qui en découlait. Il ne pouvait pas y avoir quelqu’un d’assez courageux pour envoyer bouler tout le monde, se tirer avec ses gosses et aller mener sa propre vie à l’autre bout de la Terre avec la tête haute.

Enfin, il y en avait plein, surtout à Terrae, mais c’était Karen que Minoru avait rencontré, ses enfants qu’il avait vu naître et commencer à grandir, ses galères et ses coups de gueule qu’il avait suivi voire parfois subi, et donc elle qu’il admirait.

__–MDR COMMENT IL A HÉSITÉ À QUEL COMPLIMENT LUI FILER. Puis pour lui en donner un qui a zéro sens, Minoru jtm. Oui parce que là du coup Karen a un double effet kisskool suuuuuuper marrant : déjà, bah merci mais tu fais un beau compliment à ton mec et il te répond, genre, je sais pas, « tu fais de la lumière » ?
__–Je crois qu’il voulait dire par là qu’elle était dotée de qualités scolaires.
__–Tu crois ou tu sais ?
__–Je sais, voyons.
__–Bah tu sais ta gueule. Elle est déscolarisée, bouffon. Bref. Du coup, chaud parce que bah quand on essaye de te donner un compliment à toi, c’est un truc qui veut rien dire ou a rien à voir, ce qui fait que bonjour t’as zéro qualités.
__–Ça, ok. ENSUITE. Sa dernière réplique. Dinguerie. Mais Minoru mais je t’embrasse, mais je te prends dans mes bras, mais t’es mon frère, t’es le sang de la veine. Parce que ce syndrome de l’imposteur de SES MORTS que tu lui as filé, wohlàlààààààààà.
__–Et tu t’en réjouis ?
__–’faut bien pousser mémé dans les orties pour qu’elle évolue un peu et grandisse, c’te sale gosse, là.
__–Tsk.
__–« Euh, bah, euh… »
__–J’y consens ; elle rougit, fut penaude, fuit son regard.
__–« Merci mec. J’peux. ’fin. On s’embrasse ? »
__–Quelque part, il a raison le boug après, vlà qu’elle veut passer une étape de plus. Elle fonce comme la shlag de Tonnerre qu’elle est.

Quelques instants passèrent où Minoru se sentit ridicule, parmi beaucoup d’émotions. Il manqua une fois de plus totalement de l’intelligence basique qui était nécessaire pour interpréter correctement la réaction timide de Karen, où il projeta à la place encore un peu plus de honte et d’envie de fuir.

Puis parce que les montagnes russes ne semblent jamais finir, Karen jeta un nouveau coup de pied dans la fourmilière.

«  J… euh… »

Il se posa tout un tas de questions. S’inquiéta pour son visage fatigué qui avait pleuré. Se demanda s’il avait bonne haleine, s’il s’était assez brossé les dents ce matin-là, si les américaines s’embrassaient comme dans les films, si elles le faisaient sur la joue, sur la bouche ou peut-être sur le front.

Parmi toutes ces questions qui fusèrent, aucune ne se demandait s’il devait ou non accepter, à part quelques relents de culpabilité.

« On… peut….E-enfin oui ! M—mais… »

Il essaya se pointer timidement du doigt les quelques passants qui allaient et venaient sur le long et seul chemin qui menait à l’institut. S’embrasser autre part que dans l'intimité la plus totale était, après tout, complètement hors de question au Japon, même si Minoru avait déjà constaté que les mœurs étaient… légèrement différentes dans cette partie-là de Tokyo.

Manque de chance, à moins de courir vers l’institut ou de s’infiltrer dans l’arène, la route était bordée de prairies, avec ou sans fleurs. Il regarda donc de chaque côté, avec l’espoir de trouver quelque part un arbre, ou n’importe quoi, qui eut pu abriter leur — ou plutôt son premier baiser. Puis il eut trop peur de manquer sa chance et prit une décision précipitée en pointant leur gauche :

« Est-ce qu’on peut… juste un peu… quelques pas… »

Les fleurs n’abriteraient rien, mais elles feraient au moins un beau décor. Et puis c’était elles qui avaient commencé à les rapprocher.

C’est qu’on a tendance à oublier que c’est un speed.

__–IL A DIT OUI POPOLO POPOPOPOOOOOOO
__–Hm.
__–« Euh. Euh. EUH. »
__–La gêne de Minoru, sur commettre l’acte en public, était partagée. Même ici, à Terrae, il était important de ne pas passer pour une dévergondée. Certes, la présence d’enfants ne laissait aucun doute sur ce point, mais la réalité n’est rien face aux mensonges qu’on se dit à soi-même et sa bague de virginité était là pour en témoigner.
__–Cas archiclassique de « ah bordel j’ai pas réfléchi aussi loin et paf les conséquences de mes propres actions dans la gueule. »
__–« Ouais, non mais t’as raison, on rentre d’abord, hein. Puis ’faut les coucher. »
__–Boyce et John étaient bel et bien toujours là.

Soulagement profond ou déception de voir la tension redescendre, il ne sut toujours pas ce qu’il ressentait.

« O…oui. Ils doivent être fatigués… »

Ils rentrèrent donc, après quelques minutes de silence et de banalités où Minoru se repassa ses rengaines tandis qu’il interagissait très vaguement avec les jumeaux.

En conséquence de cette pause, il redescendit un peu, dans le bon sens comme dans le mauvais. Il avait eu le temps de se dire que c’était une mauvaise idée, que ça n’irait nul part ou que ça irait trop mal, autant que celui de se répondre que ce n’était pas si grave. Il l’avait imaginée déçue et s’en allant, heureuse et le complimentant, en colère et l’accusant…

Oui, bon, speed, on a dit.

Le cadre du shojo s’était donc déplacé jusque dans la chambre de Karen, où quoi que perdu dans ses pensées et peu loquace Minoru l’avait aidée à coucher ses enfants. Avant que cela ne soit fini, toutefois, il avait profité d’un moment pour faire un aller-retour dans sa salle de bain, où il avait assouvi toute envie urgente et répondu à toute question qu’il se posait sur son visage et son haleine. Il avait même hésité, avant de partir, à ajuster légèrement ses traits pour offrir une vision quelque peu plus glorieuse à Karen, mais il avait depuis longtemps tellement épuisé son pouvoir que celui-ci l’avait à peine dérangé pendant les montagnes russes. Et puis elle risquerait de se moquer de lui.

Quand bien même il était… certes pas prêt, mais encore un tout petit peu courageux et motivé, Minoru fut victime d’un autre archiclassique, le « j’ai ce sujet qui m’obsède mais j’ose pas relancer car j’ai peur que ça fasse bizarre et qu’elle ne soit plus intéressée ». Il ne s’imaginait tout simplement pas lui balancer un “Bon du coup, on s’embrasse quand et comment ?” façon Karen.

Il lui adressa donc ce regard en coin malaisé que font tous les gens qui veulent absolument réaborder un sujet mais n’osent pas le faire.

__–Oui. Alors. Le problème. C’est qu’elle est pas télépathe. Donc le coup de poser une question à voix si basse que j’l’entends pas, ça marche pas.
__–Pourtant, tu sais qu’il y a une question, me trompe-je ?
__–Oui, enfin, oui parce que le 4e mur c’est pour les connards, mais sinon bah non, j’peux même pas spécialement sentir qu’il a des doutes et qu’il se demande des trucs et tout, parce que ça c’est Minoru H24, comment tu veux que je devine que là c’est un truc précis ?
__–Argument entendable. Karen entreprit donc de les coucher, pendant que Minoru était parti, disons, se repoudrer le nez. Il revint avec l’air de quelqu’un qui était prêt à poser ses lèvres sur d’autres et en même temps, qui n’avait jamais fait cela et appréhendait plus que jamais dans sa vie.
__–Minoru normal 100 % du temps, quoi. Déso frère. Elle capte R.
__–« Bon, gars, j’suis explosée. Ça va être bouffer et au lit. Viens, là. »
__–Bon quand-même, tu pars pas à poil, elle te prend dans ses bras et tout, voilàààààà.
__–« Merci pour l’aprem. C’était. Le bordel. Mais c’était cool. T’es cool. Ok ? À demain ? À demain. »
__–Et de vrai, c’est un exploit qu’elle ait réussi à montrer autant de, genre, d’attachement sincère et tout pour un boug. Et oui, ça finit comme ça, tout c’foutoir. Bah heh. Comment tu dis ?
__–Anticlimatique.



__–Minoru l’avait invité.
__–Ou, elle l’avait invité. C’était encore fort peu établi. S’parler ça vaaaa, ils ont passé ce cap, communiquer ça travaille, être clairs c’pas encore ça, hein. Disons que, Karen s’était arrangée pour que Katara prît ses enfants un jour de cette fameuse Golden week, afin qu’elle pût le passer avec celui qui était maintenant très officiellement son chéri. Un programme fort simple, ma foi : se promener dans Tokyo, ses quartiers qui faisaient le plus carte postale, faire découvrir la ville à Karen… et à Minoru aussi, quelque part.
__–Or, ennui. Tracas. Embêtement. Nul ne pouvait sortir de Terrae sans un master.
__–Bah d’où ennui frère, en plus Karen a appelé Nico ! Trop bieeeen on va le revoir ! Non puis, il a été super cool, elle lui a demandé gentiment, ouais, GENTIMENT, avec un steuplé et tout, puis il a dit, attendez je cite : « AH. Pourquoi pas, allez. » Et hop. En or ce mec.
__–Le voilà, l’ennui.
__–Ainsi, Karen attendait devant les grilles. Elle avait tout de même prévenu son homme qu’un master les accompagnerait. L’espace d’un instant, elle se demanda si l’air de punk à chien de Nicolas inquiéterait Minoru.
__–Non ça c’est juste toi espèce de gros chrétien de merde mdr.

Techniquement, Nicolas est sensé lui aussi profiter de la Golden Week. L'université est fermée mais pour le Midori no Hi, le 4 mai, la plupart des étudiants se retrouvent dans le parc du campus, profitent des beaux jours pour réviser ensemble à l'extérieur ou prendre une bière à la fraîche. ...Et il n'avait pas vraiment envie d'y aller cette année. Déjà parce qu'il doit s'habiller de manière "correcte" à chaque fois qu'il doit aller à la fac... donc s'il pouvait éviter de mettre une chemise un jour de vacances, il va pas se gêner. Ensuite !... Ensuite rien. Ouais c'est petit comme argument, il sait, je sais, on sait...

Pourtant quand Karen lui demande de l'aide et de servir de chandelle lors de son rendez-vous avec son p'tit copain -dans aucun monde elle l'a formulé comme ça ouais mais c'était un peu obvious quoi mdr-, il réfléchit rapidement avant d'accepter. Servir de chaperon pour qu'un petit couple s'amuse et profite de la Golden Week pour se bécoter alors qu'il est fraîchement célibataire ? C'est super !... Eh, il est triste, pas aigri hein. Et puis il adore voir des adolescents galérer à s'avouer leurs sentiments ; c'est le k-drama des Sensitifs.

Il arrive donc aux grilles avec une clope au bec, puisqu'il n'aura peut-être pas l'occasion de le faire librement dans les rues de Tokyo, mains dans les poches, rangers et chaines cliquetantes, pantalon et manteau de cuir. Normal quoi. :

-Hey~ Karen. Tiens. il lui tend deux cartes. Tokyo Free Ticket pour la journée, voyages illimités pour toutes les lignes de Tokyo et tous les bus. You're welcome.

L'avantage de demander à Nicolas de sortir dans Tokyo ? Il sait où et comment trouver ce qu'il faut pour passer une bonne journée.

Finalement, le sujet ne revint jamais que sous la forme d’une courte étreinte et d’un au revoir.

Mais quel doux au revoir et quel doux toucher il avait senti cette fois, alors que ce n’était pas lui qui s’accrochait désespérément à elle mais elle qui lui montrait son affection de la manière la moins ambiguë qui soit.

— Merci, à demain.

Il était reparti avec son plus grand sourire et la tête encerclée de papillons qui dansaient.

Certes, il s’en était fallu de beaucoup de détours pour que l’amour prenne timidement son envol, mais il commençait enfin à rayonner chaque jour un petit peu plus dans sa vie.




Voilà presque un mois qu’il bourgeonnait.

Ce à un rythme plus lent encore que la fleur la plus lente qui ait jamais existé, s’il était seulement nécessaire de le préciser. Ils avaient certes évité le retour arrière et le statut quo, mais c'était juste assez juste assez pour changer leur façon de se regarder, se sourire un peu plus niaisement et, parfois, oser promener leur main sur les contours de l’autre — seulement ceux qui dépassaient de leurs vêtements.

Pour Minoru, évidemment, chacune de ces petites avancées avait été la source de tracas que le temps guérissait à petite dose. Sans parler des fois où il ressassait cette journée et mourrait de honte pendant les deux heures qui suivaient, il s’était surpris plus d’un fois à rêvasser pendant ses révisions, terminer ses soirées par de longues recherches internet qui témoignaient de sa profonde naïveté sur le sujet, ou encore faire assez de plans sur la comète pour doubler le volume de ladite comète. Auprès de Karen, il alternait entre ses non-dits teintés d’angoisse habituels (quoi que renouvelés dans leur objet) et des moments, encore un peu timides mais réels, où il se plaisait à apprécier paisiblement un moment, une journée, une étape. Petit à petit, il apprenait ce qui lui plaisait, à lui comme à elle, voire osait se prendre au jeu de les chercher. Puis, le soir, il rentrait, et il se demandait si c’était assez, si ils n’étaient pas supposés aller plus vite, si leur couple en était vraiment un et s’il ne fallait pas franchir telle étape qui revenait toujours dans l’inconscient collectif.

Bref, il ne pouvait échapper ni à l’envie de provoquer de nouveaux sourires ni à la peur de les épuiser. C’est pourquoi il était tant angoissé que rassuré de voir que les choses allaient lentement.

Et c’était exactement ce qui l’avait tracassé en anticipant ce qu’il voyait comme leur premier rendez-vous. Ou, du moins, le premier qui marquait une petite rupture avec la routine, car ils se voyaient en réalité tous les jours et que peu de lieux à Terrae n'avait pas vu leur niaiserie s'étaler partout. Là, ce serait la première fois que Karen découvrirait le Japon dans lequel elle vivait depuis bien des mois déjà. Devait-il l’emmener voir la tour de Tokyo, visiter un de ses plus grands temples ou se promener au milieu de ses plus beaux parcs ? Fallait-il au contraire qu’il y trouve quelque chose d’américain, pour lui rappeler un pays qui devait lui manquer — à défaut de ses habitants ? Voulait-elle voir de la culture, de l’art, de la gastronomie, rien de tout ça ?

Il avait passé des heures à se renseigner comme un touriste préparant un voyage de deux semaines, pour finalement se rappeler que ni elle ni lui n’auraient l’endurance de faire toutes ces activités en une petite journée.

Et puis, passer juste un moment simple ensemble, c’était peut-être pas mal. Ils pourraient revenir autant de fois qu’ils le voudraient, non ?

C’est en caressant cette douce idée que Minoru marcha vers le portail. Il reconnut de loin sa petite-amie (le terme n’avait pas tout à fait fini de provoquer un court pic de félicité lorsqu’il osait se le prononcer) et se précipita vers elle en traînant avec lui toute l’excitation qui l’habitait depuis quelques jours.

Alors qu’il la rejoignait tel un prince sautillant dans une prairie trop rose pour atteindre sa belle sous une pluie d’effets spéciaux extradiégétiques, il remarqua Nico.

Enfin, plutôt, il remarqua le Master dont il ne connaissait au mieux que le nom, à défaut d’avoir eu une occasion de lui parler. Son aura lui inspirait une sympathie obligatoire, mais sa dégaine quelques émotions plus mitigées, allant du rejet vis-à-vis de sa consommation de cigarette (en espérant qu’il ne comptait pas fumer toute la journée et les obliger à le suivre) au mauvais exemple que cela donnait, en passant par une certaine admiration cachée car il le trouvait franchement cool, et bien sûr le classique “Quelle relation a-t-il avec Karen exactement ?”. Bref, il lui faisait l’effet d’un grand nombre de Terraens : un mélange de choses à désapprouver et de choses à admirer, lesquelles étaient souvent indissociables.

Il se rapprocha timidement de lui pour se présenter.
— Enchanté, je suis Minoru. Merci de nous accompagner aujourd’hui…
En fait, oui, c’était ça qui importait, réalisa-t-il. Il faisait certes son travail, mais son allure suggérait que Karen ne lui avait pas trop forcé la main.

D’ailleurs, en parlant de Karen, il laissa errer ses yeux quelques secondes, remarqua les tickets sans en comprendre l’origine, puis focalisa enfin son attention sur elle. Commença alors un échange de regard qui serait certainement représentatif de ce à quoi Nicolas allait assister toute la journée. Un petit concentré de shojo, de silence hésitant, de sourire, qui culminait au bout de longues et interminables secondes sur un “Bonjour” complètement banal mais qui semblait avoir été réfléchi pendant des heures.

— Tu es prête ? osa-t-il demander, avec la même pesanteur, tout en vérifiant lui-même qu’il avait amené ses notes sur “toutes les choses à voir à Tokyo”, son maigre salaire pour acheter à Karen tout ce qu’elle voudrait et de quoi boire pour trois personnes.

__–Il est lààààà hihihi puis en vrai j’adore son style et tout.
__–Moi, non.
__–Toi on s’en fout. Mate, même Karen elle lui sourit.
__–« Salut. Merci d’être venu, c’est cool. »
__–Et on passe au plat de résistance. Minoru. Parce qu’il est à croquer. Hihi. Bref. Alors. Karen en vrai, les punks ouais ça pourrait la défriser un peu, mais c’est Nico c’est pas pareil, puis ils se connaissent un peu à force et ils… enfin, elle l’aime bien, quoi. Et je pense qu’il a surtout pitié d’elle. Mérité. Bref. Minoru, il est plus… Ah bah pareil en fait. Gêné et il l’aime pas trop et il le trouve classe et tout ça en même temps. Normal qu’ils se kiffent nos deux ados, ils pensent pareil, dans le fond.
__–Non.
__–Quoi qu’il en fût, Karen rougit légèrement à l’arrivée de son homme, heureuse qu’elle était de le voir.
__–Nico se montra néanmoins fort prévenant : Karen avait quelque idée de ce que pouvait bien être un métro, cette création de démocrates pour priver les Américains de leurs voitures, mais elle n’y était jamais entré. Ne disait-on pas que c’était un lieu de vice et de péché, où vivaient les clochards, où l’on prenait du crack à tous les coins de couloir et où chaque recoin sombre était un lieu d’embuscade pour quelque minorité ethnique désireuse de vos effets ?
__–Certainement pas, raisonna-t-elle ; nous n’étions point à New York.
__–« Oh mais énorme, merci. Mon gars, –Minoru, en substance –, j’te fais confiance pour m’expliquer comment ça marche. »
__–Et puis, c’était tout de même un premier rendez-vous galant.
__–« Hm, dis… »
__–Allait-elle oser…? Peut-être pas en présence de Nicolas, tout bien réfléchi.
__–« On y va ? J’suis sûr t’as prévu des trucs de fou et tout, j’y vais comme ça hein, juste se promener c’est sympa, t’façons on pourra y retourner. »
__–Elle ne prit pas sa main, mais le cœur y était.

Nicolas remarque donc Minoru qui arrive et perçoit directement touuuutes les émotions qu'il dégage... pourtant ça le fait sourire. Il le connaît déjà et il ne le sait pas. Parce qu'il l'a déjà croisé, pour commencer, mais aussi parce qu'il est un livre ouvert. Pour lui en tout cas. Le voyant se présenter de manière... très japonaise hein, y'a pas à dire -Nico a l'expérience avec ses kôhai... il fait de même, en se penchant un peu, après avoir éteint sa cigarette dans son cendrier portable. Poli, et voulant rassurer le jeunot en passant. N'ayant pas sa puce, par habitude, il lui répond en japonais. :

-Enchanté Minoru, je suis Nicolas. Je serais votre gardien pour cette journée.

Il les regarde un instant échanger, n'osant pas les interrompre d'emblée, mais il est bien obligé de préciser au bout d'un moment. :

-Vous partez quand vous voulez. Aujourd'hui, je suis votre ombre juste pour vous empêcher de faire des trucs pas légaux pour votre âge et de vous faire agresser. Ah. Si, et je suis là aussi si vous avez peur de vous perdre mais tant que tout se passe bien et que vous ne me demandez rien...

Il lève les bras au ciel... Si vous vous demandez s'il est capable de les laisser se tromper de direction dans le métro tokyoïte juste pour leur laisser l'expérience de le faire, c'est un oui. ...Et s'il a envie de fumer durant cette journée ? Ben il attendra, eh.

Tout ça pour dire, Nico est en off pour la suite... Il va profiter du spectacle tranquillou, appelez-moi si vous avez besoin, bande d'amoureux lô ... A qui tu parles ? Le quatrième mur. Ah ok... ...HEIN ?