Encore heureux que j'ai pas une tronche de tueur en série Lys. Je comprends aussi que mon état actuel, entre mes lunettes tordues et mon bras endolori, je suis loin de la figure mythique de Jason et des monstres du genre.

"C'est généralement pas marqué sur le visage du type qu'il a l'intention de te tuer. Au contraire ils sont en général connu pour leur capacité à se fondre dans la masse. Une personne que tu ne soupçonnerais jamais peut être le nouveau Jack l'éventreur."

Je la regarde droit dans les yeux avec l'air le plus sérieux du monde avant de sourire, bêtement amusé par ma connerie. Oui je trouve ça drôle? Et alors?

"Belle éloge du capitalisme. Au moins tu cherches à faire prospérer le système. Puis on va quand même t'accorder un demi point pour l'aspect préparation de la pizza qui doit quand même demander pas mal de travail. Ça me fait d'ailleurs pensé qu'on m'en avait proposé si ma mémoire n'est pas trop boiteuse."

Il n'y a pas de petits profits . Puis c'est pas mauvais même si ça pèse pas mal sur l'estomac. La moitié d'une me met au tapis pour une heure. Je lui accorde un regard attendri alors qu'elle m'avoue la faiblesse de ses limites quand il s'agit de se taire.

"Je crois que j'avais déjà envisagé un scénario similaire. Je peux tout à fait comprendre à quel point le besoin de parler peut-être pressant parfois! Tu vois moi de temps à autre, je me laisse aller à parler un moment, en général les gens son surpris la première fois genre "Oh il parle lui?!" Bien évidemment que je parle, j'essaie juste de pas raconter tout ce qui me passe par le fond du cervelet . Je veux dire c'est normal de faire le tri non? Puis j’avoue en toute sincérité ne pas oser dire tout ce que je pense, parce que des fois ma pensée dépasse largement la mesure de ce qui devrait être exprimer. Une forme de laisser-aller je suppose. Bref tout ça pour dire, je pourrais pas me contenir plus de quelques minutes, sauf cas de nécessité absolue... Mais bon ça se présente plutôt rarement."

La jolie blonde m'interroge sur la rencontre au café, invoquant malgré elle ces souvenirs, me rappelle ces instants de frustration et cette savoureuse sensation de petite victoire que cet événement. Du coup bien évidemment, je lui raconte l'incartade, me repositionnant sur mon assises, j'entame mon récit.

"L'autre jour, je me suis levé de bonne heure pour bricoler un peu ma cabane, me poser un fil pour faire sécher le linge les trucs de base quoi. Ayant été plutôt productif, je décide d'aller me prendre un petit café en ville avec éventuellement un croissant et un jus, le classique. Entrant dans le café, je prends place dans la file et là un gars, grand, cheveux blanc du mec qui se fait trop de soucis, yeux verts qui cherchent la merde, bref un emmerdeur, décide que c'est sa place et me pousse sur le coté pour passer devant moi. Pas fou, je décide de ne pas chercher ouvertement le conflit et tente de légitimer ma place en laissant une demoiselle passer devant nous, me plaçant derrière elle comme il est normal de le faire après avoir cédé sa place. L'autre brute décide que non, il me soulève par les aisselles et me pose derrière lui. Forcément je le regarde très mal. Du coup, vu qu'il a choisit de faire bloque, et qu'il avait l'air plutôt sûr de sa force , j'ai décidé de l'escalader d'un bond. Il avait déjà tué le respect tu comprends? Il bronche pas re recommence à me déposer derrière lui sans baisser sa vigilance. Alors je décide d'en jouer, laisse passer le temps et fonce droit vers lui, tout sourire. Il s'attend à ce que je fasse un truc mais ne voyant rien arriver, il me laisse passer par défaut, un poil déçu je suppose. Je m'attends à ce qu'il tente un troisième fois de me porter comme un sac, alors je lui fais face. Là il décide de me mettre une pichenette en plein front. Truc que je n'ai saisi qu'à ce moment là, c'était un Titan. Et j'ai eu mal. Et j'ai vu rouge, je me suis redressais et j'ai envoyé mon pied et toutes mes forces directes dans ses bijoux de familles. Devant une dizaine de personnes.... On s'est fait bannir du café. J'suis allé à la cafét du coup, mais le café est pas terrible là bas."

Au commentaire de Lys, je me tente à remettre mes lunettes dans une position qui me semble acceptable, cherchant un semblant de parallélisme entre les deux moitié de la monture. En vain. Un soupir vaguement agacé m'échappe alors que je me laisse aller à l'abandon, j'en ai de rechange à la cabane de toutes façons, je m'occuperai de redresser celles que je porte plus tard.

"Oh tu sais je parlais pas forcément pour tout de suite. J'ai déjà tellement mangé ce soir. Puis, si je mange, elle est où la place pour ma vodka? Je vais pas l'abandonner au fond de sa bouteille quand même?"

Je me permets de mimer les intonations de la jeune femme, serrant contre moi la dite bouteille avant de l'ouvrir pour m'en boire une lampée qui vient me rincer la bouche, me brûler l’œsophage et tomber droit dans l'estomac, me donnant un léger coup de fouet qui vient soutenir mon long récit.

Qui se conclut par une question, et une réponse dans la foulée, de Lys qui me tire un éclat d rire. Le destin, pour autant qu'il en existe un, m'aura soutenu dans l'adversité pour une fois.

"Et bien voilà au moins une bonne chose de faite. Maintenant je me dis que tu aurais dû vider la caisse du chat dans les draps, histoire de. Mais ça aurait peut-être été de trop. N'empêche la satisfaction en moi est grande."

Mon hilarité se transforme rapidement en sourire coupable quand Lys m'envisage énervé. Je tire un sourire un peu gêné et lui avoue :

"Il m'arrive d'être sanguin quand les gens ne font visiblement aucun efforts. Tu vois les types bourrés, à mon sens ils ont cherché la merde, les tartines qu'ils ont mangé étaient justifiées. Le nippon ténébreux aux yeux de publicités pour les chewing gum, c'était sûrement un peu moins justifiable, pas grand chose justifie un coup direct dans les valseuses. Mais c'est efficace. Et quand je suis soulé, je vise l'efficacité... Mais du coup j'ai pas eu mon café, je doute des bénéfices que cette victoire m'a apporté d'un coup."

Depuis un moment, un truc me perturbe. La putain de courbe que je vois juste au dessus de mes yeux et qui gêne, légèrement certes mais gêne quand même, mon champs de vision. Je renonce à tout et décide de les poser sur le bureau non loin, me massant les yeux avant de les rouvrir sur un monde où tout est un peu plus trouble.

"Mais t'en fait pas, je ne m'énerve jamais. Au pire je m'agace. En général, je fini par lâcher le morceau avant de m'énerver."

La jeune femme commence à ouvrir portes et placards pour sortir je ne sais trop quoi. Contraint pas la nécessité, je me lève à mon tour, verre à la main et aux lèvres, et me rapproche pour étudier de plus près son bricolage. Elle semble déterminée à se lancer dans la confection de pizzas visiblement.

"Tu es sûre d'avoir envie de faire ça à cette heure? Puis on vient de manger non? Après, je suis sûr que c'est super bon. Mais on est parti pour un moment quoi!"

Ce sont les rares protestations que je parviens à tirer sans risquer de passer pour un ingrat parce que c'est quand même fort urbain de sa part d'honorer si vite sa parole.

Lys semble être d'accord avec moi. Tout victorieux que j'étais, j'ai probablement manqué de classe. Ce sont des choses qui arrivent je suppose.

"La prochaine fois, je tape en plein visage du coup. Si il lui manque des dents c'est de la faute des gens. Puis si jamais il est devenu stérile, j'aurai fait une bonne action!"

Je crois que le manque de conviction s'entend dans ma voix. La mauvaise foi aussi. Je lui offre un sourire amusé alors qu'elle me taquine pour la millième fois de la soirée. D'une voix profonde et grave, qui se voulait suave, je lui répond.


" Toutes les beautés ne peuvent être aussi frappantes que toi."

Mais je ne garde pas la blague beaucoup plus longtemps, surtout parce que ça me fait mal à la gorge. Ouais! faut prendre soin de soi.

" Et toi encore, tu n'as pas eu besoin de pouvoirs de Titan. Lui il en a abusé et au final, il s'en est plus mal tiré que moi. Tu as plus de mérite je dirai. Au moins au niveau de l'usage de la force brute. Pour le reste je dis pas."

Je lui adresse un sourire quand elle m'assure qu'elle sera sage. Je vais pas la manger. C'est pas le genre de la maison. Je pense pas qu'elle risque de m'énerver vraiment et en plus ses pouvoirs pourraient la prévenir qu'elle flirt avec la limite.

"Je pense que tu peux être sereine, en général que je ne côtoie pas les gens qui sont susceptibles de m'énerver. Toi, je te trouves tranquille et fun. T'emmerdes personne, t'es polie et serviable, aimable et avenante. Je vois pas ce qui pourrait aller mal. "

Quelque part, je me sentirai presque vexé de ce que ses mots suggérés, mais au final non je comprends bien, on se connait peut et je suis un poil bizarre. Faut bien qu'elle se méfie un minimum. Même si elle m'a invité chez elle.

Un ricanement m'échappe alors que son hyperactivité la démange. Je la comprend. En ce qui me concerne, j'ai déjà dépensé pas mal d'énergie aujourd'hui, et l'alcool aidant, je sens sur moi suffisamment de pesanteur pour vouloir globalement me tenir tranquille.

"Nan mais je comprends. Juste une question comme ça en passant... On va avoir des pizzas ou pas?"

Faut pas déconner, c'est quand même pas mauvais. Puis fait maison, j'ai jamais tenté. Autant voir ce que ça donne, Lys semble si motivée.

"Bah ouais forcément, à ce niveau là, à vous deux, ça doit foutrement manipuler les gens. Faut-il vraiment vous laisser avec tant de responsabilités? Est-ce bien sage?"

Une part de moi dira toujours non. Une autre aurait tendance à dire oui parce qu'elle voit mal Lys en faire mauvais usage, enfin trop mauvais usage en tout cas. Elle va pas aller braquer des banques avec. J'espère....

Elle semble quelque peu perdue après ma vocalise. J'étais si ridicule que ça? Elle ose pas rire de moi en face? Je peux comprendre avec le recul c'était un peu con. Aussi je passe mentalement l'éponge sur cette partie du tableau et reprend là où je m'en étais arrêté avec mon verre alors que Lys déclare le début des hostilités. Demain le soleil sera rouge. Rouge de la sauce tomate de nos pizzas! Je m'emballe moi.

Je bloque un instant devant le compliment qu'elle me lance. C'est que maintenant qu'elle remarque que eje ne porte pas mes lunettes? Un coup d’œil aux bouteilles m'apprends qu'il y a peut-être une bonne raison à cela. Puis l'instant d'après, elle s'enfuit dans la salle de bain pour se changer à nouveau... Les femmes? Je sais pas trop comment le justifier d'un coup.

Je me tourne donc vers la cuisine pour regarder ce qu'elle a sorti, quand me vient l'idée suivante. Je vais avoir besoin d'aller au toilettes. Avec un peu de chance, elle laissera mon T shirt dans la salle de bain, j'aurai plus qu'à le détourner tranquillement.

"J'aurai peut-être dû demander ça pus tôt mais ça va nous prendre combien de temps cette affaire?"

Je hausse la voix pour que Lys puisse m'entendre à travers la cloison. ... Pourquoi ce n'est que maintenant qu'un four et des plaques de cuisines dans une chambre me choc? Elles ont vraiment un problème avec la nourriture. L'investissement est totale, la dévotion aussi visiblement.

"Tout le monde à ça ici? J'veux dire un four dans une chambre comme ça.... C'est pas banal."

Je remettrais bien mes lunettes pour lire plus facilement qu'en rapprochant les objets de mon visage, mais c'est plus fort que moi, les lunettes tordues me donnent la migraine.

Au moins elle est honnête avec elle même, elle pourrait faire mauvaise usage de ses pouvoirs. Bizarrement, c'est ça qui a le plus de chance de contrecarrer l'existence de ce mauvais usage. Savoir qu'on est défaillant et se tenir prêt à se ressaisir. Je me sens nettement moins préparé à aider en quoi que ce soit quand Lys m'annonce le délai de deux heure. C'est long !

Le Tshirt avec lequel elle se présente à moi est beaucoup moins élégant, marqué par des tâches qui ressemble à celle qui ne partiront jamais, pénible souvenir d'incompétence si il en est. Je jette toujours ce genre de truc. J'aime pas ça, l'existence visible d'une de mes conneries me gonfle.

"Ça se tient, c'est presque être bon gestionnaire. Même si le gérant avisé sait qu'il ne faut pas tomber dans l'excès, vous avez choppé un problème et tordu son coup jusqu'à ce que ça ait la forme qui vous arrange. C'est un style."

Lys se prépare pour la lutte qui nous attend, je reste derrière elle, novice dans cet art, bleusaille sur le front de sa première guerre.

Les deux heures qui suivent m'auront prouvé le contraire. Il n'y a rien de bien compliqué juste de la patience et un peu d'attention. Attentif aux commentaire de Lys, je me suis globalement contenté de l'assisté, assimilant les étapes alors qu'elle les réalisait devant moi.

Elle décide de nous resservir à boire pour fêter cela, aussi je prend mon verre et en vide un quart d'un traite. Du sucre, c'est bon, ça alimente le cerveau à court terme. Bon l'alcool c'est pas l'apport le plus constructif mais au moins il se passe quelque chose.

"J'admets volontiers que c'est plutôt marrant. Et c'est plus physique qu'il n'y parait. Par contre l'odeur est insoutenable. J'aimerai pas vivre près d'une pizzeria pour cette raison. L'odeur sur pain sur le feu, c'est réconfortant."

Je souris à sa remarque, un poil amer comme toujours à ce sujet. J'aurai aimé avoir de bon yeux, ne pas avoir à porter ces fichues lunettes.

"Mon père me disait que c'était pour que je me tienne sage, parce que si je m'agite trop, mes lunettes vont tomber et alors je ne verrai plus rien. Perso je suis juste dégouté, ça m’handicape pour plein de sport. Puis faut y faire attention, pas les rayer, et machin truc. Ça me gonfle un peu mais faut faire avec."

Elle se soucis à nouveau de mon bras, me l'attrapant avant que je puisse protester de quelques façon que ce soit. Je ne lui dirai pas que le mouvement forcé qu'elle me fait faire me fait mal par contre....

"C'est ultra raciste tu sais? C'est pas parce que je suis suédois que je dois forcément gérer des prédateurs sauvage. Si tu veux tout savoir en ce moment le prédateur le plus hostile pour moi dans mon abri, c'est le moustique. Aberrante saloperie volante."

Nan c'est vrai quoi. De toutes les merdes nécessaire à l'existence pourquoi faut-il qu'il y ait les moustiques, c'est chiant parfois mortel, et la plupart du temps inutilement casse pieds. Je m’échoue sur le canapé, finissant mon verre,k plus parce qu'il m'embarrasse qu'autre chose et le pose sur la table basse. C'est fou ce qu'il y a comme mobilier dans cette pièce.

"J'ai plutôt hâte d'avoir ma chambre. J'crois que je vais passer les premiers jours enfermé roulé dans mon lit à bouquiner pour me remettre de tout ça."

"Je vois bien le truc, La jolie et mystérieuse pizzaiola itinérante, illuminant regards et papilles sur son passage, disparaissant du jour au lendemain, ne laissait derrière elle qu'un doux rêves gustatif . Pas besoin d'être téléporter, l'homme a inventé le moteur à explosion pour ça. Ou un moteur électrique comme ça tu es autosuffisante et tout! La pizza mobile de vaut rêves messieurs dames."

Je n'ai pas une carrière devant moi dans le marketing c'est clair. Mais n'empêche l'idée est pas mauvaise, tu dois avoir la paix. Par contre niveau paperasse ça doit être chargé comme train de vie. Peut-être pour cela que Lys voudrait être télé porteur pour ce faire, c'est vrai que ça serait plus simple. Puis là l'huissier il peut toujours essayer de te suivre.

"C'est contre indiqué, petit soucis ophtalmologique qui fait que j'ai tendance à avoir la rétine un peu sèche,les lentilles sont pas trop recommandées dans ces cas là. Je te remercie . T'inquiète pas Lys, j'ai l'habitude que les gens trouvent ça surprenant."

Je suis partagé entre rire et outrage alors que l'histoire de Lys sur ma rencontre avec un ours. Mais j'avoue que la vérité ressemble à autre chose.

"En fait ça ressemble plus à un Søren qui se fige, le visage qui se décompose alors que l'animal qu'il venait d'abattre s’avérait être le casse croûte d'un adorable nounours scandinave qui l'a plutôt mauvaise. Ça grogne et ça couine, je ne et dirai pas qui a fait quoi mais je renonce sagement à encocher ma flèche et dans la panique je grimpe à l'arbre le plus proche. Sauf que c'est pas complétement naze en escalade ces animaux, je l'ai découvert ce jour là. J'ai cru que l'arbre allait rompre sous son poids alors que je grimpais vers la cime. C'est finalement parce que les branches sont devenus trop fines pour lui, il a dû cesser la poursuite. J'ai passé une heure accrocher à mon arbre avant de bien vouloir redescendre."

Je suis Lys dans son éclat de rire avant que celle-ci ne commence à spéculer sur mes futurs pouvoirs. J'y ai déjà réfléchi et j'avoue ne pas trop savoir où me placer. Terre si j'écoute mon instinct mais de nos jours il a tendance à n'être que modérément fiable. Un peu trop logique et mécanique.

"Merde les trois où se trouvent les pouvoirs que j'aimerai ne pas avoir. La télépathie c'est mort je refuse le pouvoir, sensitif, j'accepterai une période d'essai et voyant, oh mon dieu pitié non, pas voyant. Je veux pas, ça va me rendre fou. Je vais vouloir contrecarrer les prédictions en permanence, j'aurai plus de vie après."

Je prends un instant pour réfléchir et demander à une cigarette à Lys qu'elle me temps accompagnée d'un briquet. Quel prévenance. Je me demande à la même occasion pourquoi je ne sourcille même pas alors qu'elle me traite plus ou moins de tueurs en série. Relâchant une bouffé de fumée, je reprends donc :

"Le bon pan serait Air ou feu parce qu'ils on pas les pouvoirs les plus encombrant. Mais je ne pense pas faire un bon feu et si je t'écoute depuis le début de la soirée, je suis un vieux grincheux terre à terre du coup, Air ça me semble compromis. J'ai plus qu'à toucher du bois. Tu aurais aimé avoir autre chose?"

Je suis trop loin pour voir Lys correctement, je décide donc de prendre sur moi et me relever à nouveau pour aller m'asseoir plus près d'elle, là où mes yeux ne souffrirons plus pour la regarder quand je lui parle.

"Je te remercie."

Il n'y a pas grand chose d'autre à dire à un compliment si? J'ai pas l'habitude, je crois, d'être complimenté. En général je m'attends d'avantage à me faire rabrouer. L'habitude je suppose. Quoiqu'il en soit, Lys semble bien s'amuser de ma narration. Elle pose bien entendu la question qui fâche, je la regarde, un brin de détresse dans le regard.

"La vie est parfois une garce. J'ai dû attendre un mois avant de recevoir les nouvelles. Faisait particulièrement pourri niveau climat, on évitait les longs trajets. Pour ça aussi que je devais chasser, pour avoir un truc à bouffer. Bref la loose."

Dans ce cas par exemple, je suis fait sévèrement rabrouer, genre j'avais volontairement croisé l'ours. Je voulais juste un peu de viande pas séchée moi.

Comme tout le monde, Lys aurait souhaité un pouvoir différent, normal je suppose. Je souris en entendant les pouvoir qu'elle aurait choisi.

"J'aurai pris la même chose si j'avais eu mon mot à dire. Mais comme tu l'as si bien dit, c'est celui qui nous convient le mieux qu'on va recevoir pas celui qui nous plait."

Un éclat de rire m'échappe devant le cynisme momentané de la blonde. Je ne m'y attendais juste pas .

"C'est un peut ça je suppose. La vie t'offre un peu d'eau avec ton sel. On va pas dire non. Sauf si c'est eau voyant. Ou Télépathe. "

Je sais pas pourquoi cela m'effraye autant. L'insécurité est forte en un homme. Je me perd un instant dans la contemplation de la pizza dans le four. J'ai l’impression d'avoir zappé un truc depuis un moment. Ah oui. L'enfantillage, c'est bien ça. Je me tourne vers Lys, l'air le pus sérieux du monde et la poke à nouveau, dans la joue ce coup ci.

"T'as cru que j'avais oublié hein?"

Lys et moi partageons donc notre respect pour ceux qui ont la force de vivre avec ces pouvoirs. J'imagine pas à quoi cela peut ressembler, les pensées d'une personne. Bien entendu, j'ai les miennes mais je ne suis pas sûr qu'il soit judicieux de se dire que les fils de pensés de ressemblent.

"Genre imagine passer ta vie à entendre les pensées de ta coloc quand elle est à coté de toi. J'imagine qu'avec ses émotions déjà, ça doit pas toujours être de tout repos, mais si en plus tu pouvais comprendre ce qu'elle pense, va savoir ce que tu en tirerai."

Perso, ça me fait peur qu'on puisse lire mes pensées, c'est pas très rationnel mais y a t-il des choses rationnelles a Terrae, je vous le demande? Oui quoi qu'il en soit.

Lys me foudroie du regard un instant après que le contact ait été rompu avant de se fendre d'une large sourire, annonçant d'office que c'est un combat qu'elle compte bien mener.

"Ne t'en fais pas pour moi tu veux?"

Voilà tout ce que je lui répond alors qu'à nouveau mon index se pose à nouveau sur elle, au niveau du ventre ce coup ci.

"Je suis rompu aux affrontement de tout genre, je ne me laisserai certainement pas déstabilisé par un peu trop de confiance en soi."

L'air, toujours largement chargé d'odeur de nourriture, commence sincèrement à sentir délicieusement bon, on peut entendre le fromage crépiter dans four ainsi que son système de ventilation qui tourne à plein régime.

"Puis il ne faudrait quand même pas que tu te retrouves de trop distraite. Sinon on risque de laisser cramer nos pizzas, et avec elles, tout les efforts que l'on a fourni pour leur préparation. Avoue ça serait quand même dommage de perdre tout ça juste pour un jeu d'ego stupide."

Alors que je parle, je l'ai déjà poke deux fois de plus, un sourire narquois sur le visage. Parfois un peu de provocation gratuite ne fait pas de mal.

"Tu voudras qu'on se regarde quoi pour manger?"