Soit elle a compris ma blague et elle a bien aimé, soit elle est vraiment super polie omg je sais pas où me placer. Mais elle souris alors j'fais la conversation le temps de rejoindre la cuisine. J'écoute tranquillement Nana me raconter sa soirée et glousse.

"Nan mais ça les gamins c'est trop une dinguerie. Ils sont comme ça touuuut le temps. Les poils qui poussent et voilà t'sais. J'sais pas combien j'en ai recalé comme ça aussi au bar. J'crois même j'avais recalé le petit Yamada une fois. J'suis bien content qu'il soit pas tombé là dedans. Ça a l'air de déjà pas être super éclairé à tous les étages faut trop que j'te raconte attends - On entre dans la cuisine et j'désigne un placard pendant que je mets les bières au frais - Si tu veux grignoter un truc doit y avoir des céréales du p'tit là haut. Et du coup j'disais, pendant notre convalescence à l'hosto. On voulait manger un truc autre que des légumes et du riz blanc pour changer, et on monte un plan pour sortir en rappel. Bon déjà j'suis ravis que tu saches te téléporter parce que je pense que t'aurais perdu la vie pendant la mission si ça avait pas été dans un bunker sous terre, ça limite les chances de s'encorder. Mais surtout. Je lui dis "si je gueule tu me remontes" et genre. Il m'a mis une droite en me lançant dans le vide. Genre normal, en gueulant que j'étais trop cool. Donc ouais. Sans l'alcool la fête est plus folle hein ?? OOOOOOH sinon si les céréales c'est trop sucré et que tu veux du salé reste du fromage mais genre du vrai. Et doit y avoir du pain dans la panière. Et vazy j'dois avoir un saucisson qui traine."

J'avais fini par faire le lien entre le mec musculeux et l'adolescent impulsif, même si ça m'avait pris du temps. La conversation se poursuit et c'est maintenant la jolie blonde qui me demande comment s'est passée ma soirée. Enfin. Elle a pas formulé comme ça...

"Franchement ? J'pourrais mytho et tout mais même pas. Genre. Trop jeunes ou trop déchirées ou déjà accompagnées-" Je laisse un blanc avant d'enchainer "-Nan la vérité c'est que j'ai même pas regardé mdr. C'était en full slow avec des lumières roses et rouge et tout on aurait dit une boom mdr. Mais du coup non, pas de jolie minette. Et puis bon. Les minettes c'est mignon c'est rigolo. Mais j'avais déjà proposé à une tigresse de passer à la maison-"

J'essaie d'imiter son regard séducteur d'un peu plus tôt dans la soirée, et j'crois réussir un petit peu mieux. C'est honteux si j'avoue que j'me suis entrainé sous la douche en l'attendant ? J'vais garder ça pour moi dans le doute. J'éclate d'un rire sincère avant de continuer :

"Une promesse c'est une promesse, t'as bien mérité un bon bain chaud à être aussi sympa et euh. Cool. Ouais t'es cool j't'aime bien-"

Je rougis un peu, mais vraiment un tout petit peu. Et puis encore un petit peu plus quand elle me remercie, pour la rose. Et encore un pet-beaucoup plus quand elle dit qu'elle l'a laissé chez elle.

"Oh bah euuh- J'sais pas ça m'a traversé l'esprit comme ça et voilà, elle était jolie alors j'l'ai prise eeeet- Et ton pote il m'a foutu le seum là à m'juger et j'me voyais pas lui mettre une droite devant la jolie videuse on aurait été obligé de se battre, alors j'ai improvisé-"

J'suis pivoine mdr. C'est pas la fleur que j'trouvais jolie mmmhhhhh. J'm'explique toujours pas ce geste mdr j'ai pété un plomb. ALLEZ TCHAK TCHAK TCHAK LE SAUSSISSON.

"Tu préfères grignoter un bout là ou faire trempette en même temps ? "

J’écoute Erik du début à la fin tout en hochant la tête constamment. C’est cool qu’on ait le même point de vue. Non mais qu’est-ce qu’ils mettent dans la bouffe des jeunes pour que leurs hormones soient autant en folie hein ?? Et les meufs j’en parle même pas, on a pas la même adolescence quoi… C’était bien plus simple avant que maintenant les faux cils, les faux ongles tout ça… Putain en si peu de temps il me déblatère dix sujets à la fois, faut que je réponde vite pour pas oublier quoi répondre sinon c’est bizarre. Je m’installe sur une chaise de la cuisine tranquillement.

« Nan mais c’est fou je te jure ! C’est vrai que Senri est un petit jeunot encore, ricanais-je. Mais son anniversaire c’est bientôt il aura l’âge légal ! Puis il est tellement innocent ça me surprendrait qu’il tombe dans du sombre comme ça. Bah, je sais pas si j’aurais crever en mission mais c’est grâce à Aaron et Senri que j’ai pu nous TP mais j’avoue que j’étais au bout de ma vie hein. Et- VOUS AVEZ FAIT QUOI À L’HÔPITAL ? »

Nan mais chacun son séjour mais quand même quoi. Bref, je reprends.

« Allons pour du salé ça me va,  dis-je en passant une main dans mes cheveux. »

Sa soirée semble s’être déroulée mais sans plus. Après, quand j’avais vu la déco, ça puait le rouge et le rose à gogo. Genre une ambiance super commerciale mais bon moi je suis là juste pour le taff, je fais jamais ce genre de soirée sinon, pas mon truc. Je considère cette ‘’fête’’ comme une journée basique, avec des gens qui se galochent un peu plus et blindent les restaurants. Je ricane un peu quand c’est comparé à une boom, il a pas tord. Haha une tigr- Il parle de moi là ? Et- CE REGARD IL ME COPIE. J’avoue un rire nerveux m’échappe, ça m’a déstabilisé un peu. C’était intense sur le coup hein ? NAN ON A DIT UNE SOIRÉE NORMALE NANA, TE LAISSE PAS FAIRE-

« Nan- Euh- Tu- Ouais haha ! Pas mal pas mal hahaha j’ai senti petit un truc j’avoue ! Encore un peu à améliorer mais je te montrerai si tu veux. »

Pourquoi je propose ça ? POURQUOI. Nan mais je veux juste l’aider c’est rien hein, HEIN ? Puis- IL ROUGIT PARCE QUE- Eh. Faut que je réponde vite, je suis gênée.

« Ahhh merci vraiment t’es trop cool. En vrai je pensais au début que t’allais juste me bouder à cause de mon taff t’vois mais comme quoi, au final, je trouve qu’on s’entend bien, dis-je en souriant. »

Je finis par le remercier pour la rose bien sûr. Je vois son visage qui change radicalement de couleur. Nan mais- Je voulais juste dire merci ‘fin… Voilà hein. Je ricane en revoyant mon collègue puis au final je roule des yeux parce que bah…

« Ouais il est un peu relou, il fait le mec mais son plan Q le domine t’sais alors… T’en fais même pas pour lui puis t’as bien réagi. Ça aurait été relou de vous stoppez tous les deux, ça m’aurait pas tenté de me prendre un coup au passage hahah mais merci! »

Il est encore plus rouge, NON MAIS RESPIRE ERIK IL T’ARRIVE QUOI.

« On peut grignoter un bout avant d’aller se baigner je pense ! Comme ça on salira pas dehors non plus. C’est OK si je vais fumer dans le jardin avant de manger ?  »

Ouais besoin de prendre l’air et je pense qu’il aimerait sûrement un petit moment de calme pour ne plus être rouge comme une tomate. Je sais que l’air va faire du bien, y a une petite tension un peu non ? Ou je me prends trop la tête ? Je sais pas.

"Bah on a fait du rappel pour s'échapper de notre chambre. Parce que Senri faisait une hypoglycémie de protéines en gros. J'allais pas laisser le jeunot crever la dalle t'as vu. Enfin pour la faire courte on s'est fait chopper. Par Aoi. J'sais pas si tu la connais. Une Master Guérisseuse. Flippante et tout un peu. Elle était dans mon équipe en Afrique on a pris un savon du jamais vu."

Et ça sera bel et bien du salé du coup. J'sors le fromage du frigo -du Parmegiano Reggiano et c'est comment déjà ? Un truc français trop doux trop bon là j'ai oublié. Du Saint-Nectar ? Un truc dans ce style là. 'fin c'est trop bon c'est trop cool de pouvoir missionner des téléporteurs pour certains produits mdr. Et du bon pain de la boulangerie de Terrae. Il est tellement meilleur que le pain tout mou qui transpire dans son plastique de Tokyo bordel. Et oui je parle de bouffe dans ma tête pour que cette dernière arrête de ressembler à un raisin trop mur quand je réponds à Nana :

"Avec plaisir-"

Ouais. Tu me remontres quand tu veux. Par contre, conséquences, hein. Elle se touche les cheveux -j'ai vu dans une émission télé que ça voulait dire que la fille est intéressée par son interlocuteur ça trompe pas- elle rougit, elle sourit. Elle dit même qu'on s'entend bien.. Genre pas besoin d'être mentaliste hein ? Enfin ça me dit pas si j'dois l'embrasser ou pas.

"Ah non hein. Déjà ton taf il est stylé de ouf et encore une fois respect pour le faire ça doit vraiment pas être simple surtout avec certains mecs abrutis qui doivent essayer de te prendre de haut."

Erik les bons choix de mots. Ça devrait être mon surnom. Prendre j'ai dit. Putain. En vrai c'est pas si ambigüe. C'est probablement juste mon cerveau qui panique et qui overthink hein ??? Après c'est vrai qu'on s'entend bien. Genre. Bizarrement malgré les quiproquos ou les allusions étranges et le flirt à la limite parfois du rentre-dedans -Erik les bons choix de mots même dans ma tête ouaaaaiiiiiiis- bah on est toujours là à discuter.

"Alors objectivement y a aucun mal à se faire dominer par son plan Q. Mais vraiment, de rien, ça m'a fait plaisir. Et en vrai c'était un peu mignon ta réaction à sentir les fleurs et tout t'as joué le jeu c'était- c'était drôle."

Et super super mignon AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH j'ai si chaud putain de aaaahahhahahaaaaaaaaaaaaaaaaaaa.  Respire mon gars allez. T'es grand aujourd'hui tu contrôles presque ce que tu dis et fait avec une meuf et tu flirtes CLAQUE PAS MAINTENANT.

"Ouais ouais bien sûr t'inquiètes. Le cendrier doit être là où on l'a laissé tout à l'heure ! J'te sors une petite bière du coup ? "

Je sais pas si c'est l'air frais de dehors ou le fait que la Téléporteuse sorte  qui m'a permis de retrouver des couleurs normales mais ça fait du bien. Ok. Calme. Elle est adorable cette fille. Elle va rien faire. De mal. On va passer une bonne soirée. C'est une meuf normale. Mignonne et cool et sympa et avec un vrai flow mais normale. Y a AUCUNE raison de paniquer. Et plein de- Ouais. Mais chill. Si ça arrive ça arrive. Mais faut pas être un gros forceur à faire des blagues lourdes. Même si en vrai ça va j'trouve je m'en sors bien ça reste bienveillant et un peu subtil ou alors vachement trop second degré. Même si j'le pense j'arrive à faire ça avec un peu d'humour et ça marche bien j'crois ? Genre elle fuyait pas en allant fumer une clope hein ? Relax ptn. Décapsule les bières et on est bien. Chiiiill. Regarde y a même Aeris qui te regarde par la porte de la cuisine même elle elle a capté que j'étais en train de péter un câble dans ma tête. Allez. On coupe du pain et on chill. C'est pas comme si on manquait de sujets de discussion de toute façon. J'me passe de l'eau sur le visage discrétos à coup de pouvoirs et ça va mieux. En vrai j'suis bien. Allez. On s'amuse et on passe une bonne soirée. Qu'est ce qui la rendra bonne ? Je sais pas, on verra bien comment ça se passe. Mais une nouvelle rencontre, et que ça se passe aussi bien et tout ça serait dommage de tout gâcher. Je souris quand la porte s'ouvre à nouveau, laissant apparaître Nana, accompagnée de Tifa, sur ses talons. Quand est-ce qu'elle est sortie ?? Quand j'ai oublié mes chaussures ptete ?

"Oooooh mon bébé désolé je t'ai oublié dehors ? C'est pour ça que si tu veux sortir, tu me demande à moi ou à Ipiu espèce de saucisse. Elle t'as pas embêté dehors ? "

J'me suis tourné vers Nana en disant ça. Enfin. Si elle est restée dehors avec la pitchoune c'est que ça allait j'imagine. ET ALLEZ GRAND PRINCE ON VA TIRER LA CHAISE DE LA MADAME. Ptdr. En maillot de bain et chemise à fleurs. Y a aucune honte ici. Nan si y a la honte. Normalement faut dire des trucs grandiloquents et tout mais non en fait. Elle se moque de son collègue avec son plan Q qui porte la culotte puis trop malaisant "Si mademoiselle veut bien poser son pétard" nique ta mère Erik. Enfin trop tard j'ai déjà les mains sur le dossier de la chaise PTDR NON PAS APRES TOUTE CETTE REMISE EN QUESTION ET CE SERIEUX ET TOUT OK RESPIRE.

"La même place que tout à l'heure ? J'vais couper du pain fais toi plaiz' !"

Ooooook pas mal. Tout va bien.

Mon visage se décompose au fur et à mesure qu’il me raconte leur histoire à l’hôpital, je me facepalm littéralement. Non mais ces deux là ensemble… Je me demande si c’est pire que moi avec Senri quoi.

« Ah oui Aoi je vois c’est qui oui ! J’imagine pas le foutoir que vous avez laissé haha. »

Ouais je rigole un peu mais ça me fait pas rire non plus à 100%, j’imagine pas la tête de Aoi ni celles du personnel. On arrive donc au moment où Erik me déstabilise L.O.L avec ses grands yeux bleus là puis qui accepte EN PLUS que je lui remontre plus tard. Ouh. Pourquoi j’ai un sentiment que ça va avoir de l’impact ? En même temps QUI s’amuse à apprendre à un mec à avoir un regard de braise JUSTE pour ‘’montrer’’ HEIN ? QUI ?

« Hmpf ouais autant mecs que meufs mais j’ai 0 peur, je me laisse pas faire et je sais que le staff est avec moi, je suis rationnelle comme personne. Je sais filtrer quoi y a des consignes. »

Pour le moment, c’est arrivé quelques fois mais j’ai su prendre les devants. Puis mine de rien les entraînements militaire plus ceux avec Senri, ça rendurcit.

« Nan y a pas de mal mais lui qui est là à critiquer… Fallait lui fermer le caquet quoi. Ah- Ouais haha j’ai- trop suivi le jeu. »

Je me gratte l’arrière de la tête. En soit, j’ai pas fait semblant, je voulais vraiment la sentir parce que j’aime les roses. Mais c’est trop gênant à avouer. Il a dû le cramer non ? Je sais pas, je fais genre que tout va bien et que je crie pas de l’intérieur.

« Génial merci ! Dis-je en prenant mon manteau, les clopes dans ma poche. Ouais une petite bière ne serait pas de refus s’te plait ! À toute ! »

Je me dirige vers la sortie et enfile mon manteau tout en allant dans le jardin. L’air frais me fait du bien au visage, je me laisse me détendre tandis que je commence à fumer ma clope tranquillement, dos à la maison. Je remets un peu ma vie en question. Qu’est-ce que je fous là, dans la maison d’un inconnu avec ce demi-malaise et le fait qu’il… est super à l’aise avec moi ? C’est la Saint-Valentin bordel. Même si je le fête pas… IL LE FÊTE PEUT-ÊTRE NON ? Eh- Bon allez. On se concentre sur la clope. On va passer un moment sympa, dans le chaud du jacuzzi, bizarre à dire, et on va siroter. Bien bien bien bien bien bien bien. Je regarde le ciel et ferme les yeux un moment puis on me touche le mollet. JE SURSAUTE C’EST QUOI. Un chien. Oh un des animaux d’Erik. Je me penche pour lui caresser la tête. Bref. Je finis ma clope et j’appelle le petit toutou à me suivre pour rentrer, petite bête elle doit avoir froid ! Un sourire fend mes lèvres quand je le vois parler à son chien, ça se voit qu’il l’aime beaucoup. C’est mims un peu.

« Nan elle m’a juste fait peur mais ça va je ne l’avais pas vu au début haha, dis-je en retirant mon manteau. »

Je me rapproche donc de la cuisine tout en parlant. À nouveau gentleman, il me tire la chaise, je le regarde, toujours le sourire aux lèvres mais je suis gênée quoi hein. Je respire fortement et me laisse m’asseoir sur la chaise, remerciant Erik au passage. IL EST PROCHE LA NON. Je me penche pour prendre la bière qu’il m’a laissé sur le comptoir.

« On trinque ? À… Euh… ce qu’on veut je sais pas haha. »

"En vrai on a rien cassé. Mais pour ma défense j'étais persuadé c'était un rêve à la base tellement c'était trop imprévisible 'fin genre. A quel moment mon cerveau il se dit que descendre plusieurs étages en rappel assuré par un débutant avec une corps t'as peur c'est des draps noués, et mettre l'opening de SNK à FOND pour chanter SASAGEYO en me jetant du 4e étage ? 'fin voilà quoi... "

Là c'est le moment où j'suis un peu rouge mais ça va, et que je hoche la tête, allant dans le sens de la Tonnerre.

"Etrangement, te voir les bras croisés avec des bandages de partout en train de recaler les gens d'un "Non." super strict et sans appel bon. J'te crois sur parole quand tu dis que t'as peur de personne -"

Et je trouve ça super super stylé et sexy ok ? Graougraou la tigresse avec ses rayures en sparadraps. Nan ok j'crois c'est clairement un turn-on. Pas les bandages mais le côté badass. omg. Ok je respire la discussion continue un peu et elle sort et je respire encore. Mais pour de vrai cette fois. Faut que j'me calme et je crois y arriver. Je frôle la panique en tirant la chaise de Nana mais tiens bon. Elle a l'air un peu gênée. Ok mollo Erik. On lâche pas une énième bombe de cringe. Respire. Un toast ? Mhhh.

"Ààààààààà mmmhhhh- Aux amoureux, parce que c'est leur journée un peu. Et à euh. Deux nouvelles Etoiles, j'sais pas-"

Meuf t'es pas une étoile t'es un soleil voilà. Avec tes yeux c'est des étoiles et tes veuchs c'est du gaz qui brûle j'sais pas. Ça va c'est pas trop cringe j'crois ça nous inclue tous les deux sans être trop lourd. Enfin, en tout cas, j'arrive à garder le sourire bienveillant et chaud sur mon visage sans trop prendre de couleurs, et j'viens entrechoquer nos verres.

"Pour la deuxième fois, du coup, hein ? Genre une première fois c'était pas assez spectaculaire tu pensais pouvoir faire mieux ? Enfin je rigole mais j'imagine que- 'fin. C'était pas prévu, à la base. J'avoue que j'suis intrigué. Ouais tu m'intrigues mdr. 'fin te force pas non plus ! "

J'sais pas trop comment ouvrir la discussion, et je veux pas qu'elle se sente obligée de parler ou de dire quoi que ce soit. Le but ça reste de se mettre à l'aise et de passer une bonne soirée. Bon du coup c'était peut-être pas la meilleure solution de parler de ça. Putain j'sais pas. Au pire je trouverais autre chose.

« Ah ouais... chaud. »

On dirait vraiment un rvêve quand il en parle... Heureuse de ne pas avoir assisté à ce massacre en vrai.

« Et en plus t'as vécu l'expérience en live avec moi hahahaha, t'as dû me trouver trop relou. Mais ouais tranquille, c'est un boulot super cool. De changer et de faire du service aussi, c'est sympatoshe parce que juste avec une jupe je me fais pleins de pourboires tu vois- »

Je me suis un peu trop mise à l'aise là ehhhhhh- Ouais bref bonne idée d'aller fumer. Je sors, ça f ait du bien, je rentre avec le chien et je me laisse m'asseoir. Allez, buvons un coup. Je grimace un peu au mot ''amoureux'' mais allez, soyons sympa. L'amour ça craint un peu je trouve, pour moi, en tout cas, dans cette phase de ma vie LOL. Quand je pense à Elfie qui est venue me confronter à peine quand je suis sortie l'hosto hein...

« Beh- Ouais enfin c'est à l'année normalement mais OUAIS ok allez, hop. Et ouais à nos étoilisations! Une étape de plus de faite! Riais-je. »

C'est vrai mine de rien, c'est cool de pouvoir parler entre Étoile récente si je peux dire. Ce qui lui est arrivé avait l'air très fort en émotions. Je me demande s'il s'en est bien remis. Quoi qu'il a pas l'air très déphasé. On entrechoque nos verres, croisant le regard parce que attention, sinon c'est du malheur.

« Ouaiiiis deuxième fois! Haha nan en vrai, j'ai un passé assez lourd qui a du me faire quitté Terrae quand j'étais Étoile... Je me suis absentée 6 ans dans la misère et je suis revenue l'an dernier et bien sûr j'avais moins puissance donc j'étais revenue à l'état d'Initiée t'sais puis bon je me suis réentraînée... Y a eut la mission.. et pendant la mission voilà quoi c'est arrivé mais c'était difficile vu les circonstances... Je me suis retrouvée à l'hosto une dizaine de jours... J'ai voulu me jeter du toit comme une chaussette enfin HAHAHAHhahahahahhhhh... ouais la vie tu vois. »

Je suis nerveuse, je parle vite et je sors tout et n'importe quoi. SUPER BRAVO. J'avale vite une gorgée et me lève subitement à peine ma dernière phrase terminée.

« Oh euh- Les toilettes? »

J'attends qu'il m'indique pour ensuite partir à toute vitesse et m'enfermer dedans un petit instant pour redescendre la pression. Je respire fort. Ça va c'est rien, c'est bien de l'avoir dit. Il est gentil, il est cool, il est mims. Gâche pas la soirée OK. Je me pince les lèvres, tentant de contenir mes émotions. Je compte jusqu'à 10 comme m'a conseillé le psy. À 10, j'arrive à sortir des toilettes, un air neutre sur le visage puis quand Erik réapparait dans mon champ de vision, je souris. OK c'est un peu crispé mais assez naturel OK. Je me réassois et reprend ma bière en main.

« Hm pardon haha, petite urgence. Et toi du coup ton étoilisation... 'fin.. tu t'en es bien remis depuis? »

Je savais pas quoi dire d'autre. J'attrape un bout de saucisson que je mange à la vitesse de la lumière, putain que c'est bon.

"Genre explique moi comment j'aurais pu te trouver relou ? C'est toi qu'a dû me trouver relou mdrrr. Nan t'as été top t'sais. Ferme, mais corruptible quoi. Puis au final j'étais bien sapé eh ! Grace à toi y a eu deux consos de plus pendant la soirée ! "

J'souris, on trinque, j'vois bien que les amoureux ça la fait pas rire. Une peine de cœur ptête ? J'pose ma question sur son étoilisation, j'écoute, j'écoute et j'arrête de respirer. Elle se lève. Je lui indique les toilettes du doigt. Elle rentre. Elle ressort.  Et elle fait comme si de rien n'était.

"Bah euh non on va pas parler de moi du coup en fait."

J'juge pas. Un moment de détresse infinie, ça arrive malheureusement. C'est fréquent, ici, tristement. Je me lève. Je débarrasse la bière de mon interlocutrice. Ou plutôt je débarrasse mon interlocutrice de sa bière, et je vais lui chercher un jus de fruit dans le frigo. Le silence se fait un peu plus lourd, alors que je cherche mes mots. Une fois un nouveau verre rempli de jus de pomme, je retourne ma chaise pour m'asseoir face au dossier, qui me sert à reposer mes bras croisés par dessus. Et je plonge mes yeux dans ceux, dorés, de la Tonnerre.

"Je m'excuse. Mais, j'ai quelques restes du bar. Pas d'alcool tant qu'on a pas discuté. Je juge pas. Chacun vis sa vie, avec ses hauts et ses bas et je suis pas à ta place. Tout ce que je vois, là, c'est une nana qui a besoin d'échanger. Parce qu'on lâche pas ça comme ça. Et dis pas que t'as pas envie de parler. Sinon, tu serais plus là, en un claquement de doigt."

Je marque une légère pause avant de reprendre :

"On est pas obligé de parler de- de tes idées noires, si tu veux parler d'autre chose et juste te changer les idées, je comprends."

Je fais tourner la bière dans mon verre, m'apprête à tremper mes lèvres dedans, hésite puis le repose sans y avoir touché. Et me lève à nouveau pour prendre moi aussi un jus de pomme.

"Juste, que tu prennes ta décision en toute connaissance de cause. J'suis pas psy, j'suis pas un professionnel de santé. Et c'est pas parce que tu te mets à pleurer que j'te trouverais moins badass et sexy et cool."

Putain l'envie de cloper là.

« Ouais parce que disons que les chaussettes-claquettes en boîte hein, ricanais-je. »

Tchin-tchin on trinque. Et je me barre, je me cache dans les toilettes et je finis par en ressortir en ravalant difficilement ce qui essaye de sortir. Ouais je suis relou on passe un bon temps tranquillement à discuter et je suis là en train de me morfondre parce que je suis traumatisée de cette mission. Il veut juste être sympa le mec.
J’écarquille les yeux fasse à sa première réaction. Non mais mec vas-y parle de toi s’te plaît… je galère déjà assez avec moi-même. Ma bière quitte ma main, je fronce les sourcils envers Erik.

«  Hey ! »

Je me retrouve avec un verre de jus de pomme quoi. Sérieux ? Je reste silencieuse le temps qu’il s’installe, j’ai le regard un peu sombre sur le moment. Je suis pas une gamine hein. Je fronce un peu plus, je déteste me dire qu’il a raison. Pourquoi aussi je me laisse trop aller à dire ce qui me pèse comme ça hein? Putain je me saoule. Je fixe le verre de jus de pomme qui est devant moi avant de croiser les bras, frustrée.

«  Ça c’est pas cool Erik. Tu-»

Je me pince l’arête du nez.

«  Nan ok désolée.  »

Je souffle fort. Je l’écoute jusqu’au bout, mais j’ai le visage tiré. Est ce que je suis pas mieux de juste me barrer ? Nan je sais pas. Qu’est ce que je fous, je suis juste un MESS, OK. C’est trop difficile de passer une soirée simple ? Sans prise de tête ? Sans que je fasse un pas de travers dans ce monde ? Sans un putain de malaise ? Je me saoule, j’emmerde les relations d’amour, mon cerveau, tout le tintouin qui me traîne dans le crâne. Et puis- Un léger rire m’échappe sur la fin, ouais il est drôle un peu. Il arrive à me complimenter alors que je suis au bout de ma vie sur l’instant, donnez une médaille à cette homme.

«  P’tain… Un vrai barman relou, pas d’alcool tant que je parle pas hein ? Je veux pas vraiment aborder ça ce soir alors qu’on était en train de passer un bon moment. J’ai glissé c’est ma faute je suis trop désolée. »

Je marque une pause, relevant enfin mes yeux pour le regarder. Je me penche vers l’avant, dans sa direction, tendant mes bras et collant mes mains l’une contre l’autre en forme de prière.

«  Allez…. On peut laisser tomber ? Juste…. Pas ce soir ? Tant pis l’alcool je m’en fous en vrai, viens on va fumer ! Ou se baigner ! Ou les deux ! On discutera de n’importe quoi pour changer les idées, OK ? Tu peux pas me coincer sur ce siège à parler. On a déjà repris de 0 on peut le faire encore ! »

Je finis par me lever du siège et de me rapprocher d’Erik, je reste debout.

«  Allez, s’te plaît ! Dis-je en agitant les mains dans les airs.»

"Ok alors déjà à partir de maintenant pour chaque désolé je baisse la température du bain de 1°C "

Je l'ai écouté parler. C'est vrai que j'ai proposé moi même de parler d'autre chose et tout mais. Est ce que j'en suis vraiment capable ? Putain une pensée pour tous mes Sensitifs. Et ceux qui vivent à l'Institut. Genre sur le pallier de Nana.

"Ensuite. J'suis le premier à avoir proposé de te changer les idées. Donc je te forcerai à rien du tout. Pas même à rester assise ou à ne pas boire d'alcool. Mais on a toute la nuit devant nous. Ptete que ça vaut le coup de, j'sais pas.. De juste se laisser vivre le moment. Genre la soirée sera encore plus sympa et on passera pas un bon moment juste pour se changer les idées tu vois. On passera un bon moment parce qu'on se sentira moins seuls et peut être un peu compris. Genre tu penses il y en avait combien des Initiés en mission ? Puis tu n'as rien gâché du tout."

Je me lève à mon tour et prends ses mains dans les miennes. Et ok je rougis un tout petit peu, mais je reste concentré sur ce que j'ai à dire, même si- 'fin- voilà quoi. J'ai conscience que la scène dans un film sans doute elle dérapperait. Mais je joints les mains de la Téléporteuse, les miennes comme une couronne autour des siennes. Et je les monte jusqu'en face de son visage, serrant doucement.

"T'as loupé ta seule occasion de gâcher cette soirée, quand t'as pas sauté, ce jour là. Et c'est pas pour me déplaire. je serre un peu plus fort ses doigts entre les miens Je pense que si on en parle, la soirée sera plus sympa, au final.  Mais je t'oblige vraiment pas. Vraiment vraiment pas."

Je lâche ses mains et- Oh et puis nique le consentement, parfois faut lier le geste à la parole un peu. Je reprends sa main et l'attire doucement vers moi, mon regard dans le sien, un sourire aux lèvres. Et je viens déposer un baiser sur sa joue, avant de passer mes bras autour d'elle et de la serrer contre moi.

"Je euh. C'est probablement un poil tard. Mais tu veux un câlin ? J'ai paniqué."

Ouais j'ai paniqué et ça va continuer, à ce rythme là. Et ça peu importe comment je l'écris, hein.

OK, je fronce encore les sourcils.

« C’est pas juste, marmonnais-je. »

J’ai tenté de le convaincre de laisser tomber mais depuis quand un Eau c’est aussi têtu HEIN ? Je me retrouve à l’écouter, ce sont des mots qui sonnent vrais mais faux à la fois sur le moment. Je tente au quotidien de me dissocier de mes émotions, mais ça n’empêche pas les cauchemars nocturnes, ni les sueurs froides, le processus d’acceptation est long, je suis pas patiente. Je le fixe, d’un air dépité. Sans réponse correcte à lui fournir. Je le regarde se lever à son tour, prendre mes mains, il tente de me rassurer encore. Je me remets vraiment en question. Je suis un peu saoulée de paraître pour la conne de service quand même. Et je parle pas forcément de ce soir, mais du reste. Juste parce que je parle trop, que mon impulsivité me fait faire des dingueries parce que je vis vivre la vie à fond, ouais saoulée LOL.

« Tu veux pas m’obliger mais en même temps… tu veux que je parle ? Pas logique.  »

Ma mâchoire se crispe face à la douceur d’Erik, à ses yeux de gentillesse, je cligne et me retrouve dans ses bras, un baiser sur la joue. JE-
OK là je viens d’atteindre un stade gêne intense. Je peux pas résister longtemps, c’est le geste d’affection qui est en train de me faire craquer de l’intérieur, de secouer la tornade que j’ai dans le ventre depuis longtemps. Pourquoi j’ouvre trop ma bouche ? D’un geste mécanique, je lève mes bras finalement pour l’entourer aussi.

« Tu saoules,  grinçais-je des dents. »

Mon ton est un peu brusque, mais bien attentionné. Je me refuse d’admettre que ça fait du bien sur le moment, que j’en avais besoin, parce que je veux pas me laisser tomber dans ma spirale quotidienne. Pourtant, tout devrait bien aller non ? Bah je sais pas. Je me laisse être enlacée. C’est quoi cette soirée de fou furieux. On se connait presque pas putain. Le silence est lourd, ça me pèse, il attend après moi j’imagine. Je prends une grande inspiration avant de lâcher un long soupir. Qu'est-ce qui me retient de partir... Est-ce que j'ai vraiment envie qu'on m'écoute ? Je me voile la face ?

« Tu veux vraiment que je parle… hein ?  »

Je roule des yeux. Encore.
Je me mets à cracher un peu ce qui me trotte dans le crâne. Mon retour de mission, la galère, l’angoisse, la peur, la catastrophe de l’étoilisation avec le gamin qui convulse et meurt, l’hôpital et mon impatience de sortir, trouver un boulot, se remettre sur pieds, mon ex, sa meuf, le toit, l’appel avec mon cousin sur le toit, que c’est ma deuxième tentative de suicide après la première qui s’est déroulé sur cette plage en Asie pendant l’Eclipse. Je lui déballe en un résumé très grossier, simple mais le plus court possible. Ça sort brusquement, dans un long monologue, je me crispe le visage pour tenter de garder cet air neutre. Je déballe ma vie à un inconnu, bah en soit, ce serait pas la première fois hein. J’ai la cage thoracique lourde, c’est chiant un peu de dire ce qu’on ressent. À la fin, je finis par respirer un bon coup, j’ai plus de souffle. Tout le long, Erik semble m’avoir gardé dans ses bras. Peut-être que de ne pas l’avoir regardé, ça aide, comme un confessionnal.

« On peut aller fumer maintenant ? »

"Nan alors la formulation correcte ça serait plutôt "je ne veux pas t'obliger  mais toi tu as besoin de parler", je crois."

Genre c'est vraiment comme ça que j'le perçoit. Qu'elle a besoin de laisser sortir tout ce qui la ronge. Puis j'la serre contre moi et elle me rend l'étreinte.

"C'était mon métier effectivement."

Bah ouais je saoule et j'en ai bien conscience et ça me plait pas du tout mais c'est ça aussi la vie. Qu'est ce que je raconte moi. Putain. Je m'attendais pas à ce qu'elle accepte, bizarrement. Genre y avait une toute petite chance qu'elle me casse pas la gueule ou qu'elle se téléporte. Et genre voilà. Je laisse le silence s'installer. Parce que je sais que parfois, ça a plus d'effet que des mots. Et je continues à la serrer contre moi, cette fille que je connais à peine et qui commence à parler, enfin. À parler, parler, parler. Tout ça. Pour une seule petite personne. Une de mes mains vient lui frotter le dos, et l'autre se perd dans sa crinière dorée pendant qu'elle raconte. Qu'elle laisse sortir toutes ces choses horribles. Choses horribles sur lesquelles je peux parfois relate, et parfois non. Je refoule une larme solitaire quand elle parle de la mission. Et je continues de la serrer contre moi.

"J'ai mieux que des clopes, si jamais mais euh. "

Je recule d'un pas, évitant son regard un instant, cherchant mes mots, avant de me lancer, difficilement.

"J'suis content que t'ai parlé. Je m'attendais à ce que m'envoie chier. J'comprends que ça soit pas simple, de laisser sortir. Moi ce que je vois, maintenant, c'est une jolie Etoile qu'a réussi à trouver un taf. Qui a sauvé des gosses. Qui continues de lutter contre ses démons. Et qui prends soin d'elle autant que possible, malgré les blessures. Et je parle pas seulement de celles sous les pensements. Respect."

J'désigne du doigt sa tête, puis sa poitrine, en parlant de blessures.

"Enfin j'suis rassuré un peu. J'te pensais parfaite, j'allais complexer un peu... Dis. T'es juste clope où ça t'arrive de fumer autre chose ? J'voudrais pas t'inciter à fumer. Déjà que j't'ai incitée à parler t'sais... Mais j'vais chercher ça, au moins pour moi.'

Nan puis je pense que c'est important que je la laisse un peu seule. Genre j'ai quand même sauvagement envahi son espace personnel et sa vie privée sur le même laps de temps.

Je me suis dévoilée en grande partie… C’est étrange comme sentiment. Pourtant dieu sait que ce n’est pas la première fois depuis mon retour de mission. L’étreinte me fait me décrisper progressivement, l’affection que me fournit Erik tel un daron avec son enfant fonctionne un peu. Je tiens à rappeler quand même qu’on a que deux ans d’écart. Mais soit. Ma boule au ventre est là, un peu plus légère, mais là. Mieux que des clopes hein? Je vois très bien où il veut en venir. Sur l’instant je ne réponds pas, on se recule puis il continue.

Ouais, j’avoue que j’étais pas loin de me dire que je devrais me téléporter et juste me cacher dans mon armoire et faire comme si rien ne s’était passé mais… je sais pas, je suis restée. Je suis un peu conne non ? Ou est-ce que j’ai fait le bon choix. Est-ce que l’univers m’a mis Erik sur mon chemin pour me dire ‘’allez, déballe encore’’ ? Je me décide à le regarder parce que OUI je fixe le sol depuis tout à l’heure.

« …Merci Erik. »

Je pouvais pas faire mieux, je n’avais pas tant les mots pour décrire le sentiment que je ressentais vis-à-vis de sa bonne écoute bien que je sois têtue et que seul le temps me permettra d’accepter les bons mots qu’on me sort depuis janvier. Ça arrive des crises hm ? C’est pas toujours tout rose, mais bref. Un léger rire m’échappe brièvement.

« Pffff personne n’est parfait voyons ! Surtout pas moi. Mais- Ouais autre que des clopes bien sûr, genre de la beuh ? On peut. »

Puis il part chercher son… matos ? À peine il quitte le champ de vision que je m’écroule sur le comptoir de la cuisine, respirant aussi fort qu’un asthmatique à la recherche d’air. C’est trop. J’ai le visage cramoisi. Soirée de dégénéré va. Je me prends la tête entre mes mains, j’essaye de comprendre tout ce qui de se passer, ouais je suis un peu en retard dans le process’ des infos. Le cœur battant, les poumons qui crient à l’aide de mon angoisse d’avoir laissé sortir autant. QU’EST-CE QUI ME PREND DE PARLER AUTANT HEIN. Super. Hein. Pas étonnant  qu’on nous kiffe pas toujours les Tonnerres. Bien que j’aime notre affinité. De tout mon cœur.

Je suis pas chez moi, je peux pas me rouler en boule par terre pour me calmer.

Purée mais qui a élevé ce mec pour être aussi sympa ?! Je souffle encore et encore. Cette étreinte fut douce, agréable, ça m’avait manqué un peu. Quoi que je suis rendue à un stade où bien que je connaisse du monde tactile, je ne m’en lasse pas. 6 ANS sans affection, c’est long. Y a du chemin. J’entends des pas. Je fais un dernier coup de grosses inspi et me relève, posant juste une main en guise d’appui sur le comptoir. Je dois avoir le visage moins rouge maintenant. Bon les cheveux un peu en bataille mais tranquille allez hop, une main et c’est recoiffé. Quand il rentre à nouveau dans la pièce, je lui fais un petit sourire sympa.

«  T’as trouvé ce que tu cherchais alors ? »

"Ouais genre de la beuh ouais ! "

Puis j'me sauve en courant. Elle m'a remercié alors que je l'ai sortie de sa zone de confort... Elle est si pipou. Mais j'pense elle a besoin de souffler. Alors j'me sauve. Une partie de moi a envie de se transformer en petite souris pour voir si mon intuition est la bonne, qu'elle a besoin d'être un peu seule et tout. Mais je l'entends se rasseoir et je sais. Plus qu'à monter les escaliers et rester en haut un moment. Parce que bon hein. Ma conso elle est sur le frigo mdr. J'ai l'air malin, assis sur la dernière marche de l'escalier. Au moins je suis rassuré, j'entends pas de sanglots j'imagine c'est une petite victoire. J'attends. J'sais pas trop si j'dois attendre plus longtemps. Ok je vais compter jusqu'à genre 100. 1- 2- 3- 4- 5- 6- 7- 8- 9- 10- 11- 12- 13- 14- 15- 16- 17- 18- 19- 20- 21- 22- 23- 24- 25- 26- 27- 28- 29- 30- 31- 32- 33- 34- 35- 36- 37- 38- 39- 40- 41- 42- 43- 44- 45- 46- 47- 48 - 49- 50- 51- 52- 53- 54- 55- 56- 57- 58- 59- 60- 61- 62- 63- 64- 65- 66- 67- 68- 69- Noice. 71- 72- 73- 74- 75- 76- 77- 78- 79- 80- 81- 82- 83- 84- 85- 86- 87- 88- 89- 90- 91- 92- 93- 94- 95- 96- 97- 98- 99- 100 !!! J'me redresse et commence à descendre doucement les marches, une par une. En entrant, je croise le regard de Nana et lui rend son sourire. Elle a les joues roses, mais son make-up est intact. J'suis soulagé qu'elle ai pas pleuré

"Nah malheureusement j- Oh putain mdrrrr c'est là j'avais oublié j'suis trop bête ahah-"

J'tends le bras et chope sachet et grinder au dessus du frigo. PIIIIIIIIIIIIRE jeu d'acteur c'est quoi ça. J'attrape nos deux bières dans une main et j'ouvre la porte de l'autre pour sortir. Il fait pas chaud. Mais en vrai ça va. Genre j'suis quand même en maillot et manches courtes dehors mdr.

"Tu peux me la tenir pendant que je roule ? "

J'lui tend les boissons et, armé de gestes experts, je roule un long pétard, pas super chargé histoire de profiter quand même de la soirée. Puis je récupère ma bière et tends le joint à la jolie blonde.

"J'te laisse l'honneur, en tant que briquet officiel- à la tienne."

Je lève mon verre, là, debout dans l'herbe. Et j'me rends compte que j'ai passé mon bras autour de la taille de la Téléporteuse. Quand ? qsdqsjnqnfq Bah ok.

Je me mets à rire avec Erik, ça détend un peu l’atmosphère. Allez, c’est parti pour s’installer dehors. Je prends mon manteau que j’enfile et on sort. Je remercie d’avoir ouvert la porte puis la referme derrière moi. Ça s’est raffraichi un peu plus il me semble. Je frotte mes mains ensemble. Le froid me fait du bien au visage, ça rougit un peu mes pommettes, mais c’est agréable, ça prouve que le sang circule bien.

«Ouais bien sûr ! »

Je prends les boissons, j’en tienne une de chaque main et le regarde rouler comme un pro. Il roule mieux que moi je le vois tout de suite. Souvent, mes joints sont un peu défaillants mais je m’entraîne pour que ça ne se casse pas pendant que je le fume. Je lui retends sa bière et récupère le joint au passage.

« Haha vas-y, je me lance. »

Je me concentre pour refaire une petite boule et tire un bon coup. La première bouffée me détend sur le champ. Je sens que ça va être de la bonne. Je me rends pas compte tout de suite, seulement quand je tourne la tête vers Erik que je vois son bras. OH- Vraiment à l’aise ce mec. Mais, c’est cool. Pas de pensées bizarres ici. On sort d’un moment chiant. On ne regâche rien, le moment est vraiment sympa.

Je fais des aller-retour de regard entre son bras et sa tête. Bon, OK HEIN. Qu’il pense pas que je rougisse de gene, C’EST LE FROID J'AI DIT OH. Je prends quelques taffs rapide, levant les yeux pour fixer le ciel dégagé avant de le lui tendre.

« Ça fait du bien, soupirais-je. C’est de la quoi ? »

Il manque une question cruciale là.

« Sérieux- T’as pas froid comme ça ? »

Je suis là avec mon manteau pendant qu’il est en maillot chemise genre… Expliquez-moi.

Ptete c'est son gros manteau elle sent pas. Nan mais si. Elle me regarde. Et elle regarde mon bras. Genre discrètement. Mais bon. La fraise du pétard éclaire son joli visage, et fait ressortir ses pupilles dorées. Et du coup j'peux suivre son regard. Discrètement t'sais, en même temps que j'porte mon verre à mes lèvres. Verre que je porte maintenant avec seulement mon pouce, mon annulaire et mon auriculaire, les deux autres étant réquisitionnés par le joint. Comprenez bien que j'ai une main de prise, eh.

"C'est de la Sativa. J'prends pu d'Indica, sauf quand j'fais une insomnie t'sais. Trop chiant quand ça passe pas et que ça vire en bad."

J'tire tranquillement, une taffe, puis une seconde, le sourire aux lèvres. En vrai il fait frais. Mais c'est pas si désagréable. Enfin j'vais pas rester comme ça super longtemps non plus. J'ai l'habitude de cette température, mais d'habitude j'm'active du coup j'le remarque même pas. J'sursaute quand Nana me demande si j'ai froid, m'étouffant sur la fumée.

"Kof-kof p'tain - Ahahaha. Franchement nan tranquille. L'eau du Lac est plus froide que ça. Téma j'ai encore les mains chaudes."

J'retire mon bras de son dos et, tirant à nouveau sur le joint une fois la fumée évacuée, je viens poser mes doigts repliés sur sa joue, et j'effectue un léger mouvement, caressant sa peau fraîche sur quelques centimètres, de sa pommette jusqu'à la commissure des lèvres.

"T'as vu ? Après j'compte pas passer la nuit ici non plus ! "

Putain je fais quoi avec ma main ? J- Euuuuuhh- Bah j'la laisse tomber mollement le long de mon corps. Genre. Putain. J'peux pas la mettre dans ma poche en mode un peu stylé. J'AI PAS DE POCHE. Et hors de question que j'mette la main dans mon slip. Ptn. J'vais pas me mettre le poing sur la taille non plus hein. Bon bah, y a pu qu'à hein. Je rends le joint à la Tonnerre et passe à nouveau mon bras derrière elle, posant ma main sur sa hanche pour l'attirer un peu plus près de moi. J'attends qu'elle tourne sa tête vers moi pour la taquiner un peu.

"Et toi genre t'as pas froid ? T'as les joues et le bout du nez tout rouge-"

J'ai qu'une envie. Mais j'ai déjà niqué le consentement une fois. Azy. Azy même si j'en meurs d'envie. C'est pas possible. C'est pas correct. Putaiiiin. Nan puis c'est pas pratique en plus. Bordel. J'suis même pas ivre en plus. Elle non plus remarque mais. Mais c'est bizarre un peu c'est pas genre j'abuse de sa confiance et- Nan vazy. Je pivote autour d'elle, ma main passant d'une hanche à l'autre en lui effleurant le dos pendant que je me plante en face d'elle. Et que ma main remonte pour attraper son menton et mettre ses lèvres à hauteur des miennes.

"Je voudrais pas que tu gèles."