« Ouais j'avoue que la Sativa c'est mieux sinon avec la Indica on dirait que tu fais de la narcolepsie, c'est relou un peu. Hmpf, les bad-trip c'est vraiment le pire. »

Je parle en terme d'expérience. Puis si je peux éviter de m'endormir dans l'eau hein, ce serait cool. Se noyer c'est pas faisable, mais dans mon cas, je serais même pas étonnée que ça puisse m'arriver avec la Indica. Donc ok pour la Sativa.  À part une légère détente, tout va bien pour le moment. Aussi, après juste quelques bouffées, normal. Je  ricane quand il s'étouffe, big boy a eut peur quand j'ai brisé ce mini silence. Et je plisse un peu mes yeux, il est train de me dire qu'il a vraiment pas froid? Enfin après, quand je repense à sa dégaine du début de soirée... C'est pas possible ils se sont trompés à l'initiation ce mec c'est un Feu.

La chaleur de ses doigts sur ma joue me fait sursauter. MAIS IL RIGOLE PAS EN PLUS. J'hausse les sourcils de surprise.

«  Mais c'est dingue sérieux, vraiment... Tu dois avoir un bon ADN,  riais-je. »

Pendant ce temps là, je suis là dans mon manteau, j'ai le visage qui congèle, super. Je fais la meuf mais ouais hein. On a commencé le joint, faut le finir. En parlant de ce dernier, Erik me le tend, je lui souris en guise de merci. Le temps que je le porte à mes lèvres, il s'éteint. SUPER. Je le rallume vivement et prendre une grosse bouffée pour bien le rallumer. Oh. Ouais c'était un peu trop là peut-être. C'est lourd dans ma bouche, mais tranquille. Je suis un dragon, la fumée sort longuement. Le regard dans les étoiles, je me laisse aller. Je me permets même, sur un petit instant, de fermer les yeux. Je veux tout oublier. Juste maintenant. Je ne suis qu'un grain dans ce monde si grand. Je retire un coup, laissant cette fois-ci la fumée sortir lentement de mes lèvres, c'est ça la life.

J'ai presque oublié que j'ai ma bière dans la main. Je rouvre les yeux et me décide de la poser par terre, au cas où que je la fais tomber. Une pression sur ma hanche se fait sentir tout de suite après. Je baisse la tête, la main d'Erik est revenue au point d'origine, il m'attire contre lui un peu. Sur le coup, ça me fait sursauter un peu parce que- PARCE QUE HEIN.Je tourne vite la tête dans sa direction, je sais pas. JE SAIS PAS OK. J'AI RIEN PREVU DE TOUT ÇA MOI.
Sa question me fait arquer un sourcil, un sourire en coin. Je commence ma phrase tranquillement :

«  Nan 'fin ouais le visage un peu t'vois peut-être OK un peu les main-  »

Je me stoppe par la gestuelle d'Erik qui se rapproche... et se rapproche un peu, sa main remontant le long de mon dos. Je le sens, légèrement mais je le sens. C'est doux, cet instant. Non. C'est embrasant. Tout se passe trop vite, mon menton entre ses doigts, son visage à quelques centimètres du mien. CETTE PHRASE. Ok, je le dis, je suis rouge. VRAIMENT. Rouge par le froid, rouge par ce moment trop intense. Ouais d'habitude hein la drague tranquille j'ai le contrôle mais parce que là... Je n'ai pas le contrôle... Je suis prise sur le fait. Mes yeux font l'aller-retour entre son regard bleuté et ses lèvres. J'ai le joint dans ma main, clairement faut pas que je me crâme les doigts de panique OK HEIN. Cette nuit allait tourner autrement... J'ai le corps détendu, les yeux qui rougissent par l'herbe, mais je sens qu'il est aux aguets. Je me pince les lèvres sur l'instant. JE FAIS QUOI. Je peux pas tout contrôler. OK??? Je laisse cet instant durer, laissant nos respirations s'entremêler. Je sais pas quoi répondre. Ah- attends- Nique la St-Valentin et les relations... Mais allez... Profitons juste de cet instant.

«  T'es vraiment un Feu dans l'âme putain, chuchotais-je entre mes lèvres.  »

Le cœur battant, j'hésite. Nan. Je veux pas hésiter, marre d'être un boulet dans cette vie. Je me penche doucement, brisant l'espace de ces derniers centimètres pour le refermer. C'est hésitant au début, c'est juste un effleurement léger, puis c'est langoureux, c'est chaud, c'est doux, c'est rempli de désir. J'ai la cage thoracique qui va péter. J'enroule mes bras autour de sa nuque, faisant attention de ne pas lui cramer la tête au passage, l'attirant contre moi. Je l'ai dit ou pas que je suis en manque d'affection HEIN? Aucun idée de combien de temps ça dure, juste que... Au moment de séparer, que le contact se brise, que ses lèvres et ses mains me quittent je suis rouge pivoine. Je me pince les lèvres de panique. QU'EST-CE QUI VIENT DE SE PASSER. Mon sang ne fait qu'un tour. Faut pas que je bégaye hein. De gêne, je tourne la tête sur le côté. Reprenant une nouvelle bouffée du joint, nan, je le vois déjà avoir le sourire de l'année parce qu'il a embrassé- non, parce que LA VIDEUSE qui l'a envoyé balader au début avec un vieux ''Non'' vient de lui en rouler une. Enfin. Je dis ça, il me l'a rendu aussi ce baiser. Je mets ma capuche rapidement pour que mon visage soit un peu moins visible, je fronce les sourcils et tend le joint à Erik.

«  …. Maintenant j'ai chaud,  grommelais-je.»

Je suis en train de suer dans mes bandages, OK ??? Je le redis. JE SUIS PAS EN CONTRÔLE. Le joint aussi non? Je suis un peu affaiblie, trop détendue peut-être? Ça a pété ma barrière de meuf qui se la joue dure. Enfin en vrai elle était déjà pétée. J'ai trop de fissures dans mes barrières. Quand c'est pas prévu et que la tension est étrange, OUI JE PANIQUE. Du coin de l'oeil, je le sais, le joint s'est éteint. Je me tourne rapidement.

«  Attends, il est éteint. »

Je me ravance finalement dans sa direction et tend mon doigt pour laisser mon électricité faire son boulot. Je l'ai toujours pas regarder dans les yeux. Je suis habituée à de la drague dure, pas à autant de douceur comme ça surtout vu les montagnes russes de cette soirée.

Le silence. C'était too much ? Ou pas assez ? En tout cas mes intentions sont claires. Dans ma tête au moins. J'ressens une pointe de stress monter. Mais aussi de l'excitation. Alors. Pas celle ci spécialement mais, ouais. Je croise son regard, alors qu'elle semble hésiter. Et je peux pas m'empêcher de sourire, de ce sourire un peu timide qui veut dire "j'comprends". Parce que j'peux comprendre son hésitation. Genre est ce que c'est une bonne idée ? En temps normal je me serais posé la question aussi. Mais là, j'ai laissé toute réflexion derrière moi. Et je fonctionne à l'envie. Marre de me prendre la tête. Marre de faire passer les autres avant moi. Et j'sais pas, cette fille j'l'aime bien. J'ai le sentiment qu'elle me ressemble. J'sais pas du tout ce que j'fais depuis que j'suis réveillé ce matin. Est ce que c'est parce que c'est spécial, aujourd'hui ? Que c'est la journée des amoureux, et de la solitude pour les autres ? Ou est ce que juste j'voulais une soirée agréable, et j'ai vu l'opportunité de la passer avec la jolie videuse ? Et genre je sais pas pourquoi mais on a flirté ? Genre j'ai flirté. Et genre est ce qu-

J'aurais eu envie de répondre. De faire une blague de plus. Ou juste non. J'aurais voulu lui faire ce regard qu'elle m'a montré plus tôt. Encore. Parce que ça m'aurait fait rire. Mais à la place, je ne peux que me taire. Le silence que je comblais avec mes pensées décousues se fait plus léger. Une partie de moi est soulagée. L'autre est effectivement en feu. Sauf que le feu, il ne vient pas de moi, comme elle le suggérait. Il vient de nous. Du contact de nos lèvres qui, après s'être cherchées timidement, ont accordé leurs violons. Ma main libre remonte sur sa joue et, en réaction, ses bras viennent s'enrouler autour de mon cou, m'obligeant à la retirer pour la placer sur sa hanche. Mon énergie bouillonne en moi un instant, le temps de créer de quoi amortir mon verre dans juste assez d'eau pour qu'il ne se brise pas. Et libérer ma deuxième main qui, comme la première, se pose sur sa hanche, et que je l'attire un peu plus contre moi. Plus de pensées parasites. Juste le moment. C'est agréable. Doux. C'est chaud, malgré l'air frais qui commence à me mordre les mollets. Puis, comme ça avait commencé, ça s'arrête. Et je souris niaisement, ramassant mon verre avant que je ne perde le contrôle sur ma magie.

"Ça m'étonne pas. Tu m'as volé AU MOINS 10° là j'ai froid presque."

Je ricane et attrape le joint qu'elle tend. Et qu'elle rallume quand elle s'apperçoit comme moi qu'il s'est éteint. Ça a duré si longtemps que ça ?? Mes joues prennent une teinte rosée et je tire doucement sur le bédo. Mmmhh. Étrangement, mon esprit garde le calme du baiser. Pas le tumulte d'avant. C'était chouette. Et j'espère que ça se reproduira. Mais bon. Le but c'est de passer une bonne soirée. Pas de s'envoyer en l'air.

"Je mmhh- J'ai faim un peu." J'souris. On rentre ? J'voudrais pas que tu gèles-"

En parlant, j'ai ouvert la porte, l'invitant à entrer avant moi. Et je cherche son regard pour guetter une réaction à ma euh. Provocation ? Taquinerie ? J'sais pas trop. Au pire on en parle plus et voilà c'est jamais arrivé. Mais c'était cool quand même.

«  Je t’aurais plutôt dit que t’as gagné 10 degrés de plus moi, ricanais-je en retour. »

Facile de rigoler vite fait quand tu regardes le sol. Ouais. C’est allé vite là. VRAIMENT. C’est normal que je veuille en réclamer encore ? Oui ? Non ? Purée. Je suis là comme un bonhomme eskimo avec ma capuche à me demander ce que je fais. Je revois toute la scène au ralenti dans mon crâne. Encore et encore. Ses yeux, ses mains, sa chaleur, bref- De l’intérieur, y a une mini-moi qui court de partout. Qui crie. Qui appuie sur tous les boutons d’alerte de mon cerveau.
Il ouvre la porte et là, je me décide à le regarder, légèrement moins rouge du visage. Je reprends ma bière que j’avais laissé au sol puis je mime son sourire.

« Très drôle hein. C’pas moi la moins sapée ici, pour le moment… Répondis-je en rentrant. »

Je dépose ma bière et retire mon manteau. Pfouh. Il fait chaud là-dedans, OU C’EST MOI ? Je vais à mon sac, je retire de la pochette avant un élastique et me rattache les cheveux dans un chignon rapide. Je suis en train de mourir là. J’ai pas mis de tee-shirt sous mon pull BIEN SÛR alors je peux pas le retirer, je retrousse les manches et me réinstalle sur la chaise. Je suis Erik du regard dans la pièce, une petite étincelle dans le regard. Je sais pas quoi dire sur le moment. Je veux refermer cette distance mais, priorité à passer une soirée simple hm ? Il a peut-être envie de juste continuer à discuter avant la baignade. Je sais pas. Je suis encore en capacité de réfléchir mais un peu moins fort. Je le sens, mes yeux me piquent, c’est rouge. Je pose ma tête contre mon poing fermé, le coude sur le comptoir. Je peux pas juste me lever et aller me planter devant lui pour… ‘fin… OUI ? NON ?

«  OK je sens qu’on va passer une bonne soirée, gloussais-je. Vas-y on retrinque correctement HEIN genre euh, à cette longue soirée qui nous attend ! C’quoi on dit déjà ? La nuit est jeune ? »

Je tends ma boisson vers Erik, je suis doucement en train d’atteindre un niveau de confort corporel sympathique. Je commence à glousser un peu toute seule mais je m’en rends pas tant compte que ça sur l’instant.

« Assez de blabla sur ma personne, et si euh... on parlait de toi un peu hm ? Ou ce que tu veux ? C'est chez toi, je te laisse décider. »

"C'est hors de question que tu me fasse enfiler un manteau. Et puis quoi encore."

Je peux pas m'empêcher de sourire. Elle me fait rire. Ça fait longtemps que j'ai pas fait une rencontre aussi plaisante. Aussi simple, sans artifice. Genre, j'suis moi-même. Et j'ai l'impression qu'elle aussi. Et genre ça match et on passe un moment chouette et j'fais des blagues que j'fais qu'au boulot ou avec Ipiu. Je. Flirt. Avec. Une. Fille. La. Meuf. C'est. Un. Avion. Genre elle est dans le ciel et tout. Et moi, je flirt. Même pas on discute genre. J'vais clairement pas m'en plaindre hein mais ouah. J'suis chaud. Mais c'est que j'prends la grosse tête en plus ??? Je me resserre une bière et lève mon verre sur les mots de Nana.

"Ouaip. Jeune et pleine de surprises. Après, bon. On fera probablement pas plus surprenant qu'une téléportation dans le couloir des Eaux."

Ou que ce baiser. Quoique. En vrai qui l'avait pas vu venir ? Gener même moi je l'ai vu venir. Non parce que sinon j'aurais jamais fait ça. Et ça c'est. Attraper son menton pour mettre ses lèvres en face des miennes. J'crois que j'ai du mal à passer à autre chose mdr. C'était vraiment cool. On trinque, et je m'adosse au comptoir, levant les yeux vers le plafond pour chercher mes mots. Et quand j'me suis mordu la lèvre c'était pour chercher mes mots aussi ? Ou le goût de. De la bière ? mmmh. Je rougis un peu quand j'm'en rend compte et laisse échapper un petit rire avant de parler un peu de moi :

"J'vais essayer de faire aussi concis que toi du coup euh. Erik. Eau Morphe. O- au cas où. Ma daronne était une connasse du nord de l'Europe. Mon papa j'l'ai pas connu, il était japonais et j'ai grandit à Tokyo. Tifa c'est comme ma p'tite sœur, et Ipiu c'est un peu comme ma grande sœur. J'ai ouvert le Café BD/Manga avec Ariana et Baxter. Même si c'est mon projet à la base c'est trop bien de bosser avec les copains. Et genre avant d'arriver à Terrae en 2018 j'avais jamais parlé à une fille de ma vie. Parce que sinon ma daronne me tapais dessus. J'ai bossé dans un club gay c'était plus facile de se dire qu'il y avait soit des gars soit des meufs qui aimaient les meufs t'as capté et j'crois c'est tout hein. Mmmh si. Cette mission en Décembre. C'était ma première. Bah tiens j't'avais dit j'te raconterais pour mon bras c'est l'occasion-"

Je marque une pause. Parler c'est pas mon fort. Et genre ça consomme de la salive. Faut que j'me mouille la langue un peu. P'tite gorgée de bière et c'est reparti :

"Du coup ouais. J'suis Eau. C'est cliché de ouf mais j'adore l'eau du coup. Nager, tout ça. Du coup j'ai des épaules un peu t'as vu - J'remonte les manchettes de ma chemise et contracte à fond - J'contracte à peine là j'suis au repos t'inquiète mais voilà t'as vu. Et dans le bunker des autres enculés là. Y a un moment pendant que deux d'entre nous sont légèrement en avant garde, une porte avec un système anti-pouvoir s'enclanche et les voilà enfermés, embuscade, ça tire dans tous les sens t'as capté. Moi j'suis avec les deux Masters, qui me couvrent le temps que j'pose les charges directionnelles sur la porte en acier. Puis boom, ça explose. Mais c'était pas la porte c'était les soldats qui avaient un Feu. Puis boom, ça explose, et la porte vole sur 5m dans la pièce. Et comme j'veux aider les autres j'me précipite dans l'embouchure. Et voilà. J'ai trop nagé, et je m'ouvre le bras sur une des irrégularité de la porte. Mais ça va, p'tit bobo qui saigne quand même pas mal, sauf qu'on a une Guérisseuse dans le groupe, Aoi-Sensei. Du coup tranquille. Sauf qu'une fois qu'on est tous dans la pièce en train de faire un état des lieux. Bah Aoi elle était encore dans le couloir. En train de se faire tazer et étrangler par un type. J'étais le plus proche de la porte, mais Nikkou avec sa téléportation arrive avant moi, et met Aoi à l'abris. Sauf que tu sais, la première explosion. Le Feu là. Bah c'était pas un putain de Kamikaze il était en train de transformer la salle avec tout le monde en four. Alors j'lui ai sauté dessus. On a lutté au sol pendant looooooooontemps. J'lui ai broyé les couilles avec le genou mais lui il s'acharnait sur mon bras du coup. Et pour arrêter ses pouvoirs, j'ai dû créer de l'eau. Dans son nez, sa gorge, sa bouche. Ses poumons. J'sais toujours pas s'il est mort ou pas. Enfin. Il est mort c'est une certitude. Mais j'sais pas si c'est à cause de moi ou des injections. En tout cas, j'le regardait dans les yeux quand il a perdu connaissance. Et voilà le résultat."

À nouveau, je relève ma manche pour montrer ma cicatrice, contractant pour la faire ressortir un peu plus. C'est la seule raison promis. J'm'hydrate à nouveau la bouche avant de reprendre :

"Enfin dans tous les cas c'est pas ma première victime. Nan la première c'était une soldat dans le bunker un peu plus tôt. J'sais même pas comment le prendre, que mon Étoilisation ça se soit déroulé ici, à la maison. Pour une bête phrase comme "je suis fier de toi". Mais tant mieux. J'en pouvait plus. 5 ans à être Initié je tournais en rond j'allais exploser. Voir tout le monde progresser, avancer, à se demander ce qui va pas avec toi, t'sais. J'ose même pas imaginer ce que ça fait, de régresser, carrément. Genre, c'était ton choix, et tu l'as assumé comme une chef. Mais, après les avoir retrouvés, contre ton gré, être limitée autant par ce foutu sceau... J'imagine que c'est pour ça qu'ils ont accepté nos candidatures, pour les missions."

Au milieu de ma tirade, je m'étais décollé du meuble pour attraper un tour de pain et couper un morceau de fromage. Je lève un sourcil interrogateur vers la jolie blonde, le couteau en main, histoire de savoir si elle veut que je lui en coupe un bout.

[color=#0000ff]"T'inquiètes pour ton haleine t'façon. C'est pas ça qui m'empêchera d- 'fin... C'est pas ça qui- Ouais. Tes yeux compensent largement quoi."

On trinque, et je roule des yeux tout en riant la remarque d’Erik.

« Bah les Eaux dans le couloir des Eaux, pardon mais c’est logique hein ! »

Il cherche quoi me répondre, puis, lorsqu’il est prêt, on part sur une longue histoire que j’écoute attentivement tout le long. C’est à son tour de déballer son sac. Mon visage passe par toute sorte d’expression en fonction de ce qui était dit. Clairement il a pas eut une vie facile mais Terrae semble l’avoir… transformé. Enfin, en tout cas pour une vie meilleure. À part pour la mission… De leur côté ce fut très tumultueux, je n’imagine pas la difficulté, le stress qu’ils ont dû traversé… la douleur que l’équipe a vécu. Qu’Erik a vecu. Quand il a montré ses bras, j’ai bien scruté. Dont sa cicatrice, je la vois pas bien assez mais je la vois en vrai.  

«  Haha vas-y juste un bout. »

J’acquiesce donc avant d’essayer de le rassurer un peu… Je pense qu’il en a besoin.

«  Ça n’a pas du être facile pour toi tout ça… Mais tu peux être fier de tout le progrès que t’as fait Erik. Regarde où t’en es arrivé dans la vie ! Chacun fait les choses à son rythme et ton sceau attendait le bon moment pour péter, ce serait arrivé plus tôt, qui sait ce qui ce serait passé. En plus pour une première mission, c’est violent. Toi t’as géré comme un chef hm ? »

Je prends une gorgée de bière avant de me lever de ma chaise pour me rapprocher, arrivant du côté de son bras avec la cicatrice.

«  Tu peux être fier d’être sorti de cette mission, t’as fait ce que tu pouvais. On a pas le pouvoir des Masters non plus alors… On fait ce qu’on peut. Si on a été sélectionné c'est parce qu'ils ont vu notre potentiel.. Parce qu'on a de la force. Qu'ils croient en nous. Perso c’était pas ma première mission mais je l’ai trouvé dure celle-là, mais, de savoir que c’est pour aider Terrae, c’est ce qui compte. Mais c’est bien que tu vides ton sac un peu, t’es pas seule ici, t’as ta famille, tes amis, tout le monde. Ton étoilisation bah… Soit positif, elle est arrivée, mieux vaut qu’elle se déroule de cette manière là que dans une manière atroce hm ? Ou dans un moment où tu aurais pu blesser quelqu’un que t’aime… Nan vraiment, te prends pas la tête, hein puis ça là, dis-je en prenant son bras dans mes mains en montrant la cicatrice.  Ça va guérir. C’est une preuve de bravoure. OK ? Avec le temps ça ira et OUI je suis meilleure à conseiller les gens que moi, pas besoin de le dire. »

Je lui offre un sourire avant de lâcher le bras. Je reste à côté, accoudée.

«  Puis ouais… l’eau c’est cool. Juste de nager dans une piscine… ou l’océan, on a envie d’y rester à vie dedans parce que c’est agréable de se faire transporter comme ça. Sans la gravité, juste tu flottes, tu nages. »

Sur le moment, je me permets de poser ma main sur mon épaule, caressant légèrement en signe de compassion.

«  Je te comprends, Erik. Ça va aller.»

J'avais pas spécialement besoin d'être rassuré en vrai. Genre tout le monde s'est voulu toujours rassurant. Tout le monde m'a déjà dit que j'avais géré, que j'étais super cool et trop fort et que j'avais fait les bons choix. Mais c'est cool, de pouvoir parler. Et dire ce que j'ai sur le coeur. D'être écouté. Je garde le visage fermé, mais je hoche la tête. J'ai pas raconté tout ça pour me plaindre ou être rassuré. Je l'ai raconté dans l'espoir d'être compris. Je demande pas des solutions, ou des conseils ou je ne sais quoi. Je. J'avais besoin de quelqu'un comme moi. Qui s'est retrouvé dans une situation semblable. Et qui, comme j'ai su comment me comporter avec elle, sait comment s'y prendre avec moi.

Je frissonne au contact de sa main sur mon bras. Malgré la température douce de la pièce, elle garde encore un peu de la fraîcheur de l'extérieur. Pourtant, c'est pas vraiment ce qui me fait frissonner. C'est de ne pas avoir le contrôle. Cette fois. C'est pas moi qui touche. Qui caresse. Pourtant, c'est ce que je veux. Ce contact. Que je ne demande pas, mais dont j'ai besoin. La seule autre personne qui a fait le premier pas vers moi, physiquement. C'est Aria. Quand elle s'est pelotonnée contre moi pendant mon sommeil. Sinon, ça a toujours été moi, à l'initiative d'une telle chose. J'en veux pas à Ipiu, ou aux autres. Loin de là. Mais ce qu'ils mont apporté, dans ces moments là, je comprends enfin que c'était pas forcément suffisant. Que c'était pas ce que je cherchais vraiment.

Elle me comprends. Et je sais, quand elle le dit, que c'est vrai. Pas à 100%, mais comme moi je l'ai comprise. Et comme j'ai compris ce dont elle avait besoin. Je sens les larmes rouler doucement sur mes joues. C'est pas de la tristesse, ou de la peur, ou de la joie. C'est du soulagement. Le soulagement de comprendre. De me comprendre un peu. Ce sont quelques larmes seulement, qui se perdent sur mes joues alors que je souris.

"C'est vrai que l'eau c'est calme. Paisible. Mais tu sais ce qu'on dit. L'herbe est toujours plus verte à côté. Perso j'adorerai communiquer avec les appareils électriques. Alors que tout le monde peut nager. Et excuse moi, c'était maladroit de parler de la sorte de mon étoilisation alors que je sais comment tu as vécu la tienne. Et- Merci, surtout."

Lorsque sa main quitte mon épaule, lorsque le contact se rompt, j'ai envie de la retenir. De l'attirer contre moi toute entière et de me perdre entre ses lèvres à nouveau. Est ce que c'est saint ? Est ce qu'on est pas en train de se faire du mal ? Je décide de ne plus y penser. C'est ce qu'on s'est dit. Vivre l'instant. Faire ce qu'on veut. Ce dont on a besoin. C'est ça, le but, non ?  Alors quand sa main quitte mon épaule, j'attrape son poignet, et je plonge mon regard dans le sien. Sans artifice, cette fois. Ma main glisse le long de son poignet pour finalement prendre la sienne, et, d'une légère torsion du poignet, je l'invite à réduire la distance entre nous.

Ce fût moins long que dehors. Tout aussi bien, cependant. Voir mieux encore. Mais surtout, c'était plus calme. Parce qu'on sait que la soirée débute seulement. Qu'on a le temps. Que c'était pas juste pour rire. Quand je lâche sa main, que nos lèvres se séparent, je souris à Nana.

"Je pense que l'eau doit être à la bonne température. J'vais sortir les bières, si tu veux mettre ton maillot tranquille tu peux utiliser la salle de bain, c'est la porte juste après l'escalier, quand tu entres par la porte d'entrée. T'es venue pour ça après tout. Ça fait tellement de bien après une bonne journée de boulot, alors j'imagine qu'après une nuit de taf c'est encore mieux ! "

Un pincement au cœur me heurte quand je vois ses quelques larmes s’échapper. Ce n’est pas facile tous les jours. On se comprend. Plus ou moins.

« Haha je pense pas que t’aie envie de te disputer avec une machine à laver t’sais. T’as pas à t’excuser, dis-je en essuyant du revers de la main son visage mouillé. Chacun vit sa propre expérience, rien n’est vraiment comparable dans la vie, sois fier de toi, ça me fait plaisir d’être une oreille attentive.  »

Je devrais lui laisser un peu d’espace à lui aussi. Chacun son tour. Hein. Ma main quitte son épaule, l’effleurant une dernière fois. Je tente de reculer d’un pas, Erik n’est pas de cet avis. Je n’ai pas tant le temps de réfléchir que nos lèvres rentrent à contact à nouveau. Je fonds de l’intérieur. Finalement, avait-il vraiment besoin d’espace ? Ou que je le comble ? Son geste délicat me prouve que oui. De ma seule main libre, je viens la poser sur son visage, le creux de sa mâchoire dans ma paume. À nouveau cette douceur ah… m’y ferais-je un jour ?

Cette attraction dans la pièce s’intensifie à chaque instant. On s’est dit, pas de besoin de réfléchir. Pourquoi se prendre la tête au final ? Je me laisse aller totalement,  vers Erik et ce moment. Demain est un autre jour. Ce soir, c’est maintenant.

Ah… À nouveau le contact qui se brise.

« En vrai, je le porte déjà ! Dis-je avec un sourire. Mais je pense que oui, ça va être un grand bien ! De la vraie détente ! Mais, je te laisse préparer le restant, je reviens rapidement ! Attends moi dans le jardin! »

Je dépose mon regard doré une dernière fois dans le sien avant de me téléporter, pieds-nus, devant sa maison. J’ai laissé le manteau à l’intérieur.  Faut que je sorte mon adrénaline un peu avant que mon corps explose. Sinon je serais pas bien dans l’eau. Je sens le sol froid me piquer la plante des pieds. Je jette un œil à la porte avant de courir dans la rue. Je me permets quelques aller-retour en travaillant ma respiration. Je sais pas. Pourquoi je fais ça ? J’avais envie ? Pourquoi vouloir se calmer après un moment aussi doux ? Après, ça fait un espace pour Erik. Il m’a prouvé qu’il en voulait pas mais, ça ne fait jamais de mal.
Alors je cours. Suffisamment jusqu’à ce que je sente mes muscles me transmettre l’info que « OK ça va mieux ».
Alors que je suis au bout de la rue, je me téléporte dans le jardin, là où Erik m’attend. J’ai le souffle court, le visage rougi par l’effort physique, mais ça va mieux. Fallait que mon corps process’ un peu. Mon cerveau il va bien. Il s’amuse à me redéfiler ce qui vient de se passer. J’ai la sensation fantôme d’avoir encore ses  lèvres contre les miennes.

«  J’avais dit que je reviendrai , riais-je en retirant mon pull par la même occasion. Désolé pour la petite attente !  »

Ouais, je me retrouve en haut de maillot, legging, dehors. J’ai super chaud là donc ça va en vrai. D’avoir enlevé mon pull, je dévoile à Erik les bandages qui entourent mes bras, mes mains, et un peu mon torse. La dessous, la peau est jaunie, un peu violette. Il n’y a que mon poing droit qui est encore un peu brûlé par l’impact de l’étoilisation. Les Guérisseurs ont fait des merveilles en réduisant au maximum les impacts. Je vais m’amuser à me démomifier pour aller dans l’eau.

"Pas de soucis prends ton temps ! "

C'est vrai que c'est ce que j'ai répondu. Genre quand quelqu'un te regarde comme ça tu discutes même pas. Tu réponds et c'est tout. Mais quand je disais "prends ton temps" après que tu m'ai suggéré d'attendre dans le jardin, tu voulais me transformer en glaçon ? Une p'tite stalagmite de Morphe ?? Parce que j'ai enlevé mon t-shirt, pieds nus en maillot. Dehors. À côté de la glacière que j'ai remplie d'eau, dans laquelle trempent les bières. Sauf que là j'vais être plus frais que les bières t'sais. Qu'est ce qu'elle fait ? J'embrasse si mal que ça ? J'suis à deux doigts de rentrer dans l'eau chaude tout seul. Vazy nan ça se fait pas. Déjà elle me laisse squatter son jacuzzi, parce que c'est le sien pour cette nuit. Chaque seconde, mon esprit fait des vas et viens entre le souvenir de ses regards ou de ses lèvres contre les miennes,  et entre la peur qu'elle se soit barrée pour de bon. C'était nul ? Ou genre trop, pour elle, et j'lai blessée ? Azy nique sa mère. J-

Bien sûr qu'elle allait revenir pourquoi j'ai douté ? Elle est revenue et elle enlève son pull, sous le quel y a genre pas de t-shirt, et ok pourquoi pas mais. Pourquoi elle est essoufflée ??? Avec les joues comme rosies par euh. L'effort ? Le plaisir ? Ok là j'me fais des films genre sa libido allait exploser et elle s'est - Wouah. Ok c'est mon tour d'être tout rouge. Je ahem-

"Ahahah bah t'inquiète je regardais le ciel tranquille ! T'as l'air d'avoir chaud t'as couru un marathon ou quoi ? "

Je plaisante mais j'suis grave perturbé. Genre elle a couru entre tous les distributeurs de capotes du village et pas de pot c'est la Saint-Valentin quoi. J'me pose des questions normal la meuf elle revient essoufflée je sais pas moi. Par contre. Sa silhouette pâle qui se dessine dans la nuit là. Sa peau marbrée et les bandages, quand tu sais comment c'est arrivé, ça a un côté graaaaave sexy. Je. Ouah...

"Effectivement, tu t'es pas loupée. Même si le violet fait ressortir tes yeux un peu."

Nan y a pas à dire, je wouah. J'ai pu super froid d'un coup. Et je regrette pas d'avoir lutté contre mon envie de faire plus que de l'embrasser, dans la cuisine juste avant. Genre découvrir ses formes et son corps, comme ça, au clair de lune. Ça valait le coup d'attendre.

"Est-ce que euh- T'as besoin d'aide ? Pour les bandages t'sais. Ou alors tu les gardes ? Même si tu seras sans doute plus à l'aise sans ? "

Je m'approche et caresse son bras, suivant le contour d'une des bandes.

"Ça te fait encore mal ? "

Je tente de reprendre mon souffle correctement. Pourquoi Erik est-il presque aussi rouge que moi? Je l'ai fait attendre sûrement trop longtemps dans le froid... J'aurais dû courir plus vite.

« On peut dire ça, répondis-je en blaguant. »

Bah oui. On essaye de répondre avec légereté parce que dire : ''Fallait que je cours dehors dans la nuit comme ça genre ouais un petit footing parce que... parce que?'' ça aurait été la chose la plus bizarre à dire. Genre, t'embrasse une meuf, elle se barre dehors pour courir, c'est bizarre non? La peau chaude, le vent froid vient la caresser doucement, sans que la différence de température soit un trop gros choc. Bon mes pieds c'est une autre histoire mais là, dans le dos, ça fait du bien.

«  C'est la beauté de se battre contre une Air qui te balance à l'autre bout de la pièce comme un jouet usagé. »

Sa remarque sur mes yeux me fait sourire sur l’instant. J'en profite pour enlever le legging. Bah oui, je compte pas me baigner avec hein. Mes jambes sont un peu moins bandées, mais les couleurs des chocs sont là aussi. Sous peu, ce sera parti au complet, j'en suis à la fin du processus. J'ai la peau difficile avec les marquages. Mais, je n'ai aucun complexe sur mon physique.

«  Pas trop une bonne idée de les garder dans l'eau je t'avoue mais tu peux m'aider à les retirer oui! »

À deux, ce sera toujours moins une galère pour retirer tout le barda. Ça me prend un temps fou à me les mettre pour couvrir les zones demandées. C'est histoire de protéger les hématomes encore un peu. Après les analyses à l'hôpital, rien de casser, juste des gros chocs et de la fatigue musculaire extrême, et énergétique bien sûr. J'ai dû attendre avant de postuler pour mon boulot, d'être assez stable et en forme pour le faire. Bref-
Ses doigts sur ma peau me donne un long frisson. Parce qu'il fait froid? Que c'est sensible? Parce que c'est agréable? Je regarde mon bras, puis Erik.

«  C'est encore un peu sensible, mais je m'y suis faite. Bientôt ce sera partie, dis-je avec un sourire. »

Ce moment, sous la lune, dans le froid... Le temps s'est-il arrêté?

«  Essayons de faire ça vite quand même pour aller se mettre au chaud! Je crois que je suis en train de perdre un orteil. »

Genre t'es un jouet usagé meuf. Même dans le commerce on en trouve pas des comme ça. Enfin j'ai compris la métaphore. Mais je proteste. C'est plus le genre statue grecque que barbie désarticulée là quand même. Bon ok y a quelques graffitis, sur la statue. Mais c'est littéralement des blessures de guerres. Et ça enlève rien au talent du sculpteur. J'détourne les yeux quand elle enlève le bas, par pudeur, même si dès qu'elle ne porte plus que le maillot mes yeux passent rapidement le long de ses courbes. Et puis maintenant que j'ai l'autorisation de les regarder de plus près, je m'approche et effleure une de ses blessures, pour prendre la température.

"J'espère que ça va pas mettre ton job en danger. Ça rajoutes quelques points de charisme badass, les bandes, mine de rien- Je ricane en faisant posant ma main sur l'épaule de la jeune femme. -Tiens, tourne toi je vais commencer par celui-ci."

Ma main glisse le long du pansement qui descend presque jusqu'à son coude, cherchant l'extrémité du bandage du bout des doigts. Si, à la base, je voulais faire vite et bien, je me retrouve à passer doucement mon pouce sur son avant bras, tout en douceur. C'est encore sensible, après tout. Puis, quand je trouve le bout, je tire dessus avec précaution pour défaire le nœud. Elle est immobile, dos à moi. Je rougis soudainement en remarquant la buée qui s'échappe d'entre mes lèvres pour se mêler à ses cheveux, contre le haut de sa nuque.

"Ok ça va être bon pour celui-ci. Essaie de l'enlever j'vais essayer celui-là."

Celui qui entoure son abdomen. Il a pas été super bien fait, d'ailleurs. Ou il a bougé. Mais je distingue la peau violette entre deux passages de bande. Elle est toujours dos à moi et, la pénombre étant ce qu'elle est, je passe mes bras autour de sa taille, les paumes à plat sur ses abdos, puis au dessus de ses hanches. Sa peau est chaude. Douce. Je le sais parce que, sans vraiment le faire exprès, pendant que je cherche la tête du bandage, mes mains s'égarent de quelques centimètres sur les hanches de la blonde. C'est moi ou elle est plus proche que tout à l'heure ? C'est moi qui me suis rapproché ? Ou c'est elle qui, en déroulant la bande qui parcourait son bras droit, s'est lovée contre moi ? Il fait combien, déjà, dehors ? Non parce que je suis persuadé que c'est un mensonge.

"Ok j'ai trouvé ! Juste là- sous la bandelette-"

Avec toute la délicatesse dont je suis capable, j'écarte deux tours de pansements de l'index et du majeur, juste sous les côtes. Du bout des doigts, j'attrape l'extrémité de la bande et tire doucement. Celui ci était pas vraiment noué, alors je tire doucement dessus et la bande prend du mou et tombe presque toute seule au sol. Je remonte mes mains le long de ses flancs pour remonter jusqu'au bandage sous sa poitrine. L'envie de remonter un tout petit peu trop me traverse l'esprit. Mais non. Focus Erik. Ça va finir par se voir, sinon, que t'en profites un peu. Ton souffle dans sa nuque. La fragrance de ses cheveux qui te fait plus d'effet que le joint...

"Je vois pas grand chose avec- 'fin. Ton maillot. Genre les nœuds et tout 'fin. J'ai l'impression c'est emmêlé-"

Genre j'ai la décence de pas y aller à tâtons. Non pas que j'en ai pas envie. Mais si jusque là ça pouvait faire un peu attentionné un peu mignon pour faire monter un peu la température, là ça ferait carrément intéressé ou mec en rut. Bon, j'suis clairement intéressé ok. Mais j'veux pas m'abaisser à ce pelotage en règle.

« Nan ça va, ils savent que je suis en fin de processus. Ils sont contents de moi pour l'instant. Au service je porte juste des manches longues en vrai. Haha- ouais ok un peu. »

À sa demande, je me tourne. Je me tripote un peu les mains parce que... bah... je sais pas quoi faire? Le premier contact vers mon coude me fait sursauter. Il y va vraiment doucement, alors ma peau réagit.. JE réagis. Les lèvres pincées, je laisse le silence faire son boulot. Ce n'est pas lourd, c'est... apaisant.

«  OK! »

J'attrape le bout qui pendouille commence à détourer le bras progressivement. Laissant finalement la bandelette tomber par terre, promis je les jette après. Instinctivement, je recule d'un petit pas, sentant la présence d'Erik très proche de mon dos. Ses mains se baladent, à la recherche de nœuds, je sais que c'est pour juste les défaire mais... J'ai chaud OK. Ce contact qui me dévore, centimètre par centimètre de peau. Je tente de rester silencieuse, de pas me laisser emporter. Bon allez, y a juste un gloussement qui s'est échappé ÇA VA HEIN. C'est quoi cette tension. On avait DIT une soirée TRANQUILLE.
Je l'écoute pendant qu'il continue sa chasse, que ses doigts s'emparent de moi, des bandages qui m'étouffent. L'air frais sur mes hématomes est un peu désagréable, mais, la douceur de ce long moment prend le dessus et me fait oublier, juste sur l'instant, la lourdeur de mes blessures. Pourrais-tu... ne pas me lâcher tout de suite?

On s'en sort bien. Erik a le bon œil, et le toucher, pour trouver tous les nœuds de merde que je m'étais fait pour que ça reste en place.  Je profite de retirer ceux qui me couvrent les mains, je les laisse tomber sur le tas au sol. J'ai le corps en ébullition depuis tout à l'heure. Le souffle chaud d'Erik vient me faire frissonner du dos. Il est proche. Je me dis, il a pas trop le choix, enfin. J'ai un sourire en coin, je pense que ça ne doit pas le déplaire ce boulot non plus. Mais sinon, il m'aurait fallu un bon moment pour les retirer. À me plier en quatre pour tirer. Est-ce que, je devrais me sentir égoïste de profiter de ce moment? Nan, je pense pas. Hm?

Je comprends bien ce qu'il veut dire par là. C'est emmerdant mais je le sais, ça m'arrive tous les jours avec mes sous-vêtements. Parfois je suis trop pressée alors je l'attache à l'arrache quand ça me saoule. Je laisse ma main droite venir toucher mon dos pour tenter de comprendre. Ah- Hm. AH- Je soupire.

«  Ouais il est... ouais. »

Je sais ce que ça veut dire, vraiment. J'ai pas le choix. Juste pour le moment. Allez. Je le fais, puis après on arrange ça hein. Je me refuse de laisser les mains d'Erik me quitter tout de suite. Une grande inspiration et je laisse mes doigts faire le travail, tapotant jusqu'au nœud de mon maillot dans le dos. La nuque tout va bien donc pas besoin. D'un geste vif entre deux doigts, je détache le nœud et tourne la tête brèvement sur le côté vers Erik, ne voyant que sa silhouette dans le noir.

«  Tu devrais avoir... meilleur... accès? Juste... rattache après... OK? »

Je souffle FORT là, OK.

Non parce que sinon j'allais chercher un couteau hein. Ou PIRE. J'y allait avec les dents. Mais j'm'en serais voulu d'abimer le maillot. Pendant qu'elle tire sur son maillot, je maintiens les bandes en place. Je voudrais pas qu'elle les serre plus sans faire exprès. Je retiens mon souffle. Tu devrais avoir meilleur accès. Ne. Pas. Sortir. Cette. Phrase. De. Son. Contexte. CONTEXTE.

"Je ahem. Ouais. Et euh. Bien sûr. Genre direct, diiiiirect après ? "

Je rigole et dit ça sur le ton de la blague mais je suis pivoine. Pile au moment où elle se retourne. Ok j'suis violet, là. Merci la nuit. Je tire doucement sur son maillot, pour finir ce qu'elle a commencé. Dénouer le nœud sert pas à grand chose si je démêle pas derrière. D'une  main, je continue de maintenir le bandage en place, et j'tire avec l'autre. Puis, quand c'est fait, j'prends les deux fils dans une main, que je place entre ses omoplates pour les mettre définitivement hors d'état de nuire. Ma main droite, elle, continue sa fouille méthodique, à tâtons. Forcément. C'est normal en vrai. Elle a fait le nœud sous sa poitrine, anatomiquement c'est le plus simple quoi. Bordel. J'ai chaud. Mes doigts, entre sa peau et le pansement, passent par dessus sa colonne vertébrale. Puis suivent une côte. Centimètre après centimètre. La position qu'on a, là, fait que. C'est pas juste mes doigts qui sont sous son bandage. C'est ma paume entière qui glisse le long de ses côtes. et l'avant-garde qui arrive juste sous sa poitrine. Mon cœur loupe un battement. Ou alors c'est le sien, que je sens pulser au bout de mes doigts ? Ça serait si vite fait. De juste relever mon pouce. Ma main. Azy. Il est où ce putain de nœud ??? C'est que je commence à avoir le bras court là. J'attire la Tonnerre un peu plus contre moi. Son dos entre en contact avec mon torse, et je peux gagner quelques millimètres. Et. Oui. Enfin. Je le trouve. Putain.

"Je crois que. Mhh. J'ai rien dit-"

Si je tire dessus, là. Je vais devoir- Je vais devoir- Je sais même pas comment dire. J'veux juste la garder contre moi un peu plus.

"J'ai dû le louper p'tain. On est d'accord que ça va pas plus.. Plus haut ? "

Sans même attendre une réponse, je passe mon pouce sur les deux ou trois centimètres de peau nue (et douce, si douce...) que j'avais laissé entre son sein et ma main. Doucement, en prenant touuuut mon temps et en effleurant sans même le vouloir la courbe naissante de sa poitrine.

"Nan pourtant... AH attends si je crois que je l'ai ! Y a une bande en plus que j'avais loupé ! "

Cette bande, c'est l'avant de son maillot. Et, si je la suis je.. Mhhh. Ouais. J'suis prêt à m'arrêter, à tout moment. Parce qu'on rigole, parce qu'on se cherche. Parce que nos souffles se mêlent et nos peaux s'embrasent, son dos contre mon torse. Mais je prends bien mon temps pour remonter ma main.

Je souris à sa blague, ne répondant que d'un simple ''hm hm''. Réaction facilement devinable, mais, bien que la chaleur actuelle fait son boulot, quitte à se papouiller, autant le faire dans l'eau bouillante un peu. Enfin. Je m'en fous d'avoir un rhume mais- bon. Je regarde à nouveau de l'avant, laissant mes bras mollement à côté de mon corps. Je sais pas quoi en faire... Je me laisse dans les mains d'Erik. J'ose pas me recoiffer non plus. Il fait son boulot, tranquillement. Juste le bout des doigts. Rien d'énorme mais suffisamment pour augmenter cette tension qui nous alimente. Sa main entière vient s'y glisser, je souffle fort du nez, mes battements cardiaques tambourinent dans ma cage. Ça s'accentue avec mon dos qui rentre en collision avec le torse d'Erik. Là, on est sur du peau contre peau. Je ressens sa température corporelle, est-ce qu'il ressent la mienne? Cette énergie qui nous entoure?

Un soupir de soulagement m'échappe quand il trouve le nœud, me laissant me coller un peu plus contre Erik. Qu'est-ce que je fous.

« Je crois pas-»

Son pouce me coupe. Je me gèle sur place. Ce léger contact... ici... à cet endroit, me fait soupirer. J'm'en mords la lèvre inférieure. Je comprends le petit jeu ici. Ce jeu qui ne me donne pas envie d'arrêter. Pas tout de suite. En même temps, ai-je envie de reculer? Juste un peu plus de contact... juste un peu... avant d'aller se baigner... Y a rien de mal là-dedans non? C'est dangereux, mais c'est trop tentant. Je dépose une main sur la sienne, celle qui cherche un peu plus mon contact sur mon torse.

« En fait- si. Juste une petite à retirer. »

Ça paraît que je mens, mon ton est pas clair. Je lâche sa main qui remonte pour déposer la mienne dans le dos d'Erik, laissant mes doigts tapoter sa peau très... délicatement. Je décide me laisser aller. De plus en plus. Mes paupières se ferment. C'est dangereux, c'est chaud. Sa respiration augmente, je la sens dans mon dos. C'est abrasif. Chaque mouvement, chaque caresse, me coupe le souffle.

TW : Si t'es arrivé jusque là t'as capté mon gâté. Et c'est pas genre à la moitié du post. C'est maintenant.

Spoiler:

"Le premier qui boit la tasse a perdu ? "

En vrai je pense que c'est équitable. Genre on a tous les deux la tête vachement proche de- 'fin- D'une source d'eau ?