Mon coeur. Dans ma poitrine. J'ai l'impression qu'il est dans mon crâne. Il bat contre mes tempes. J'ai paniqué et j'l'ai embrassée. Pourquoi j'ai paniqué ? J'en sais vraiment rien. J'ai dit ce que j'avais sur le cœur, ce que j'avais envie de dire, de faire. J'assume pas ? Ou j'ai peur de gâcher le moment ? J'sais bien qu'il y a, dans une dimension semblable à la notre, un Erik qui n'a rien dit. Pour profiter du moment jusqu'au bout. Quitte à ne pas espérer de rappel. J'en ai décidé autrement. Quand le rideau s'apprête à tomber, j'applaudis fort et je crie. Obligé de m'agiter pour me sentir exister. C'est pathét- Elle sourit ? qdqsdFQSFCSWD- - - - - - Est ce que c'est ce que je v- Elle me tend son petit doigt, comme pour une promesse. aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah. Rouge jusqu'au bout des oreilles, j'hoche la tête.

"Oui, je le veux-"

Je contiens mon sourire niais en me mordant la lèvre. En vrai, oui, c'est ce que je veux. Qu'on ai d'autres occasions d'apprendre à se connaître. Qu'on vive d'autres moments comme celui-ci. J'approche ma main de celle de la Téléporteuse, mon regard dans le sien, petit doigt levé. Je reste immobile. Une seconde. Une deuxième. Je sens qu'elle a envie de rajouter quelque chose, alors j'attends. Et je ne peux pas m'empêcher de sourire, soufflant du nez pour contenir mon éclat de rire.

"J'espère que tu as conscience d'avoir utilisé "pas d'ENGAGEMENT" et "JUSTE toi et moi" dans la même phrase ? Sans parler du fait qu'une promesse c'est un engagement et- Okokokok pardon pardon j'arrête-"

Je la taquine gentiment, soulevant les incohérences mais, au fond, je comprends ce qu'elle veut dire. Ce qu'elle veut. Ce qu'elle espère. Et ça coïncide avec ce que je souhaite moi aussi. Alors j'enroule mon petit doigt autour du sien, et place nos pouces l'un contre l'autre.

"Est-ce que j'ai le droit d'embrasser la mariée, maintenant ? "

Je ne peux m'empêcher de sourire. Je plaisante, mais le décalage entre ce qu'on vit cette nuit et cette promesse, la rapidité avec laquelle on s'est embrassé, ou tenu la main. Ça va vite. C'est grisant. Un peu flippant si j'y pense de trop. Parce qu'effectivement, ça va vite.

"Je- J'prends pas ça a la légère. J'suis sincère juste- J'm'attendais pas à ça. T'es pleine de surprises. J'aime bien.."

Je parle trop. Embrasse moi, que je me taise. S'il te plaît Nana-

Nan… NAN. Je me foire dans mes mots. C’est pas- OK.

« Nan mais… ‘fin… hm, t’as compris. »

C’est simple. Bien que ce soit mal sorti. Pas d’engagement, on ne se doit rien à part juste des bons moments. Si demain il va se chercher une meuf, c’est son droit. C’est quand on veut. Y a pas d’astérisque au bout d’un contrat. Je comprends pas ce que je fous. Pourquoi j’ai dit ‘’juste toi et moi’’ alors que, c’est logique non ??? Y a personne d’autre dans la pièce, on ne parle pas d’exclusif- Il l’a pas mal pris. Par chance. Pas de fausses idées. Je souris, mais je panique de l’intérieur un peu. Il va avoir peur et il va se barrer en pensant que je suis folle et que je vais le manipuler. Je pense trop. Beaucoup trop putain. Puis POURQUOI LE PETIT DOIGT-
Je me sens pivoine, les pommettes enflammées à la prononciation du mot ‘’mariée’’ de sa bouche. De sa main connectée à la mienne. OUAIS TRÈS DRÔLE HEIN- Je souffle du nez.

« Très drôle Erik. »

Cette soirée n’a aucun sens. Y a une facilité à s’avancer autant… Si peu de temps, trop de choses, va falloir un moment pour digérer tout ça. Mais. Faut respirer. Hein. Y a rien. Du tout. Va falloir que j’aille m’entraîner avant d’aller bosser. Faut que je me vide le crâne. Que je prenne du recul. Seule. J’en fais trop. Je m’insupporte.

« C’est toi qui es plein de surprises j’ai envie de te dire. Mais t’inquiète, je te crois, et j’aime ta sincérité. »

Je pouffe un peu de rire avant d’aller reconnecter mes lèvres sur les siennes. Encore, et toujours. Toujours dans la douceur, dans l’optique de sceller ce que nos doigts se sont promis. Enfin. ‘Promis’. Cette soirée remplie de contradictions n’a fait que gonfler un orage qui a fini par imploser, pour laisser place à une pluie douce et chaude… Ce que j’aimerais pouvoir me faire une marche sous la pluie tout de suite… Ma main caresse sa mâchoire pendant ce baiser qui finit par se terminer. Je sais pas comment je fais pour encore avoir de la salive.

« Tu pourras m’aider à me rebander tout à l’heure ? T’inquiète je me douche vite. »

Sauf si tu veux la prendre avec moi- NON. ÇA SUFFIT HEIN. NE LUI DIS PAS ÇA-

«  Tu pourras utiliser ma salle de bain d’ailleurs. »

Pffffff-
D’ailleurs- Un léger sursaut me prend.

«  Oh merde j’ai laissé toutes mes affaires chez toi ! »

Littéralement toutes mes affaires. En vrai, je ricane un peu. Mais quand même. Là, c’est moi qui parle trop. Coupez-moi la langue. Je veux juste profiter de maintenant. Rester contre Erik. Le regarder. Sentir ses bras m’entourer. Je- OK STOP LÀ. Profitons d'un peu de silence. Quitte à s'endormir, un peu, sans que mes terreurs dans mon sommeil ne viennent me bouffer. Ou juste se regarder, ou, je sais pas. Ok, j'arrête.

On est vraiment deux enfants le visage rouge de gène et de timidité et de chaleur et d'émotions et de rire et pour tout plein d'autres raisons. Je saurais pas dire lequel de nous deux est le pire. On se regarde, se retenant d'éclater de rire. Rire mi amusé, mi nerveux, mi contagieux. Nos sourires s'effacent et on s'embrasse, comme pour confirmer, comme pour valider la promesse qu'on s'est faite. Sa main sur ma joue, la mienne par dessus, la caressant du pouce. J'ai du mal à comprendre. Ce qu'il se passe en moi. Ce qu'il se passe entre nous. J'sais même pas ce que je viens de signer mdr, J'sais juste que c'est allé très vite. Comme si, sans le savoir, on s'attendait depuis des mois, des années. Ce feeling, avec Nana. Comment c'est possible ? Enfin je ne vais pas m'en plaindre. C'est trop bien. Même si cette nuit que je souhaiterais sans fin se termine un jour, la promesse de d'autres me donne chaud. Mon cerveau reboot. Attends. On est genre plans cul, du coup ? J'imagine que c'est ça, sans engagement ??? Non parce que j'imagine un engagement c'est genre en couple, des projets, tout ça ? Non ? Sex friends ??? On est pas potes quoi. Plan cul, du coup. Mais 'fin. J'ai déjà couché plusieurs fois avec une même fille. Genre jamais j'tiens la main d'un plan cul comme ça. Je pfff. J'm'en bats les couilles, et je glisse ma main jusqu'au creux de sa hanche.

"Bien sûr ! Ça va carrément être moins galère pour toi ! Et t'en fais pas, prends tout le temps que tu veux, sous la douche. C'est mon jour de repos. J'ai pas d'impératif-"

J'embrasse le bout de ses doigts abimés par son Étoilisation-

"Ah oui donc on est passé des bandages à "Est ce que tu peux me frotter le dos ? " ? Ahahahaha- "

J'éclate de rire. Moi je suis pas contre du tout... Si je peux aider et tout... Je viens me blottir un peu plus contre elle, ricanant quand elle évoque ses affaires toujours à la maison.

"Moi qui pensait les garder en souvenir... Mais nan t'inquiètes j'te ramène ton sac et tout. Si j'peux éviter d'avoir une Master Sensitive qui me regarde dans les yeux en me demandant pourquoi y a un emballage de capote et un bas de maillot de bain dans le jacuzzi hein, ça peut être chouette-"

J'me sens rougir très fort.

"Nan 'fin- euh. C'est pas que j'ai des comptes à lui rendre ou quoi ça regarde que moi mais- 'fin. J'passerais te déposer ça quand tu seras au boulot ok ? J't'avoue que j'ai pas envie de faire autre chose que rester dans ce lit à te dévorer du regard, tout de suite."

Je me redresse un peu plus, me plaçant au dessus d'elle, un poing de chaque côté de sa taille, l'obligeant à se mettre sur le dos pour la contempler de haut en bas. Et lui voler un baiser, avant de me laisser tomber sur le ventre, juste à côté d'elle, un bras en travers de son torse, en tendant le cou pour déposer un petit bisou sur sa joue. Et juste rien dire, et la regarder, puis fermer les yeux, et se concentrer sur sa respiration, sur sa peau tiède, la serrant contre moi, le sourire aux lèvres.

"Imagine, y a des gens en couple ils passent une soirée moins bien que la notre-"

« C’est gentil, merci ! Heureusement que j’arrête d’en mettre bientôt… »

Je lui offre un large sourire tandis que je le regarde faire avec ma main. Ça me picote un peu la peau mais ce n’est pas tant désagréable.

« Hahahaha après t’es un grand garçon tu fais ce que tu veux hein. »

On rit ensemble. On se rapproche, l’odeur de ses cheveux entre dans mes narines, c’est apaisant. Je ricane avec lui. Je peux comprendre le malaise surtout quand t’es en colocation comme ça avec ta sœur. Je laisse ma main se poser dans ses cheveux, bougeant subtilement le bout de mes doigts, des rougeurs sur les joues.

« Ça marche, mes repos sont plus tard dans la semaine donc… passe quand tu veux. Ma pause est souvent à la même heure alors… ça te donne une idée. C’est clair que je ne suis pas mécontente de la vue que j’ai non plus actuellement.»

Je me mords un peu la lèvre en disant ça. Parce que je pense à beaucoup plus de choses que ça, mais je reste tranquille. Y a assez d’informations à process’ comme ça. Mais… Ça me fera plaisir de te revoir tu sais.
Son regard doux ancré dans le mien quand il vient au dessus, ça me donne des flash-backs de la soirée qui me font frissonner dans la colonne.. Je lui caresse gentiment la joue avant d’avoir le goût de ses lèvres un peu plus sur les miennes. C’est irréel. C’est envoûtant. Je le sens dans mon ventre. Sur le dos, je viens déposer le bout de mes doigts sur son bras qui est sur moi. Je fixe le plafond tandis qu’un bec est déposé sur ma joue. Je ricane.

« Les pauvres, ils ne savent pas ce qu’ils ratent. »

Je tourne la tête pour voir un Erik qui a fermé mes yeux. Un visage doux aux traits tranquilles mais avec un sourire sur les lèvres. Je le regarde un peu, deux de mes doigts se baladent sur la peau de son bras, remontant jusqu’à sa cicatrice que j’effleure.

« Ça vaut mille fois un restaurant et un bouquet de fleurs haha. »

Quel cliché en plus. Bon ça m’a échappé… au cas où qu’il décide de rouvrir les yeux, je remets ma tête droite pour fermer les yeux à mon tour. J’assume pas ma connerie.
Profiter de cette bulle chaude et apaisante, c’est ce que je préfère. Tandis que mes deux doigts viennent se balader sur son dos, faisant des formes et des tracés non existants.

« Toute façon… qui a inventé cette fête sérieux. Me semble qu’à la base c’était pas un truc de lovers, rigolais-je. »

Ça aurait été un autre jour que la Saint-Valentin… ça n’aurait pas changé grand chose mise à part cette… chance…? D’avoir croisé Erik à mon boulot.

« Enfin, mine de rien c’est ce qui t’as fait venir en boîte haha. Sinon, ça m’aurait étonné qu’on se croise, enfin je sais pas. Mais bon, ce que je sais, c’est qu’on a dit qu’on irait manger un bout un jour à Tokyo et ça, j’ai hâte !»

Je le dis sur un ton léger, simple. Tout est bon comme excuse pour manger et pour sortir, surtout si c’est en bonne compagnie… et que cette compagnie est présentement collée à moi, lui touchant le dos, mes lèvres qui appellent encore les siennes ou… mon corps tout entier. Un vrai cercle vicieux. Sa peau est douce…

"C'est déplacé, si je dis que ça te donne une petite touche super sexy ? "

Ouais j'sais pas. Ça donne un côté badass, un peu guerrier, un peu sauvage. J'aime bien.

"Je fais ce que je veux ? Noté-"

J'hausse les sourcils, agréablement surpris et surtout hilare et flatté de l'invitation. Que je saisirais probablement. Parce que j'en aurais très certainement envie, en voyant l'eau épouser ses formes. Eau que j'aurais envie d'imiter. Pourquoi une simple main baladeuse, perdue contre mon cuir chevelu, est ce que ça me fait autant d'effet ? Ou alors c'est ses mots ? Au point où j'en suis, c'est peut-être même seulement sa voix...

"Ça me donne plein d'idées, ouais ! "

Un p'tit clin d'œil mal assuré, empourpré que je suis. Ce même sourire doux et bienveillant sur les lèvres, suivre les mouvements de sa main sur mon bras. Ce que je me sens bien, avec elle. C'est quoi ça. Genre. Je sens mon corps qui en redemande alors que c'est même pas encore terminé. J'ai besoin de cette douceur. De cette tendresse. Et. C'est. Une quasi inconnue qui me l'offre, cette chose qui me manquait sans que je n'arrive à poser le doigt dessus. Je ricane, avant d'être pris d'un fou rire qui fait trembler le matelas.

"Le pire, c'est qu'en soit. Ton bouquet et ton resto, tu les as eu---"

Putain ça me fait trop rire. Genre la meilleure Saint Valentin c'est une parodie de Saint Valentin même pas faite exprès. Oh bordel. Je chasse une petite larme du coin de mon œil. Une rose et un curry réchauffé à l'arrache. Et la meilleure nuit de ma vie.

"Alors là, aucune idée. Ptete le Valentin là il a connu un destin tragique à cause d'une histoire d'amour. J'sais pas du tout. Ou alors c'est une invention des fleuristes ahah-"

Les yeux clos, j'écoute sa voix. Elle fait battre mon cœur un peu plus vite, je crois.

"J'avoue tout. Coupable. J'venais en espérant trouver un peu de douceur. J'avoue aussi que je m'attendais pas trouver ce que je cherchais derrière tous ces muscles et ce "non." si- si définitif."

Je souris et réouvre les yeux pour aller chercher ses lèvres. Elle a fermé les yeux, elle aussi. Peut-être que la fatigue commence à se faire sentir ? J'dois bien admettre que ça commence à tirer un peu, de mon côté, et que les caresses et les papouilles pourraient avoir raison de moi à tout moment si je ne fais pas attention.

"Juste un bout ? T'avais l'air de parler de plusieurs resto eh, essaie pas de m'arnaquer !! "

C'est vraiment. Ouah. Genre vraiment vraiment ouah. Ce feeling. Cette liberté. Pouvoir parler sans filtre. Sans avoir peur de la faire fuir par une mauvaise blague. Oui c'est contradictoire avec plus tôt. Mais tout se passe si bien. Tout colle. Genre vraiment. Cette complicité, tant physique qu'émotionnelle et intellectuelle. C'est. Ouah. C'est doux. C'est bien. C'est parfait. Sa tête contre mon torse. Son odeur directement dans mes narines.

"Si jamais tu veux dormir. On peut dormir. Maintenant que je sais qu'il y aura d'autres fois, je- j'aurais aucun regret à finir cette soirée de cette manière-"

À nouveau, je passe par dessus la jeune femme, lui dérobant un dernier baiser avant de me coucher sur le flanc et de passer un bras sous sa tête, et l'autre autour de sa taille pour l'attirer toute contre moi. La peau fraîche de ses fesses contre mon bassin me fait rougir, mais elle n'en saura jamais rien. La fragrance de ses cheveux. La douceur de sa peau marbrée. Le rythme de sa respiration. Sa mélodie. Quand ses pieds froids viennent se coller à mes tibias, je sursaute, me mordant la lèvre pour ne pas crier sous la surprise. On est bien. Ma main va se perdre sur un sein, que je caresse avec douceur. Mon cerveau se vide, laissant la place à mes sens. Je sens la fatigue s'emparer doucement de moi. De nous, même, tant la respiration de la Tonnerre se fait régulière.

"Fais de jolis rêves Nana. Bonne nuit- "

Je sais pas pourquoi je dis bonne nuit. La nuit a été bonne. Meilleure que toutes celles qui l'ont précédé.

J’éclate de rire.

« Non c’est pas déplacé, je te remercie du compliment! D’habitude je n’en porte que sur les mains quand je me bats alors-. »

C’est drôle à dire comme ça.
On se comprend avec Erik, chacune de ses réponses me fait rire ou sourire. Dans ce moment si normale mais doux. Une complicité rapide, sans arrières pensées, simple. Je pars en fou rire avec lui sur cette histoire de restaurant et de fleurs car techniquement c’est vrai. J’ai eut droit a du curry et une rose. Ces gestes qui étaient pourtant anodins ont fait leurs effets.

«  Oui c’est vrai ça hahahahaha, on a même eut de la bière en guise de vin !  »

Nos rires font des échos dans la pièce, j’ai mal aux abdos. Je revois la tête de mon collègue réagir à la sortie de la boîte. Je me demande comment sa soirée à lui s’est déroulée finalement. J’ai le sentiment que peut-être elle lui a posé un lapin… Mais, de mon bord, ma nuit fut marquante pour mon âme.

« Je ne serais pas étonnée vu le prix des roses pendant cette journée ! »

Ouais parce que juste une rose… même PAS le paquet, ça coûte un rein. Donc les bonhommes qui achètent ça à leur copine ils ont pas trop le choix de prendre un bouquet pour se la montrer. Un rire un peu gêné s’échappe de ma bouche après un nouveau contact de ses lèvres qui me fait frémir.

«  Les apparences sont parfois trompeuses haha. Toi qui voulait te ramener une fille, t’as réussi, juste pas une cliente mais carrément du staff. »

Je dis ça en restant coller à Erik. Les yeux clos. Je rigole fortement. Parce que c’est vrai. Je n’étais dans l’attente de rien du tout, je voulais juste faire mon boulot et montrer à mes collègues que malgré mes blessures, que je pouvais bien bosser. Parce que l’amour c’est complexe. Ça ne me colle pas à la peau parce que je cours après un fantôme et je me laisse m’oublier dans une routine, loin des cauchemars. Puis, Erik a débarqué comme une fleur et m’a fait toucher du bout des doigts à la lumière. Me redonnant un peu d’espoir envers la tendresse.

«  Oui bon… un bout… OK des bouts alors ! »

Je ricane un peu. Je manque d’énergie d’ouvrir les yeux. Ça doit bientôt faire une journée complète que je n’ai pas dormi et mes muscles sont épuisées. Il doit le voir… il me parle de dormir. Je souris, entrouvrant un œil pour le regarder. Il y aura d’autres fois oui. Quand, on le saura pas, mais on sait que ça arrivera.

« Je n’ai pas de regret non plus tu sais. Une petite sieste ne ferait pas de mal, dis-je en baillant. »

De mon petit œil, je le vois revenir au dessus. Je dépose mes deux mains contre ses joues tandis que, pour une dernière fois, nos lèvres dansent ensemble dans un dernier élan de passion. On s’installe. C’est étrange… de dormir ainsi. Ma mémoire ne se rappelle plus de la dernière fois que j’ai connu cette position avec un tel sentiment inconnu dans la cage thoracique. Je suis sûrement fatiguée alors je ne réfléchis pas tant. Quelques dernières caresses et je me sens déjà partir quand Erik me souffle quelques mots encore. Ma tête sur son bras me fait connaître une bulle de réconfort intense alors que la chaleur de son torse contre mon dos me fait sourire.

«  …’nuit Erik , répondis-je dans un marmonnement entre mes lèvres.»

Un bref instant après, mon cerveau s’éteint. Je reste dans une noirceur intense. Mes membres se détendent, entourés d’une douceur simple. Je l’ai déjà dit. Je ne rêve plus depuis mon retour de mission, alors je me laisse bercer par le néant et par Erik. Je n’ai pas mis de réveil, l’entraînement attendra. L’épuisement du travail, de cette nuit, mon corps a besoin d’une bonne recharge. Mais, dans mon être, je me sens légère tandis que physiquement, c’est tout aussi lourd que du plomb. Je me suis endormie avec un sourire en coin, sentant, avant de rejoindre Morphée, un dernier baiser d’Erik dans mon dos.  

***

C’est tout noir sous mes paupières. Tandis qu’une tension monte dans mes muscles, des images de mission se baladent, le corps de ce petit qui se meure sous nos yeux… par… ma faute. Ma faute. Ma faute. Je tente de crier mais aucun son ne sort. J’ai chaud. Trop chaud. Je me sens oppressée. Sortez moi de là, tuez moi. LAISSEZ MOI PARTIR-
Un cri étouffe sort de ma gorge tandis que j’ouvre les yeux dans un sursaut que mon corps ne comprend pas, j’ai le drap serré dans ma main, une perle de sueur qui s’écoule de ma tempe. Je cherche de l’air dans une respiration légendent saccadée. Puis je souffle lourdement. Une main sur mon ventre, je tourne la tête pour voir le visage surpris d’Erik. J’ai le visage tiré.

«  Ça va… C’est rien. Excuse moi, ça va ? Je t’ai pas blessé ? »

On sait jamais avec les spasm. Je suis complètement dans la brume. Mais je me rends compte que les oiseaux chantent et que Le Soleil dévoile toute la pièce dont nous, dans le lit, ensemble.

J'ai déjà oublié mon rêve. Mais en même temps, comment se concentrer dessus quand un autre, éveillé, prend le relais. Quand j'ai ouvert les yeux, c'est une cascade de cheveux blonds qui m'ont accueilli. Aussi agréable que mon rêve ai pu être, il ne faisait pas le poids. Mon bras gauche continues de dormir, cependant, pris qu'il était dans son rôle d'oreiller. Mon torse est moite, légèrement. La chaleur de nos corps enlacés m'avait servi de couverture. Le bras tendu sous la tête de la belle au bois dormant, je me mets sur le dos, ma main libre sur le torse. J'ai clairement pas assez dormi. Les yeux clos, je souris. Je revis chaque moment, chaque caresse, chaque baiser. Ses yeux bordel. Ces fois où elle a gémit, murmuré mon nom. Je serais incapable de dire combien de temps j'ai passé ainsi, écoutant les oiseaux chanter, et sa respiration paisible. Je rougis quand, au détour d'un rêve, elle murmure quelques mots que je ne comprends pas, et se tourne face à moi, toujours endormie, un sourire aux lèvres. Je la trouvais déjà magnifique, hier soir, au clair de lune ou sous les éclairages artificiels. Mais là. Dans la lumière du soleil. Je- ouah. Sa chevelure qui en reflète les rayons. Ses lèvres qui. Je sais pas. Ses lèvres. Son sourire. Elle se retourne à nouveau. C'était bref, mais assez pour que j'ai encore moins envie de partir. Pourtant, j'ai rien à faire si ce n'est profiter de ce que m'offrent mes sens. Je pourrais libérer mon bras sans soucis, d'un petit coup de Morphing. Mais j'en ai pas envie. Je suis bien et je profite de ce moment toujours aussi incroyable.

Je la sens s'agiter un moment. Puis se re calmer. Puis sa respiration s'emballe. J'avais somnolé un moment, bercé par les mouvements de sa cage thoracique. Et c'est ce qui me tire de ma rêverie. Mon bras est toujours sous sa tête, alors celui qui est libre vient s'enrouler autour de sa taille. Je comprends ce qu'il se passe. Enfin. Je m'en doute, fortement. Elle se débat, dans son rêve. Je viens poser mon front contre son dos, frottant son bras avec douceur en murmurant d'une voix que je veux apaisante.

"Eeeh, tout va bien Nana. Tout va bien. C'est fini. Tu es à la maison."

Je réfrène mon envie de la couvrir de baiser. Le consentement, tout ça. Puis si je peux éviter de me faire tazer. L'air est déjà assez statique comme ça, je sens l'énergie électrique crépiter. Elle panique. Elle tremble.

"Tout va bien Nana. Je suis là, okay ? "

Je sais pas quoi dire, j'improvise. J'essaie de la rassurer, de l'apaiser comme je peux, avec les mots, avec ma voix, avec un peu de contact et de douceur. Et je prends une décharge, au moment où son corps se tend, et qu'elle se réveille dans un sursaut. Oui bah du coup moi aussi je suis bien réveillé maintenant. Je me redresse, massant mon épaule engourdie qui vient d'être traversée par l'énergie de Nana.

"Je vais bien, t'en fais pas. Toi ? "

Je me doute bien qu'elle risque de répondre que ça va très très bien mais bon, hein, je ne vais certainement pas y croire. Enfin. Ce qui se passe dans notre inconscient, on contrôle pas et on peut aller très bien le jour, ça peut se compliquer la nuit. Je lui souris, passant une main sur sa joue avant de l'embrasser sur le front.

"Tout va bien. Je- J'comprends mieux pourquoi tu préfères bosser la nuit."

C'est pas super efficace pour fuir les mauvais rêves, mais ça peut les éloigner un temps. On se rassure comme on peut, après des épreuves comme ça. Mon bras est toujours sous elle, et je peux pas m'empêcher de sourire, malgré ce qui vient d'arriver.

"La forme quand même, reposée un peu ?? "

Ce tourbillon de l’enfer… Je n’ai jamais regretté d’être partie en mission, mais mon mental n’assume pas parce que je le pousse à ses limites. Que mes nuits sont courtes et transpirantes par le manque de tranquillité de l’esprit. Les crises peuvent être intenses. Par chance, aujourd’hui, c’est léger, mais suffisant pour provoquer des sueurs, du stress. Une boule au ventre déchirante qui me rattrape du peu que je tente de vouloir me reposer. Je la travaille, je suis suivie, je tente d’accepter afin de trouver des solutions pour réduire ce… ce truc. Me réveillant à chaque fois avec mon imagination qui me montre la déception sur le visage d’Aaron, le dégoût sur celui de Senri, et la mort dans les yeux du Feu.

Je me laisse un léger instant où je finis par desserrer de mes doigts le drap. Puis je me retourne complètement vers Erik, inspirant fortement. Il me dit que ça va, en se massant l’épaule. J’ai une pensée qui me dit que j’ai dû le toucher, dans mon sursaut ou je ne sais quoi mais qu’il ne le dira pas… enfin. J’imagine peut-être trop. Je sais pas. J’ai déjà eut des réveils pires alors, ça va. C’est surtout pour lui, qu’il ne se réveille pas avec moi en train de faire une connerie… de le blesser… je pense trop.

Dans un souffle d’épuisement je glisse un « ça va » alors que le contact de sa main sur ma joue dont je dépose ma main par dessus et de ses lèvres sur mon front m’apaisent fortement. C’est agréable de se retrouver en compagnie d’une énergie si douce. Son regard me rappelle que j’ai quitté la réalité dure du Centre pour être ici, dans ma chambre, avec lui. Il aurait pu partir pendant mon sommeil- mais il a décidé de rester.

Sa réaction… ça me pince un peu le cœur.

« Hm… Ouais la nuit c’est… compliqué. Je suis vraiment désolée. T’es sûr que ça va ? »

Comme s’il allait dire non alors qu’il a ce sourire sur le visage. Sourire qui m’avait manqué un peu. Je me gratte un œil encore couvert de maquillage, ça brûle un peu.

« Clairement pas assez dormi mais… ça va. »

Je l’observe un petit instant pendant que je laisse planer une légère pause. La lumière du jour me dévoile une vue tout aussi plaisante d’Erik que celle de la nuit. Je vois mieux ses traits du visage, la couleur et les détails de ses iris, la véritable couleur de ses cheveux, et son odeur dans mes narines qui me fait avoir un sourire en coin. Les mémoires de cette nuit qui viennent remplacer ceux de mes cauchemars, les sensations fantômes de son corps sur le mien.
J’effleure un peu sa joue avant de me mettre sur le coude, qu’il puisse récupérer son bras. S’il a pas bougé de la nuit il doit être super engourdi… alors je plie le mien de sorte à ce que je puisse poser ma tête dessus tout en me collant un peu à Erik, en signe de réconfort.  

«  T’as pu te reposer un peu toi ? Dis-je en passant une main dans mes cheveux pour écarter les quelques mèches tombantes sur mon visage. Ça fait plaisir de te voir au réveil. »

Pourquoi je dis ça ?????
Étrange. J’ai l’habitude de me réveiller seule. Je redécouvre ce moment et cela me donne envie de rester encore comme ça… qu’on reste dans les bras l’un de l’autre. Y a le temps non ? Ou, peut-être qu’il va juste vouloir partir… une urgence… toutes les excuses sont bonnes pour s’enfuir si c’est le cas. Ou ce ne sont que des pensées futiles.

"T'excuse pas, ça va. Un p'tit coup de jus rien de bien méchant t'inquiètes."

En vrai c'est vraiment rien. C'était pas du gros voltage quoi. Ça surprend, c'est tout. Je souris d'une oreille à l'autre, fermant les yeux au contact de ses doigts sur ma joue, récupérant mon bras, le pliant doucement le temps de retrouver les sensations.

"J'vois ça, t'as de petits yeux toi aussi-"

Blague de hâfu ça. Le silence s'installe doucement. J'souris encore. La vibe de la nuit est toujours là. On a toujours pas besoin de se parler. On se regarde, on se touche, avec cette même douceur, ce même respect que la veille. Ah je eh- Qu- 'fin- Ok je suis rouge comme une pivoine. Bien sûr que j'suis là quand tu te lèves et- Nan mais- j- ouaaaaaahhh-

"J'ai failli sortir chercher des croissants mais. Bon. Le trajet jusqu'à la boulangerie, en chien, tranquille. Mais la commande à poil. Bon. J'ai préféré servir d'oreiller. J'vois pas quoi répondre en dehors d'une petite blague. Trop peur de tomber dans la gênance sinon. Mais pour répondre à ta question, ça faisait longtemps que je m'étais pas endormi aussi vite. Et je me souviens quasiment pas de mes rêves. Le pire, ça a été la première nuit hors de l'hôpital. Sans les somnifères et tout. La nuit où mon sceau s'est pété. Etrangement ça m'a permit de faire la paix avec moi même assez vite. 'fin. J'continue de les voir quand je ferme les yeux. Mais c'est plus vraiment de la culpabilité. Du regret, ouais. Cette rage de pas avoir fait mieux, tu vois ? "

J'sais pas vraiment pourquoi je parle de ça. Genre. On parlait du fait que j'sois resté et c'était un peu mignon même si un peu en équilibre au dessus du vide avec une mer de cringe en dessous.

"J'étais pas avec vous, ce jour là, Nana. Mais je connais Aaron assez pour le savoir franc, et honnête. Si tu avais quoi que ce soit à te reprocher, il te l'aurait dit. Et s'il te pensait incapable d'aller de l'avant, s'il avait pas senti en toi une envie d'aller de l'avant. Tu te souviendrais même pas de ce qu'il s'est passé."

Je reste immobile en disant ces mots. Je voudrais pas qu'elle interprète une caresse comme de la pitié.

"J'ai bien remarqué, Nana, que tes bras et ta peau sont pas les seules choses qui sont revenues abîmés par cette mission. Par contre, comme pour le reste, ça guérit. C'est ce qu'on m'a dit. J'attends toujours. Continues à aller de l'avant, Nana. Ce regard déterminé, que t'avais, quand tu voulais pas me laisser rentrer... C'est autant toi que ce sursaut au réveil. Et ça change rien à notre promesse."

J'rougis. Ce que je viens de raconter n'a pas plus de sens une fois sortie de ma boîte que dans ma tête... Mmmhhh. Putain. J'crois ça parlait de douche hier à un moment ?? J'ai chaud je transpire là mdr..

Au début je glousse dans un sourire. Imaginez le choc à la boulangerie. Enfin. De toute façon, je ne m’attendais pas à tant… il y a eut cette promesse du petit doigt, au fond, je me dis que peut-être elle n’est qu’éphémère. Qu’il finira tout simplement par m’oublier, ne laissant que sa trace dans mes souvenirs. Est-ce si grave ? Ma négativité et mon angoisse d’abandon parlent d’eux même surtout. Mais là, on ne peut pas vraiment parler d’abandon ici. Ça fait quoi, une journée qu’on se connaît. Enfin- faut que j’arrête, un jour. Il est là. Pour le moment. Il a pas l’air de vouloir dégager de chez moi, donc, respire. Arrête d’angoisser pour un rien.
Mon sourire disparaît progressivement, laissant place à un air sérieux et compatissant face à Erik. Et comment que je vois ce que tu veux dire… Il a cette chance de pouvoir faire cette paix interne. Chacun son processus et son rythme j’imagine. Le mien est lent, mais sûr. Enfin. Peut-être, je ne sais pas. Parfois, j’aurais aimé rester sous sédatif pour continuer à ne plus percevoir mes propres pensées.

« Ça veut dire que tu t’es reposé si ton corps t’a laissé dormir rapidement. C’est plutôt bien. Je ne me rappelle pas c’est quand la dernière fois que j’ai rêvé vraiment… dis-je d’un air penseur. Mais je vois ce que tu veux dire. Un peu. On aurait tous voulu faire mieux je pense, le Centre est un ennemi robuste, qui peut maîtriser les pouvoirs d’une façon inhumaine… mais, si tu n’as plus de culpabilité, c’est un bon pas en avant. »

Je soupire.

«  Tu as passé un cap. T’as pris de la maturité. Si tu dois te battre à nouveau, tu n’en sortiras que plus fort que ce que tu ne l’es déjà, hm ? »

J’ai le visage fermé, mais mon ton est doux. On est tous revenus en morceaux de cet enfer pour lequel certains d’entre nous sont prêts à y retourner. Ma culpabilité se réduit très très faiblement mais, je sais, qu’à mon tour, quand ce sera le moment, je retournerai me battre si c’est demandé. La mission fut un choc, mais dans le futur, ce sera différent. On aura tous grandit encore pour tenter de maîtriser l’ennemi.

Je crispe un peu la mâchoire. Je sais ce qu’il fait, ce qu’il dit. Ses mots résonnent. Mais je ne réponds que mécaniquement, ce sujet me picotant de l’intérieur.

«  Je sais.  »

L’appel d’Aaron et celui de Max combiné, notre rencontre d’équipe par la suite… je ne doute pas de tout le support amené. Peut-être que je refuse juste d’y croire, je préfère que mon trauma me lynche l’esprit jusqu’à épuisement. Ou peut-être que je tente de prendre une responsabilité qui n’est pas la mienne… alors que… hmpf.

Mon battement de cœur chute dès sa première phrase. Est-ce que je parais si faible qu’on voit que je suis en mille morceaux de l’intérieur ? Je regarde ma peau pendant qu’il parle. Je me pince les lèvres devant une gentillesse qui me fait douter de tout. J’ai envie de te croire Erik. Vraiment. Peut-être que ta réalité finira par tâcher la mienne. Mon visage quitte sa dureté pour aller dans la neutralité pour laisser paraître ce rictus. Je viens repasser ma main dans ses cheveux subtilement.

«  Un jour… peut-être , soufflais-je. »

Est-ce qu’on peut éteindre Le Soleil pour que je puisse me rallonger dans l’obscurité ? Mes doigts viennent quitter sa chevelure tandis que je me laisse tenter par lui laisser un léger baiser sur le front.

«  Je reviens. »

Un peu à contre cœur, je quitte notre bulle pour aller dans la salle de bain. Quand je ferme la porte, je laisse mon dos s’y poser doucement, soupirant longuement. C’est quoi ces montagnes russes. Ses mots sont vrais. Il le sait. Je le sais. Mais je fais partie de ce pourcentage d’être humain qui est addicte au mal-être. Parce que c’est confortable, c’est une zone qu’on connaît. Je vais devant mon évier et laisse l’eau couler. Je me fixe dans le miroir tout en me démaquillant rapidement. J’avance, mais sans savoir où je vais. J’ai perdu mon pot pour recoller les morceaux qui s’échappe de moi à chaque pas. Ce léger instant de solitude dans la salle de bain me fend de l’intérieur. Ça va guérir…. Oui… ça finira… quand j’arrêterai d’être un jouet brisé sur une étagère remplie de poussière. Je jette le coton de produit dans ma poubelle puis jette un œil à ma peau jaunie, violacée. Vivement que ça part. Ma peau me montre l’enfer vécu, mais me rappelle aussi la douceur qu’elle a connu la nuit dernière. Je me passe un coup d’eau froide sur le visage. Je suis hésitante devant ma poignée de porte. Je rougis un peu. Je m’en veux de l’avoir électrocuté dans mon sommeil. Il essaye d’être si bienveillant et je tente de mon mieux pour l’être, mais j’ai l’impression… enfin… il va croire que je lui tourne le dos. Juste. Je sais pas quoi faire de la bombe atomique de mes émotions que je ne laisse pas encore s’échapper depuis quelques temps. Ne laissant pas toute ma rage, ma haine, mon désespoir… sortir. La gorge trop serrée pour crier à l’aide. Je finis par ouvrir la porte, offrant un sourire au blondinet.

« Fallait vraiment que je me nettoie le visage, désolée d’être partie comme ça d’la conversation, dis-je en m’avançant jusqu’au sommier. »

Je me laisse tomber sur le ventre en soufflant, tendant le bras pour y déposer ma tête, et placer mon visage dans sa direction.

«  Hm, ah j’ai oublié de rajouter tout à l’heure, t’es déjà en très bonne voie de guérison, je n’ai aucun doute que tu ne peux que avancer. On en a déjà parlé, mais tu t’es Étoilisé, rien ne peut t’arrêter maintenant. Sauf d’avoir des fringues pour aller chercher un petit dej , ricanais-je sur la fin. »

Je n'ai pas l'impression d'avoir pris en maturité. J'ai le sentiment d'avoir franchi un cap, oui. Toute cette frustration, toute cette angoisse que j'ai refoulée, puis accepté, contre laquelle j'ai lutté si longtemps parce que je savais très bien que c'était illogique. Que c'était normal que je ressente ça, mais que cette prise de conscience ne rendait pas plus facile à vivre. Tout ça, ça s'est envolé avec l'etoilisation. J'en garde encore une trace, au fond, mais c'était un tel soulagement, quand les mots d'Ipiu m'ont atteint. Quand le sceau s'est rompu et que toute cette frustration, toute cette rage accumulée s'est déversée, emportant avec elle les sources d'angoisse qui venaient de se poser à la surface. Il en reste encore des traces, mais quand la chasse d'eau s'estm actionnée, s'est débouchée ou je sais vraiment ce que je fais avec cette métaphore mais. La merde est partie quoi. Certes va falloir gratter un peu. Mettre du produit. Du déodorisant. Mais ça m'a permis de, ouais. Relativiser. J'me suis comparé à des chiottes ouais. C'est un peu aquatique après, ça reste dans le thème.

"Sauf que je me bats pas pour devenir plus fort- je souris, hochant la tête avec conviction -je me bats pour ceux qui sont moins forts que moi. Ou juste pour ceux que j'aime. Et je m'entraîne pour pouvoir me battre pour plus de monde- Du coup prends garde à toi, et continues de t'entraîner. Sinon j'vais devoir faire comme à l'époque, et te demander un foulard coloré pour le nouer a- bon. Normalement c'est au bout de la lance pendant les duels à cheval. Mais j'ai pas de cheval. Ou de lance. Mais voilà. Fais gaffe. J'suis dans le rétro. T'as que quelques jours d'avance eheheh."

Est ce que je viens à moitié d'admettre que je me battrais sous ses couleurs ? Mdrr ouaaaaaaah. Putain. Ça y est j'ai craqué. Enfin. Elle m'avait déjà fait craquer depuis un moment. Mais là c'est même plus une fêlure la meuf j'la kiffe à dire des dinguerie pareilles, roleplay de lover Feu ou pas. Je suis rouge tomate, quand sa main quitte mes cheveux, et que ses lèvres viennent effleurer mon front. Bordel je hein. Ouah. C'est parce que j'vais avoir une calvitie un jour tu te moques ??? Nan mais enfin. J'sais pas ce que j'ai dit ou fait pour mériter une telle démonstration d'affection. Je m'attendais plutôt à l'inverse. Genre qu'elle me téléporte hors de chez elle, me giffle et retourne à sa vie.

"Y a intérêt. J'sais pas où est la porte d'entrée."

Je ricane mais mon cœur se serre quand elle ouvre la porte de ce que je devine être la salle de bain, et qu'après un petit moment, j'entends l'eau couler. Si je la fait pleurer, j'vais m'en vouloir... Je me redresse et me met à chercher du regard une poubelle. Non parce qu'il y a toujours un préservatif usagé au pied du lit. Avant que j'oublie. J'me lève doucement. Jette la preuve de cette nuit agitée, et jette un œil par la fenêtre. L'eau arrête de couler. Puis de longues secondes s'écoulent, pendant que je suis accoudé à la fenêtre que j'ai ouverte, pour laisser rentrer un peu d'air frais. Le loquet tourne, alors je tourne aussi la tête vers la porte qui avant engloutie l'amante de ma nuit passée. Elle s'est démaquillée. J'l'ai vraiment fait pleurer c'est ça ? Mon visage se ferme un peu, mais le ton de sa voix a quelque chose de rassurant. Elle est jolie, au naturel. Je la regarde s'effondrer sur le lit et souris finalement.

"Y a pas de mal- "

J'en rajoute pas. J'ai pas envie de tourner le couteau dans la plaie. Je referme la fenêtre et reviens vers le lit, notant les détails qui, dans la pénombre, m'avaient échappés. Allongée sur le ventre comme elle est, je peux admirer la courbure de ses fesses et de ses cuisses. Je m'installe comme elle, à quelques centimètres d'elle, nos visages bien trop proches pour que l'envie de l'embrasser ne prennent pas le pas sur tout le reste. Je souris. Elle a quelque chose à dire, alors je me retiens, et explose de rire.

"Ouais... Du coup tant pis, c'est pas forcément super pour l'équilibre, manger 5 fruits et légumes par jour, tout ça. Mais j'crois bien qu'il y a encore les restes d'hier soir-"

Je brise la distance qui nous sépare et vient l'embrasser avec une envie que je pensais réservée aux romans à l'eau de rose.

"Mmh. Ouais. Ça a le même goût que dans mes souvenirs-"

Je l'embrasse à nouveau, me laissant aller contre elle...

« T’as une belle façon de penser et c’est ce qu’il faut, tu as raison. T’inquiète pas que je compte pas me reposer sur mes lauriers côté entraînement. »

J’avoue je m’étais laissée aller dans un petit sourire en coin avant de reprendre un air plus sérieux. Que nos échanges se réduisent progressivement et que je décide de m’enfuir un instant. Son dernier ricanement avant que je m’engouffre dans la pièce m’avait un peu fait rire de l’intérieur.

Quand je suis sortie de la salle de bain, il était a la fenêtre, nos regards se sont croisés et je pouvais observer sa musculature au grand jour. Vision que je tente d’ancrer dans ma mémoire. Il a un truc dans le regard… je n’arrive pas à comprendre.

Sur ce lit que je me laisse tomber, il revient aussi à sa place. Enfin… sa place… je me suis comprise. Son visage revient à une proximité du mien qui me fait un peu sourire. J’ai un peu évité la conversation, je me suis renfermée rapidement avant de simplement retourner sur un peu d’humour. Le sujet de la mission est toujours un peu difficile surtout quand ça parle de mon cas en fait. Je me laisse m’aborder dedans surtout quand je m’entraîne, pour gagner toujours plus de force, me défouler. Erik éclate de rire alors, mon sourire s’agrandit un peu. Son rire éclaircit l’ambiance.

« On dira que c’est cheatmeal day aujourd’hui hein, répondis-je dans un rire. »

C’est dangereux… Ce baiser si tendre et rempli de passion. C’est vraiment dangereux parce qu’on se dévore, on ne se laisse pas tant le temps de respirer, il y a ce feu… Ce sentiment de tomber de si haut… Je vais m’écraser si je me laisse aller autant. Parmi les plans réguliers que je peux avoir, Erik a sa propre catégorie, la promesse de se permettre de connaître et donner de la douceur, pour changer. Avec une pointe de désir brûlant. Ce genre de plan avec qui, il y a du physique, mais du mental aussi. Dangereuse composition qui peut rendre cela vite addictif. Mais, peut-être que je suis juste une imbécile qui fonce droit dans le mur, mais s’il peut me marquer, encore, fais le s’il te plaît.

Son petit commentaire avant de reprendre ce qu’il a commencé, nos corps proches, le contact de ses lèvres sur les miennes ça me fait avoir cette chair de poule dans le dos… Je me colle aussi, laissant sa peau abraser la mienne. Ma main qui vient  se poser à l’arrière de sa tête. Imprègne moi. S’il te plaît. Imprègne toi sur moi.
Je rougis tandis que, pendant qu’on refuse de récupérer de l’oxygène, je me roule pour aller au dessus d’Erik, l’entraînant dans mon mouvement pour continuer, lui rendre son baiser dans une douceur dont je ne me savais pas tant capable de donner… Est-ce que c’est facile parce qu’on se connaît à peine ? Parce qu’il me glisse des mots et des gestes qui font qu’il profite juste de moi pour que je lui rende l’appareil ? Qu’il n’y a pas de limites à avoir alors, je peux me le permettre ? Aucune idée. Mais on finit par respirer, front contre front, essoufflés.

« Clairement comme dans mes souvenirs, un vrai dessert qu’on a envie de reprendre encore.»

Depuis le début.
Mais on cherche toujours plus pour s’accaparer ce qu’on ne peut pas garder constamment. Alors, il faut encore et encore aller le chercher. Je sais que, le goût de nos baisers s’effacera de mes lèvres, mais dont mon souvenir tentera de me rappeler. Me lançant des bouts de mémoires de mes différentes nuits mais dont celle ci… ressortira peut-être plus souvent. Je reste au dessus, dans ses bras, juste à le regarder. Peut-être que-

« Est-ce que… tu veux aller te doucher ? ‘Fin tu peux y aller en premier si tu veux hein…. Je sais pas. J’ai tout ce qu’il te faut dans la salle de bain. » 

Non parce que… bien qu’on aime se coller… déjà, ma douche est petite, je suis grande, il est grand, voilà. Puis, il a peut-être pas envie de se faire coller jusqu’à sous la douche, pas que ça me dérangerait tant. Peut-être qu’il se voudrait se garder un moment pour lui sous l’eau. Je peux attendre, ranger un peu ma chambre en attendant, boire de l’eau, faut s’hydrater. BREF-

"Bien, bien. J'aurais besoin de m'entraîner contre des Téléporteurs à un moment probablement, j'te ferais signe si ça te chauffe ! "

J'compte bien m'entraîner contre tout le monde. Toutes les affinités. Pour être prêt à tout. Juste au cas où. Puis, bon. Un corps à corps de plus contre Nana. Ouah. Le rêve. On doit être à peu près du même niveau, en plus. Ça peut être grave intéressant.

Cote à cote, dans ce lit toujours défait, qu'on a partagé cette nuit, on se cherche. On rigole. On discute. On évite ce sujet. Brûlant. Cette question. Pourquoi est ce que je suis encore là ? On connait la réponse mais. Le pourquoi, de la réponse ? Je crois qu'on préfère ne pas y penser. Pas d'engagement, on a dit. Seulement ces moments volés au monde. Elle et moi.

Ses lèvres. Sa position, au dessus de moi. Sa poitrine contre mon torse. Sa peau est si douce. Si. Envoutante. Elle glisse si bien, sous mes doigts affamés. Sous mes lèvres assoiffées. Je sens mes muscles se détendre sous ses caresses. L'oxygène se fait rare, mais il est moins précieux qu'elle. Que le goût qui m'embrume l'esprit.

"Sweet-"

Je ricane, un sourire gentiment moqueur sur les lèvres. Je rougis à peine, étrangement. Je viens chercher ses lèvres, ma main sur sa joue. On se jauge un moment. On se tourne autour, attendant de voir qui osera frôler une peau trop sensible, qui osera prononcer le mot de trop. Qui osera déjà mettre à mal la promesse qu'on s'est faite ? Quand nos lèvres se quittent à nouveau, son front cherchant un appui contre le mien, et qu'elle me propose une douche, je suis mitigé. Ce ton, ces mots un peu hésitants. Faut pas que je m'imagine des choses. Faut pas que j'interprète mal. Bordel ce que c'est pas facile. Ce que c'est chaud. Comme depuis hier soir en fait. J'hoche la tête et commence à me redresser, la faisant basculer doucement sur les draps, avant de lui voler un baiser et de me diriger vers la salle de bain. Je rentre, laissant la porte légèrement entrouverte, comme une invitation à me rejoindre si elle le souhaite. J'ai beau avoir pas trop mal interprété jusque là, ça m'semble un peu too much. Mais en même temps. Une invitation, c'est pas une obligation... L'avantage, à être arrivé ici dans le plus simple appareil, c'est que je perds pas de temps à me déshabiller. J'souris en repensant à la scène. Ggrrrrrr ce charisme mdrrrr. J'espère ça avait l'air crédible. J'pense que oui, c'était même plus vraiment moi qui parlait. Juste mon envie d'elle. Je sais que j'en ai pas vraiment besoin, mais je cherche une serviette, tournant sur moi même dans la pièce, mais rien. Quand je me décide, après un instant d'hésitation, à ouvrir un des placards et que je tombe sur une serviette et une boite de préservatifs, je craque. Mdr. C'est le destin, c'est ça ? Toutes les pièces d'un plan machiavélique se mettent en place le temps que j'attrape l'emballage carré et que je le pose sur le bord du lavabo. Puis j'allume l'eau, que je règle pas trop chaude en utilisant juste mon pied. Le bruit de l'eau sur le bac de douche m'apaise. Je pousse un juron, reculant vers la porte après avoir coupé l'eau.

"P'tain ! Nana ?? J'arrive pas à régler la température de c'truc ! "

Sachant que j'ai pas besoin d'eau courante pour me laver, hein, du coup. Mais eh. J'arrive très bien à régler la température. J'veux juste qu'elle vienne avec moi. J'attends, près de la porte. Une réponse, un truc. La porte s'entrouvre un peu et je l'attrape par le poignet pour la pousser fermement mais sans violence. Contre le mur. Ma main droite effleure sa joue au passage, avant de se plaquer contre le mur, à côté de sa tête. Je la regarde de haut, à quelques millimètres d'elle, mes yeux rivés dans les siens, un sourire espiègle aux lèvres.

"Je sais. C'est affreusement cliché-"

Puis je laisse mon désir prendre le dessus. Un désir sauvage. Bestial. Qui me fait prendre conscience d'à quel point j'ai faim. Faim d'elle. Pour une raison qui m'échappe.

+18:

« Ouais carrément, je dis pas non à un entraînement, dis-je avec un sourire. »

Se battre contre un Eau. Morphe en plus. Ce serait le pied. Pas parce que c'est Erik, enfin- Plutôt parce que j'en ai jamais eut tant l'occasion. L'eau et l'électricité sont bons conducteurs alors, à voir. En tout cas. Là tout de suite, ce qui nous conduit, qui nous contrôle, c'est ce besoin effréné qui se rallume, doucement, mais grandement. Dont on profite chaque instant. Je me suis finalement lancée à lui proposer de se doucher. Genre, en insinuant bien sûr qu'il pouvait y aller 'fin... seul. Je suis pas la meuf à vouloir faire tout à ce point. Enfin, il en a peut-être pas envie donc je l'ai joué légère, malgré mon corps semble dire autre chose.

Je me retrouve de nouveaux sur mes draps, observant Erik partir pour la salle de bain. Il fait pas la porte au complet. Je fais quoi. Il a rien dit. Il est juste parti. Si je rentre, et qu'il me hurle dessus. Sur l'instant, je reste à fixer le plafond. Je fais quoi. Je fais quoi. Je fais quoi. Je fais quoi. Non, il a juste oublié de fermer la porte, c'est peut-être juste un défaut. Rien de bien grave. Je me lève, jetant un œil à la fenêtre. Puis je finis par trouver ma brosse à cheveux. Ouais mes cheveux sont énervés de nœuds, donc je me les brosse un coup en grincant des dents. J'y vais ou pas. Cette porte. Je pourrais lui demander. Juste ''t'as pas fermé la porte'' ou... euh. Je commence à faire les milles pas dans ma chambre en fixant cette foutu porte. Mon désir intérieur me dit d'y rentrer, discrètement. Enfin. Je suis téléporteuse donc si je veux hein... Y a rien qui m'en empêche. J'entends l'eau couler. J'hésite. Mes pas me rapprochent et m'éloignent de plus en plus de la porte à chaque aller-retour. Je finis par sursauter en entendant la voix d'Erik. Un long soupir m'échappe. OK. Bon. Je vais aller voir.

« Elle est un peu têtue ma do- commençais-je en poussant la porte. »

Je cligne des yeux, me retrouvant contre le mur froid de la salle de bain par Erik. Mon rythme cardiaque vient de tomber de trois étages. Je plonge mon regard dans le sien, la lueur dans ses yeux réveille ce frisson dans mon bas-ventre. Je me pince les lèvres, le visage rougissant, j'ai chaud, amenez moi un ventilateur.

« C'est très cliché, mais appétissant, soufflais-je. »

+18:

+18:

Haletant, je viens l'embrasser, redevenant doux et tendre alors que je me retire. Je souris, d'une oreille à l'autre.

"Je mmhhh. Je crois que ton coude a heurté le gel douche, à un moment, Nana. J'ai cru mourir plusieurs fois. C'est glissant, fais gaffe ! "