Messages : 3723 Date d'inscription : 11/07/2013 Age : 29 Emploi/loisirs : Euh... Ecrire ? Humeur : Vous connaissez le syndrome de la cocotte minute ? Bah voilà. sous pression et prête à exploser !
| HRP : Pour les deux ans de ma petite Piu j'entame ce RP qui conclura la fin de son histoire, et marquera je l'espère le début de sa nouvelle vie. Je profite de l'évent pour en justifier une partie.
– Il était une fois un poisson rouge très rouge… – Mais non monsieur c’est mon histoire qu’il faut raconter. – Comment ça ? Comment ça ? – C’est l’histoire d’Ipiu Raspeberry qu’il faut raconter. – A mais tu as raison Ipiu. Excuse-moi… Il était une fois dans un pays très très lointain une petite princesse qui vivait très heureuse dans un très grand et très joli château. Elle vivait avec son papa et sa maman et était trèèèèès heureuse.
Nan j’déconne ça ne s’est pas passé comme ça. La vie n’est pas un conte de fées, Terrae ce n’est pas un château magique. Ce n’est pas un paradis heureux, c’est une prison, du moins pour moi. Terrae m’a construite pour que je reste sa prisonnière. Un peu comme le Centre. Lavage de cerveau, j’n’irais pas jusque-là… Sans doute. Mais autant dire les choses telles qu’elles sont, Terrae m’a changée sans me dire que je pouvais changer. Laissée seule devant mes horreurs intérieures. Elle m’a fait changer en me faisant croire que je lui devais tout. Elle m’a faite croire que je devais lui être reconnaissante, me volant la liberté de me construire. Elle s’est donnée le droit de me détruire à nouveau. J’ai choisi mes nouveaux maîtres, la laisse semble plus lâche, mais elle n’en blesse pas moins mon cou. Sauf que la laisse c’est moi qui l'ais attachée. Je suis injuste, j’en ai conscience. Si je n’étais pas venue ici je ne serais pas moi. Je ne suis pas encore moi, c’est la certitude que j’ai découvert. Tant que je resterais ici, je serais cette enveloppe vide qui espère qu’un jour sa peine passera. Non. En réalité tant que je vivrais ici je n’espèrerais plus rien de la vie. Je suis vide et cela me convient, je n’ai pas d’espoir en demain, pas de soulagement pour objectif, juste un vide sans cesse croissant. Voir Nath, sourire un instant, gueuler et boire avec Aaron, faire semblant que tout va bien comme si je commençais à le croire. Aider les autres et me convaincre que leur bonheur remplacera le mien. Que je finirais par être heureuse si tout l’monde est heureux. TU ME POURRIS LA VIE IPIU SACHE LE. Si t’avais pas été si greluche et optimiste, jamais cette idée n’aurait germé dans un coin de ma tête. Être forte, faire comme si rien ne m’atteignait, j’sais faire. Paraîtrait même que je suis douée dans ce domaine. Vous demanderez ça aux masters qui me prennent tous pour une salope ou une pétasse. Peut-être un savant mélange des deux, j’leur laisse jamais voir qu’en fait je ne suis qu’une paumée. De toute manière, j’pense qu’ils ont plus de chances d’aider les mômes qui arrivent que moi. Plus tu as de casseroles, plus tu es dure à reconstruire…
Et des casseroles j’en traîne plus que la voiture de jeunes mariés. Pourtant je n’ai même pas encore toutes les cartes du jeu pour me souvenir de tout. Ce dont j’me rappelle ? Je m’appelle Toumaï, je suis née dans un pays où des vagues de dunes émergent tels des mats de bateaux échoués les ruines de temples anciens. Je me souviens que j’avais l’habitude de jouer entre des ruines alors que mon père travaillait. Archéologue sans doute ? Ma mère… Ma mère je ne sais pas trop, je sais qu’elle me racontait des histoires. J’avais un frère aîné aussi. Je pense que j’étais heureuse. Puis la guerre a éclaté. Guerre, peut-être même pas. Un simple conflit inter ethnies pourrait suffire, j’en sais rien, j’admets que je n’ose pas chercher. J’ai peur de découvrir ce pan-là de ma vie. Je sais que j’étais heureuse, mais pas à quel point. Savoir d’où je viens me permettrait de cibler mes recherches. Pas envie. Pas l’courage. La suite de ma vie est plus simple à narrer. J’ai tué un homme. Pas le bon, pas devant les bonnes personnes. La suite de l’histoire vous la connaissez tous, et tous ceux qui la connaissent jugent. J’ai été brisée ? à de nombreuses reprises, autant dans mon corps que dans mon âme. Je suis entrée dans une école… HAhahaha. Le terme est approprié, les punitions étaient juste des leçons à part entière. J’étais brillante élève, le Centre bon professeur. Ensemble nous étions un tandem dévastateur. Puis tuer est devenu mon métier.
Et puis un jour une nouvelle mission, semblable aux autres. Toujours. Saviez-vous qu’un espion ne pouvait en règle générale pas jouer plus de sept personnalités différentes dans sa vie sans se perdre entre ces dernières ? Les meilleurs composent un camaïeu entre ces sept différentes teintes pour obtenir une palette complète. Je n’ai à ce jour pas trouvé le nombre de teintes primaires que je peux prendre. La raison est simple quand je crée un personnage, je ne fais pas simplement que le jouer, je le deviens, je l’incarne. Pas de demie mesure. Je deviens ce que j’ai créé. Je ne fais pas semblant, je suis. Parfois j’ai été mère de famille vous savez ? Sœur, fille, mère. C’était la même chose pour moi. Je devenais. J’aimais, je vivais, j’étais ces personnes pleines de vies… Puis vint cette mission, une parmi tant d’autre. Je ne devais tuer personne, je devais devenir une jeune française parmi tant d’autre. Une gamine de douze ans qui avait perdu ses parents et baroudais entre familles d’accueil et pensionnats. Une vie passionnante, mais la gamine était positive. Elle était joyeuse et gardait le sourire toujours. Elle était optimiste toujours plus.
Je m’appelais Ipiu. Ipiu Raspberry. J’étais timide. Toujours plantée le nez dans un bouquin, j’étais trop jeune pour être émancipée, trop vieille pour que quelqu’un ne veuille m’adopter. J’essayais de ne pas m’attacher aux gens que je rencontrais, sachant très bien que je ne resterais pas plus de quelques mois dans une famille ou un centre je préférais ne pas me faire d’amis. Dans les nombreux collèges que je fréquentais on me trouvait bizarre, binoclarde, intello étaient mon lot courant. Je m’isolais des autres ayant peur de m’attacher à quelqu’un que j’allais devoir quitter. Le CDI était ma maison, le silence mon comparse. Nous nous étions apprivoisés tous les deux, il me respectait comme je le respectais. Il laissait libre cours à mes pensées, les accompagnait. Je n’avais pas peur de lui il m’enveloppait comme la plus douce des écharpes. Je me souviens d’un cours de physique où le prof m’avait directement interrogée, seul moyen de me faire desserrer les lèvres, pas que je ne connaisse pas les réponses, mais pourquoi attirer le regard des autres sur moi alors que j’étais amenée à disparaître ? Je me souviens de la surprise éprouvée alors que j’entendais pour la première fois depuis des semaines le son de ma voix. Je m’étonnais de son timbre et de savoir encore comment transformer mes pensées en paroles. Ma voix s’était élevée un peu roque et avait retrouvé doucement sa fluidité.
Je vivais en silence et ma seule respiration était la lecture… un jour j’emménageais avec la famille Greffier. C’étaient des gens charmants mais ils ne me permettaient pas de me cacher derrière mon mutisme. Le matin ils me souhaitaient bonne journée, et le soir me demandaient comment cela s’était passé. Alors je repris doucement plaisir à la parole. Les mots qui semblaient m’avoir désertés revinrent comme s’ils ne m’avaient jamais quittée. Cependant il y avait un membre de la famille qui ne m’avait pas apprivoisé. Ou peut-être était-ce l’inverse ? Monsieur et madame Greffier avaient un fils à peine plus âgé que moi, il était au lycée. Je ne devais pas sembler bien intéressante à ses yeux. Une étrangère, qui volait de l’attention à ses parents. J’étais bonne élève, polie organisée… Il ne voyait pas en moi une amie potentielle. Il ne voyait pas que cette retenue n’était que l’expression de mon besoin de ne pas déranger. Aussi, s’il ne voulait pas de moi, je ne m’imposais pas. Je me faisais discrète, disparaissais pour lui laisser plus de place… Et pourtant un jour je ne pus m’empêcher de lui parler. Je me souviens de cette après-midi-là. Il était assis au rang juste devant moi dans le bus et discutait avec un de ses camarades de classe. Il parlait de mathématiques, une question pour moi insolvable. Pouvait-on diviser par zéro. Ils semblaient dire que non, et moi je leur avais dit doucement, que ce n’était pas parce que c’était hors de leur entendement que cela n’était pas possible. Il s’était foutu de moi gentiment. Il avait passé la suite de la soirée à m’expliquer pourquoi c’était impossible, me démontrant par des théorèmes poussés que je ne pouvais qu'avoir tord, mais je battais en brèche chaque fois plus loin ses théories. Nous dépassions tous les deux le niveau collège, puis lycée. Il ne me pensait pas capable de le suivre dans ses démonstrations. Julien était un jeune homme brillant voyez-vous ? Il était un peu comme moi, un solitaire mais quand on le lançait sur un sujet il ne tarissait plus. Face à son étonnement, je lui expliquais qu’étudier était ma seule distraction dans la vie. Je n’avais ni ami, ni parents, je changeais d’établissement trop souvent pour pouvoir m’investir dans la gymnastique dans laquelle je m’épanouissais pourtant. Lire, étudier… C’était les seules choses qui ne me quitteraient jamais. De là il me prit en pitié je pense… Chose qu’il aurait mieux fait d’éviter. Je lui remis rapidement les pendules à l’heure, je n’étais pas triste, je n’étais pas misérable… Encore moins fragile, je n’avais pas besoin d’être protégée. Je n’avais pas besoin de sa pitié. Son amitié… Par contre je voulais bien l’accepter. Ainsi il n’y eu plus de je mais un nous. Nous étions inséparables, donnant la réplique l’un à l’autre. Il était vif, drôle et intelligent. Bien que discret…
Et puis un jour je l’ai su. J’étais amoureuse. Pas comme deux enfants pouvaient l’être, pas de cet amour simple et pur. Je l’aimais comme l’adulte que j’étais en train de devenir, comme ces formes que je dissimulais derrière d’amples chemises. Je l’aimais et ce n’était pas son amitié que je recherchais. Je voulais qu’il voit en moi la femme et non la petite fille. Je voulais l’embrasser, le prendre dans mes bras. Je cherchais son contact, son regard. Espérant qu’il ressente la même chose que moi, espérant qu’il fasse enfin le premier pas. Jusqu’au jour où n’en pouvant plus j’ai explosé.
« Je t’aime. – Moi aussi ma petite Piu, tu es la sœur que je n’ai jamais eu. » avait-il répondu.
Les dés étaient jetés et mon cœur brisé. Pourtant je l’acceptais avec le sourire. Avais-je le choix ? Bien sûr que non, pourtant le silence m’aurait brisée, alors calmement je lui avais expliqué mes sentiments, de cette voix même qui parfois me surprenait j’avais pour lui mis mon cœur à nu. Le mensonge n’avait jamais été pour moi un chemin empruntable. Je lui expliquais aussi que je n’attendais rien de sa part, que je ne souhaitais pas voir notre relation changer… Pas avant que je parte pour un nouveau foyer. La vie allait nous séparer, alors autant faire comme si je n’avais rien dit et continuer ainsi. C’est que nous fîmes, amis malgré moi, amis pour moi. C’était une situation que je n’imaginais pas si douloureuse, pourtant je l’avais créé. J’étais seule responsable et si je m’étais dévoilée, je cachais par la suite la moindre de mes hésitations ne voulant pas qu’il se sente coupable. Je restais la gamine qui avait su redevenir joyeuse… Mais dans mon cœur ça s’émiettait, j’attendais la séparation et le temps qui sauraient surement réparer mon cœur brisé.
Pourtant la séparation je n’y étais pas préparée. Ne plus les voir fut un choc. Une blessure de plus. La solitude était devenue pour moi une cage. Je me résignais avec la force qui me permettait jours après jours d’oublier tout ce qui m’avait un jour blessée. Toute cette tristesse qui était mon lot quotidien depuis la mort de mes parents. Je m’oubliais une fois de plus dans mes lectures qui elles seules savaient apaiser mon âme. Je lisais de tout, du livre de recette à celui à l’eau de rose, en passant par celui parlant de théories mathématiques et en m’arrêtant au rayon mangas. Le quotidien reprit ses droit et lentement la poussière commença à se déposer sur ce qui aurait pu être ma première histoire d’amour. Je m’enfonçais dans ce silence que j’apprivoisais à nouveau. La solitude me pesait plus qu’alors, mais en aucun moment j’en venais à regretter de les avoir rencontrés. Ils m’avaient fait comprendre quelque chose d’important. Je ne pourrais pas vivre toute ma vie seule, j’attendais avec impatience mes seize ans, âge auquel je pourrais enfin être émancipée et trouver un boulot qui me permettrait de me fixer en un lieu précis et de ne plus subir ma vie. J’espérais bien sûr pouvoir faire des études, mais je savais qu’avec les aides de l’état, cela ne serait pas incompatible… Je gardais une foi inexorable en l’avenir, car quand on a connu le pire, il ne nous reste que le meilleur non ? C’était du moins ce dont je me convainquais. J’avais treize ans, je n’allais pas passer ma vie à déprimer pour un amour avorté. J’n’étais pas conne à ce point. Je voulais grandir vite et oublier tout ça.
Puis un jour alors que je croyais avoir oublié il était là. Il m’attendait devant mon nouveau collège. Déjà faut dire un truc important, je ne l’avais pas vu. J’étais myope mode puissance mile, et je ne m’attendais pas à le voir. Mon esprit à son habitude vagabondait. Si mon corps était présent et se dirigeait immanquablement vers ma nouvelle maison d’accueil, je ne sais plus vers quels rivages voguait mon esprit. Il m’a dit m’avoir appelé plusieurs fois avant que je me retourne et ouvre un regard stupéfait. Je lui ai souri comme à un ami, ça me faisait plaisir de le revoir, même si je me préparais déjà à souffrir de notre séparation. Si j’m’attendais à la suite des événements, certainement pas. Nous avions fini dans un bistro, et au vu de mon âge (et de mes moyens) j’avais commandé une grenadine pour justifier notre présence en ces lieux. On avait parlé, rattrapant le temps qui nous avait séparés comme s’il n’avait jamais existé. Et je n’sais trop comment s’est arrivé, mais j’ai fini avec ma langue dans sa bouche, à moins que cela n’eut été l’inverse ? J’en sais rien… Je sais juste qu’au moment se nous quitter j’ai levé des yeux tous timides vers lui, et rougissante je lui ai demandé :
« Est-ce qu’on peut dire qu’on sort ensemble ? – Tu en doutes encore ? »
Il avait souri et m’avait embrassée à nouveau. Alors j’avais su, avec mes yeux d’enfant que notre histoire durerait presque toujours. Jamais je ne voudrais que d’autres lèvres frôlent les miennes. J’étais heureuse. Simplement. Je n’étais plus seule. Plus vraiment, il m’acceptait totalement. Bien entendu nous voir ne fut pas une mince affaire, pas que la famille chez laquelle j’avais atterrie fut très regardante. Au contraire, moins ils me voyaient mieux ils se portaient, j’étais une gêne, je le savais. Je me faisais petite discrète, partant à la première heure pour aller au collège, rentrant pour souper uniquement. Je n’avais pas le droit de découcher, après je meublais mes journées comme bon me semblait à la condition que mes résultats scolaires ne baissent pas et que les flics ne me ramenaient pas. Ce qui connaissant mon caractère n’étaient pas la mère à boire. Sages ? Nous l’étions, les bibliothèques municipales étaient nos lieux de rendez-vous, nous pouvions nous asseoir sur un banc au milieu d’un par cet rester des heures à parler. Nous ne pouvions cependant pas repousser le moment d’annoncer la nouvelle à ses parents. Nous appréhendions un peu. Il faut dire que nous ne savions pas comment ils le prendraient… Après tout pendant six mois nous avions vécus sous le même toit presque comme frère et sœur. Il allait bientôt faire dix-huit ans. Notre relation était quasi incestueuse, enfin c’était ce que nous nous disions, nous n’étions pas très à l’aise avec notre différence d’âge. Elle ne nous dérangeait pas à soi, elle ne changeait rien à nos sentiments réciproques… Mais le regard es gens n’était pas… enfin, vous connaissez sans doute, être jugé par des inconnus n’a jamais fait plaisir à qui que ce soit… Et nous avions peur d’être jugés encore plus sévèrement par des gens que nous aimions. C’était grotesque, j’en ai bien conscience aujourd’hui, d’autant plus que la nouvelle ne les a pas ébranlés plus que ça. Ils étaient plutôt heureux pour nous. Ils nous faisaient confiance, comme ils n’auraient pas dû.
Bien entendu nous étions jeunes mais dignes de confiance… Aussi je vais passer les détails et vous dire que c’était un samedi après-midi comme les autres, nous étions chez les Greffiers à regarder une vidéo. Nous étions seuls… Faut-il vraiment que je vous conte la fin d’une histoire vieille comme le monde ? Il en avait envie, moi aussi. Ça n’a pas fait mal même si on s’y est sans doute pris comme des pieds. Je n’ai pas saigné non plus, mais après tout ce n’est pas anormal. Enfin, je ne sais que dire de plus à ce sujet, c’était magique et en même temps tout à fait réaliste. Un peu comme notre couple en fait. Par contre Brigitte et Patrick n’étaient pas vraiment de cet avis, j’étais trop jeune disaient-ils. Trop jeune pour quoi exactement ? Avoir vu mes parents mourir ? c’était fait. Vivre par moi-même ? C’était fait aussi. Quelle erreur avions nous commise autre que de nous aimer ? En même temps, je ne leur en voulu jamais car je savais qu’ils ne cherchaient qu’à nous protéger d’un amour à leurs yeux immatures. A leurs yeux seulement, nous savions ce que nous voulions et nous savions que ce n’était pas une amourette. Nous nous étions attendus, nous savions tout deux ce que nous désirions. Certes nous ne parlions pas de finir nos jours ensembles et d’avoir des mômes nous étions réalistes… Mais nous savions que notre histoire durerait certainement des années. Nous étions heureux et nous acceptions que ses parents refusent dès lors de nous laisser seuls à la maison. Nous avions goûté à l’amour charnel, nous avions apprécié mais ne basions pas notre relation sur ce dernier. Un jour viendrait où nous en aurions tous les deux autant envie l’un que l’autre. Cependant pas de suite, en attendant nous nous donnions à nouveau rendez-vous dans des parcs.
C'était une routine nous nous retrouvions deux fois par semaines. Le lundi je finissais plus tôt que lui je parcourais donc le chemin jusqu'à son lycée et l'attendais dans un parc adjacent. Le jeudi, ou lorsqu'il pleuvait nous nous retrouvions dans une bibliothèque municipale. Nous révisions ensemble la plupart du temps, pas que nous n’avions d’autres sujets à aborder, loin de là mais, nous voulions prouver que nous pouvions être sérieux. Il préparait son bac et moi mon brevet, on voulait prouver qu’on pouvait réussir ensemble. Bien sûr on savait que mon brevet et son bac n’étaient qu’une formalité, mais nous voulions des notes maximales. C’était un défi. C’était idiot, nous n’avions rien à prouver. Rien à nous prouver. Nous aurions dû profiter de… Nous.
17 janvier 2013, nous avions rendez-vous. Nous devions faire nos dernières révisions ensembles… Nous. J’étais seule ce matin-là dans le parc.
J’étais seule parce que ton sang avait été rependu sur cette allée de graviers blancs, parce que ton corps défiguré et mutilé m’attendait. C’était lui, il portait le pendentif que je lui avais cousu autour du cou, une sorte de porte-bonheur contenant une de mes mèches de cheveux, vous savez ces petits grigris d’amoureux qu’on se donne en sachant qu’on a l’air débiles, mais qu’on ne peut s’empêcher de donner… Ces petits trucs pitoyables qu’on…
« NOOoooooooooooooooooon ! »
Le cri résonna puis se tut. La conscience a quitté mon corps, je dois rêver, je suis obligée de rêver. C’est ce que je pensais, j’allais me réveiller dans mon lit, dans cette famille pas si aimante que ça qui m’accueillait à cette période. C’était une nécessité un besoin. Je ne voulais pas me réveiller dans un monde où il n’existait pas. Ça fait clicher, maintenant j’en ai conscience, mais alors le monde ne méritait plus d’exister.
Mes yeux s’ouvrirent sur les dalles blanches d’un hôpital. J’étais seule. C’était un constat autant physique que sentimental. J’étais seule, une infirmière entra et mes yeux ne quittèrent pas le plafond pour suivre cette apparition. Les larmes dégoulinaient, sans que je ne puisse rien faire, sans que je ne trouvasse le bouton off, je n’en avais même pas envie, je n’avais plus envie de rien. Les docteurs défilèrent, les agents de police, des camarades de classe parfois venaient faire leur BA en passant demander de mes nouvelles. Alors mon regard vide et rougi se posait sur eux sans que leur présence ne vienne jamais combler ma solitude. Les questions restèrent sans réponses, je ne savais même plus comment actionner mes cordes vocales. Peut-être n’en avais-je pas non plus envie. « Choc post-traumatique, ça passera monsieur l’agent. » Comme si la souffrance s’atténuerait un jour, ce n’était pas un cauchemar, et pourtant s’en était un. Je ne pouvais pas agir, prisonnière de ce qu’ils appelaient réalité. Alors je les ai vu me perfuser au glucose, au truc, au cela. « Vous devriez vous alimenter mademoiselle Raspberry » Pourquoi donc ? Cela n’était qu’un cauchemar, j’allais me réveiller. « Vous êtes sûr qu’elle est consciente ? » Non bien sûr que non je n’étais pas consciente vu que j’étais dans un cauchemar, ils en avaient de ces idées. « Oui, ses réflexes pupillaires et son EEG le prouvent. » Des conneries tout ça. Alors les rondeurs toutes enfantines de mon visage fondirent. Les parents de Julien finirent par venir me voir. Non, je suis injuste. Ils étaient déjà venus sans que je ne leur prête la moindre attention. A quoi bon ? J’allais me réveiller. Ils vinrent, revinrent, re-revinrent… Les yeux de sa mère étaient reflets des miens, tristes et hantés. Elle me prenait la main, me parlait. Alors mes pupilles quittèrent le plafond, alors les larmes qui s’étaient taries se remirent à couler, alors les mots retrouvèrent la porte de sortie.
« Je suis désolée. »
Je ne sais pas si je l’ai dit ou simplement pensé mais c’est à ce moment-là que j’ai réalisé que ce n’était pas un cauchemar. Leur réalité était devenue la mienne. Les mots, les excuses sans sens. « Ce n’était pas de ta faute. » C’était la faute à pas de chance, la faute à personne. Si je n’avais pas existé il ne se serait pas trouvé dans le parc de si bonne heure, nous le savions toutes deux. Si j’étais arrivée avant lui ça n’aurait pas été lui. Si je… Si. Tellement de si et de peut-être qui ne menaient à rien. L’intraveineuse fut retirée, je n’avais pas faim. Je n’avais pas envie de vivre, je me demandais pourquoi je devais perdre tous ceux que j’aimais. Mes parents et lui. Pourtant mourir n’était pas une solution, vivre serait ma vengeance sur la vie. Une vie terne et morne… Une vie sans lui.
La lassitude remplaça la douleur, le temps passa et mon cœur se vida, tristesse, amour, espoir, chagrin, honte, culpabilité, je les sentais encore en moi vibrer doucement. Une distance semblait maintenant les séparer doucement de ma conscience. Un gouffre se creusait en moi. Toujours plus profond. Ce vide me permettait d’avancer, de ne plus ressentir cette douleur, cette confusion. Ce vide me rendait inhumaine tout en me permettant de préserver cette vie qui me rendait si humaine. Alors la vie devint insipide, alors le vide remplit mon cœur aussi bien qu’il sait remplir un atome. La matière est majoritairement constituée de vide. Ça tombait assez bien car c’était à présent mon majoritaire composant. La police était sur la piste d’un tueur en série et je n’en avais cure, ce n’était pas important. Rien n’était important à vrai dire. Il me fallait juste continuer, oublier, avancer. Et ça se fissurait et je tombais, lambeau d’inhumanité après lambeau de rêves.
Puis un jour il fut là « Veux-tu aller mieux ? » furent les mots qui me persuadèrent de le suivre. A vrai dire j’ai peut-être un instant pensé qu’il était le meurtrier de cet homme, de cet enfant que j’aimais. Peut-être Dieu existait-il quelque part en ces cieux, et dans son immense grâce m’accordait l’oubli et l’apaisement. En montant dans l’avion je compris qu’il n’en était rien. Alors je décidais de continuer à faire semblant de vivre. Alors je décidais d’avancer encore… même si chaque pas était une déchirure. Même si je renonçais un peu plus à celle que j’aurais aimé être pour devenir celle que les autres avaient besoin que je sois.
- Acte 3 : Un nouveau départ.
Ce fut une arrivée banale. On me déroulerait pas le tapis rouge, on n’accueillerait pas la nouvelle venue. Je fus pucée, telle une chienne. Pourtant rien de dégradant dans ce processus, juste une nécessité, on venait de nombreux pays différents avant d’atterrir ici : on avait besoin de communiquer. Les portes n’avaient guère réussie à m’impressionner, j’étais trop paumée pour cela. Ce jour-là je rencontrais Sixtine, elle était comme un double pour moi. Même taille, mêmes proportions, même style de postures, même couleur et longueur de cheveux, même frange, même type de visage. Peu de choses différaient entre elle et moi, la couleur de nos yeux et notre style vestimentaire seulement. Miroir troublant l’une de l’autre, pourtant sur le moment ce ne fut pas notre première préoccupation. On m’avait lâchée là, au milieu d’une ville qu’on m’avait nommée Terrae en me disant « rejoint le dortoir des novices. » Pas de plan ni d’indications, démerde toi toute seule ; j’apprendrais par la suite que c’était monnaie courante ici de lâcher dans la nature des adolescents suicidaires. Sixtine m’a montrée le chemin, ou presque me trompant je finissais dans les dortoirs des garçons… Comment dire, je restais dubitative face à eux, fermée, je rougissais et rebroussais chemin, voyeuse pas tellement, étourdie je clamais coupable. Cela fit naître en moi un sentiment de flottement, comme si je réalisais qu’il y avait d’autres hommes, d’autres garçons que celui que j’vais perdu, comme si je réalisais que la vie pouvait continuer. Pour les autres… Et peut-être pour moi. Lorsque j’ai rejoint Sixtine elle m’a de suite coatché sur Terrae… Qui n’était pas un pensionnat accueillant des cassos comme les autres finalement. Ce qui me laissait vraiment sur le cul, je me demandais un instant si la jeune fille avait fumé quoi que ce soit, son histoire de « dons » c’était un peu comme si on me disait « bienvenue à Poudlard des détraquées mentaux ! » Sauf qu’un jet d’eau est venu percuter ma main, elle maitrisait l’eau ! Aussi surprenant que cela sembla-être, elle ne racontait pas des conneries. Voilà comment je fus initiée aux secrets de ces lieux. Voilà comment le Centre trouva les réponses qu’il cherchait… En partie. Car cela je ne m’en souvenais plus, pas consciemment du moins. J’avais jeté un voile sur Henrietta, je n’étais plus qu’Ipiu, une jeune fille désespérée. Mon double me fit faire le tour du campus en même temps que je digérais l’information : la magie existait en ce monde… Je ne comprenais pas encore tout. Cela viendrait.
Je découvris lentement les lieux et la vie qui les animait. Elle était réconfortablement banale, je me levais trop tôt pour qu’on appelle mes nuits « nuits » et je partais m’entrainer sur le toit, il n’y avait personne ou presque.
Lors d’un de mes entrainements matinaux Nogaro fit irruption sur mon terrain de jeu, de surprise j’ai perdu l’équilibre et gagné quelques bleus en échange…. Je ne sais pas si c’était un échange équitable. Avec le recul je peux dire qu’il m’a fait du rentre dedans, ce qui était surprenant vu le jogging et la sueur qui courait sur mon corps et l’odeur qui l’accompagnait. Il s’est ensuite endormi l’air de rien, et je l’ai veillé jusqu’à ce qu’il ouvre les yeux… Puis on s’est séparé j’avais cours… Et je me sentais mal à l’aise de susciter ce genre de remarques flatteuses… J’ai fui.
J’ai décidé à cette période de gagner un peu d’argent par moi-même. Une annonce de la bibliothèque attira mon attention. Ils cherchaient une aide après les cours quelques soirs par semaine…
C’est à peu près à cette période que j’ai commencé à écrire un journal intime. J’avais besoin de tout noter pour ne pas risquer d’oublier un jour. J’avais peur qu’il disparaisse, qu’il ne soit plus qu’un songe, comme ceux qu’on fait par une nuit agitée. Alors j’ai écrit, tout, pour ne pas oublier. Alors j’ai écrit tout en espérant me libérer. J’avais tout écrit, Julien notre rencontre, ses parents… Tout ce que j’arrivais à écrire sans me perdre, sans me blesser. Puis un jour comme une idiote je l’ai oublié sur mon lieu de travail, le temps que je revienne il avait disparu. J’me sentais mal, trop mal. J’avais l’impression que maintenant tout allait s’effacer, et je dois avouer que je n’appréciais guère qu’on s’invite dans mon intimité. Quelques jours plus tard, le journal reparut avec un message dedans… Ainsi nous commençâmes à écrire à deux. Mon journal intime était maintenant enchanté, et j’y conversais avec un parfait étranger ou une étrangère. Nous nous racontions nos vies, et ses questions étaient perturbantes. Si j’avais su au combien il avait raison plutôt que de l’en blâmer peut-être que notre correspondance aurait-elle duré plus longuement ? Je ne sais pas, un jour tout s’arrêta.
Je m’intégrais de mieux en mieux à Terrae, si je ne trouvais toujours pas le courage d’aller vers les autres, je ne les repoussais plus non plus. J’avançais à mon rythme cherchant le bonheur que je pensais mériter après toutes les épreuves que j’avais subies. Je pensais que je devais être heureuse pour lui aussi. Pourtant dans chaque sourire je ressentais l’amertume de son absence.
Solitaire je me sentais mieux. Je n’avais plus ce poids dans la gorge, cette appréhension, cette sensation de le tromper. Je vivais isolée dans la foule, je vous croisais tous sans vous rencontrer. Jamais tu ne seras plus seule que dans une foule fournie… Je partis à la découverte de ce lieu dans lequel j’allais vivre encore longtemps, je grimpais dans chaque arbre, soulevais chaque pierre. J’apprenais. Je comprenais. Je découvrais.
Un jour que j’étais à me peinturlurer les doigts de pieds perchée dans un arbre je fis tomber le pot de vernis vert pomme… Tiens qui voilà ?Takeda passait justement par-là, il fut la première personne à laquelle je parlais depuis longtemps . Peut-être la première depuis Nogaro, j’ai du bien entendu lui retirer le liquide gluant dont je venais de l’asperger et pour me faire pardonner je l’ai entrainé dans un café non loin de l bibliothèque où j’avais mes habitudes. Mes habitudes de solitaire. On a passé une aprem agréable et parfois on se rencontrait à nouveau.
Dans les rencontres un peu absurdes j’en ai vu d’autres. J’avais décidé d’apprendre à nager, toute seule comme une grande. J’avais peur de me ridiculiser en cours de sport, j’admets que j’étais un peu conne sur ce coup. La peur d’avoir honte est passée avant l’instinct de survie. Un beau jour j’ai donc plongé la tête la première, enfin pas vraiment, je n’avais pas de brassards mais j’avais une planche en mousse… Sauf que bien évidemment ce n’était pas la meilleure des idées du monde, comme on peut s’en douter, elle m’échappa. J’avais tellement honte et peur de déranger que je n’ai même pas pris la peine de crier. Pourquoi faire ? Alors l’eau commença à me submerger et mes poumons manquant d’air eurent le réflexe de se remplir à nouveau. Je suffoquais et mourrais, en silence. Avec du recul même si je me refusais à l'époque de le voir ainsi, c'était peut-être une tentative de suicide, personne ne m'aurait regretté je pense. On se serait dit « une de plus qui a pas réussi à aller mieux. » Vous savez faut pas s’attendre à des monts et des merveilles, un taux de suicide plus élevé que la moyenne ça par contre c’est compréhensible… Enfin bon… Je ne suis pas morte, vous l’aurez remarqué c’est un peu con de se rencontrer comme ça.Quelqu’un m’a sauvé, et quand j’ai ouvert les yeux pendant un instant j’ai espéré que j’avais tout imaginé, que ces derniers mois à Terrae n‘étaient qu’une farce. J’ai cru que c’était Julien qui étaient à mes côtés. J’étais heureuse, je l’ai embrassé… Mais ce n’était pas lui.
Je poursuivais un mirage et c’était en réalité Lucky, un inconnu, pas vraiment quelqu’un de bien, mais quelqu’un qui m’avait sauvé. Je ne suis pas sûre que c’eût été une bonne chose. Pourtant sur le moment c’était la chose à faire. D’ailleurs il ne m’a pas lâché la grappe une fois que je suis sortie des vapes. Il voulait savoir comment j’en étais arrivée là, et je n’ai pas eu la présence d’esprit de lui mentir. J’étais déboussolée, je pense qu’il aurait finalement mieux fait de me foutre la paix mais non. Il a décidé qu’il allait m’apprendre à nager, et m’a laissée à peine trente minutes pour me préparer à l’idée que j’allais devoir retourner dans ce bassin où je venais de côtoyer la maraude. C’était pas forcément intelligent, mais après tout quand on tombe de vélo ne dit-on pas qu’il faut remonter illico ? Il devait en tous les cas le penser, pas moi. Tremblante je mettais de mon côté mon impitoyable et improbable sens de la dérision, je le surnommais « papa » pour le rôle qu’il avait décidé de jouer auprès de moi. Il m’a appris la brasse cet après-midi… Et je me suis promise qu’un jour je ferais quelque chose pour lui aussi.
Je passais les jours suivants à m’interroger sur comment lui rendre sa gentillesse… Sans trouver quelque chose qui me convienne. C’est après une Une interminable journée qu’un nouvelle incident vient pimenter à nouveau mon morose quotidien. Takeda était dans une mauvaise passe. En même temps quelle idée il a eu de s’aventurer dans le dortoir des filles le soir ! Je l’ai dissimulé ! Son honneur est sauf… Même si je lui en parlerais longtemps ! On a failli se faire chopper quand même, mais bon je m’étais aussi un jour trompée de dortoir, je ne pouvais lui en vouloir.
Je continuais à me murer dans ma solitude… Un jour alors que je rentrais de la bibliothèque je m’arrêtais, plus par curiosité que par intérêt dans une salle d’arcades. Je n’avais jamais eu le temps ou l’argent de m’intéresser aux jeux-vidéos. C’est ainsi que je rencontrais un grossier personnage Michigan Carter, il semblait n’avoir pour seul but dans la vie que de me faire chier et de me prouver encore et encore que j’étais plus nulle que lui, il semblait penser « Des jeux vidéos ? MOUHAHAHAHA je vais tous vous EXPLOSER ! » nous conviendrons que c’était puéril de sa part. Quand il m’a proposé de choisir le jeu sur lequel prendre ma revanche, je ne l’ai pas épargné. Un truc de danse, autant je n’étais pas habituée aux jeux-vidéos, aux consoles et aux manettes, autant je connaissais mon corps comme si j’y étais née. Je n’ai pas remarqué qu’il était mal en point. Genre vraiment, j’l’ai achevé, le pauvre (?) Avec ma partie de Just Danse. Je l’ai forcé à aller à l’hosto… Mais il y a toujours un prix à payer. En réalité je lui ai promis que s’il allait à l’hôpital, ce que ce crétin se refusait à faire, je réaliserais un de ces souhaits. Vous savez le genre de promesses qu’on fait à un enfant et qu’on ne compte pas tenir… Et bien ce n’était pas de celles-là. Je comptais la tenir et lui faire regretter à ce petit con de l’avoir mal formulée. Vous connaissez sans doute les pactes avec le diable là, c’était la même chose. J’ai été magnanime en lui laissant réfléchir à ce qu’il me demanderait jusqu’à notre prochaine rencontre et je l’ai payé plus tard.
Je retrouvais un jeune homme bien plus sympathique lors d’une intercours surprenante. Si j’osais dire je dirais qu’une Raspberry paie toujours ses dettes. Hum. Non c’pas ça. Bon en gros j’ai sauvé le cul de ce cher Lucky qui était en train de déclencher une petite bagarre dans les couloirs. Il n’a jamais été très doué pour les relations j’ai l’impression, il frappait avant de réfléchir, mauvaise combine. Je lui ai sauvé la mise sur ce coup-là, lui évitant des coups et des heures de colle et scellant notre amitié. Nous nous rencontrâmes assez fréquemment avec le blondinet pour nous considérer comme bon amis. Nous avions toutes sortes d’activité, la natation bien entendu, mais nous pratiquions ensembles bon nombres de sports solitaires qui n’en devenaient que plus agréables. (à la relecture je n’ai pu m’empêcher de penser à la branlette, mais sachez que cela ne faisait pas partie de nos activité de groupe.) Pparfois la pluie nous empêchait de sortir et j’avais pris l’habitude lors de ces jours-là de lire à la bibliothèque ou dans la salle commune lorsque je n’avais pas le courage de sortir.
« Je ne suis pas Sixtine ! » voilà ce que j’ai eu envie de crier quand je me suis retrouvée avec la langue de Léon dans le gosier. Il m’avait confondue avec sa chère et tendre… Qui bien sûr décida de se pointer à ce moment-là. Sixtine n’a vraiment pas apprécié. Tout comme Léon quand il s’est aperçu de sa méprise. J’ai pensé à rire, mais ça criait trop de tous les côtés… Enfin surtout il perdait le contrôle de ses pouvoirs. Ce qui n’était jamais une bonne chose dans un lieu clos et fréquenté. Alors j’ai embrassé Sixtine, un partout. Il avait « fauté » elle aussi. Merde et moi j’avais embrassé trois personnes de trop. J’avais ce goût amer sur les lèvres et cet écœurement profond dont je ne laissais rien voir. Je me sentais coupable, je me dégoûtais. Pourtant je ne regrettais pas mon geste qui ramenait la paix dans les ménages. D’ailleurs on a décidé d’en rire et on a pensé à monter une arnaque avec cela. On est allés en discuter tous les trois dans la salle de musique. C’était drôle on a monté le plan des (fausses) jumelles sur un air de piano. Cela aurait pu être assez drôle, et quelque part j’aimais me laisser entrainer et distraire de mes sentiments. Personne ne se doutait à l’époque que j’allais devenir une tonnerre, une eau timide m’aurais mieux convenue ; j’ai toujours eu trop de retenue pour être prédictible. Nous n’avons jamais eu le temps de réaliser notre plan, mais en même temps personne n’aurait pû prévenir ce qu’il adviendrait de mes cheveux.
Lundi 8h du mat’, math. était toujours une épreuve, reprendre les cours après avoir passé le week-end à lire ou à faire du sport avec Lucky n’était jamais agréable, et cela ne le fut pas plus quand je me retrouvais obligée de ramener l’une de mes petites camarades qui avait encore plus de mal que moi à émerger par la demande du sieur Ashton… Elena, tendre Elena. Je ne suis pas celle qui possédait le plus de tact pour te réveiller, mais ma chérie fallait que je le fasse. T’imagines même pas combien j’aurais pris cher par le professeur si je ne l’avais pas fait. Sauras-tu me pardonner ?
Les journées semblaient s’enfiler, similaires les unes aux autres, un matin ou un soir j’ai trouvé un numéro griffonné sur un banc avec de nombreuses insanités… Je me suis dit que je ne perdais rien à prévenir le destinataire du numéro, mais vous imaginez bien que ce n’était pas un message du genre « Salut ça va ? » C’était plus du style mise en garde, j’lui ai demandé s’il voulait que je fasse disparaitre les preuves, il a accepté. Nous avons correspondu un temps par SMS mais au final nous nous sommes lassés…
Je travaillais tous les soirs à la bibliothèque, et tous les après-midi aussi… En fait dès que j’avais un peu de temps libre je m’y réfugiais, même quand je n’étais pas de service. J’y étais bien et le travail ne manquait jamais, un soir où j’aidais à la fermeture alors que je n’étais officiellement pas de service, je me suis retrouvée enfermée avec Enrica, une jolie jeune fille. Voyant plutôt le verre plein que le verre vide, nous en avons profité pour nous amuser. Nous avons créé notre guide de survie en bibliothèque hostile. Je ne l’ai jamais revue, je crois qu’elle a quitté Terrae peu de temps après.
C’est peu de temps après que survint mon premier drame à Terrae, l’obtention de mes pouvoirs…
- Acte 4: Quand le tonnerre gronde...
L’intiation, certains diront que c’était une révélation, d’autres que ça ne leur faisait pas si peur que ça. Moi j’étais terrorisée, terrorisée de ne plus rien maîtriser. Je m’attendais à devenir une paisible eau, ou peut-être une terre… Je ne m’attendais pas à me voir affublé de ce pouvoir dévastateur qu’était l’électricité. Je ne me sentais pas la capacité de contenir tout ça, je me croyais trop faible pour le dompter, et du coup je retenais tout. L’électricité résiduelle s’était accumulée autour de moi. Vous connaissez sans doute cette sensation d’avoir de l’électricité statique tout autour de soi ? J’avais l’impression d’être une grenade dégoupillée, et quand je péterais ça serait sans doute une histoire de cuisson ? Après être passée dans le camps des tonnerres, j’avais tout le temps peur. Peur de blesser des autres… Du coup je me blessais moi-même. Je suis allée demander de l’aide à mon « ami » Lucky. Il me l’a accordée, j’ai failli le toaster comme un pain grillé mais malgré tout il m’a prise sous son aile. Il m’a même proposé de venir aménager dans sa chambre pour que je n’ai plus peur. Ce que j’ai fait. Depuis ce jour des rumeurs coururent à notre sujet chez les tonnerres mais… ON S’EN FOUTAIT.
A vrai dire on était plus du genre à les entretenir, à se donner des petits noms d’amour en public. Sauf que non, c’était clair entre nous. Nous ne sortions pas ensembles, nous aimions chacun une personne différente, avec le temps je me suis ouverte à lui. Totalement, il était de ce genre de personnes qu’on comprend facilement. Une bouffée d’oxygène, il était je ne sais pas… Un ami ? Un frère ? On passait beaucoup de temps ensembles, normal on vivait dans la même chambre. Ça me faisait du bien, je veux dire d’avoir un chez moi ou rentrer. D’avoir quelqu’un qui m’attendait avec joie. Il savait pour Julien, je savais pour Akira. C’était comme ça entre nous, on se faisait confiance, on ne se jugeait pas, je le comprenais même si j’avais souvent l’impression que ce n’était pas réciproque. Je l’aimais quand même. Le quotidien pour la première fois depuis longtemps me plaisait, même si parfois j’étais encore un peu triste… Mais je n’étais plus seule… Je vagabondais souvent, pour le seul plaisir de rentrer chez nous.
Pourtant je n’avais pas le sens de l’orientation.Quand on ne regarde pas où on met les pieds en marchant et en lisant à la fois, il ne faut pas s'étonner d'arriver dans des lieux bien étranges. Les souterrains font partie de ces lieux hors normes et inattendus… Tout comme la fille que j’ai renversée, Oska… On ne s’est pas vraiment attendues… Mais après elle j’ai presque arrêté de marcher en lisant presque…
Ce qui devait arriva, entre nous trois c’était une histoire d’amour, jalousie et trahison. C’était obligé que ça explose un jour… La petite Akira avait bien entendu toutes les rumeurs que nous faisions courir et était grandement jalouse de la relation que nous entretenions, non pas de notre relation fictive, elle connaissait trop bien mon colocataire pour y croire, mais de la complicité qui nous permettait de rendre cette relation fictive crédible. Si vous avez arrêté de me suivre je comprendrais. J’aurais-peut-être dû commencer par lui confirmer que je n’étais pas enceinte ? En tous les cas elle s’est retenue de me tuer pour son frère… Et on a instauré une trêve pour lui dès lors qu’elle a compris que je ne prendrais jamais sa place dans le cœur du jeune homme. Je n’étais qu’une amie, une très bonne amie, peut-être sa meilleure, mais nous pouvions vivre l’un sans l’autre. Nous pouvions imaginer un monde sans l’autre, et le futur nous montrerait que nous survivrions à notre séparation.
Les cours devenaient de plus en plus pénibles, passant la majeure partie de mon temps à étudier à la bibliothèque, je maîtrisais déjà une grande partie, pour ne pas dire la quasi-totalité des notions que nous abordions en classe. Pourtant j’appréciais encore le fait de voir un enseignant enseigner. C’était presque toujours magique, je connaissais la notion mais j’apprenais comme l’enseigner. J’avais toujours voulu être institutrice et cet art qu’était l’éducation me fascinait. Presque toujours. Parfois en histoire je m’ennuyais vraiment. C’était une matière qui m’avait toujours passionnée car je l’apprenais comme un récit, comme un roman, je découvrais les personnages et appréciais les péripéties… Pourtant parfois les cours tournaient en histoire de l’ennuie. Heureusement ma voisine de classe trouvait toujours des moyens de me distraire… A moins que ce ne fut le contraire, je ne compte plus les parties de morpions qui avaient émergées dans les marges de nos cahiers avec Road.
Je changeais progressivement, mes pouvoirs étaient terrifiants et je ne les maîtrisais pas, les brûlures en tous genres fleurirent sur mes bras, me jambes… mon visage. Un jour que j’essayais de maîtriser la foudre pour vaincre ma peur, celle-ci m’échappa. Elle brûla net mes cheveux, passant à quelques mètres du galbe de mon épaule, quelques centimètres de mon cœur qui aurait eu bien du mal à redémarrer. La tresse tomba solitaire. Je dus égaliser de l’autre côté à regret. Je ne me ressemblais plus, mes cheveux avaient commencé à s’éclaircir aussi. Sans doute que cela avait un lien avec ma nouvelle alimentation ? pensais-je. Je n’étais plus la fille que tu avais rencontrée et celle dont je mirais le reflet dans un miroir ne me ressemblait pas.
Je sentais le malaise surgir dans ce quotidien… tout allait trop bien ? Peut-être avais-je simplement besoin de me rendre malheureuse pour me dire que je ne l’avais pas oublié. Je me sentais pâteuse ce soir-là quand j’ai poussé la porte d’un bar en vile… Je ne sais pas exactement pourquoi je bois en général, [url= https://terrae.forumpro.fr/t2359-je-bois-pour-oublier-oublier-quoi-bin-ch-sais-plus-j-ai-oublie] Je bois pour oublier, oublier quoi ? Bin ch’sais plus j’ai oublié… [/url] Là c’était d’autant plus vrai. Seconde vraie rencontre avec Michigan… J’ai dû payer mes dettes. Je lui avais promis de faire ce qu’il voulait s’il allait à l’hôpital la fois précédente. Il m’a tout simplement demandé de lui obéir. Bon j’avais aussi pas mal bu… Bref mauvais mélange. Les faits remarquables de cette aventure ? On s’est réveillés dans le même lit. Je lui ai vomi dessus. Il m’a déguisée en bunny girl et j’y ai gagné un très chaud mais très moche manteau rose… Ah… Et je l’ai encore envoyé à l’hôpital…. J’appréhendais la prochaine fois que nos chemins se croiseraient. Elle ne vint jamais.
Foule et houle cafet, comme tous les midis, j’étais une fois de plus en train de lire… Cette pause fut l’occasion d’une rencontre furtive avec Cendre de Lune, qui bien que jolie semble un peu perchée… Et avec Kei qui bien que grognant semble inoffensif. Le temps d’un repas est vite passé, je les ai recroisés encore quelques fois… Mais nous sommes trop disparates pour nous rassembler.
Je retournais donc dans mes livres. J’y étais bien, et je dois avouer que Lucky et Akira me suffisaient comme présence humaine. Aussi curieux que cela puisse sembler, malgré l’animosité de notre première rencontre, nous étions devenues amies, car une fois dépassée cette foutue jalousie, nous nous étions trouvées d’autres points communs que son frère et nous avions appris à nous apprécier.
C’est sur le chemin de la connaissance que je rencontrais un jeune homme qui deviendrait par la suite tellement important pour moi… Mais sur le moment il m’avait paru prétentieux ? Je ne sais pas, il me ressemblait trop et ça m’énervait. J’avais trouvais l’alter égo d’Ipiu Raspberry, lui aussi aimait étudier. Il était calme et attentif, il retenait tout… Il venait d’arriver à Terrae et avait besoin d’aide pour découvrir la bibliothécaire, cela tombait assez bien : j’étais bibliothécaire. En parlant avec lui je me suis rendue compte que les gens malgré la puce ne lisaient pas dans une autre langue que la leur. J’étais perplexe quelque chose n’allait pas avec moi. J’étais capable de lire n’importe lequel des livres de la bibliothèque… Je ne me rendais même pas compte que je changeais de langue… Sauf quand je tombais sur du japonais ou du chinois ancien ; j’avais toujours attribué ça à une lacune du programme, je pensais qu’on n’y avait juste pas ajouté les traducteurs adéquats… Sauf qu’en fait non. Je lisais des langues dont je n’avais jamais entendu parler. Le malaise commença. Le doute suivit. Je ne comprenais pas, alors j’essayais de penser à autre chose. J’y arrivais plus ou moins par ailleurs. Même si parfois ça n’allait vraiment pas… Surtout que ce n’était pas le seul de mes problèmes…
Mes pouvoirs étaient en train d’augmenter, si tant est que significative fut cette augmentation. C’était plus… Je ne sais pas, incontrôlable ? Je survivais sans trop de mal aux nombreux coups de jus, j’avais préventivement arrêté les pulls en laine et le contact avec les surfaces métalliques. Ce que je supportais moins c’était de capter l’humeur des gens à proximité, ça me rendait particulièrement folle. Je n’arrivais pas à enfoncer ce putain de bouton of… Et la plupart du temps je ne ressentais pas même mes pauvres sentiments. Vous ne saurez jamais ce que c’est que de vivre avec un type amoureux de sa sœur et de se prendre la tête avec lui pour savoir qui l’aime le plus, tout en vous rendant compte en sortant de la chambre que c’est bien lui qui l’aime et pas vous…
Du coup je m’isolais assez fréquemment. Les arbres mettaient au minimum trois mètres de sécurité, si j’en prenais des reculés ou du moins éloigné de la cours, j’gagnais en sûreté. Donc je passais mon temps loin, planquée dans des arbres et à lire. Tout se passait plutôt bien jusqu’à ce qu’un singe vienne me déranger dans mon arbre… Non à cette période je ne fumais rien je le promets… C’était Toto, le singe de poil de Sctroumpf, un nouvelle arrivant qui devait en l’occurrence se dire : Non mais quelle idée d’avoir un singe ? Pourquoi j’ai pas acheté un cochon d’Inde plutôt ? car le dit singe semblait décidé à se carapater pour me faire la cours… J’ai aiguillonné le jeune homme et essayé de le réconforter un peu… mais ça n’a pas trop fonctionné… On ne peut pas tout réparer en trente secondes, certaines choses prennent du temps… A cette période j’imagine que je le vivais un peu comme un échec personnel. J’étais incapable de les aider mais je ressentais toujours leur peine. C’était pas mal chiant… Tout comme c’était chiant d’être auprès de Lucky qui avait toujours envie de se figther avec tout le monde… Il m’en voulait depuis que j’avais découché pour dormir avec Michigan. Bien entendu cette aventure n’était qu’en partie volontaire, mais je ne lui avais pas masqué ma responsabilité dans les faits. Du coup on passait notre temps à nous engueuler et c’était lourd. J’avais besoin de voir des personnes calmes et saines d’esprit, sans quoi je sentais que j’allais défaillir et finir par devenir violente… je ne savais pas si ce serait envers moi-même où les autres. Un soir il se moqua royalement de moi, alors pour avoir la paix j’acceptais le défi qu’il me lançait malgré sa bêtise. Je n’avais rien à lui prouver, moi une trouillarde ? que ce soit ou non le cas, c’était mon problème et non le sien. Pourtant pour avoir la paix j’acceptais de passer la nuit dans les sous-sol armée d’une lampe-torche et de nombreux livres. J’avais même des piles de recharge. Le monde n’aurait su être plus beau, une nuit tranquille sans les sentiments de personne pour me perturber !
Bien entendu c’était trop demander et comme souvent dans ma vie les choses ne se sont pas passées comme elles auraient dû… En effet, pour une fois elles se sont passées mieux qu’elles n’auraient dû. Je pense, pourtant ce n’était pas gagné dès le début.
Nathanaël avait entrepris d’explorer Terrae comme bien d’autres avant lui l’avaient fait. Sauf qu’il avait oublié un détail qui avait son importance… Les piles. Comment-ça les piles ? C’est bien simple, essayez d’explorer un lieu dans l’obscurité et vous ne retiendrez rien de ses détails. Il me surprit et sursautant je faisais tomber ma propre lampe torche brisant son ampoule, comble de malchance nos piles ne correspondaient pas. Nous étions tous les deux perdus dans un labyrinthe de couloirs sombres. Quelle merveilleuse idée. Il se passa alors quelque chose d’indescriptible. Quelque chose d’horrible et qui pourtant nous sauva la mise. Je savais comment sortir… D’instinct. Cela précipita la fin d’Ipiu. Seulement ce soir là, une dernière fois je décidais de me concentrer sur autre chose, sur quelque chose de plus important. Sur le moment présent. Lorsque l’on se sait condamnée il arrive un moment que l’on peut nommer « le dernier jour où tout allait bien. » Le plus terrible, c’est que quand ce jour passe, on ne s’en rend pas compte, enfin pas vraiment… Mais après quand tout empire, quand on se sent mal, on y repense à ce jour en se disant que si nous avions su alors peut-être aurions-nous plus profité ? Nous ne découvrîmes pas si les fantômes étaient chatouilleux. Nous nous découvrîmes un peu l’un l’autre, nous ouvrant, parfois même sans le vouloir. J’appris de lui, je sentis sa souffrance par instants et son intérêt naissant avant même qu’il ne le définisse. Le reste de la soirée fut moins mouvementé… presque. A peine sortis des « catacombes » nous ne nous sentions pas près à nous séparer, aussi je lui proposais de grimper dans un arbre… de nuit. Peu brillante idée qui se solda par un fiasco, il se foula la cheville en touchant le sol… Direction la cuisine pour y mettre de la glace, et nous nous remîmes de nos émotions devants des œufs savamment brouillés par mes soins, puis je l’accompagnais jusqu’au dortoir pour le border… Une vraie maman Piu. Je ne le savais pas encore, mais cette soirée serait la dernière où je me considérerais comme Ipiu. Les incohérences s’accumulaient, et je doutais de moi-même. De ma mémoire, je semblais avoir oublié des choses importantes comme le visage de mes parents ou encore quand j’avais trouvé le temps d’apprendre à maîtriser les kanji. Tant de lacunes me faisaient peur et je me forçais à être active tout le temps pour ne pas réfléchir.
“- A qui la nuit fait-elle peur ? - A ceux qui attendent le jour pour voir.” ― Pierre Bottero, Ellana
Dernière édition par Ipiu Raspberry le Dim 1 Nov 2015 - 0:19, édité 1 fois |